Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Prologue et Chapitre 1

Montréal, 1887.

La pluie tombait, battant les fenêtres avec une insistance presque rythmée, comme si elle elle-même voulait pénétrer dans la maison et effacer les traces du soir. Lilith Rosemertha, 25 ans, se faufilait discrètement dans le couloir sombre de son manoir familial, son manteau lourd trempé par la pluie. Elle n'avait ni la force ni le désir de se changer pour l'instant. Ses pensées étaient trop en désordre, trop remplies d'images qui, à chaque instant, se superposaient. Les gestes violents, les paroles dures, le visage de Geoffrey, défiguré par la rage. La déception.

Elle monta les escaliers d'un pas précipité, comme si le sol brûlait sous ses pieds, jusqu'à sa chambre. La porte se referma sur elle avec un claquement sec, l'isolant de tout le reste. Mais même l'intimité de ses quatre murs ne pouvait pas effacer ce qu'elle venait de vivre. Elle s'effondra sur son lit, les larmes qu'elle n'avait pas pu retenir commençant enfin à dévaler ses joues. Mais même dans cet instant de vulnérabilité, il n'y avait ni pleurs bruyants, ni déchirement intérieur. C'étaient simplement des larmes de déception, d'effroi et de honte qu'elle n'avait pas voulu admettre.

Mimi, la bonne, l'avait vue entrer sans un mot, son visage pâle et ses mains tremblantes. La vieille femme, âgée d'une soixantaine d'années, avait lentement posé son tricot pour s'approcher d'elle. Elle était là, dans l'embrasure de la porte, le regard inquiet, les sourcils froncés. 

-"Mademoiselle Lilith, que se passe-t-il ? Vous êtes toute trempée, et vos yeux... Vous pleurez ?"

Lilith avait tourné la tête, évitant son regard, essayant de contenir ce torrent intérieur. Elle ne pouvait pas en parler, pas encore. Les mots étaient trop lourds, trop lourds pour sortir.

Mimi s'approcha doucement, son visage marqué par l'âge et la sagesse de nombreuses années passées à servir la famille Rosemertha. 

-"Si quelque chose ne va pas, vous pouvez m'en parler. Vous savez que je suis là pour vous." 

Mais Lilith secoua lentement la tête, essayant de refouler ses émotions. 

-"Rien, Mimi. Ce n'est rien."

Mais les larmes, elles, continuaient de couler malgré elle, plus nombreuses que jamais. Mimi s'assit près d'elle sur le lit, la regardant avec une douceur presque maternelle. "Je ne vous connais que trop bien, mademoiselle. Ce n'est pas rien." Ses mains tremblantes de vieillesse vinrent caresser la chevelure de Lilith, comme pour la réconforter, mais aussi comme pour la pousser à se libérer, à dire ce qu'elle retenait.

Lilith se tourna enfin vers elle, la tête baissée, les larmes se mêlant à la pluie qui battait la vitre. 

-"Geoffrey... Il a... Il a essayé de... Il... m'a blessée, Mimi." 

Les mots étaient lourds, difficiles, comme une confession à voix basse. Mimi, ne pouvant retenir un soupir, posa une main sur son épaule. 

-"Oh, mon enfant... Je ne sais pas ce qui vous a pris de le croire, mais vous n'êtes pas seule." 

Elle avait vu des choses, Mimi, elle avait vécu suffisamment d'histoires dévastatrices pour comprendre les signes, même si Lilith ne voulait pas encore y faire face.

Les deux femmes restèrent là quelques instants, dans une profonde silence. Lilith, les larmes dans les yeux, se laissa doucement aller dans les bras réconfortants de la vieille femme. Mais, même dans cette étreinte, une partie d'elle restait figée, trop brisée pour se permettre de croire en l'amour, trop marquée par la violence qu'elle avait subie pour que son cœur puisse encore se reconstruire.

***

Quelques semaines passèrent, mais Lilith resta enfermée dans sa chambre, le cœur lourd, refusant de sortir. La peur, cette peur sourde et constante, la paralysait. Elle n'avait plus la force de se confronter au monde extérieur. Chaque pensée la ramenait à ce moment, à ce regard qu'elle ne pourrait jamais oublier. Ses murs étaient devenus sa seule protection.

Son père était venu, il avait frappé à la porte avec douceur, mais elle n'avait pas répondu. Il avait tenté de comprendre, de l'approcher, mais elle avait détourné le regard, se refugiant dans un silence glacé. Il avait respecté son espace, sans insister davantage. Ce n'était pas le cas de ses frères.

Les trois plus jeunes – Harry, Ronald et Neville – étaient inquiets, perdus. Ils pensaient même que tout ce qui s'était passé était de leur faute. Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur grande sœur, habituellement si forte, si pleine de vie, se réfugiait dans cette solitude.

