
Chapitre 36 : Sentiments enfouis
« Qu'est-ce qui m'est arrivé... ? Où suis-je... ? »
C'était à peine si Gray parvenait à aligner correctement ses pensées, tant il se sentait confus et éreinté. Alors qu'il reprenait connaissance allongé dans un lit, des bribes de souvenirs lui vinrent à l'esprit : Envy qui se révélait être Gabriel... Ce dernier qui meurt de ses mains... Son combat contre Gilgamesh... Le cadavre d'Epon à ses pieds...
Bien que ce dernier fait n'était qu'une illusion du faucheur, le jeune homme n'arrivait pas à démêler le vrai du faux dans son état actuel. Pour couronner le tout, alors qu'il ouvrait progressivement ses paupières, il remarqua cette belle luminosité autour de lui. Il se trouvait dans une chambre plutôt étroite mais bien aménagée, dans laquelle les rayons du soleil traversaient une fenêtre proche, l'éclairant d'une vive mais douce lumière.
« Cette chambre... pensa l'élu de Din qui, toujours couché, balayait du regard une partie de la pièce. Elle ne m'est pas inconnue...
— Gray ? l'appela une voix d'homme qu'il n'avait jamais entendue auparavant. Tu es enfin réveillé ? »
En tournant sa tête en direction de sa provenance, l'argenté remarqua un jeune homme aux courts cheveux blonds et coiffés en bataille. Cet inconnu s'approcha avant de s'asseoir sur le bord du lit en posant sa main sur le visage de l'alité. Mais ce dernier s'écarta doucement en se redressant sur la paillasse, à l'étonnement de l'autre garçon.
« Hé ! Tout va bien ? demanda celui-ci. Tu as dormi pendant très longtemps ! J'ai même cru que tu ne te réveillerais plus jamais ! »
Que se passait-il ? Qui était cette personne se montrant aussi familière à son égard ? Gray le dévisagea : le blond avait l'air plus jeune que lui, mais pas autant que Link ou Epon. À en juger par sa carrure semblable à celle de l'élu de Din, il devait avoir une petite vingtaine, tout au plus. Toutefois, son visage souriant dégageait quelque chose de juvénile qui donnait à Gray une impression de déjà-vu. De plus, il possédait des yeux d'un bleu profond identique aux siens, ce qui accentuait encore plus la confusion chez l'argenté.
« On dirait que tu as vu un fantôme, plaisanta le plus jeune devant sa mine abasourdie.
— Juste... Qui es-tu ? » demanda l'homme en noir. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte de la chambre et entra. Le nouveau venu était un homme que Gray connaissait. D'ailleurs, ce dernier se figea sur place à sa vue. Ces longs cheveux dorés... Ces yeux d'un beau gris... Comment était-ce possible ?
« Gabriel ? » s'étonna l'alité d'une petite voix. Le concerné sourit en s'approchant de lui, visiblement soulagé. Il s'assit sur l'autre bord du lit et enlaça tendrement Gray.
« Mon ange... Je suis tellement heureux que tu sois enfin réveillé ! Je n'y croyais plus !
— Doucement quand même, Gaby ! fit joyeusement le plus jeune des blonds devant une telle scène. J'ai l'impression qu'il est un peu paumé après un si long sommeil. »
Gray était-il en train de rêver ? Gabriel était censé être mort ! Il l'avait lui-même tué ! Quant à ce garçon qui semblait les connaître tous les deux...
« Ne t'inquiète pas, Lyon, répliqua l'homme aux longs cheveux en souriant et en se décollant de Gray. Jamais je ne me permettrais de lui faire du mal.
— Lyon ? répéta l'argenté à l'entente de ce prénom alors que son expression trahissait un grand choc.
— Oui, Lyon, c'est bien mon nom, affirma celui-ci en ébouriffant doucement les cheveux de l'élu de Din. Tu ne reconnais donc plus ta famille, frangin ? »
L'homme en noir paraissait complètement largué. Lyon ? C'était donc son petit frère qui se tenait devant lui ? Et adulte, qui plus est ?
« Mais... fit l'argenté qui ne voulait pas y croire. Tu étais mort en même temps que maman, papa et tous les habitants d'Orkidië ! Tu n'étais encore qu'un enfant ! »
Les deux blonds affichèrent un air stupéfait. Ils n'avaient pas l'air de comprendre ce que l'argenté racontait.
