Chapitre 50
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Luffy avait toujours adoré la chasse aux créatures extraordinaires. Sur l'île de Fuschia, ce n'étaient que des scarabées, des insectes, des petites créatures qu'il ramenait à l'équipage de Shanks ou à Dadan pour les impressionner. Bon, bien sûr, il faut éviter de dire que les escapades du petit garçon ne se terminaient souvent que de deux manières : par les rires gras des pirates ou par des remontrances de la cheffe des brigands. Mais ça n'empêchait pas Luffy d'adorer franchement tout ce qui s'apparentait à l'exotisme et l'insolite.
En l'occurrence, un poisson de grande taille, dont les écailles dorées rivalisaient avec le soleil, semblait assez exotique aux yeux du jeune homme pour qu'il marche avec entrain dans la forêt, sans même attendre ses compagnons qu'il commençait à distancer. Et ce n'était même pas parce qu'ils traînaient de la patte ! En réalité, ils se dépêchaient. Seulement, l'enthousiasme de Luffy rendait leurs efforts insuffisants. Malgré leur désir de demander à leur capitaine de ralentir, ils s'abstinrent. Il n'y avait pas une minute à perdre et il fallait même accélérer le pas pour avoir une chance de récupérer la créature.
Afin de gagner du temps, plutôt que de retourner dans la zone boisée, le petit groupe suivit le guerrier, qui les guidait sur un sentier beaucoup moins encombré. Ils traversaient une sorte de plaine dépourvue de végétation. Il s'en dégageait une étrange impression, comme si ces terres désertes étaient chargées d'histoire.
— Vous trouvez pas cet endroit flippant ? demanda Usopp, regardant à droite et à gauche.
— Non, répondit Charlie. Mais il ne me plaît pas pour autant. Je perçois d'étranges vibrations, ici.
Chopper poussa un hoquet de surprise, imprégné de peur. Balor leur jeta un regard en biais. Heureusement, les autres ne prêtaient pas attention à cette discussion. Luffy était trop occupé à marcher et à sourire bêtement, et Nami se concentrait sur la route.
— Ce chemin devrait nous amener plus rapidement vers la mer, lança soudainement Balor, pour combler le silence pesant.
— Que s'est-il passé ici ? Ces terres ne sont pas comme les autres.
Le guerrier du village ralentit la cadence et planta son regard dans celui de Charlie. Il fronça les sourcils. La sensibilité de ce jeune homme dépassait de loin tout ce qu'il connaissait, à part celle du druide.
— Non, effectivement, répondit Balor.
Il n'avait aucune raison de le cacher, alors il poussa un soupir et contempla les terres autour de lui :
— Ce sont ces plaines qui ont accueilli la bataille de nos ancêtres, à l'heure de l'arrivée d'Adam.
— Alors ça veut dire que...
— Oui, c'est ici qu'est tombée la tyrannie de Neil. Sa sépulture ne se trouve pas loin.
Usopp sentit un frisson traverser tout son corps et ses cheveux se redresser. Neil, l'horrible dictateur, reposait là où ils étaient en train de marcher ? Et s'il pouvait revenir les hanter ? C'était de la folie ; il fallait rebrousser chemin...
— Et... euh... Il ne peut pas revenir, hein ?
— Non, rit leur guide. Il ne reviendra pas. Le tyran a été éliminé il y a des années. Ce qui est arrivé à ceux qui le soutenaient, ses proches... Ils ont été mis à l'écart.
— Bannis ?
Balor offrit un sourire léger à la navigatrice. Finalement, elle s'intéressait aussi à l'histoire de l'île ! C'était bien ; les femmes de cet équipage pirate semblaient pleines de curiosité et disposaient d'une rare acuité intellectuelle.
— Oui, c'est... c'est ça. Ils ont été bannis.
Cette annonce jeta un silence sur le groupe, le temps de digérer la nouvelle. Bannis. Ils avaient été bannis. Malgré le poids des siècles, la lourdeur de cette sentence se ressentait jusque dans la brise chaude et étouffante. Puis Balor étouffa un rire sec :
— Ils ne risquent pas de revenir... ! Rien à craindre. Allons, dépêchons-nous. Le Gardien nous attend.
