
Chapitre 35 : Reflets du passé
Des heures s'étaient écoulées depuis que l'armée de Zelda avait arraché le royaume du Crépuscule des griffes de Gilgamesh et de ses acolytes. Mais dans ce monde où les ombres régnaient en permanence, la notion du temps devenait plus que confuse. Il était difficile de savoir s'il faisait jour ou nuit car la différence entre les deux était inexistante.
Au palais de cette dimension obscure, chacun se remettait à son rythme de la bataille livrée contre leurs ennemis communs, à commencer par la princesse du Crépuscule qui était soulagée d'avoir récupéré son lieu de vie et son peuple. Mais l'inquiétude générale demeurait présente car même si le camp du héros d'Hyrule avait atteint son objectif actuel, son combat n'avait laissé personne indemne. En particulier Epon et Gray qui demeuraient inconscients avec leurs marques divines brillant de toute leur splendeur. Ils n'étaient pas les seuls dans ce cas : Leviah, qu'on avait enfermé dans les geôles du palais sur ordre de Midona, se trouvait également plongée dans cet état d'inconscience, la marque verte de Farore luisant au milieu de sa poitrine.
Les élus de Nayru et de Din étaient chacun placé dans l'une des nombreuses chambres du château. Ash et Moï veillaient sur l'argenté pendant qu'Impa et Link se trouvaient au chevet d'Epon. L'hylien commençait à croire que le mauvais sort s'acharnait sur lui et ses compagnons. Deux d'entre ces derniers étaient à présent dans le coma alors qu'il venait enfin de sauver Midona.
« Impa, l'appela le jeune homme sans délaisser Epon du regard. N'as-tu pas parfois l'impression que les déesses se jouent de nous de façon malsaine ? »
De telles paroles de sa part surprirent la sheikah qui le regardait d'un air stupéfait. Mais après réflexion et en se remémorant ce qui est arrivé à son ancienne élève et à Gray, la blanche se disait qu'une telle question était légitime. Après tout, pourquoi les déesses avaient-elles élu des personnes pour semer le chaos alors qu'à côté, elles en avaient choisi d'autres pour justement protéger le royaume d'Hyrule ? De plus, pourquoi avoir choisi un être aussi vil que Ganondorf parmi les élus supposés bienfaisants, et des personnes aussi bienveillantes qu'Epon et Gray dans le rôle des destructeurs ? En songeant à tous ces faits, il était normal de s'interroger sur la véritable nature des déesses Hyruliennes.
« Ton silence en dit long sur ta pensée, parla de nouveau Link en la regardant.
— Désolée, s'excusa Impa pour ne pas avoir répondu. Je t'avouerai que je suis encore sous le choc de tout ce qui s'est passé et de toutes ces révélations auxquelles nous avons eu droit. Je vais être franche avec toi, Link : je ne sais plus vraiment quoi penser de tout cela. »
En la voyant aussi confuse que lui, l'homme en vert poussa un léger soupir avant de se tourner de nouveau vers l'hybride.
« Il y a de cela plusieurs jours maintenant, Epon m'a révélé la vérité au sujet de son statut d'élue maudite et de tout ce qu'elle traverse à cause de ça. Elle m'a également raconté qu'elle devait passer par des épreuves mortelles. Les psysalis. Je n'arrive pas à oublier cette terreur dans ses yeux à chaque fois qu'elle les mentionnait. Ni cette grande tristesse qui l'habite en se disant qu'en plus, une créature qu'elle ne peut contrôler réside en elle. Pourquoi les déesses s'acharnent-elles autant sur elle ? Et sur Gray ? Qu'ont-ils bien pu faire pour mériter un tel destin ? »
Le jeune homme serrait ses poings et ses dents sous le coup de la frustration. Pour lui, ce que subissaient ses deux amis était injuste et cruel.
Impa, bien qu'elle préférait avoir une réponse à toutes ces interrogations avant de juger les choix des divinités, comprenait l'énervement de Link. Elle s'apprêtait à lui confier quelque chose lorsque la porte de la chambre s'ouvrit doucement, laissant apparaître la souveraine du Crépuscule.
