Chapitre 46
Finn avançait d'un pas contrarié. Sa rencontre avec le pirate au chapeau de paille ne cessait d'occuper son esprit. Si on lui avait dit que la simple récolte d'une fleur extrêmement rare le conduirait à voir un gamin aussi célèbre se dresser sur sa route, il aurait ri au nez du malheureux qui lui aurait dit ça. Pourtant, ce n'était pas tant Luffy qui l'inquiétait. Il avait d'autres préoccupations.
Il avait un combat à livrer.
Et personne ne l'en empêcherait.
Les pans de son manteau vert flottaient dans le vent à mesure qu'il progressait dans la forêt. Cela faisait une dizaine de minutes qu'il avait reçu l'appel de Karna. Dès qu'il avait reçu cet appel, il s'était délaissé de son combat contre le pirate au chapeau de paille. Et pourtant... Quel combat ! Il n'avait ni eu le temps de voir son adversaire se donner à fond, ni de montrer son plein potentiel. C'était un échange tout à fait amical. Et malgré tout, cela lui avait suffi pour comprendre qui était le jeune homme se tenant en face de lui.
Ce n'est pas comme s'il ne savait pas qui était Monkey D. Luffy. Le nom de ce gamin avait fait le tour du monde en quelques mois. La chute de deux corsaires, la guerre contre le monde entier... Il avait un sacré palmarès. Il n'était pas le seul, mais ses exploits forçaient le respect.
Il ne lui fallut que peu de temps pour rejoindre son compagnon. Lorsqu'il sortit de la forêt, il débarqua sur l'une des côtes de l'île. Une sorte de crique rocheuse circulaire, dans laquelle s'engouffrait l'océan. Finn prit un moment pour admirer l'horizon et ses reliefs d'écume. Comme l'endroit était désert, il sortit son escargophone.
Purupurupurupuru...
On décrocha à la première sonnerie.
— Capitaine ?
— Je suis sur la crique. Où es-tu ?
— En bas.
— En bas, je ne vois que de l'eau...
L'escargophone afficha un visage gêné. Ses moustaches, nées de la représentation du visage de son interlocuteur, vibrèrent étrangement.
— Laisse-moi deviner, tu prends un bain ?
— Euh... Quand même pas, capitaine...
— Tu fais ce que tu veux, de toute façon.
L'homme-chat, à l'autre bout du fil, poussa un miaulement approbateur. Oui, il faisait bien ce qu'il voulait ! N'était-ce pas cela, l'essence d'être pirate ? La liberté, plus que partout ailleurs ?
— Bon, je te rejoins. Tout est en place ?
— Voyons, capitaine. Bien sûr que tout est en place.
— Alors, j'arrive.
Finn s'approcha du vide. Un sourire plus tard, il plongea, tête en avant, dans les abysses. La chute ne lui prit que quelques secondes. Lorsqu'il posa le pied à terre, les grains de sable sous ses pieds s'éparpillèrent de part et d'autre de son corps. Finn regarda à droite.
Non loin, un homme-chat se trouvait assis là. Recouvert d'un pelage plus blanc que la lune, ses moustaches vibraient dans l'air. Ses oreilles pointues ornaient une tête fière et attentive. Il avait tout d'un chasseur ; un pantalon de toile qui laissait ses pattes apparentes ; une sorte d'armure légère, constituée d'un plastron et d'une épaulette en cuir, qui embrassaient admirablement son torse velu. Un arc et un carquois pendaient avec la fierté des rois dans son dos. Enfin, un vêtement drapé s'entremêlait dans son armure.
Il tourna son museau rose vers Finn. Un tout petit museau rose arborant une tâche en forme de coeur.
— Yo, capitaine !
— Karna...
Un sourire sincère s'étala sur le visage du pirate. Il s'approcha d'un pas tranquille vers son compagnon. Du point de vue d'un spectateur ordinaire, sans doute l'on aurait pu croire à une banale rencontre entre deux vieux amis, et peut-être qu'au fond, ce n'était que ça. Karna n'avait pas bougé d'un pouce. Toujours accroupi face à l'eau, il se mit à regarder son reflet liquide. Son image dansait dans l'eau et se courbait. Il mit sa main dedans, intrigué et absorbé dans sa contemplation.