Ils continuèrent dans le silence et la perspective que les fantômes du passé ne se jettent sur eux. Un nuage obscurcit le ciel et s'amusa à couvrir les rayons du soleil.
— A ce propos, questionna Charlie, comment allons-nous faire pour amener le Poisson jusqu'à un lieu sûr ?
— Nous avons pensé à un chemin pour l'escorter. Pas d'inquiétude à avoir, nous avons tout prévu.
— Ça ne m'aide pas à en savoir plus... grimaça l'écrivain, sans toutefois insister.
— L'île regorge de secrets, sourit mystérieusement Balor.
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Les conversations se mêlaient dans une cacophonie de joie, de surprise, d'incompréhension, de projections, cacophonie teintée d'une angoisse rampante. La résonance de l'oeuf avait secoué les villageois, dont le coeur vibrait à présent à l'unisson. C'était comme si une drôle de musique s'était mise à flotter dans l'air, chargeant le lieu d'une énergie mystique.
Franky trouvait ce spectacle curieux. Ce n'était certes pas la première fois qu'il assistait à ce genre de choses : les habitants d'une île qui se mettent soudainement à s'agiter, les âmes qui semblent s'extirper d'un univers léthargique, les voix qui entraient en harmonie. Mais chez ces gens, la chose avait encore plus d'intensité, plus de force, plus de... profondeur.
Un battement animal, un battement abyssal, couvert sous les flots de conversations.
Il balaya la grande salle du regard. Assis dans un coin, il avait arrêté de montrer toutes ses fonctions à la petite Eryn, laquelle semblait occupée ailleurs. Ses amis discutaient soit entre eux, soit avec d'autres membres de la tribu. Robin parlait avec le chef du village, le druide, tandis que Zoro les observait, posé contre un mur, n'ouvrant un oeil que quand la conversation semblait prendre une tournure un peu intéressante — autant dire, dès que ça n'évoquait pas des mots qu'il ne comprenait pas. Sanji, fidèle à lui-même, s'assurait que toutes les demoiselles étaient comblées, tandis qu'il refusait d'accorder un regard aux hommes. Brook était installé avec le groupe de musiciens. Quant à Law, il ne savait pas trop. Il semblait perdu en pleine réflexion.
Le charpentier esquissa un sourire dont lui seul avait le secret. Il songea à ses camarades partis chercher le Poisson. Ils avaient de la chance. Lui aussi, il aurait bien aimé le voir ! Mais il se devait de rester. Une mission lui trottait en tête. Quand ils étaient arrivés, Franky avait rapidement constaté qu'un travail monstrueux les attendait. La plupart des maisons, et même les remparts, étaient saccagés. Un véritable champ de ruine. Le charpentier ne tarda même pas à voir les faiblesses structurelles du bâtiment central dans lequel ils se trouvaient actuellement. Dire qu'il tenait par miracle ne relevait pas de l'hyperbole, même s'il semblait suffisamment solide pour tenir. Des fissures lézardaient les murs.
Il attendait à présent que l'équipe que le druide avait rassemblée pour l'aider ne se prépare ; il n'eut pas à patienter longtemps. Bientôt, ils se réunirent devant lui. Six solides gaillards, parmi les moins blessés, se tenaient en ligne face au cyborg, les mains remplies d'outils.
— C'est bon, les gars ? On peut y aller ? s'exclama Franky, tout sourire.
En voyant cette équipe, les tendres images de Water 7 lui revinrent en mémoire. Ah, le bon vieux temps ! Puis tout était devenu plus dur, plus violent ; le chaos s'était imposé dans sa vie et tout lui échappait. En réalité, c'était au moment où il semblait tout contrôler que plus rien n'était entre ses mains. Et puis, enfin, Luffy est arrivé. Il a débarqué sur Water 7, ravageant tout sur son passage, comme une tornade souriante.
