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Chapitre 52

 Usopp n'aimait vraiment pas cette île.

Depuis qu'il avait mis un pied dessus, une drôle d'impression l'avait pris. Une impression inqualifiable mais qui se concrétisait de minute en minute. Une impression dont il ne parvenait pas à se défaire, et qui ne faisait qu'empirer. D'abord, il avait ressenti ça lorsqu'ils avaient posé l'ancre. Puis, un peu plus loin, dans le sanctuaire. Au milieu des arbres, le souffle du vent faisait une autre mélodie, et ses murmures angoissaient le tireur.

Pendant leur escapade dans les marécages, cette sensation qui le faisait frissonner de tout son être s'était magiquement dissipée. Mais elle avait fini par reprendre de plus belle, et à mesure qu'ils progressaient sur ces terres, elle se mêlait à un mauvais pressentiment. Il dévisagea Balor avec une moue d'agacement sur le visage que lui seul savait faire. Bien sûr, celui-ci avançant en premier, il ne put le voir, ce qui fit sourire le petit renne.

Quelle idée, aussi, de leur raconter qu'une bataille sanglante avait eu lieu sur les terres qu'ils foulaient en ce moment ! Et si des fantômes se retrouvaient au milieu du chemin ? Et s'ils devaient affronter des spectres vengeurs, des âmes perdues en quête de combat, de sang, de mort ? Comme s'ils n'avaient déjà pas assez souffert ! Leurs aventures les menaient à chaque fois dans la gueule du loup, et voilà qu'ils devraient affronter des fantômes d'un passé chargé de guerre et de destruction ? Quelle poisse. Et maintenant que ce récit morbide et glaçant était venu jusqu'à leurs oreilles, Usopp pouvait sentir sur sa nuque le souffle destructeur, sournois et tourmenté des tombes cachées.

Les autres ne semblaient pas particulièrement dérangés par cette présence invisible, mais lui, ne pouvait l'ignorer. Depuis que Balor leur avait appris ce terrible récit, Usopp imaginait sans mal ces combats datant de plusieurs siècles auparavant. Le bruit des lames qui s'entrechoquent. L'odeur atroce et métallique d'un sang qui jaillit comme des geysers infernaux. Les lames brisées comme autant d'os, dont les fragments recouvraient ces terres souillées et désolées.

Tout en triturant son lance-pierre, il se mit à songer aux guerriers qui avaient lutté plusieurs centaines d'années plus tôt. Pourquoi fallait-il toujours que les pays dans lesquels ils mettaient un pied soient souillés par la guerre, la destruction, le chaos ? Pourquoi fallait-il que le passé vienne hanter ces territoires ? La violence planait-elle vraiment absolument partout ?

Depuis sa rencontre avec le Klabautermann du Merry, Usopp peinait à imaginer que les fantômes n'existaient pas ; et bien sûr, l'intégration de Brook au sein de l'équipage, lui qui était un véritable revenant, n'avait pas infirmé son point de vue, bien au contraire. Maintenant, il était sûr que dans le monde, les esprits rôdent. Qu'est-ce qui pouvait bien les empêcher de s'attaquer à eux ? Que se passerait-il, si d'une manière ou d'une autre, ils provoquaient leur courroux ? Il n'avait vraiment, vraiment... vraiment pas envie de le savoir. Et puis de toute façon, foi de Capitaine Usopp, il saurait se défendre ! Parce qu'il ne fallait pas le sous-estimer ! Il saurait survivre à tout, même à une pluie de flèches lui tombant dessus, même à une armée de dinosaures, même à la foudre s'il le fallait !

Tout en songeant à ce qui les attendait, Usopp surveillait le reste du groupe, qui avançait dans un silence plutôt tranquille. Parfois, une bribe de conversation troublait la quiétude des plaines ; mais la plupart du temps, ils progressaient sans se parler. Même Luffy, habituellement très joyeux et bruyant, ne disait pas un mot. En fait, il avait l'air complètement absorbé par la contemplation de l'environnement. Usopp sourit, amusé. Leur capitaine n'était pas si différent d'un enfant qui découvre le monde. Chaque fois qu'il posait un pied sur une île, c'était la même chose : il voulait découvrir chaque endroit, connaître chaque recoin de l'île, comme s'il avait peur de passer à côté de quelque chose. Aucun endroit ne lui était interdit, aucun lieu ne devait lui échapper. Était-ce vraiment cela, être libre ? Pouvoir voyager jusqu'à plus soif, sans restriction ?