« Moi ? Nos parents ? Et tous les autres ? Morts ? questionna Lyon.
— Tu as dû faire un cauchemar, mon ange, rassurera Gabriel. Notre village va bien. Tout comme nous, tes parents et les autres. D'ailleurs, ils seront tous ravis de te revoir sur pied. En particulier Nicole. »
Nicole... Le regard de Gray s'était perdu dans le vide à l'entente du prénom de sa mère. Et à en croire Gabriel, elle était vivante et n'attendait qu'à revoir son fils aîné.
« Qu'est-ce que c'est que ce bordel... » murmura l'argenté en se pinçant l'arête du nez. Impossible pour lui de savoir s'il était en train de rêver, ou si tout ceci était la réalité.
Non.
Se souvenant du royaume du Crépuscule et de la mission qu'il menait avec Link et Epon, ce qu'il lui arrivait actuellement ne pouvait pas être réel. Sauf si ce qu'il pensait être la vérité n'était en fait que le fruit de son imagination et qu'il venait de se réveiller d'un très long rêve. Pendant qu'il essayait de démêler la réalité de l'illusion, son jeune frère et son meilleur ami s'échangèrent un regard inquiet.
*
De là où Gray se trouvait, il ne pouvait pas deviner qu'au même moment, de nombreuses personnes s'inquiétaient à son sujet alors qu'il était allongé sur le lit d'une chambre du palais du Crépuscule, avec la marque rouge de Din luisant sur son épaule. Link, Impa, Midona, mais également Zelda se tenaient à son chevet. La princesse d'Hyrule avait eu vent de tout ce qui s'était passé, y compris l'histoire concernant les élus maudits des déesses grâce à Link et à Impa. Bien que ces deux derniers auraient préféré garder ce secret plus longtemps, face à l'urgence de la situation, ils n'avaient pas eu le choix. Ils s'étaient toutefois abstenus de mentionner le phénix bleu d'Epon.
« Comment va Epon de son côté ? demanda la souveraine du royaume lumineux sans lâcher Gray du regard.
— Elle va bien, répondit solennellement Impa. Grâce à Link et à sa triforce, elle a pu se réveiller de sa léthargie.
— Il pourrait faire pareil avec ce jeune homme ici présent. » proposa Midona avant de se tourner vers le héros en vert. Celui-ci s'approchait déjà de Gray avec l'intention de le libérer de sa psysalis, comme il l'avait fait précédemment avec la demi-zora. Mais Zelda le freina :
« Je vais le faire. » annonça-t-elle à l'étonnement des autres qui ne s'y attendaient pas. La suzeraine brune, à l'instar de Link, était l'un des détenteurs d'une triforce : celle de la sagesse. Si le porteur de la relique sacrée du courage était parvenu à délivrer Epon de sa prison spirituelle, Zelda pouvait sans doute en faire de même avec l'argenté.
« Je préfère que vous vous occupiez de l'élue de Farore dont vous m'avez parlée. Cette Leviah. Si elle est dans le même état que Gray et qu'un porteur d'une triforce peut la réveiller, autant faire d'une pierre deux coups en les sauvant tous les deux.
— Zelda, l'appela Midona en croisant les bras, pas très convaincue par un certain détail. Je sais que tu es plutôt du genre miséricordieux, mais est-ce vraiment une bonne idée de réveiller cette folle en rouge tout de suite ? N'oublie pas qu'elle est l'une de nos ennemis. Qui sait ce qu'elle tentera de nous faire, une fois qu'elle aura repris connaissance !
— Je pense connaître la raison pour laquelle sa Majesté me demande de la sauver aussi, confia Link avant de se tourner vers la souveraine d'Hyrule. Étant donné qu'elle se retrouve seule entre nos mains, autant en profiter pour lui soutirer des informations au sujet de Gilgamesh et d'Alvaro. »
Zelda lui adressa un léger sourire, satisfaite de voir que le blond était sur la même longueur d'onde qu'elle.
« Ce serait effectivement l'idéal si elle accepte de coopérer, intervint cependant Impa, l'air pensif. Mais je vous avoue être aussi dubitative que Dame Midona à ce sujet. »
L'idée de la reine hylienne ne faisait donc pas l'unanimité et beaucoup de méfiance subsistait envers Leviah. Probablement à raison. Mais l'heure n'était pas aux débats. Le temps pressait et il fallait vite sortir les élus de Din et de Farore de leurs psysalis respectives. Plus vite cette tâche serait accomplie, plus vite ils pourraient se mettre à la recherche de Gilgamesh et d'Alvaro pour les arrêter.