Et puis de fil en aiguille, le voilà qu'il se trouvait sur les mers du Nouveau Monde. Son rêve à portée de main.
— Oui, nous pouvons commencer.
Un rai de lumière passa la fenêtre, portant un nouvel éclat dans la salle. Le cyborg se leva.
— Alors allons-y !
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La Justice, comme une mouette géante qui toisait les nuages, projetait l'ombre de ses ailes sur les océans. Elle arrivait, la justice — la Justice, avec un J majuscule et impérial —, elle venait et fendait les eaux verdâtres du Nouveau Monde. Le ciel, d'un bleu parfait, égal, harmonieux, contrastait avec la teinte émeraude sur laquelle glissait la coque du bateau. Une teinte émeraude qui inspirait la quiétude d'un ailleurs, isolé des tourments charriés par les pavillons noirs, les boulets de canon et les lames.
Les contours d'Edens Shield se dessinaient de mieux en mieux à mesure que le navire progressait, jetant çà et là des gerbes d'écume. La Justice avançait au rythme des commandes, des bottes obéissantes qui martelaient le bois du pont et des voiles qui se froissent.
— Île droit devant ! cria un marin.
— Accostage imminent ! Le port est droit devant !
Tout s'agitait. Le navire n'était plus navire, mais bien une fourmilière géante qui ne cessait de se mouvoir. Depuis le ciel, les oiseaux riaient de ce bien étrange spectacle, et depuis les fonds marins, les créatures abyssales se questionnaient sur l'origine de cette embarcation qui troublaient leur territoire d'une si étrange façon.
Sur le pont, c'était la cohue, une cohue interminable. Les soldats passaient, se croisaient, portaient des caisses, armaient leur fusil, remettaient leur veste en place, se gueulaient des consignes. Mille troupeaux d'éléphants n'auraient pas su se mettre autant en branle que cette trentaine de soldats, foudroyés par l'urgence de la situation, une urgence absolue et totale qui demandait leur concentration parfaite, une urgence qui ferait progresser la Justice : accoster sur cette île.
Assis sur une caisse, jambes écartées, bras posés nonchalamment sur ses cuisses, le contre-amiral se délectait de ce qui s'offrait à lui. Il n'avait de toute façon que ça à faire ; profiter des vagues qui berçaient l'embarcation, en attendant de se rapprocher suffisamment des terres. La mission n'allait pas tarder à commencer ; les rouages se mettaient en marche, la machine ne pouvait qu'être ralentie. Alors n'était-il pas préférable de profiter longuement de ces secondes de quiétude qui précèdent les tempêtes les plus abruptes ?
Il leva la tête vers les cieux. Rares étaient les nuages qui se profilaient à l'horizon. C'est comme si tout le monde venait de se figer. Il poussa un soupir, puis il passa une main dans ses cheveux bruns, légèrement bouclés, courts. On était certes loin de la coupe réglementaire des militaires et autres soldats, mais il n'y avait aucune trace de fantaisie dans son apparence. Ses traits, légers en apparence, soulignaient un regard profond. Il se tourna en direction de l'est, regarda longuement l'horizon, et dans son air perdu, on pouvait y voir briller un éclat incertain.
Il resta ainsi de longues minutes, toujours ramené à ses rêveries lorsqu'il avait fini d'observer une recrue qui passait dans son champ de vue. Il préférait de loin laisser la supervision des opérations au capitaine Smith, qui, même s'il était râleur et à cheval sur les principes fondamentaux de l'institution, savait gérer une troupe.
Le contre-amiral finit par lever la tête quand la force du vent commença à décliner. Un sourire sur le visage, il se redressa et quitta son siège improvisé. Pas à pas, il traversa le pont en direction de la proue du navire. Ses bottes claquèrent contre le bois, musique martiale d'un général en marche ; le dos bien droit, la cape au vent, il avalait les mètres avec droiture et bravoure.