Et quand il ne piaillait pas à propos de ses découvertes et de ses attentes, il semblait constamment en pleine réflexion. Du moins, c'est là ce que diraient des gens normaux, des gens qui ne le connaissent pas, des gens qui ne savent pas qui était vraiment Luffy. Bien sûr, ça n'échappait pas à ses compagnons. Plusieurs hypothèses étaient vraisemblables dans ce cas : premièrement, il avait faim. La première raison de son silence, dans la plupart des cas, venait de son appétit. Mais alors il ne tarderait pas à chouiner. Usopp écarta donc cette possibilité pour le moment. La seconde, c'est que son imagination tournait à plein régime. Et dans ce cas-là, il fallait s'attendre à tout. A la plus farfelue des observations comme à la plus pertinente des questions. Luffy était imprévisible. Absolument imprévisible.

Usopp, conscient que la situation risquait de déraper d'une seconde à l'autre, chercha du soutien de la part de Nami en la fixant intensément. Mais la demoiselle ne comprit pas de suite la requête silencieuse du sniper ; et plus le temps défilait, plus les rouages du cerveau de Luffy semblaient s'agiter. Comment pouvait-il le savoir ? Il avait appris à le deviner avec le temps !

— Eh, l'oeuf, là...

Le tireur d'élite de l'équipage lança un regard en direction de Luffy, qui se grattait l'arrière de l'oreille.

— Il est vraiment si important que ça ?

Balor se retourna légèrement, sourcils froncés. Il n'espérait pas grand-chose de la part de ce gamin impertinent. On pouvait s'attendre à tout et à n'importe quoi. Mais comme le sujet était trop important, il ne pouvait se résoudre à l'ignorer.

— Oui, pourquoi ?

— Ah, dommage ! Je suis sûr qu'il aurait été bon en omelette, shishishi !

La remarque du capitaine des pirates au chapeau de paille laissa un blanc. Usopp déglutit, incapable de prononcer le moindre mot. C'était encore pire que ce qu'il croyait. Il avait imaginé qu'il demanderait quelque chose les embarrassant, pas une question aussi stupide ! Balor grinça des dents, Charlie soupira, Chopper échangea un regard avec le sniper. Un regard qui voulait tout dire.

— C'est pas vrai... grogna Usopp.

— Luffy...

Le brun se tourna vers Nami, un grand sourire sur le visage. Un sourire qui perdit de taille.

Un grand bruit résonna dans la forêt.

Le petit groupe de pirates progressait à présent à l'ombre de quelques arbres, signe qu'ils venaient de sortir de la zone qu'ils traversaient. Tous arboraient un air concentré, sauf Nami, sereine, la main posée sur la nuque de son capitaine comme une lionne qui tiendrait en place son lionceau... Un lionceau amoché.

— Chui désolé Nami... chouinait Luffy, une bosse sur le crâne.

— Tais-toi et avance, triple idiot.

Obéissant, Luffy poursuivit sa route en regrettant que l'oeuf doré ne soit pas juste une future omelette.

— C'est vraiment lui, le capitaine ? grogna Balor. Je pensais que pour prendre la mer, il fallait être un peu plus intelligent...

— On se le demande, soupira Usopp.

— Ne t'en fais pas, compléta Nami. Il est un peu idiot mais c'est un bon capitaine.

Balor poussa une sorte de bruit de gorge dédaigneux. Ah, vraiment ? Un bon capitaine ? Il ne préférait même pas se prononcer sur le sujet. Comment pouvait-on être à la tête d'un équipage avec si peu de bon sens et d'intelligence ? Incompréhensible ! Ubuesque !

Le pire, c'était certainement l'équipage lui-même... Comment était-il seulement possible d'accepter un capitaine aussi enfantin, aussi stupide, aussi... insolent ? Surtout quand on voyait les membres ! De grands gaillards solides, certes un peu particuliers, mais certains paraissaient pourvus de clairvoyance et de bonnes capacités de réflexion. Notamment la seule fille du groupe, qui n'avait eu de cesse d'être la plus digne et la plus responsable de la bande.

— Si vraiment cet oeuf est important, questionna Chopper, pourquoi vous ne l'avez pas gardé avec vous ?