« Si ce n'est que maintenant que tu remets en question ta vision de divinités, tu t'y prends un peu tard, Link. »
En prononçant cette réplique, Midona s'était rapprochée du groupe avant de tourner sa tête en direction d'Epon.
« À leurs yeux, nous ne sommes que des pions qu'elles façonnent à leur guise en leur attribuant des destins différents. Et plus particulièrement les personnes comme elle ou comme nous. »
Le blond ne répondit pas mais son visage s'assombrit. Des pions des déesses... Était-ce vraiment ce qu'ils étaient tous ? Alors qu'il y réfléchissait, sa triforce du courage se mit à luire sur sa main gauche, à son étonnement et à celui des deux femmes en sa compagnie. Les trois remarquèrent que la relique sacrée luisait en résonance avec le symbole de Nayru sur la cuisse gauche d'Epon.
« Qu'est-ce qui se passe ? demanda Midona, intriguée.
— Ce n'est pas la première fois que ce phénomène se produit. » répondit Impa en repensant à la grande bataille du domaine zora, lorsque le phénix bleu avait pris le dessus sur son hôtesse. C'était grâce à cette triforce que Link avait pu sauver la demi-zora. En se rappelant de ce détail, la blanche se tourna vers le jeune homme :
« Link, peut-être que...
— J'y ai pensé, la coupa celui-ci en sachant pertinemment où elle voulait en venir. Et je vais le faire. »
Il s'approcha du lit de la princesse pour s'asseoir sur le bord de ce dernier. Une fois installé, il porta doucement sa main gauche vers le front de la bleue. L'artefact doré était visible sur le dessus de sa main et brillait plus intensément au fur et à mesure qu'il l'approchait d'Epon. Lorsqu'il toucha le haut du visage de cette dernière, une puissante et vive lumière émana brusquement des marques, aveuglant temporairement Impa et Midona. Seulement, lorsque cette illumination s'éteignit progressivement, les deux femmes furent choquées : Link, allongé et la tête posée dans le creux du cou de la demi-zora, avait perdu connaissance. Toutefois, sa triforce et le glyphe de Nayru continuaient à luire.
« Link ?! » paniqua Midona. Mais Impa lui fit signe de garder son calme :
« Il ne s'est peut-être pas juste évanoui. Je pense que ce qui est en train de se produire est nécessaire pour réveiller Epon. »
La twili semblait dubitative. La sheikah avait-elle raison en supposant cela ? De toute manière, la souveraine du Crépuscule ne pouvait rien faire pour le moment à part attendre le réveil de l'hylien et de l'hybride. Mais elle faisait confiance à Link et se montra optimiste concernant la réussite de ce qu'il avait entrepris.
*
Le héros d'Hyrule n'avait pas vraiment compris ce qui lui était arrivé. Alors qu'il s'était attendu à voir Epon se réveiller de son coma, il se retrouvait à l'intérieur de ce qui ressemblait à une vieille cave ou à une prison abandonnée. L'environnement était à la fois lugubre, humide et dégoûtant. Une grille se dressait juste devant le blond. Et derrière elle se trouvait Epon, assise au sol et le dos collé contre un mur. Elle était ligotée par des cordes et bâillonnée comme une vulgaire prisonnière.
« Epon ?! » s'écria Link en s'approchant rapidement de la cellule. Il voulut dégainer son épée pour la libérer mais celle-ci avait disparu, à sa grande surprise.
« Qu'est-ce que c'est que ce délire... » se demanda-t-il, stupéfait. Mais pour l'heure, il préféra se concentrer sur son amie aux cheveux bleus. Il l'appela à plusieurs reprises mais Epon ne réagissait pas. Elle semblait ni voir ni entendre le garçon.
« Frustrant, n'est-ce pas ? » s'éleva une voix d'enfant juste derrière lui. Sursautant, le combattant se retourna vivement pour faire face à une silhouette féminine d'assez petite taille, toute vêtue de rose. D'abord surpris par la présence d'une personne aussi singulière, l'hylien prit le temps de la dévisager avant de se rendre compte qu'un tel physique ne lui était pas complètement inconnu.