Comprenant l'urgence de la situation, Midona et Impa approuvèrent le plan de Zelda. Toutefois...
« Majesté, l'interpella Link. Pardonnez ma question qui va vous sembler étrange et brusque mais... Pourquoi ne pas me laisser m'occuper de Gray ? C'est mon ami après tout. Et du peu que j'ai pu voir, il ne vous porte pas vraiment dans son cœur. »
Tandis que la twili affichait un air surpris, l'hylienne demeura silencieuse, tout comme la sheikah qui détournait le regard en croisant ses bras.
« Je ne saurai répondre à cette question, Link, avoua la concernée en regardant l'argenté. Je veux juste l'aider, peu importe s'il m'apprécie ou non. »
L'œil averti du héros d'Hyrule remarqua les poings serrés de sa souveraine. On pouvait ressentir une certaine détermination mêlée à un soupçon d'anxiété chez elle. S'en voulant d'avoir jeté un froid au sein du groupe, le seul homme conscient dans la pièce s'excusa pour sa maladresse. Mais Zelda ne lui en tenait pas rigueur, et comprenait même l'étonnement du blond vis-à-vis de sa décision.
« Très bien, finit par accepter Link avec un léger sourire. Je vous laisse donc vous charger de lui. Je m'occuperai de Leviah de mon côté.
— Je viens avec toi, proposa Midona. Si jamais cette folle en rouge tente quoi que ce soit au moment de son réveil, tu pourras compter sur moi pour l'assommer à nouveau ! »
Devant une telle idée et si la situation n'était pas aussi grave, Link aurait lâché un petit rire. Il se contenta de sourire à son amie à la chevelure flamboyante, tout en acquiesçant par un signe affirmatif de la tête. Les deux quittèrent donc la chambre pour se diriger vers les geôles du palais, laissant Zelda et Impa seules avec Gray. La blanche se tourna vers la brune :
« Je vais être honnête avec vous, Dame Zelda : je me suis posé la même question que Link.
— Je savais que ma décision vous aurait tous surpris. Mais quelque chose me pousse à aider cet homme qui a beaucoup souffert par le passé, et qui continue de souffrir aujourd'hui à cause de tous ces événements. D'autant plus que je peux comprendre son antagonisme à mon égard.
— Vous n'êtes en aucun cas responsable de ce qui est arrivé à Orkidië ou à Gray.
— Je ne suis certes pas directement la cause de tout cela. Mais je ne peux pas nier que ma famille a préféré laisser ce village tomber dans l'oubli au lieu de le sauver. Je ne peux certes pas effacer les erreurs commises par mon entourage, mais si j'ai la possibilité des soigner les blessures qu'elles ont laissées, ne serait-ce qu'un peu, je veux bien m'atteler à cette tâche. »
Connaissant ainsi les motivations de Zelda, la sheikah afficha un léger sourire. Ses doutes s'étaient envolés suite aux explications de la souveraine. Celle-ci, jugeant qu'il était temps de passer à l'action, s'assit sur le bord du lit alors qu'elle approchait sa main du front de Gray. Sa triforce se mit à luire en symbiose avec le glyphe de Din. Sous l'air à la fois inquiet mais confiant d'Impa, la princesse d'Hyrule utilisa sa relique sacrée pour entrer dans la psysalis de l'argenté.
*
Ce nouveau paysage auquel Zelda faisait désormais face était à la fois beau et dépaysant. Elle se retrouvait au milieu d'un petit village au style western, encerclé par de petites falaises qui l'isolaient du reste de ce qui semblait être le royaume d'Hyrule. La seule façon d'accéder et de sortir de ce lieu était de passer par une caverne creusée dans la roche un peu plus loin.
« Où suis-je ? » se demanda la princesse alors que quelques enfants courraient autour d'elle sans pour autant la remarquer. Ce dernier détail étonna d'ailleurs la jeune femme. Avec sa robe royale qui détonnait du style vestimentaire varié mais simple des villageois, elle ne pouvait pas passer inaperçue. Pourtant, ni les enfants jouant à ses côtés, ni les gens à proximité ne faisaient attention à elle. C'était comme si personne ne la voyait.