Sur son passage, les soldats se retournèrent, le regardèrent, l'observèrent, le contemplèrent, se poussèrent. Un hoquet d'intimidation coincé dans la gorge, ils ne pouvaient que s'écarter devant la hiérarchie. Petit à petit, une haie d'honneur s'était formée.
— Contre-amiral Drian...
Le gradé de la Marine jeta un œil sur ses compagnons de voyage, puis s'arrêta à l'avant du navire. Les épaules hautes, il dévisagea l'océan qui se dressait sur sa route, les falaises qui se dessinaient, le monde qui se dressait devant lui. Il leva brutalement la main, prenant au dépourvu tout le monde :
— Jetez l'ancre !
L'ordre glaça le corps militaire, qui demeura immobile, suspendu à ces mots improbables.
— Mais, contre-amiral... nous sommes au milieu de la mer...
— Nous ne pouvons pas accoster ici ! déclara le capitaine Smith.
— Je ne vous demande pas de descendre.
Le contre-amiral se retourna et dévoila un sourire plein de dents orgueilleuses.
— C'est là que le voyage s'arrête pour moi. Ou qu'il commence...
Il toisa ses subordonnés. Personne n'osa dire un mot ni soutenir son regard, un silence pesant flottait dans l'air. Drian esquissa un sourire. Même le capitaine Smith ne répliqua rien dans un premier temps. Il ouvrit simplement la bouche à intervalles réguliers, véritable poisson quémandant de l'oxygène hors de l'eau. Puis il se résigna et donna l'ordre de suivre les conseils du contre-amiral.
Lorsque tout fut en place, Drian s'autorisa à sourire. Même si le visage fermé de certains soldats — en particulier celui de Smith — ne laissait que peu de doutes quant à leur avis sur la manœuvre, Drian avait la sensation d'avoir réussi son effet. Un silence haché de murmures pesait sur le navire.
Drian vérifia qu'il avait tout ce dont il avait besoin. Tout était en règle.
Devant la proue, le silence laissa place à quelques chuchotements :
— Il va vraiment le faire ? Je l'ai jamais vu à l'oeuvre, moi...
— Moi, oui ! s'enorgueillit une des deux soldates lui ayant adressé la parole un peu plus tôt. Et il est... impressionnant.
— Mais non...
— Chut, je vois rien !
— C'est quoi le rapport ?
— Vous pensez qu'il va faire un discours ?
Non, songea le contre-amiral.
Les mots sont des outils précieux, il faut les garder en temps voulu.
En très peu de temps, il grimpa jusqu'au mât.
— Ça y est, ça commence...
Le cosmos rivait ses yeux sur l'homme à la veste blanche. Il se pencha légèrement, arqua ses jambes. Le marathonien avait remplacé le tireur ; l'homme avait cédé sa place à la bête ; le soldat était devenu prédateur. Le soleil, haut dans le ciel, darda un rayon sur ses canines impudiques. Le vent dansa avec sa veste et ses cheveux.
Quelques secondes flottèrent.
Le temps se figea.
Puis il sauta dans l'eau. Son corps, boulet de canon, prit de la vitesse, perça l'air, en direction de la mer, jambes en avant. La curiosité s'empara de quelques soldats qui se rapprochèrent pour voir une silhouette s'écraser et pénétrer l'étendue aqueuse. La surface se troubla, un cercle d'écume se souleva au contact de la peau aquatique, et mille gouttes volèrent de part et d'autre de l'impact. La scène ne se déroula qu'en une fraction de secondes, aussi, les marins n'eurent pas le temps de voir en détails ce qui se passa.
Mais tous, après ce spectacle, s'accordèrent sur une chose ; l'eau semblait s'être déformée, et en son coeur, le corps de Drian contractait des muscles monstrueux. Puis l'eau engloutit le contre-amiral, son image disparut, avalée.
Un dixième de seconde s'écoula.