« Tu... es Alys, n'est-ce pas ? demanda-t-il alors que la concernée souriait sournoisement.
— Je vois qu'Epon t'a parlé de moi ! Je ne pensais pas qu'elle aurait mentionné les psysalis à quelqu'un. Encore moins au célèbre Link. Je ne m'attendais pas non plus à ce que tu viennes dans ce lieu spirituel. Ce n'est pas très poli vis-à-vis de ton amie, de plonger ainsi au plus profond de son esprit. »
Le jeune homme ne répondit rien et se tourna à nouveau vers l'élue de Nayru, qui se débattait pour défaire ses liens. Ces derniers étaient solides mais elle persévérait.
« Où sommes-nous, exactement ? interrogea Link. Que se passe-t-il ici ? Et pourquoi Epon est enfermée là-dedans ?
— Tu me croirais si je te disais qu'on se retrouve dans une psysalis particulière, qui fait revivre à cette jeune fille l'un de ses souvenirs les plus sombres ? »
Les yeux du blond s'écarquillèrent de stupéfaction devant une telle révélation. Il avait du mal à y croire tant tout cela lui paraissait surréaliste. Au même instant, il remarqua qu'Epon était parvenue à défaire la corde attachant ses poignets. Et de ses mains ainsi libérées, elle enleva rapidement celle entourant ses jambes, puis son bâillon. Elle se releva ensuite en examinant la cellule. Elle s'était même rapprochée de la grille derrière laquelle se trouvait Link. Mais elle ne semblait pas voir celui-ci, ni même Alys.
« Pourquoi est-ce qu'elle ne nous voit pas ? demanda l'homme en vert.
— Parce que j'ai dissimulé la présence de tout ce qui est étranger à son souvenir.
— Pourquoi donc ?
— N'es-tu donc pas curieux de découvrir certains secrets sur Epon ? » lui retourna Alys d'un air malicieux, alors qu'elle lui faisait signe de regarder la demi-zora. Celle avait tendu sa main en direction des barreaux en fer, probablement dans le but d'utiliser ses pouvoirs pour les rouiller et les briser plus facilement. Mais au moment de le faire, et à la surprise de Link, elle remarqua une étrange petite chaîne attachée à son poignet droit tel un bracelet. Un puissant enchantement en émanait alors que la jeune princesse tentait vainement de s'en défaire.
« Ce bracelet envoûté... murmura l'hylien. Il ressemble aux chaînes qui ligotaient Midona et qui l'empêchaient d'utiliser ses pouvoirs. »
Cela expliquait donc pourquoi Epon les avait déjà vues et connaissait plus ou moins leurs mécanismes. La bleue, de son côté, se rendit rapidement compte que ce faux bijou la privait de ses pouvoirs et qu'elle se retrouvait complètement désarmée.
« Merde ! » grogna-t-elle, impuissante face à cette situation. Mais soudain, des claquements de souliers se firent entendre, de plus en plus fort au fil des pas. En tournant la tête, Link remarqua la silhouette baraquée d'un homme qui marchait jusqu'à la cellule de l'hybride. Étant donné ses vêtements un peu négligés et son air à la fois espiègle et menaçant, le héros et la demi-zora en déduisirent qu'il s'agissait d'un bandit.
« La princesse est réveillée à ce que je vois ! » parla-t-il d'une voix grave en ouvrant la grille de la prison pour y entrer et s'avancer vers Epon. Link comptait se précipiter vers l'intérieur pour empêcher ce brigand de faire du mal à son amie. Mais Alys le freina.
« Cela ne servirait à rien, vu qu'il ne te voit pas ou ne t'entend pas non plus. Et puis, un souvenir ne peut être altéré. Encore plus si on le revit par l'intermédiaire d'une psysalis.
— Pourquoi lui faire revivre un moment pareil ?! » s'emporta Link en se tournant vers la rose. Il en avait assez de cette mascarade et ne souhaitait qu'une chose en cet instant : que tout cela s'arrête. Mais Alys ne semblait pas disposée à faire quoi que ce soit pour remédier à cette situation. De plus, ce qu'elle lui révéla ensuite glaça le sang du blond.