Balor gratifia l'animal humanoïde d'un drôle de regard. Encore maintenant, il hésitait sur l'espèce de la peluche : raton-laveur ? Renard ? Rat ? Renne ? Il ne savait pas trop, mais il le trouvait particulièrement charmant, quoi qu'un peu trop innocent...

— On ne peut pas.

— Pourquoi ?

— L'oeuf d'or est le trésor sacré de notre île. Il représente notre héritage, notre histoire. J'imagine que vous comprenez tous les problèmes que cela poserait de se l'approprier. La survie de notre île en dépend.

— Mais si vous vous contentez de veiller dessus...

— Ça ne marche pas comme ça, soupire Balor. Nous ne sommes pas les seuls à décider...

Sa phrase ne s'acheva jamais. Il s'arrêta brusquement, et puisqu'il était en tête du cortège, dressa son bras en guise de barrière pour freiner l'avancée de ses compagnons. Tout le monde obéit, intrigué par le changement soudain de comportement de leur guide.

— Pourquoi on s'arrête ? bouda Luffy.

— Une seconde. Quelqu'un arrive...

— Non.

Balor jeta un oeil en direction de Charlie. Ce dernier s'était avancé au niveau du guide et tenait fermement son épée en main. Un vent doux dessiner des plis sur son costume noir et vert.

— Ils sont plusieurs.

— Je sens rien... dirent Usopp et Chopper.

— Moi, si, j'les sens, commenta le capitaine.

Le petit renne sentit un frisson courir le long de sa fourrure.

— On fait quoi ? On attend ou on y va ?

— On y va, dit Luffy.

— Toi, tu restes tranquille, grommela Nami. Faites que ce ne soient pas nos ennemis...

— On ferait mieux de faire demi-tour ou de les contourner, hein, les gars ? Ce serait mieux, hein ? Ah ah ah ah...

Le ricanement d'Usopp laissa les autres de marbre. Balor resserra la prise sur son javelot.

— Je vais leur dire bonjour, moi...

— De la même façon que nous ? ironisa Nami.

— Exactement.

— C'est de la folie ! s'affola le sniper au long nez.

— Mais non, ça va être drôle, Usopp !

— Tais-toi Luffy !

— De toute façon, on n'a plus le temps de réfléchir, s'exclama Charlie. Ils arrivent !

Et tous se mirent en garde. Car le danger approchait à grande vitesse ; les feuilles des arbres bruissaient, et la mélodie des branches qui craquent résonnait. Soudain, un coup de feu retentit. Brutal. Destructeur. Inattendu. Nami et Usopp sursautèrent. Chopper, surpris, recula d'un pas. La terre se fendit à quelques mètres de ses sabots.

— Eh merde... Encore raté... grogna une voix.

— Eh ?! Il a essayé de me tirer dessus ! s'affola le renne avant de courir derrière Usopp.

— Ne te mets pas derrière moi si t'es une cible ! ragea Usopp en courant à son tour.

Nami regarda dans son dos et sursauta.

— Mais on peut savoir ce que vous faites ?! Ouste !

— Namiiiiii.... Protège-nouuuuus... chouina Chopper.

— Mais ça va pas ?! Je suis une demoiselle fragile, moi !

— Qui ? demanda Luffy.

— La ferme !

Nami hoqueta quand elle comprit que sa voix avait fait écho à celle d'un inconnu. Aussitôt, tout le petit groupe se figea et reporta son attention sur les nouveaux arrivants. Ils étaient au nombre de six, portaient des treillis verts et des coupes qui témoignaient de longs séjours en milieux hostiles : des crânes rasés, des cheveux en pointe ou des nattes. Des coupes de cheveux aussi agréables que leur visage, sur lequel se peignait une cruauté joyeuse.

— Si tu ne m'avais pas déconcentré... J'aurais réussi à le toucher !

— Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Et si tu avais touché une autre cible ?

— Ce n'est pas notre problème.

— Il n'a pas tort...

Comme si de rien n'était, comme s'ils n'avaient personne en face d'eux, les vagabonds — armés jusqu'aux dents, ce qui ne leur donnait absolument pas l'allure de simples marcheurs — continuaient de discuter entre eux sans même accorder un regard à ceux qui se trouvaient face à eux.

— Euh... Tu crois qu'ils nous ont vus ? demanda Usopp.