L'eau explosa brusquement, et des abysses surgit une colonne marine si grande, si impressionnante et si violente que l'on eût cru au réveil de Poséidon lui-même. Comme un tir de canon géant, une ombre perça les flots, tirant derrière lui une quantité d'eau telle que le bateau tangua. Les soldats se bouchèrent les oreilles, s'accrochèrent les uns aux autres, soufflés par le déchaînement des océans. Cette fois-ci, pas de hoquet de surprise, seule une longue onomatopée d'admiration s'extirpa de leur bouche paralysée. Des étoiles s'incrustèrent dans les yeux des novices.
Car, du pilier aqueux qui pointait vers les astres, jaillit la silhouette d'un homme. Un homme qui portait sur lui les lettres de la Justice.
Le contre-amiral s'éleva avec rapidité dans les cieux. La falaise, il y a peu lointaine paroi, se trouvait maintenant à portée de main.
Quinze mètres. L'eau commença à se dissiper autour de lui.
Dix mètres. En bas, il ne distinguait déjà plus qu'une poignée de silhouettes.
Cinq mètres. Drian sourit.
Il dépassa la falaise d'une autre poignée de mètres. Son ascension pouvait-elle être infinie ? Il s'imagina toucher les étoiles et caresser la lune. Il n'en fit rien. Parfaitement calculée, son bond le fit ralentir alors qu'il chatouillait la cime des arbres. La couronne du soleil lui réchauffait le dos, alors que les pans de sa veste voletaient au rythme du vent.
La gravité entra en jeu.
Il se réceptionna sur terre rapidement ; ses jambes absorbèrent le choc, il ploya un genou chevalier et embrassa la terre d'une main curieuse. En bas, les flots avaient cessé de s'agiter. Les tambours du vent qui claquaient dans ses oreilles cessèrent leur vacarme, et il retrouva la quiétude du monde avec joie.
Lentement, il se redressa. Avec une prudence et une pudeur qui ne laissaient pas soupçonner un tel fracas. Autour de lui, la forêt l'entourait de ses bras feuillus. Au loin, en hauteur, il distinguait les contours d'une muraille. Un sourire orna le visage du contre-amiral Drian. La justice avait posé un pied sur l'île d'Edens Shield, et à présent, elle était en marche.
¤¤¤¤¤¤¤
Nouveau Monde, QG de la Marine...
L'océan était bien calme aujourd'hui. Du haut de l'immense bâtiment qui trônait sur l'îlot comme sur le reste de la mer, une vue imprenable sur l'horizon s'offrait aux rares chanceux qui y avaient accès. Sakazuki se tenait debout, le visage fermé, sombre, tranchant. Ses sourcils broussailleux froncés terminaient de tracer le mécontentement de l'Amiral en chef de la Marine.
Deux ans auparavant, après sa victoire sur son ancien collègue, Akainu s'était préparé à affronter une tonne de paperasse. Mais ces derniers temps... ce n'était pas une tonne de papiers qui l'attendait, c'était une montagne entière ! Bien sûr, la Justice absolue nécessitait de ne pas compter ses heures, et il y mettait autant d'énergie que lorsqu'il chassait la racaille sur les mers. Seulement, ses journées n'avaient pas la même saveur, et en plus de toutes les complications liées aux problèmes causés par la vermine criminelle, il devait faire face au propre vide abyssal de son existence. Un vide qui achevait de le rendre invivable.
De fait, en dehors des rapports, peu de ses collègues cherchaient à le côtoyer. Le seul qui restait à ses côtés n'était autre que l'Amiral Kizaru. Celui que l'on surnommait le singe jaune, ou l'as des as de la marine, passait son temps libre — ou plutôt ses trop nombreuses pauses — à proximité du bureau de son supérieur et néanmoins meilleur ami. Sakazuki ne détestait pas Borsalino, mais souvent, il ne pouvait s'empêcher de lui faire des reproches. La justice dans son absolue ne s'encombrait pas de futilités comme l'amitié. Encore moins si cette dernière poussait les gens à baisser leur productivité ou à tourner le dos à leurs convictions.