« Ce n'est pas moi qui ai provoqué cette psysalis, contrairement à ce que tu crois. »
Si ce n'était pas la gardienne de ces lieux spirituels qui était à l'origine de ce qui se passait en cet instant, qui était-ce donc ? Les déesses ? Le jeune homme se le demandait alors que le brigand s'approchait dangereusement d'Epon, qui commençait à reculer. D'ordinaire et connaissant la jeune fille, Link savait qu'elle aurait pu se défendre face à un tel individu si elle avait ses armes et ses pouvoirs. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Aussi et probablement à l'instar de la bleue, il avait remarqué une hache accrochée derrière le dos du délinquant, ainsi qu'un poignard rangé dans un fourreau pendouillant sur le côté de sa ceinture. Tenter quoi que ce soit contre lui dans ces conditions relevait du suicide.
« Si on m'avait dit un jour qu'on mettrait la main sur la princesse des zoras, je n'y aurais jamais cru ! se réjouit l'inconnu. Sans mauvais jeu de mots, on peut dire que c'est un gros poisson qu'on a attrapé, avec toi ! Tu ne ressembles certes pas à une zora, mais ce n'est peut-être pas plus mal. Je pense que tu pourrais nous rapporter beaucoup, si on arrive à te vendre au plus offrant. Toutefois, tu sembles intéresser une certaine personne au plus haut point ! »
À l'entente d'une telle réplique, Link se remémora son précédent face-à-face avec ses ennemis à la salle du trône du palais du Crépuscule. Il se souvint particulièrement d'une phrase prononcée par Alvaro :
« J'ai demandé l'aide à un gang de brigands de te kidnapper, lorsque tu devais avoir quinze ou seize ans, tu te souviens ? Ils t'avaient enfermée dans une cave abandonnée, tout en utilisant un mécanisme crée par mes soins pour confisquer tes pouvoirs. »
Tout devenait de plus en plus clair pour le blond. Ce qu'il était en train de visualiser et ce qu'Epon était en train de revivre, c'était ce moment où le gang de brigands engagé par Alvaro avait capturé puis enfermé la jeune fille.
« Le salaud... » pensa Link en fronçant furieusement ses sourcils. Au même instant, le voyou s'était tellement rapproché d'Epon que celle-ci se retrouvait le dos collé au mur. Son agresseur plaqua ensuite sa main contre ce dernier, juste au-dessus de l'épaule de l'hybride. En rapprochant son visage du sien, il déclara :
« Tu es mignonne ! Ce serait du gâchis de laisser partir un si beau spécimen sans en profiter. »
Il posa son autre main sur le ventre de la jeune fille pour l'empêcher de bouger, tandis qu'il s'était penché vers son oreille pour lui murmurer :
« On en a beaucoup discuté avec le reste de ma bande. On se disait que tu pourrais nous donner satisfaction à tous aujourd'hui. À commencer par moi ! »
Bien qu'il avait parlé à voix basse, Link l'entendait et en était resté bouche bée. Malheureusement, ce n'était pas fini : il le vit déposer un baiser sur le cou d'Epon qui grimaçait, probablement écœurée par ce que cet homme lui faisait subir. Le blond bouillonna de rage face à un tel spectacle.
« Je vais tellement te baiser que tu en redemanderas encore, lorsque j'en aurais fini avec toi. » répliqua le bandit avant de l'embrasser à nouveau au niveau du cou tout en caressant le ventre de la demi-zora.
« Alys, grogna Link en se retenant vraiment de laisser éclater sa rage. Arrête ça tout de suite.
— N'as-tu donc pas écouté ce que j'ai dit tout à l'heure ? Je ne suis pas à l'origine de cette psysalis !
— Tu veux me faire croire que tu ne peux rien faire face à ça ?! » s'écria le jeune homme en avançant brusquement vers elle. Mais une barrière invisible l'empêcha d'atteindre la fille aux cheveux roses.