— Tu sais que ce n'est qu'un reflet, n'est-ce pas ? lui expliqua Finn.
— Je sais, capitaine, mais il est tellement... fascinant.
Finn manqua de lever les yeux au ciel. Il n'avait pas que ça à faire, d'écouter les délires de son compagnon. Mais avant qu'il ne puisse lui en faire la remarque, le félin humanoïde bondit sur ses jambes et rejoignit en deux enjambées son capitaine. Puis il tourna autour de lui et colla sa tête contre son épaule, puis contre son torse.
— Garuchu, Finn. C'est bon de te revoir.
— Oui, oui, répondit le capitaine en caressant le haut de la tête de Karna.
Il le laissa faire quelques instants avant de s'éloigner, faisant comprendre au jeune chat de le laisser tranquille afin de parler sérieusement. Karna reprit un air concentré. Ses oreilles pointèrent vers le ciel, signe qu'il était parfaitement attentif.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé, Capitaine ? lui demanda-t-il.
— J'ai rencontré Monkey D. Luffy. Nous nous sommes affrontés.
— Oh ! Et... Alors ? Comment est-il ?
Finn resta rêveur une poignée de secondes, se remémorant chaque moment de son combat face au pirate au chapeau de paille. Puis un sourire orna son visage. Un sourire en coin, coincé entre la confiance et la joie.
— Extraordinaire. Il est extraordinaire.
— Eh bah ! Ce n'est pas souvent que je t'entends parler ainsi, Finn ! Il est si incroyable que ça ?
— Plus que tu ne peux l'imaginer. Mais sa présence pose un problème malgré tout. Lui et son groupe, ils ont déjà atteint le village.
— Le village ? reprit Karna, surpris.
— Oui.
— Donc ils sont officiellement nos ennemis ?
Le capitaine poussa un long soupir. Il épousseta une de ses épaules sur lesquelles s'étaient posés quelques grains de sable.
— Je le crains. Mais ce n'est pas le plus important. Montre-moi donc ce que tu as trouvé.
Aussitôt, Karna se para d'un grand sourire, dévoilant au passage deux grandes canines qui brillaient sous les rayons du soleil. Il pointa du doigt un creux de la crique. Comme les rochers barraient la vue, les deux pirates durent se déplacer. Finn emboîta le pas à son camarade.
— Ce n'est pas le Poisson qu'on cherche, s'amusa Karna, mais c'est aussi un drôle de poisson...
— De quoi parles...
La question de Finn mourut dans sa gorge. Dans le coin de la crique, adossés à la paroi de roche, deux hommes se trouvaient là, ficelés comme de la viande. Ils portaient tous deux un costume digne des plus grandes cérémonies d'îles ultra riches. L'un d'entre eux était chauve, peu avenant, tandis que l'autre avait une moitié de chevelure blanche et un air beaucoup plus riche. Si le chauve ne parlait pas en raison de son inconscience, les gémissements et les éructations du deuxième s'écrasaient dans le bâillon qui serrait sa bouche. A la vue du capitaine, le geignard redoubla d'efforts et se mit à gigoter dans tous les sens.
Finn les toisa avec une curiosité teintée d'un mépris apparent.
— Que s'est-il passé ? se contenta-t-il de demander.
— Que s'est-il passé ? Eh bien... Disons que j'ai croisé ces messieurs en chemin, alors qu'ils dévalaient la forêt comme s'ils craignaient leur ombre. Quand ils m'ont vu... Ah... Finn, je suis désolé. Je n'ai pas pu m'en empêcher.
— Qu'est-ce que tu as fait ?
— Je les ai interceptés pour leur demander ce qui se passait, voyons !
— Sais-tu qui est ce type ?
Karna jaugea le regard de Finn. La question n'appelait qu'une seule réponse. Un rire fit vibrer la gorge féline de l'archer.