— Moi j'aimerais bien qu'ils ne m'aient pas vus... fit remarquer Chopper, les pattes posées sur le pantalon d'Usopp, le corps penché sur le côté, dans la ligne de mire des chasseurs.

— Chopper, tu n'es pas caché dans le bon sens, releva la rousse en riant doucement.

Le petit renne, constatant son erreur, paniqua, ne sachant pas trop comment s'y prendre pour remédier à la situation. Il se colla un peu plus au sniper, toujours proche de Nami. Quelle horreur ! Ils le voyaient. Et ils allaient... Non, il ne devait pas être effrayé. Et pourtant... La peur lui glissait un frisson dans le cou. Pourquoi fallait-il que les humains poursuivent les autres êtres vivants, charriant avec eux les affres de la mort ?

— Vous êtes qui, les gars ?

Les trois peureux du groupe se tournèrent comme un seul être vers Luffy, puisque c'était lui qui avait posé la question. Mais quel abruti ! songèrent-ils en même temps. Même si la confrontation semblait inéluctable, il y avait un espoir — un maigre espoir, aussi maigre que Big Mom est colossale —, et cet espoir venait de s'envoler. Comme ils pouvaient s'y attendre, les chasseurs arrêtèrent de parler.

— Ça ne se voit pas ? grogna le premier. Nous sommes des chasseurs.

— Et vous, vous êtes qui, d'abord ? demanda l'un d'eux.

— Cela ne vous regarde pas. En revanche... J'aimerais savoir ce que vous faites dans notre forêt.

La voix de Balor était forte et douce en même temps, si bien que tous les spectateurs clignèrent des yeux. Puis les chasseurs éclatèrent de rire, d'un rire long, lourd, gras, interminable suite de sonorités ivres.

— Notre forêt ? s'exclamèrent-ils, hilares. Notre forêt ! Non mais vous l'avez entendu, les gars ?

L'orée de la forêt s'emplit de rires, encore et encore et encore, jusqu'à craquer sous le poids des vibrations méprisantes. Balor, lui, restait imperturbable. Le dos bien droit, seule sa poigne sur son javelot s'était affermie.

— Parce que la forêt t'appartient ? asséna l'un d'eux. On en profite autant que toi, mon gars. Depuis quand c'est ta forêt ?

— Que faites-vous ici ? répéta lentement Balor.

— On cueille !

L'ironie grinçante de son interlocuteur redoubla l'agacement du guerrier. Un agacement qui gonflait, gonflait, gonflait comme un volcan qui menaçait d'entrer en éruption d'une seconde à l'autre.

— Non mais franchement... Ça ne se voit pas ? On chasse...

Et effectivement, ça se voyait. Derrière eux, les cadavres de plusieurs animaux se trouvaient dans des filets traînés à même le sol. Une vision d'horreur et de cruauté la plus pure, tableau immonde des bas-fonds de l'instinct humain ; et l'homme qui se pavane devant ses trophées. Nami et Usopp hoquetèrent de surprise, de colère, de consternation. Luffy observa ce spectacle de la déchéance humaine d'un oeil vide, comme s'il se trouvait ailleurs ; mais son légendaire sourire s'était évanoui, laissant place à un visage d'une neutralité glaciale. Charlie s'était détourné.

— Vous n'avez aucun droit d'être ici, grogna Balor. Ce lieu est protégé.

— Par qui ? Pas les ploucs de la forêt, hein ? Parce que de toute façon, on a le droit. Cette portion de l'île ne leur appartient pas.

— Elle appartient aux habitants de ces lieux.

— Non, elle appartient à celui à qui elle appartient. C'est à dire... Pas eux.

— Ces animaux... C'est vous qui les avez tués ?

L'homme le plus en avant, et qui était aussi le plus costaud du groupe, baissa les yeux. A ses pieds se dressait une sorte de croisement hybride entre un... homme et un animal. Il fronça les sourcils. Il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre que cette petite voix fluette émanait de ce qui ressemblait pour lui à l'anomalie parfaite, un hybride qui avait des allures de peluche adorable et qui, pourtant, le fixait avec des yeux déterminés, entre colère et résolution. Tout ce qu'il détestait, en somme !

— Ouais, c'est nous ! s'enorgueillit-il. Ça pose un problème ?

— Ils souffrent, souffla Chopper. Relâchez-les !

— Et puis quoi encore ? Et t'es quoi, toi, au juste ?