L'amitié, c'est bien gentil ; mais dans un monde qui ne dispose pas de justice, quelle en serait la signification ? C'était la porte ouverte à toutes les dérives. Un monde sans amitiés pouvait survivre. Difficilement, mais Sakazuki imaginait cela possible. Il ne voyait pas comment un monde sans une justice parfaite serait viable.
Ses dents grincèrent sous l'effet de la colère. Y penser le mettait encore plus en furie qu'il ne l'était d'ordinaire. Ecœuré, il décida de s'asseoir derrière son bureau et de se remettre au travail. Heureusement, personne n'était là pour le gêner, pas même l'Amiral Borsalino. Il devrait pouvoir se concentrer...
— Amiral Sakazuki !
Sakazuki dut faire preuve de toute sa patience pour éviter de brûler l'intégralité de son bureau. Il se contenta de pousser un grognement de bête enragée avant de lever la tête en direction de l'importun.
— Qu'est-ce que tu veux ? Je travaille !
— Je viens au rapport.
— Quelle affaire ? Est-ce urgent ?
Il dévisagea froidement le colonel qui lui faisait face. T-Bone se tenait au garde-à-vous. Devant les pupilles polaires du chien enragé de la Marine, il était difficile de rester la tête haute. Mais le soldat faisait de son mieux, car tel était son devoir.
— L'escouade du royaume d'Eden vient juste d'arriver sur l'île.
Sakazuki fixa longuement T-Bone, en digérant l'information.
— La traversée du Nouveau Monde s'est passée sans encombres. Ils ont rencontré un équipage pirate, un affrontement a eu lieu. Les criminels ont battu en retraite. Aucune perte n'est à déplorer, et...
— J'espère bien ! grogna le chien rouge. Est-ce tout ?
T-Bone sentit une goutte de sueur perler le long de son cou. La température ambiante de la pièce semblait avoir grimpé de plusieurs degrés. Ce n'était en général pas bon signe.
— Le contre-amiral affilié à cette mission a débarqué sur l'île. Le capitaine Smith rapporte qu'ils se dirigent vers le port et vont établir sous peu le contact avec la famille royale de l'île. Dois-je lui transmettre un message ?
— Non. Il suit le plan. Maintenant, laisse-moi travailler !
T-Bone se redressa et salua l'Amiral en chef avant de sortir. Sakazuki grinça des dents et serra les poings. Se faire déranger pour ça...
— Tu comptes rester là encore longtemps ? gronda l'homme-magma.
— Edens Shield est une île peu conventionnelle... lança une voix traînante.
Sakazuki manqua de pousser un long soupir exaspéré. Lui qui sé réjouissait de son absence... ! Kizaru se montra, mains glissées dans ses poches, lunettes de soleil sur le nez. Comme s'il se trouvait dans son propre bureau, le singe jaune s'installa avec nonchalance sur le canapé, jambes croisées, sans craindre un instant le regard de son collègue.
— Même dans le Nouveau Monde, poursuivit l'homme-lumière, elle se démarque des autres... La Marine a bien tenté d'établir des relations avec la famille royale, mais cela n'a jamais abouti à un accord...
— Je le sais très bien, Borsalino !
— Et pourtant, c'est seulement maintenant qu'elle accepte une entrevue avec le gouvernement...
Sakazuki lança un regard noir à son collègue. Pourquoi s'acharnait-il à lui raconter ce qu'il savait déjà ?
— Enfin, c'est mieux que de laisser de quelconques pirates s'en emparer...
— Cette fichue île est déjà aux griffes de ces vermines ! tonna Sakazuki. C'est une plateforme de passage pour les criminels ! Sans compter sur les relations avec les autres pays. Cela ne m'inspire pas confiance. Si la famille royale décide enfin de s'allier à nous, alors on doit s'emparer de cette occasion.
— Tu penses que ce pays pourrait être sujet à une révolution ?
La mâchoire de l'Amiral en chef se contracta un peu plus — si c'était encore possible. Non loin, Kizaru ne s'en formalisa guère et continua d'inspecter ses ongles.