« Eh bien ! s'exclama une voix de jeune fille à son adresse. D'abord le héros d'Hyrule et maintenant la souveraine suprême de ce même royaume ! Je vais finir par croire que c'est un jour spécial, aujourd'hui ! »
Zelda remarqua devant elle une adolescente aux cheveux roses et toute vêtue de cette même couleur. À l'instar de l'hylienne, il était difficile pour cette mystérieuse personne de ne pas se faire remarquer dans un tel endroit. Mais aucun des habitants de ce village n'avait l'air de la voir ou de l'entendre.
« Que vient donc faire la reine Zelda dans l'esprit d'un élu destiné à semer le chaos ?
— Je vois... fit son interlocutrice qui connaissait à présent l'identité de celle qui lui faisait face. Link m'a parlé d'une gardienne des psysalis. Tu es donc Alys, n'est-ce pas ?
— Très rusée, la dame ! la complimenta faussement la rose. Ceci étant dit, je ne suis pas sûre que tu sois la bienvenue dans ce lieu spirituel. Surtout que celui à qui appartient ce dernier ne t'apprécie pas beaucoup. »
En disant cela, elle s'était tournée vers une maison en particulier située à une dizaine de mètres de leur position. En regardant à son tour dans cette direction, Zelda vit avec surprise Gray, accompagné de Gabriel et d'un jeune homme blond qu'elle ne connaissait pas. L'argenté venait de frapper à la porte de cette maison et celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître une belle femme âgée d'une bonne trentaine d'années. Ses longs cheveux noirs, lâchés et partiellement bouclées, lui donnaient une certaine prestance, tandis que ses yeux bleus rappelaient étrangement ceux de Gray. Délaissant Alys, la souveraine d'Hyrule se rapprocha du groupe. L'élu de Din semblait figé sur place à la vue de cette femme qui affichait un tendre sourire :
« Ton long sommeil m'a effacée de ta mémoire, Gray ?
— Il a réagi de la même façon avec Lyon, lui raconta Gabriel en se retenant un gentil rire. Je pense qu'il faut lui laisser le temps de retrouver complètement ses esprits. »
Mais alors que l'homme aux longs cheveux dorés venait d'achever sa phrase, l'argenté, stupéfait, s'approcha de celle qui lui avait adressé la parole :
« Maman ? C'est vraiment toi ?
— Qui veux-tu que ce soit d'autre, mon chéri ? » répliqua celle qui se révélait être sa mère et dont le sourire s'était élargi. Ni une ni deux, l'homme en noir plongea dans les bras de sa génitrice, visiblement heureux de la revoir, sous les yeux attendris de celle-ci des deux hommes qui l'accompagnaient.
Zelda fut légèrement bouleversée par une telle scène. Toutefois, ce n'était pas ce qui se déroulait sous ses yeux qui la surprenait le plus, mais plutôt le fait qu'elle commençait à comprendre ce qu'était ce village.
« Cela te choque tant que ça, de voir Orkidië ainsi ? demanda Alys en s'approchant d'elle avec une démarche enfantine. C'était le village dans lequel vivaient paisiblement Gray, sa famille et ses amis. Si tu te poses la question, j'ignore pourquoi cette psysalis a adopté cette forme. Mais je mettrais ma main à couper que c'est parce qu'une telle vie lui manque énormément. Tu vois les trois personnes avec qu'il se retrouve en ce moment ? »
La porteuse de la triforce de la sagesse observa de nouveau le groupe. La femme s'appelait Nicole et il s'agissait de la mère de Gray. Quant au plus petit des deux blonds, c'était son frère cadet Lyon.
« La mère et le jeune frère de Gray sont décédés il y a plus d'une dizaine d'années, suite à la tragédie qui a touché Orkidië, reprit la rose. Mais ça, tu le sais déjà, non ? Après tout, la famille royale d'Hyrule n'a même pas cherché à défendre ou à reconstruire ce village, qui n'avait rien demandé à personne. »
La brune fronça les sourcils, irritée d'entendre quelqu'un médire sa famille de la sorte, d'autant plus que celle-ci n'existait plus aujourd'hui. Néanmoins, avant de répliquer quoi que ce soit, elle préféra laisser finir la gardienne :
« Quant à l'homme aux longs cheveux, Gabriel... Savais-tu qu'il s'agissait en réalité d'un monstre démoniaque nommé Envy ? Savais-tu aussi que Gray a été obligé de le tuer lui-même ?