Le chasseur se pencha un peu en direction du jeune médecin, obligeant ce dernier à avoir un mouvement de recul.

— N'aie pas peur... Tu es un beau spécimen, toi... Eh, les gars ! C'est une jolie bestiole, ce renne, vous trouvez pas ?

— Grave, chef...

— Oh eh ! Vous ne pouvez pas prendre Chopper ! s'indigna Nami.

— Et puis je ne suis pas un... Ah, si ! Enfin quelqu'un qui sait ce que je suis ! rougit le médecin.

— Ne te fais pas avoir, triple andouille ! ragèrent ses deux habituels compagnons.

Le chasseur eut un sourire mauvais.

— Très bien ! On peut faire un effort et relâcher ces pauvres bêtes... Mais toi, t'as l'air très intéressant... eh eh eh...

Balor les foudroya du regard.

— Vous allez partir en laissant ces animaux. Vous n'êtes pas des chasseurs, vous êtes des braconniers !

Devant la constatation du guerrier au javelot, les six braconniers échangèrent des regards entre le rire et le mépris. Au loin, une brebis poussa un gémissement terrible, à s'en fendre l'âme.

— Mais enfin, ce n'est qu'une question de vocabulaire, eh eh eh... Ce n'est pas comme s'ils étaient vraiment importants, non ? On a bien le droit de faire ce qu'on veut... Qui s'en soucie, de toute façon ? Ces bestioles sont sur le territoire alloué au patron... Et si Borio a décidé de s'en emparer, alors ils suivent ! Et s'ils ne suivent pas vivants, alors ils suivront...

Sa phrase mourut dans sa bouche quand sa mâchoire claqua si fortement que ses dents volèrent. Les yeux révulsés, le colosse se sentit projeté au-dessus du sol. Avant de perdre conscience et de s'écraser quelques mètres plus loin, il ne put que constater d'où venait cette attaque subite, pleine de rage et de frustration. Quand les ténèbres l'emportèrent dans un sommeil sans rêves, la dernière sensation qu'il ressentit fut celle des sabots laissés par la petite peluche enragée :

— Ces êtres n'appartiennent à personne !

Les sabots de Chopper, qui s'était propulsé pour porter un uppercut dévastateur à son adversaire, claquèrent sur le sol en même temps que le braconnier s'écrasait lourdement sur le sol. Son chapeau bleu cachait son regard, qu'il leva vers les autres êtres malfaisants ; ses pupilles brillaient, et ses larmes coulaient, coulaient, comme un torrent inarrêtable. Un filet de morve venait salir son joli petit nez bleu.

— Ils souffrent et méritent autant de vivre que vous ! Vous n'êtes... que des monstres ! Vous allez les relâcher et partir !

— Chopper... souffla Nami.

— Eh, il nous fait quoi, la bestiole ? Il a étalé Braco d'un seul coup...

Bien vite, la surprise de voir leur chefaillon perdre connaissance après avoir été sauvagement attaqué par le médecin laissa place à une colère revancharde. Le bruit caractéristique de fusils qu'on pointe vers une cible pour distribuer la mort retentit.

— Tu vas nous le payer ! S'il y a une chaîne alimentaire, ce n'est pas pour rien et tu vas vite le comprendre !

Les pupilles de Chopper se rétrécirent. Il n'avait que faire de leurs menaces ; il s'avança et bondit vers eux. Ses pattes s'agrandirent, sa fourrure doubla de volume, et en une seconde, il ressembla à une petite boule plus qu'à un renne ou à un humain. Les tirs fusaient vers eux ; Usopp voulut sortir son lance-pierre, une main l'en empêcha. Lorsque le regard du tireur croisa celui de Charlie, il ne découvrit que des pupilles remplies de fierté, un regard qui brillait, trouble.

Chopper cassa si vite la distance entre lui et les autres brigands qu'ils ne purent réagir quand ses sabots pleins de fureur s'abattirent sur eux.

— Kokutei Roseo !

Et sous les vents colériques d'un esprit enragé par l'injustice et la discrimination, les feuilles de forêts volèrent ; et les feuilles des forêts, sous la force de la justice et de l'équité, se mélèrent aux pétales de cerisiers qui marquent et les corps et les coeurs.