— Au Diable ces péquenauds ! Ces bons à rien n'agiront pas. Ils préfèrent mettre le désordre ailleurs, ils ne se risquent pas à affronter des pirates ! On s'occupera de leur cas quand ce pays sera de notre côté.
— Et c'est pour ça que tu as envoyé une escouade là-bas ?
Akainu hocha la tête en poussant un bruit de gorge affirmatif.
— J'ai entendu dire que tu avais envoyé le nouveau contre-amiral, c'est ça ? Comment s'appelle-t-il déjà... Hum... Drian, je crois.
Une nouvelle fois, Akainu se contenta d'un mouvement de la tête en guise de réponse. Kizaru émit un léger sifflement.
— Ce gars-là est très bon... Mais... Pourquoi l'avoir choisi ?
— Il fera l'affaire.
— Je n'en doute pas, mais... Il faut prendre en compte... Tu sais bien...
— Ce n'est pas important. On s'occupera de cette... Chose plus tard.
Kizaru remit ses lunettes de soleil en place et laissa tomber son regard dissimulé sur son ami. Un début de sourire commença à se dessiner sur son visage. Les dizaines d'années à travailler ensemble avaient forgé leur entente mutuelle mieux encore que les lames du pays des samouraïs. Ils n'avaient même plus besoin de terminer leurs phrases ; ils se comprenaient.
— Oui, mais il s'agirait de ne pas trop remuer ce qui se terre dans l'ombre... Tu sais bien... Les incidents de ces derniers mois...
Akainu se leva et jeta un regard en coin à l'homme-lumière. Il avait raison. Mais pour l'instant, la seule chose qui comptait à ses yeux, c'était le maintien de la justice. Une justice absolue.
— La Justice ne va pas attendre après quoi que ce soit. La Justice est en marche, et personne ne l'arrêtera... !
¤¤ To be continued... ¤¤
NDA : Bonjour, bonjour !
Bon, tout d'abord, j'espère que vous allez bien ! Pour ma part, ça va !
On y est ! Enfin, le chapitre 50 se dévoile, et il apporte avec lui son lot de scènes intenses... C'est la fin d'une première partie d'introduction, de découverte, d'exploration ! Les pièces de l'échiquier se mettent à bouger et tout est enfin en place sur l'île d'Edens Shield... Entre le groupe des Mugiwara qui commence à bouger sous l'ombre menaçante du passé, le village qui se fortifie et la Marine qui se met enfin en marche... !
Balor révèle qu'ils marchent sur les traces du terrible Neil tandis que le contre-amiral Drian débarque enfin sur l'île de façon magistrale ; les secrets de l'île n'ont pas fini de se dévoiler face aux plans de Finn. Quel rôle jouera la Marine ? Que vont faire les Mugiwara ? Comment les forces de Finn vont-elles réagir à cette arrivée impromptue ? Et qu'adviendra-t-il de l'île ? L'histoire autour d'Edens Shield est loin d'être finie, d'autant que dans l'ombre semble se mouvoir quelque Chose qui attire même l'attention des Amiraux...
Quel chapitre de dingue ! J'ai vraiment beaucoup aimé l'écrire. Je ne sais pas si vous l'avez aimé et j'espère sincèrement que oui ; quand on ne sait pas ce qui se passe derrière chaque mot, chaque phrase, ça doit être sympa. Mais je vous assure que moi qui sais ce qui se trame et qui se dissimule dans les traces de chaque mot... C'est encore plus agréable ! J'ai tellement hâte de vous dévoiler la suite !
Voilà donc ce cinquantième chapitre qui clôt officiellement la première partie et ouvre le second acte de ma fanfiction ! Un second acte qui révélera bien des choses...