— Je sais tout cela. » répondit Zelda qui faisait preuve de beaucoup de calme mais qui était de plus en plus troublée par la tournure des événements. Le paysage s'assombrit tout à coup, et plusieurs maisons commencèrent à prendre feu. Au même moment, une multitude de monstres en tous genres poussèrent des cris en envahissant Orkidië.
« Oh ? s'étonna Alys sans pour autant perdre son sourire espiègle. Autant pour moi ! J'ai plutôt l'impression que Gray est en train de revivre d'une certaine manière le jour du massacre de son village natal ! »
C'était avec un air horrifié que Zelda assistait au triste spectacle. Alors que quasiment toutes les habitations étaient en flammes, les créatures maléfiques massacraient un par un et sans pitié les villageois. Homme, femmes, enfants, vieillards... Ils n'épargnaient personne. Les petits qui s'amusaient autour de la souveraine quelques minutes plus tôt avaient été abattus, chacun gisant sur le sol dans une mare rougeâtre.
« Déesses... » pensa la brune après s'être vivement tournée en direction de Gray et de son entourage. Tandis que Lyon et Gabriel se trouvaient à terre baignant dans une flaque de sang, un bulblin embrocha Nicole au niveau du ventre alors qu'elle tendait sa main en direction de son fils aîné.
« Va-t-en... Ne... les laisse pas te tuer... »
Des larmes de tristesse et de colère glissèrent sur les joues de l'élu de Din alors qu'il se précipitait vers le monstre qui avait achevé sa génitrice. Il prit la créature à la peau verdâtre par les épaules pour la renverser au sol. Puis, il saisit une planche en bois brûlant à moitié non loin de lui et frappa le bulblin à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il succombe. Une fois cela fait, il accourut vers Nicole qui s'était effondrée au sol sans vie, non loin de Lyon et de Gabriel. En voyant, ou plutôt en revoyant Orkidië se faire détruire de cette façon, l'argenté tomba à genoux, laissant couler encore plus ses larmes.
« Gray... murmura Zelda en s'approchant de lui, attristée par un spectacle pareil.
— Alors madame, l'appela Alys qui semblait prendre un malin plaisir à tourmenter la souveraine. Qu'est-ce que ça fait de voir le massacre du village que tu as abandonné ?
— Je n'ai rien à voir avec les décisions prises par ma famille !
— Intéressant... Mais dans ce cas, puis-je te demander pourquoi tu n'as rien fait pour rebâtir ce village ? Tu connaissais pourtant son existence et son histoire, même si tu n'es pas la responsable directe de sa disparition. »
La mâchoire de la brune se serra de frustration. En vérité, la question de la rose méritait d'être posée et Zelda avait la réponse. Mais pour une raison qu'elle ignorait, elle ne souhaitait pas révéler la raison pour laquelle Orkidië avait été laissé à l'abandon après son massacre.
Tout à coup, une voix de femme gémit faiblement, à l'étonnement de la princesse mais également de la gardienne.
« Gray... Pourquoi es-tu le seul à avoir survécu ? »
Tous les regards se tournèrent de concert vers le cadavre de Nicole qui observait Gray. Celui-ci écarquilla les yeux de stupéfaction.
« Quoi... ? demanda-t-il d'une petite voix qui trahissait sa peine et son incompréhension.
— Tu aurais dû mourir avec nous... continua sa mère. Tu aurais dû disparaître en même temps que notre village. »
Que se passait-il ? C'était la question que Gray et Zelda se posaient. Même Alys semblait étonnée par cette affaire.
« Si je m'attendais à ça ! rit cette dernière. L'esprit de ce type est tellement tourmenté que même sa psysalis est complètement confuse !
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lui demanda Zelda en fronçant les sourcils.
— Hum... fit la rose en prenant un air à la fois pensif et moqueur. Et si je n'ai pas envie de te le dire ? »
La suzeraine d'Hyrule s'approcha d'elle en la regardant avec froideur :
« Parle ! Maintenant ! »
Deux mots précis, prononcés d'une voix grave et menaçante. Bien qu'elle n'était pas armée en cet instant, et même si elle ne connaissait quasiment rien d'Alys, l'hylienne était prête à lui faire avouer les informations qu'elle cachait de gré ou de force.
« Tu penses réellement pouvoir faire quoi que ce soit face à moi, juste parce que les déesses t'ont gentiment offert une triforce ?