Les pattes tendues vers l'avenir, Chopper projet une telle force que les cinq braconniers ne purent que subir les conséquences de leurs actes. Dans des cris de souffrance, ils furent expédiés au loin. Le vent se calma, les herbes cessèrent de s'agiter. Les cinq corps tombèrent les uns après les autres misérablement sur le sol comme des pantins.

Affalés, face contre l'herbe, les rares encore conscients essayaient tant bien que mal de se relever.

— Mais c'est quoi cette chose... ?! grogna l'un d'entre eux, submergé par l'incompréhension.

Toujours dans sa forme Kung-Fu, Chopper se dressa face à ses ennemis. Du revers de la patte, il essuya les larmes qui menaçaient de couler de nouveau.

— Je suis Chopper ! Le médecin de l'équipage de Luffy au Chapeau de Paille ! affirma le pirate.

— Qu'est-ce que c'est que cette horreur... 

Les lamentations et les grognements de colère se transformèrent bien vite en plaintes craintives quand une ombre dissimula les quelques rayons de soleil éclairant leur visage. Une ombre plus menaçante encore que tout ce qu'ils connaissaient.

— Vous ne remettrez plus un pied dans cette forêt ! Utilisez vos dernières forces pour déguerpir d'ici !

Comprenant que Balor ne plaisantait pas, les braconniers se levèrent difficilement et prirent leurs jambes à leur cou. Au coeur de cette forêt emplie de vie, ils repartirent avec pour seul trophée les corps inconscients des monstres qui leur servaient de camarades de tuerie. Et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans cette forêt qu'ils venaient de souiller par leur présence, on entendait leur voix :

— Borio ne va pas apprécier, je vous le dis ! Vous êtes prévenus... !

Lorsqu'ils disparurent, Usopp et Nami poussèrent un soupir de soulagement avant d'entourer leur compagnon à la fourrure pour le soutenir.

— Borio, hein... grogna Charlie.

— Tu le connais ? demanda Balor.

— C'est une grosse pointure de la chasse animalière. Il est assez connu dans cette région du Nouveau Monde, mais surtout sur Grand Line. Officiellement, c'est un commerçant. En réalité, c'est un trafiquant spécialisé dans le braconnage. Il dirige une société de braconnage. Une sale ordure.

— Je sais. Ce n'est pas la première fois que j'entends son nom.

— En tous cas, s'il est là, c'est que ça ne présage rien de bon.

Luffy, en retrait, touchait tranquillement son chapeau. Il avait assisté à la scène de loin, sans intervenir. Parce que ce n'était pas à lui de le faire. Parce que ça n'avait aucun intérêt. Il s'approcha à son tour de Chopper qui leva la tête pour le regarder.

— C'était un sacré coup de poing, Chopper ! le complimenta-t-il en lui offrant un grand sourire lumineux.

Et c'était tout, car ainsi s'exprimait le capitaine des pirates au chapeau de paille. Chopper, conscient qu'il avait bien agi et qu'il était arrivé ce qui devait arriver, releva le menton et reprit une attitude fière et professionnelle. Il n'avait pas oublié le plus important. Il s'approcha du filet de bêtes, les yeux dans le vague. Le pirate docteur savait ce qu'il avait à faire.

Doucement, il s'accroupit auprès des animaux capturés. Avec délicatesse, il enleva ce filet infâme, cette prison de corde solide, promesse de l'enfer que pouvait offrir l'humanité à ceux qui n'étaient pas de leur espèce. Toujours par des gestes d'une extrême douceur, le renne, dans sa force humanoïde — la plus forte et la plus apte pour cette tâche —, il porta les cadavres chauds des animaux qui avaient succombé. Heureusement, les pertes furent bien moins nombreuses qu'escomptées, mais cela ne faisait que redoubler le malaise ressenti : s'ils les capturaient majoritairement vivants, que comptaient-ils faire de ces animaux ? Une colère glaciale découpait les mouvements de Chopper. Balor, habitué à côtoyer la nature, décida de l'aider.

Le temps pressait ; le Poisson d'Or se trouvait à portée de main et il fallait se hâter pour le récupérer et le mettre en lieu sûr. Cependant, pouvait-on se résoudre à abandonner des créatures innocentes, blessées par le courroux de quelques idiots qui recherchaient gloire et fortune au mépris de la vie ? Les visages d'Hiluluk et de Kureha apparurent dans l'esprit de Chopper, réaffirmant sa résolution à sauver tout le monde.