« Du calme, le héros ! Il se peut qu'Epon garde quelques séquelles si tu te mets à faire n'importe quoi dans son esprit. »
L'homme en vert ne pouvait cacher son énervement face à une telle situation. Mais en reconsidérant les dernières paroles d'Alys, il garda son sang-froid du mieux qu'il pouvait, même si cette vision d'Epon se faisant abuser par un bandit lui était insupportable.
De son côté, ne voulant pas se laisser faire, l'hybride tendit discrètement sa main vers la dague de l'individu dans le but de la sortir doucement de son fourreau. Puis, d'un coup sec et précis, elle enfonça l'arme dans les côtes de son assaillant, lui arrachant un terrible cri de douleur.
« Argh ! Salope ! » hurla-t-il. Mais Epon lui donna un coup de genou dans une partie très sensible de son anatomie pour l'empêcher de faire quoi que ce soit, avant d'enfoncer la dague au niveau de son cœur. Le délinquant, mort sur le coup, s'effondra mollement aux pieds de l'élue de Nayru. Cette dernière était choquée, non seulement par ce que ce type avait failli lui faire, mais aussi par le fait qu'elle venait de tuer un être humain de ses propres mains.
« Cet homme n'était que sa première victime humaine d'une assez longue liste. » raconta Alys à Link qui semblait tout aussi ébranlé qu'Epon. La bleue dut prendre quelques instants pour se remettre de ses émotions. Sa main qui tenait la dague ensanglantée tremblait. Mais la jeune hybride tenta de se calmer en respirant lentement et en regardant ailleurs que le cadavre étendu devant elle.
Après avoir repris contenance, elle essaya de briser le bracelet attaché à son poignet avec l'arme dérobée. Mais en vain. Soupirant de déception, elle s'accroupit près du corps du brigand abattu. Elle ne semblait pas fière de l'avoir tué aussi salement. Elle avait même l'air de s'en vouloir.
« C'était lui ou toi sur ce coup, princesse... » pensa tristement Link en entrant dans la cellule pour se rapprocher d'elle. Il observa la jeune fille fouiller les affaires du bandit. Elle avait trouvé une bourse contenant cent-cinquante rubis et s'était également emparée de sa hache, sans doute pour avoir une arme efficace avec laquelle se défendre en plus de la dague. Ce qui n'était pas bête car des complices de cet homme rôdaient dans les parages.
Une fois armée, la princesse des zoras s'aventura hors de sa prison, déterminée à sortir de ce trou à rats. Link la suivit de près, sous l'air amusé d'Alys qui avait préféré disparaître, estimant que sa présence n'était pas nécessaire pour le moment. Soudain, Epon s'arrêta de marcher en entendant des bruits de pas, ainsi que les voix de deux hommes.
« Il en met du temps, parla l'un eux.
— J'espère qu'il ne va pas garder cette petite pour lui tout seul et qu'il va partager avec nous, répliqua l'autre. Je suis curieux de savoir ce que ça fait de faire tanguer le lit avec une princesse ! »
Tandis qu'Epon s'était cachée derrière un tonneau à proximité, sa hache en main, Link observa la scène. Il était répugné par l'attitude et les paroles de ces brigands. La demi-zora attendit patiemment que le duo s'approche suffisamment d'elle. Lorsque les deux avaient dépassé le tonneau derrière lequel elle se trouvait, elle abattit sa hache dans le dos de l'un d'entre eux, faisant probablement de gros dégâts au niveau de sa colonne vertébrale. L'homme touché s'écroula au sol, inerte, sous les yeux terrifiés de l'autre qui avait dégainé son sabre. Mais l'hybride ne lui laissa pas le temps de s'en servir : avec sa hache, elle donna un puissant coup sur l'épée de son opposant pour le forcer à la lâcher. L'impact était tellement violent qu'elle avait fait reculer le bandit contre un mur. La jeune fille en profita pour le plaquer contre ce dernier, sa dague positionnée au niveau de la gorge du ravisseur.