Ce chapitre est aussi l'occasion pour moi de faire un premier bilan concernant cette histoire. D'un point de vue personnel, cette fanfiction a pris beaucoup plus de place dans ma vie et dans mon programme d'écriture que je ne l'aurais cru au début ! Quand j'ai commencé à publier cette histoire, j'avais proposé quelques chiffres pour vous mettre l'eau à la bouche. Je disais que Le Poisson d'Or comportait plus de 60 000 mots ou encore 20 OC. Aujourd'hui, j'en suis à plus de 130 000 ! Presque le double ! Quant aux OCs, il faudrait que je recompte... Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y en a plus de 30. Ce qui est plus qu'honorable, et je n'en suis pas peu fier, ah ah ! Cette fanfiction est un peu une fierté. Son écriture n'est pas toujours facile, mais quand j'arrive à avancer... quel plaisir ! Quel bonheur, sérieux ! C'est dingue comment c'est agréable, surtout vu la quantité d'heures de travail et de réflexion que cette histoire prend.
Côté Wattpad... Franchement, je suis plus qu'heureux de l'accueil que vous faîtes à cette histoire. C'est absolument incroyable. En moins d'un an, j'ai gagné un lectorat au moins aussi important que sur mes autres romans originaux. Je sais bien que le côté fanfiction aide beaucoup mais quand même ! C'est un honneur de savoir que mon histoire vous plaît autant. On en est presque à 7k en terme de vues, c'est vraiment super ! En la postant, j'espérais bien rencontrer un peu de succès mais à ce point ? Pas franchement ! Vos commentaires aussi, il faut en parler ! Soit ils me font mourir de rire, soit ils me font fondre comme un sucre... Vraiment, vous êtes adorables. Je ne réponds pas toujours toujours mais j'essaie d'être le plus réactif possible. Je les vois souvent, et ils me font vraiment plaisir !
Que ce soit au niveau de l'écriture ou au niveau de la réception, pour moi, du coup, c'est vraiment une réussite totale. Et c'est en grande partie grâce à vous, alors merci encore une fois !
Maintenant, ceci étant dit, il est temps de parler un peu du futur de l'oeuvre. Je pense rester encore un petit moment sur un rythme bimensuel pour la publication. Je n'ai toujours pas rattrapé mon retard pour plusieurs raisons, notamment professionnelles (plutôt scolaires dans mon cas). J'en suis franchement navré ; j'aimerais vraiment qu'elle s'écrive toute seule, cette histoire, mais eh, elle est un peu feignante... Plus sérieusement, ça me peine vraiment de devoir ralentir le rythme mais je ne crois pas pouvoir faire autrement.
Aussi, comme je l'avais annoncé quelques temps plus tôt, une FAQ a été publiée à propos de cette histoire. Merci pour les questions que vous avez posées, ça m'a fait plaisir d'y répondre ! Les réponses à la FAQ seront publiées dans le Databook lié à cette histoire dans le courant de la semaine.
Quoi ? Comment ? Un Databook ?
Eh oui ! Je vais publier un Databook sur cette fanfiction ! En raison du nombre assez important de personnages ou de lieux, certaines informations n'apparaîtront pas directement dans l'histoire (parce que si je commence à révéler par exemple le lieu d'origine de chaque personnage, les chapitres vont doubler de volume). C'est pour cela que j'ai décidé de créer ma propre "Vivre Card" liée à ma fanfiction et à mes OCs. Anecdotes de création, informations sur les personnages, inspiration, et même d'autres choses... Vous retrouverez tout un tas d'informations sur ma fanfiction. Je n'ai, bien évidemment, pas encore décidé du nombre de parutions, de la date de parution des informations, etc., mais je vous préviendrai à chaque fois sur l'histoire qu'une fiche ou quelque chose vous attend là-bas.
Voilà voilà !
Je crois avoir tout dit... Ah, non ! Un nouvel opening sera bientôt publié, pour fêter ces 50 chapitres ! N'hésitez pas à aller à écouter les premiers openings et endings, je prends plaisir à les choisir. Ils sont publiés dans la partie "opening et ending".
Voilà ! Là j'ai tout dit !
Bon, comme d'habitude, j'espère sincèrement que ce chapitre vous aura plu, je vous remercie de m'avoir lu. Prenez soin de vous, on se retrouve bientôt pour la suite ! Je vous embrasse,
Umi
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