— C'est ce que je pense, en effet ! » répondit sans hésitation Zelda, dont la triforce luisait sur le dos de sa main. La rose avait envie de rire face au répondant dont faisait preuve son interlocutrice. Mais une voix, masculine cette fois, se fit entendre.
« Frangin... Je ne voulais pas mourir... »
Tout comme le cadavre de Nicole, celui de Lyon bougeait et s'était même redressé pour parler à son aîné.
« C'est pas juste... Pourquoi je suis celui qui meurt ? Pourquoi ce n'était pas toi ? »
Terrorisé, Gray se releva soudainement et recula de quelques pas :
« Je... J'ai essayé de vous sauver...
— Alors pourquoi m'avoir tué, mon ange ? »
Comme si tout cela ne suffisait pas, c'était au tour du corps de Gabriel de mouvoir et de s'adresser à l'argenté.
« Je t'adorais... de tout mon cœur... murmura l'homme aux longs cheveux blonds alors que des larmes perlaient ses yeux. Et toi... tu me tues de façon aussi atroce ?
— Non ! Je... balbutia l'élu de Din qui ne savait pas comment réagir devant de tels propos de la part de ses défunts proches. Je ne voulais pas te tuer, Gaby !
— Il semblerait qu'au plus profond de lui-même, ce cher Gray trouve injuste d'être le seul survivant de tout ce carnage, parla Alys à l'adresse de Zelda. Et il pense que son entourage perdu lui en veut terriblement par rapport à cela. Bien sûr, rien de tout cela n'est de sa faute ! Malheureusement pour lui, cette tragédie l'a marqué à jamais. Et visiblement, la mort de Gabriel a empiré la chose. Tous ces sentiments négatifs se sont mélangés et ont donné forme à cette psysalis particulière. Je ne peux pas vraiment y faire grand-chose mais c'est divertissant à voir. Tu ne trouves pas ? »
Zelda observa son homologue féminin d'un air outré, avant de se tourner vers Gray en serrant à nouveau ses poings. Elle se sentait impuissante. Si seulement elle avait le pouvoir de retourner dans le passé pour empêcher ce massacre... Si seulement elle avait su que Gabriel et Envy n'étaient qu'une seule et même personne... L'argenté avait injustement souffert et la famille de Zelda était indirectement responsable de sa douleur.
« Sa souffrance te divertit peut-être Alys... parla le souveraine qui en avait assez de tout cela. Mais il est grand temps qu'elle s'arrête. »
À l'étonnement de la gardienne des psysalis, Zelda s'approcha de Gray qui ne bougeait plus et ne lâchait pas ses proches du regard. Puis, lentement, elle posa sa main sur l'épaule du jeune homme en lui murmurant :
« Je suis vraiment désolée pour tout ce que tu as dû endurer à cause de ma famille... »
Alors que sa triforce luisait en même temps que la marque divine de l'argenté, l'environnement changea autour d'eux. Au palais du Crépuscule, la souveraine d'Hyrule reprit connaissance sous les yeux inquiets d'Impa.
« Dame Zelda ! Vous revenez enfin à vous ! »
La blanche remarqua également que Gray s'était réveillé et redressé sur son lit, l'air abasourdi. À l'instar d'Epon lorsque Link l'avait sortie de sa psysalis, le jeune homme était complètement secoué par ce qu'il venait de vivre.
« Gray ? hésita la sheikah en s'approchant de lui. Tu vas bien ? »
Le concerné la regarda un instant, complètement perdu. Mais il hocha doucement la tête pour répondre de façon affirmative. Toutefois, lorsque ses yeux se posèrent sur Zelda, son ahurissement s'agrandit : la princesse pleurait en silence en détournant son regard du jeune homme et de sa soldate.
« Madame ? s'étonna cette dernière qui ne voulait pas y croire.
— Je vais bien... Ne vous en faites pas. »
La brune avait balayé ses larmes d'un revers de la main, mais s'obstinait à ne pas regarder les deux autres personnes présentes. Si Impa se disait que c'était probablement la psysalis qui lui avait fait un choc, Gray, de son côté, s'interrogeait à la fois sur ce qu'il venait de vivre dans son esprit et sur la raison pour laquelle Zelda se trouvait dans un tel état.
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Les musiques qui m'ont inspirée ici :
- La psysalis de Gray => "They Took All I Had" - Keosz
https://youtu.be/Tag9CrkozJA
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