— Il faut les sauver, je vais leur prodiguer les premiers soins !

— On n'a pas le temps, grogna Balor. Le temps presse, il faut chercher le Poisson.

— On ne peut pas les laisser comme ça ! Ce n'est pas... Ils méritent mieux... Ils ne méritent pas de mourir de leurs blessures...

— Si on ne se dépêche pas, on risque de le perdre. Et je ne permettrai pas ça !

— Et moi, je vais sauver ces animaux !

Chopper et Balor se dévisagèrent durant de longues secondes. Des secondes qui parurent interminables. Puis, contre toute attente, leur guide soupira longuement.

— On leur prodigue les premiers soins et on file. C'est clair ?

Les yeux du jeune renne brillèrent.

— Oui !

Et aussitôt, il se mit au travail. Il chercha du regard des fleurs qui pourraient lui servir à apaiser les souffrances des animaux qui agonisaient. Heureusement, il avait emporté son petit cartable dans lequel il mettait toujours le nécessaire pour intervenir en cas de besoin. Néanmoins, il lui fallut plusieurs plantes que Nami et Usopp récupérèrent. Balor, connaissant bien plus le coin, aiguilla les deux pirates pour qu'ils ne confondent pas les herbes avec d'autres qui puissent être mortelles. En une fraction de secondes, une opération d'urgence se mit en place.

Alors qu'il s'affairait à maintenir les animaux en vie, Chopper sentit une ombre dans son dos. Il leva la tête pour tomber nez à nez avec leur premier guide. Charlie contemplait la scène, lentement, sans un geste. Ses mèches de cheveux bruns venaient parfois cacher la tempête qui inondait le bleu de ses yeux.

— Eh. Comment ça se passe ?

— Plutôt bien... répliqua Chopper, professionnel.

— Ils souffrent terriblement...

— Oui, grimaça le renne.

Oui, ils souffraient. Le renne comprenait parfaitement ce qu'ils ressentaient, ce qu'ils soufflaient, ce qu'ils espéraient. Leur râle n'avait aucun secret pour lui. Charlie soupira. Et soudainement, il posa la main sur la garde de son sabre. Chopper se demanda ce qu'il comptait faire quand il s'accroupit, l'épée au clair. Aussitôt, son visage pâlit, son coeur sembla rater un battement. Il n'allait tout de même pas... !

— Mais...

— Laisse-moi faire. Je peux les aider.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ?

— Les soulager un peu.

Charlie ferma les yeux. Chopper fronça les sourcils. Ce n'était pas comme si le poète cherchait à abréger leurs souffrances... Mais c'était étrange. Agacé par le silence de leur guide, il allait lui faire une remarque quand il constata quelque chose de surprenant : la pointe de l'épée était devenue progressivement noire. Une teinte couleur de nuit faisait briller l'arme. Mais ce n'était pas du Haki ; c'était comme... un liquide. Charlie leva la pointe de l'épée, la planta dans le sol, traça quelques lignes incompréhensibles, puis attendit. Quelques secondes plus tard, la lame noire ressurgit de la terre. Et cette fois-ci, il la plaça au-dessus des animaux. Et le liquide sombre coula sur eux, les trempant bien rapidement. Au contact de cette étrange matière, les animaux frémirent. Ce frémissement ne dura pourtant qu'une fraction de secondes. Et bien vite, elles s'apaisèrent ; leurs sabots ne grattaient plus la terre, leurs yeux ne pleuraient plus et leur peau se détendait.

Tout le monde admira la scène avec étonnement. Chopper se tourna vers Charlie :

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu as fait ?

Le sabreur esquissa un faible sourire :

— J'ai utilisé mon pouvoir pour apaiser leur âme et leur coeur.

— Ton... pouvoir ?

— Oui. Je suis un utilisateur de fruit du démon. J'ai mangé le Saku Saku no mi. Grâce à lui, j'ai pu... disons que j'ai pu réécrire leurs émotions en leur transférant des émotions plus pures.

— Ah...

— Tu n'aurais pas pu exercer tes talents correctement si ces bêtes avaient été trop souffrantes.

Le compliment indirect de l'écrivain fit rougir Chopper :

— Mais non, c'est pas du talent, idiot... !

— Allez, sourit Charlie, remets-toi au boulot. Le Poisson nous attend.