Un jour, alors que Lilith était seule, la porte de sa chambre s'ouvrit silencieusement. C'était Neville, le benjamin, avec son regard innocent et curieux. À peine âgé de 11 ans, il semblait encore incapable de comprendre la profondeur de ce qui s'était passé. Il s'approcha d'elle, timidement, et, d'une voix fragile, demanda :

-"Dis, grande sœur... Est-ce que c'est ma faute si tu veux plus nous voir ?"

Ces mots, prononcés avec tant de sincérité et d'innocence, frappèrent Lilith en plein cœur. Elle se leva brusquement, sa poitrine serrée, et, sans un mot, la prit dans ses bras. Ses larmes, qu'elle avait soigneusement retenues pendant des jours, dévalèrent ses joues sans retenue.

-"Non, Neville... rien n'est de ta faute. C'est moi... tout est de ma faute. Je suis désolée si je t'ai fait penser ça. Je ne voulais pas..." La voix de Lilith tremblait, déchirée par le poids de ses propres mots. Elle ne voulait pas qu'il grandisse avec l'idée qu'il pouvait être responsable de sa douleur. Elle le serra contre elle, comme si elle pouvait effacer cette culpabilité, comme si ses bras pouvaient réparer ce qu'elle pensait être irrémédiable.

Neville, bien que ne comprenant pas tout, se laissa faire, se blottissant contre sa sœur, les yeux remplis de questions sans réponses.

Lilith, dans son esprit, répétait sans fin que ce n'était pas sa faute. Mais, dans son cœur, elle savait qu'elle avait encore du chemin à faire avant de pouvoir le croire elle-même.Mais cette altercation avec Neville eut un effet inattendu sur Lilith. Ses larmes, bien qu'elles fussent douloureuses, lui permirent de réaliser quelque chose d'important : elle devait enfin tout avouer à son père. Cette vérité qu'elle gardait prisonnière depuis trop de jours devait sortir. C'était la seule manière de commencer à guérir, et elle ne pouvait plus fuir.

Ce soir-là, alors que la maison baignait dans la lumière tamisée des bougies et dans une atmosphère presque irréelle de silence, Lilith se leva lentement de son fauteuil. Elle se sentait comme si elle portait un fardeau trop lourd pour ses épaules, mais elle savait qu'elle ne pouvait plus le garder. Après tout, son père l'avait toujours protégée, toujours veillé sur elle. Il méritait de savoir.

Elle se dirigea d'un pas hésitant vers le bureau de son père. Son cœur battait fort, une sensation étrange de lourdeur s'installant dans sa poitrine. Arrivée à la porte, elle hésita un instant avant de frapper doucement.

-"Papa ?"

La voix de son père, calme et chaleureuse, résonna dans la pièce, apaisante comme toujours. 

-"Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?"

Lilith inspira profondément, essayant de maîtriser la boule qui lui serrait la gorge. Elle s'avança dans la pièce, cherchant ses mots, luttant contre l'envie de fuir à nouveau. Enfin, elle se décida, la voix tremblante mais décidée :

"Voilà... je voulais te dire ce qu'il s'est passé, ce soir-là..."

Elle s'assit en face de lui, les mains posées sur ses genoux, la tête baissée. Les souvenirs affluèrent avec une clarté douloureuse. Geoffrey. Ses paroles. Ses gestes. Elle pouvait encore sentir la pression de ses mains, l'injustifiable violence de ses actes.

Et, sans pouvoir retenir plus longtemps son flot de mots, elle lui raconta tout. Du début à la fin, sans rien omettre. Elle expliqua comment elle avait cru en lui, comment il l'avait trompée avec des paroles douces, et comment, soudainement, tout avait basculé. Elle lui parla de la douleur, de la terreur qui l'avait envahie, et comment, grâce aux enseignements de ses frères, elle avait pu se défendre, même si cela lui avait coûté une profonde humiliation.

Lorsque son récit s'arrêta, le silence qui suivit était presque insoutenable. Son père resta immobile, le visage pâle, les poings serrés, ses yeux brûlant d'une colère qu'il n'avait jamais laissée paraître jusque-là. Son visage s'était durci, une expression qu'elle ne lui connaissait pas se formant sur ses traits.

Il se leva brusquement, son corps tendu comme une corde prête à se rompre. Ses mains se crispèrent sur le dossier de sa chaise, ses dents serrées, et une voix basse et menaçante s'échappa de ses lèvres :

-"Geoffrey... Il a commis un acte impardonnable, et il va en répondre. Je vais m'assurer qu'il n'approche plus jamais de toi."