— Enfin, capitaine ! Pour qui me prends-tu ? Bien sûr que je sais qui est cet homme...
— Alors...
— Je leur ai bien dit qui j'étais. Mais celui-ci, relata Karna en pointant un ongle dans la direction du chevelu, il m'a traité de vilain matou et m'a conseillé de retourner chez moi, dans ma gouttière.
Les traits de Finn se durcirent. Ses poings se fermèrent. Il acquiesça lentement. Karna haussa les épaules, l'air de dire : tu vois bien, chef, il m'a poussé à bout.
— Je n'allais tout de même pas laisser passer un tel affront ! Je me suis donc amusé à faire un peu de chasse. Je crois bien que la plupart de ces messieurs sont devenus des porcs-épics ! Meeohohohohoh !
— Tu ne l'as pas blessé ? le questionna Finn. Il nous le faut vivant.
— Bien sûr que non ! Pour qui me prends-tu, capitaine ! Je me suis contenté de lui faire un petit... Garuchu. Je crois qu'il a eu le coup de foudre pour moi !
Le regard noir de l'homme semblait indiquer tout le contraire, ce qui redoubla le rire de l'homme-chat. Finn s'approcha de leur prisonnier et lui enleva son bâillon d'un coup sec.
— Bande de... Vous savez qui je suis ?!
— Oui, répondit Finn avec un calme olympien.
— Je suis Naro ! L'homme le plus puissant de cette île !
— Dit-il, attaché comme une vulgaire marchandise.
— Je ne te permets pas ! Pour qui tu te prends, espèce de péquenaud ?
Naro ravala sa question quand le pied de Finn se posa brutalement contre son nez. Le riche homme d'affaires poussa un couinement misérable quand il découvrit la saleté sur la botte du pirate. Finn essuya son pied ensuite sur les vêtements de son interlocuteur.
— Ici, c'est moi qui parle, parodie de noble. Et je te conseille de baisser d'un ton.
Une goutte de sang coulait du nez du prisonnier. Finn l'observa d'un air satisfait.
— Espèce de...
— Tu n'as pas compris ? Ça, ce n'est qu'un avant-goût. Enfin. Je ne compte pas te faire de mal. Tu ne m'intéresses pas. Tout ce qui m'intéresse, c'est le Poisson d'Or. Cette petite goutte de sang et cette poussière qui recouvre ton corps, considère ça comme un rappel. La prochaine fois que tu insultes un de mes camarades, la seule compagnie que tu auras sera la poussière et la terre, lorsque j'aurai enterré ton cadavre. Est-ce bien clair ?
Naro n'eut d'autre choix que d'approuver. Finn retira son pied, le laissant ainsi respirer.
— Bien ! Maintenant que ceci est clair, il est temps de parler affaires...
— Qu'est-ce que vous voulez ?
La question de Naro ressemblait plus à un grognement d'animal perdu qu'à une demande d'homme d'affaires.
— Ce que je veux vraiment ne te concerne pas, répliqua Finn. Mais je te l'ai déjà dit, je cherche le Poisson d'Or.
— Le... Le Poisson d'Or ? Pourquoi faire ?
— La raison pour laquelle mon capitaine veut cette créature, ça ne te regarde pas ! déclara Karna.
— C'est pour que tu le grignotes ? lança Naro, plus narquois que jamais. Comme un sale m...
Trois traits d'argents luirent au clair du jour, sous la gorge de Naro. En un instant, les ongles de Karna s'étaient posés sur le cou de l'odieux personnage. Une goutte de sueur perla sur sa tempe.
— Un sale quoi ? Je te mets au défi de terminer ta phrase. Alors ? J'attends ! dit le chat en pressant un peu plus ses armes mortelles sur la peau du prisonnier.
— Rien ! Je plaisantais, c'est bon.
— Tu n'es pas en position de te montrer insolent, lui rappela Finn en levant un menton arrogant. Ça fait déjà deux fois. Deux fois que tu manques de respect à mon ami. Si tu recommences, ton cadavre ira nourrir le poisson que tu cherches tant.