« Si tu ne veux pas finir comme ton pote, je te conseille de ne pas faire de chose stupide et de m'écouter attentivement, le menaça-t-elle. Tu vois cette chose ? »
Elle désigna la chaîne enchantée attachée à son poignet.
« Comment on fait pour l'enlever ?
— Je... Il... bégaya le bandit.
— Dépêche ou je t'égorge comme un porc ! »
Le bandit semblait terrorisé. Link le voyait trembler comme une feuille de là où il se trouvait.
« Il y a... un cristal dans la salle principale de notre repère. Il suffit de le briser... et cette chaîne pourra s'enlever.
— Exactement comme ce qui s'est passé avec les chaînes qui ligotaient Midona, se dit l'hylien.
— Et mes armes ? demanda la bleue. Où sont-elles ? »
Doucement, le voyou pointa du doigt son acolyte au sol. Epon et Link regardèrent dans cette direction et constatèrent que l'homme à terre avait les tonfas de la jeune fille accrochés à sa ceinture. En remarquant l'hybride ainsi distraite, le bandit immobilisé en profita pour tenter de renverser la situation à son avantage. Mais à peine avait-il bougé que la lame que tenait la princesse entailla sa gorge, faisant gicler du sang en abondance alors que l'homme poussait des grognements étouffés. À l'instar des deux précédents bandits, celui-ci s'effondra au sol sans vie, son sang se répandant lentement au sol. Link semblait horrifié par un tel spectacle. Mais Epon l'était encore plus. Elle avait lâché la dague qu'elle tenait et reculé de quelques pas. Elle était terrorisée par ce qu'elle venait de commettre et s'était effondrée au sol à genoux, des larmes coulant sur ses joues.
Link se sentait impuissant. Il ne pouvait rien faire étant donné que sa présence était complètement imperceptible pour la demi-zora, et qu'un tel souvenir ne pouvait être altéré. Il poussa un léger soupir avant de s'accroupir auprès de la jeune fille.
« Je sais que tu ne m'entends probablement pas, murmura-t-il toutefois. Mais tu ne dois pas te laisser abattre maintenant. Il faut que tu sortes à tout prix de cet endroit pour survivre. »
Il voulut poser sa main sur l'épaule de son amie, mais se ravisa au dernier moment en se disant que ce n'était peut-être pas une bonne idée de le faire. Néanmoins et à son étonnement, Epon tourna sa tête vers lui et ses yeux bruns larmoyants plongèrent dans les iris saphir du héros.
« Qui va là... ? » demanda-t-elle d'une petite voix. Link, pensant qu'elle le voyait enfin, lui parla calmement :
« C'est moi. Link. Tu te souviens de moi ? »
Mais l'hybride demeura silencieuse et détourna son regard du jeune homme, avant de balayer ses larmes d'un revers de la main.
« Voilà que je me mets à entendre des voix, maintenant... » murmura-t-elle en se tournant vers le corps du brigand qui possédait ses tonfas afin de récupérer ces derniers.
« Je dois partir d'ici... » affirma-t-elle en se relevant lentement pour reprendre sa route. Link demeura dans sa position quelques instants, abasourdi. Epon ne l'avait pas vu mais disait avoir entendu une voix. Était-ce celle du jeune homme ? Est-ce que la princesse des zoras pouvait l'entendre en dépit de ce qu'Alys lui avait dit ?
« Décidément, tu es vraiment têtu, Link ! retentit la voix de la rose qui était réapparue devant lui, les bras croisés et la mine boudeuse. Tu n'arrangeras pas les choses en intervenant d'une manière ou d'une autre ! Tu risques même de mettre Epon réellement en danger, si tu persistes autant à vouloir modifier ce qui ne peut être modifiable. »
Le jeune homme ne répondit rien. Agacé par l'attitude d'Alys, il préféra l'ignorer et suivre l'hybride qui s'était déjà bien éloignée. Mais la rose passa devant lui pour l'empêcher d'aller plus loin :
« Et en plus, tu me snobes ?! Tu es bien culotté !