Chopper acquiesça vivement et tâche de se dépêcher. Ils devaient vite le récupérer. Ainsi apaisées, il fut plus aisé pour lui de faire son travail ; et bien vite, il posa le dernier bandage. La biche la plus proche offrit une léchouille au renne pour le remercier.

— Ce n'est rien. Faites bien attention à vous ! conseilla le jeune pirate.

— C'est bon ? questionna Balor. Alors remettons-nous en route.

Désireux de ne pas perdre plus de temps, le petit groupe accéléra le pas. En route, Chopper demanda à Charlie combien de temps son pouvoir durerait.

— Tout dépend d'eux. Mais ne t'en fais pas, ils ne souffriront pas de ce manque, lança-t-il.

Ce n'était pas la douleur des animaux qui préoccupait le plus Charlie, mais la présence de la bande à Borio sur l'île d'Edens Shield. Comment de tels individus avaient pu accoster sur cette île ? Leur présence n'augurait rien de bon. Surtout quand on savait avec qui ils faisaient commerce. Cette simple pensée suffit à lui donner la nausée et à l'énerver. Il resserra sa prise sur la garde de son épée pendouillant mollement à sa ceinture.

Je le lui ferai payer. Je te l'ai promis...

Mais il devrait attendre. Encore un peu...

Quelques minutes plus tard, un grand rayon de soleil perça les feuillages des arbres, tandis qu'un chant lointain, glissement poétique parmi les glissements poétiques, siffla dans les oreilles des jeunes vagabonds. Le bleu du ciel se substitua au vert de la nature, et les senteurs iodées vinrent chatouiller les narines pour le plus grand plaisir de tout le monde.

Luffy, qui avait été plutôt calme pendant toute la traversée — ce qui était étonnant — ne tint plus en place et se mit à courir vers l'horizon, entraînant tous ses compagnons de route :

— Ouais ! La mer ! Elle est là !

Oui, à portée de main, aux pieds de la crique qui s'étendait au-dessous d'eux, il était là, l'océan.

¤¤ To be continued... ¤¤

NDA : bonjour, bonjour !

J'espère que vous allez bien ! Moi, ça va, on survit ahah. Je suis plutôt content aujourd'hui vu que la dernière saison de Shingeki no Kyojin est sortie ! (enfin, les 3 premiers épisodes...) (l'occasion de rappeler que j'écris aussi sur ce fandom si le coeur vous dit de me lire un peu plus)

Voici le chapitre 52 du Poisson d'Or, un sacré morceau que voilà ! 

On retrouve le groupe de Luffy qui traverse la forêt pour tomber nez à nez avec des braconniers... Enfin... aux yeux de Balor et de notre petit groupe, car comme vous l'avez peut-être compris, officiellement, ce sont de simples chasseurs. Cette petite rencontre met un thème majeur de cette fanfiction que je compte continuer d'aborder : l'exploitation illégale des ressources naturelles et notamment le manque de respect des écosystèmes au nom du profit. Un thème particulièrement important à mes yeux...

D'ailleurs, pas qu'à mes yeux ! C'était l'occasion parfaite de faire briller Chopper dans ce chapitre. La fureur du médecin de l'équipage au chapeau de paille ne connaît pas de limites quand il s'agit de la nature... Une scène que j'ai bien aimé écrire. C'était d'ailleurs l'occasion d'en apprendre plus sur Charlie, dont on apprend le nom du fruit du démon, le Saku Saku no mi. Le nom vient d'une des écritures possibles du nom "auteur" et se traduit littéralement comme étant le "fruit de l'écrivain".

Autrement, un nouveau nom est mentionné. Borio... Ah... Que peut-il bien nous réserver, celui-là, hein ? Après Naro, voilà un autre monstre qui fait son apparition... 

Bref, après ces péripéties, nous voilà près de la mer. Vous savez ce que ça signifie, n'est-ce pas ? Il arrive ! Le Poisson d'Or... !

J'espère sincèrement que ce chapitre aura su vous faire passer un bon moment ! Aussi, je tiens à vous dire que la FAQ est publiée sur mon Databook lié à cette histoire. Oui, il devait paraître quasiment un mois plus tôt et j'en suis tout à fait navré. J'espère que ça vous fera passer quand même un bon moment !

Voilà, on se retrouve bientôt pour le prochain chapitre ! En attendant, prenez soin de vous. Je vous embrasse,

Umi

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