— Comment... Comment tu le sais, que je le cherche aussi ?
Finn fit un signe de la main au guerrier Minks. Karna recula. Une expression pleine d'orgueil décora la face du capitaine.
— Cette île n'a aucun secret... pour moi.
Il marqua une pause.
— Il me semble que nous n'avons pas encore eu le temps de rendre notre marché officiel.
Naro lui lança un regard noir. Un regard plein de hargne, de colère et d'une méfiance sans égale.
— Tiendras-tu vraiment ta promesse, pirate ?
Karna feula de colère. Ses pupilles fendues se perdirent dans celles de Naro.
— Tu oses remettre en cause la parole du capitaine ?
— Croire un pirate... Ce serait bien imprudent...
— Je ne suis pas de ceux qui brisent leurs promesses, asséna Finn. Tant que ceux à qui j'en fais restent à leur place.
Naro baissa la tête, en pleine réflexion. Puis il releva la tête.
— Très bien.
En entendant ces deux mots, les forbans de l'océan sourirent d'un même air carnassier.
— Je savais que tu saurais te montrer raisonnable, remarqua Finn. Alors, que la chasse continue...
¤¤ To be continued... ¤¤
Bonjour, bonjour !
J'espère que vous allez bien ! Moi, ça va !
Déjà, pour commencer... Joyeux Noël ! J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes, que ce soit avec vos proches ou en solitaire, mais que vous avez pu profiter de cette soirée si particulière (et surtout que vous n'avez pas eu à supporter des gens toxiques) !
Pour ma part, le réveillon a plutôt été tranquille ! (menteur, tu t'es couché après 4h du matin) (chut, il ne faut pas le dire, c'est un secret)
Bref, voici le chapitre 46 ! Un chapitre, ma foi, plutôt important puisqu'il traite de la rencontre entre Finn et Naro... Un chapitre hautement symbolique, donc. La rencontre entre les deux grands antagonistes de l'oeuvre ! N'est-ce pas génial ? Ah ! Et sans oublier Karna, dont on fait une nouvelle fois la rencontre !
J'espère sincèrement que ce chapitre vous aura fait passer un bon moment. Quel bonheur que sa publication tombe le jour de Noël ! C'est un peu un petit cadeau que je vous fais, du coup... même si c'est plutôt facile, pour le coup !
Bon ! Du coup... Comme je l'avais annoncé, normalement, il devrait y avoir une pause la semaine prochaine. Je suis navré, mais il faut que je rattrape un peu mon retard (ou plutôt que je conserve mon avance) et en ce moment, niveau productivité... ce n'est pas la folie. Si jamais j'arrive à travailler et à produire quelque chose, je devrais pouvoir être en mesure de poster quelque chose. Si je n'y arrive pas, j'essaierai de poster un petit truc quand même (pourquoi pas la publi pour la F.A.Q ?).
Je suis désolé, mais sans ces pauses "calculées", je crains qu'on se retrouve au moment fatidique du "je n'ai plus rien à publier"... Et j'aimerais éviter autant que possible. Donc voilà, désolé...
Aussi, par rapport au changement d'opening... Ouais... Apparemment, peu de personnes savent qu'il y a un opening (et un ending) pour cette fanfiction. Ils sont présents dans la 2e partie de la fanfiction. J'avais dit, au précédent chapitre, qu'on changerait d'opening, mais je dois avouer que je n'en ai pas trouvé un qui me satisfaisait pour la partie qui arrive. Je le mettrai à jour dès que je le trouverai. En attendant, n'hésitez pas à consulter les deux premiers et à me dire ce que vous en pensez.
Autrement, merci d'avoir lu ce petit chapitre ! D'ailleurs, si vous voulez, vous pouvez toujours me follow pour voir un peu mes dernières publications (sur mon mur surtout).
Sur ce, je vous souhaite d'agréables moments avec vos proches et de profiter pleinement de cette période "après-fête". Je vous embrasse, prenez soin de vous,
Umi
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