— Qu'est-ce que c'est que tout ça ? demanda finalement le blond. Pourquoi Epon est-elle forcée de revivre un souvenir aussi atroce ? Ça vous plaît tant que ça, à toi et aux déesses, de la faire souffrir de la sorte ? »
Prise au dépourvue par cette avalanche de questions, Alys ne dit rien. Elle préféra disparaître quelques secondes plus tard, libérant le passage à Link. Celui-ci était déçu de ne pas avoir eu de réponses bien qu'il s'y attendait un peu. Mais il ne perdit pas plus de temps et courut à la suite d'Epon.
Après avoir parcouru un sombre couloir qui lui paraissait interminable, il arriva finalement dans une grande salle ressemblant à une vieille taverne désaffectée. Mais le jeune héros fit face à une horrible scène : Epon se tenait debout au milieu de la pièce, haletante. Cependant, autour d'elle, c'était un véritable carnage. Cinq autres bandits avaient été mis à terre, tous dépourvus de vie. Certains avec de multiples blessures sur tout leur corps, d'autres avec la nuque ou d'autres membres brisés. Les tables et les chaises présentes étaient réduites en morceaux, ce qui témoignait de la rude et violente bataille qu'avait livré la bleue face à tous ces hommes soudoyés par Alvaro.
Link vit alors la jeune fille se diriger vers un coin de la salle où se trouvait le fameux cristal qu'elle devait détruire. Il était identique à celui qu'il avait lui-même fait exploser au palais du Crépuscule, sauf qu'il était posé sur une sorte de piédestal au lieu d'être suspendu au plafond. Mais alors que la demi-zora s'approchait de son objectif, le sang de Link se glaça à nouveau. Lentement, une silhouette familière sortit de nulle part et s'approcha d'Epon, armée d'une épée à deux mains. Cette personne, un jeune homme, possédait une longue chevelure violette attachée en une queue-de-cheval.
« Alvaro ?! »
Profitant de l'affaiblissement de l'hybride après tout ce qu'elle venait d'endurer, il s'approcha dangereusement d'elle sans qu'elle ne s'en aperçoive.
« Epon, attention ! » cria Link en se précipitant vers eux, sa main tendue vers l'avant pour empêcher le violet de l'abattre. La triforce sur sa main se mit à briller en même temps. Le jeune homme passa à travers le corps d'Alvaro et toucha directement Epon à l'épaule. Au moment du contact, tout autour des deux s'illumina. Et tout deux ouvrirent simultanément leurs yeux, alors qu'Impa et Midona les regardaient d'un air inquiet. Mais le soulagement des deux femmes fut immense en constatant le réveil de Link et d'Epon.
« Comment vous vous sentez ? demanda Impa.
— Tu nous as vraiment fait peur, Link ! » le réprimanda gentiment Midona. Celui-ci se redressa pour se retrouver assis, imité par Epon qui semblait complètement sonnée par sa psysalis.
« Hé... » lui parla doucement Link. Mais il remarqua en même temps que la sheikah et la twili, que l'élue de Nayru tremblait légèrement. Elle semblait tellement sous le choc qu'elle ne parvenait pas à prononcer le moindre mot. Afin de la réconforter, le blond la prit doucement dans ses bras pour la serrer contre lui.
« C'est fini. Tout va bien maintenant, tu es sauvée. » murmura-t-il pendant qu'Epon se laissait faire sans rien dire en s'accrochant doucement aux vêtements du héros.
Tout à coup, la porte de la chambre s'ouvrit, laissant apparaître Moï. Celui-ci fut surpris de voir son protégé et la demi-zora ainsi, mais se racla la gorge avant de s'adresser à tout le monde.
« Pardon de vous déranger mais Dame Zelda vient d'arriver dans ce monde. »
Cette annonce étonna les quatre autres personnes, en particulier Link et Midona. Zelda ? Au royaume du Crépuscule ? Voilà quelque chose qui n'était pas prévue.
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Les musiques qui m'ont inspirée ici :
- La psysalis d'Epon => "Frenzy" - Higurashi No Naku Koro ni Gou
https://youtu.be/VGx5nsoppwg
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