Lilith le regarda, surprise par la violence de sa réaction, mais aussi par un certain soulagement. Son père n'était pas resté indifférent. La colère, même si elle était dirigée contre l'homme qu'elle avait aimé, semblait lui apporter un peu de réconfort. Elle n'était pas seule face à cette épreuve.

Lilith se leva, ses jambes tremblantes, et s'approcha de lui. Sans un mot, elle se glissa dans ses bras, cherchant une once de sécurité dans cette étreinte. La rage qui habitait son père ne laissait pas place à l'oubli, mais à un certain réconfort. Il était là, toujours là, pour la protéger.

-"Tu n'es pas responsable de cela, Lilith," murmura-t-il, sa voix brisée par l'émotion. "Je t'aime, et je te protégerai. Geoffrey n'a plus sa place dans ta vie."

Les larmes de Lilith redoublèrent, mais cette fois, elles étaient différentes. Elles étaient libératrices.

-"Merci papa..."

Elle avait enfin été entendue, et son père allait prendre les mesures nécessaires. La douleur de ce qu'elle avait vécu ne disparaîtrait pas du jour au lendemain, mais elle savait qu'elle finirait par surmonter cette épreuve.

***

Le lendemain, dès les premières lueurs de l'aube, James, le père de Lilith, se rendit chez Geoffrey, accompagné de ses trois fils aînés, Richard, Firmin et Louis. Leur détermination était évidente, et l'atmosphère pesait lourdement, comme une tempête prête à éclater. James n'avait aucune intention de laisser cet outrage impuni. Ensemble, ils se rendirent au domicile de Geoffrey, bien décidés à annuler les fiançailles, désormais totalement dénuées de sens, et à porter plainte pour violence, tentative de viol et agression. Le visage de James était marqué par une douleur profonde, un mélange de colère et de désespoir : Geoffrey devrait payer pour ce qu'il avait fait à sa fille.

Geoffrey, tentant de se défendre, accusa Lilith de mentir, une accusation qui ne tenait évidemment pas. Mais son déni ne fit qu'alimenter la détermination des hommes qui l'entouraient. Après plusieurs mois d'enquête et de procès, la vérité finit par éclater au grand jour. Geoffrey fut finalement condamné à 16 ans de prison ferme, sans possibilité de liberté conditionnelle, une sentence qui, bien que dure, ne ferait jamais revenir la paix dans l'âme de Lilith. Elle savait que la route vers la guérison serait longue, mais au moins, il ne serait plus un danger pour elle ni pour aucune autre femme.

Malheureusement, la société ne laissait pas de place à l'indulgence pour les victimes. Beaucoup accusèrent Lilith de provoquer les événements, la jugeant durement, comme si elle était responsable de ce qui lui était arrivé. Cette incompréhension générale brisa quelque chose en elle, mais aussi réveilla une volonté farouche de se battre pour l'innocence des victimes de viol.

Déterminée à donner une voix à toutes celles qui souffraient en silence, Lilith se lança dans l'écriture d'un livre sous les initiales "R.H.L." : un ouvrage courageux pour défendre l'innocence des victimes de viol et dénoncer la culpabilisation systématique de celles qui osaient parler. Son livre, qui ne faisait pas dans la demi-mesure, fut un cri de guerre contre la société qui laissait les coupables impunis et les victimes dans l'ombre. Lilith, bien qu'endurcie, trouvait dans l'écriture une forme de catharsis, espérant ainsi changer le regard du monde sur les victimes de violence.

Le livre, dont l'auteur restait mystérieux, fut un véritable succès. Les gens, ne sachant pas qu'il avait été écrit par une femme, se passionnèrent pour les écrits percutants de "R.H.L.". Le livre se vendit au Canada, en France, et même en Angleterre, où il fut accueilli comme une œuvre essentielle pour mettre en lumière les luttes invisibles des femmes. À travers ce succès inattendu, Lilith réussit à faire entendre la voix des victimes et à offrir un peu de réconfort à toutes celles qui se retrouvaient piégées par la même culpabilisation qu'elle avait subie.

Ce succès, qui lui rapporta une somme considérable d'argent, fut le tournant dont Lilith avait besoin. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit libre, capable de réécrire son avenir loin des souvenirs douloureux de Montréal. Ce fut alors que l'idée germa dans son esprit : il était temps de tout quitter, de recommencer à zéro. Grâce à l'argent de son livre et la liberté retrouvée, elle décida de partir pour Londres, où vivait son cousin John Watson, un médecin de renom qui pourrait l'aider à se reconstruire. Ce déménagement représentait un nouveau départ, une chance de redonner un sens à sa vie dans une ville qui, elle l'espérait, offrirait plus de possibilités et d'occasions de se réinventer. Le vent du changement soufflait enfin pour Lilith, et elle était prête à l'embrasser

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro