26 - Préparations
Alexandre frappa doucement à la porte de la chambre temporaire de Fleur. Il entendit un vague marmonnement et il osa entrouvrir la porte, pour passer sa tête à l'intérieur.
La jeune fille était étendue sur son lit, un livre sous les yeux. Alexandre s'adossa sur l'encadrement de la porte et croisa les bras.
« Comment tu vas ? demanda-t-il.
— Bien.
— Archange est partit ?
— Il se promène.
— Est-ce que tu veux parler ?
— Non.
— Est-ce que je peux parler ?
— No... Hein ?
Elle se redressa, s'assit sur le matelas et regarda Alexandre. Elle lui fit signe de rentrer dans la pièce et de fermer derrière lui. Alexandre s'exécuta.
— Désolé, marmonna-t-elle, c'est un peu égoïste de me renfermer sur moi-même alors qu'on a tous vécu la même chose. Léopard le vit comment ?
Alexandre haussa les épaules.
— Dès que j'essaye de lui en parler, il esquive le sujet et il me parle d'autre chose. Je crois qu'il m'en parlera quand il sera prêt.
— Et toi ?
— Toutes les personnes qui me sont chères sont vivantes. Il n'y a que ça qui compte.
— Et tu sais pourquoi Léopard arrête pas de venir et sortir du Casino ?
— Ouais, j'ai bien une idée, mais il ne veut en parler à personne.
— Tu sais pourquoi ?
— Oui. Il dit que ça ne colle pas avec l'ambiance qui règne au sein du Casino en ce moment.
— Qu'est-ce qui colle pas avec l'ambiance ?
Alexandre déglutit et tendit sa main ornée d'une bague devant Fleur, appréhendant la réaction de la jeune fille.
— Ah, il te l'a enfin donné ?! s'exclama-t-elle en attrapant la main d'Alexandre pour mieux observer sa bague.
— Fleur, c'est... Comment tu es au courant ?
— Je l'ai surprit à la bijouterie il y a des mois. J'étais en retard pour les cours.
— Fleur, c'est une bague de fiançailles. Oscar m'a demandé en mariage. Et j'ai dit oui.
La jeune fille eut un sourire.
— C'est super, non ?
— Oui, c'est super...
— Pourquoi est-ce que tu tires une tête pareille alors ?
Alexandre soupira et fuit son regard.
— Je ne sais pas trop... Est-ce que tu trouves ça précipité ?
— Pourquoi ? Ça fait des années que vous êtes ensemble, vous vous êtes sauvé les fesses un nombre incalculable de fois, vous avez sauvé nos fesses un nombres incalculable de fois.
— Il m'a demandé un mariage parce qu'il a peur que je le quitte.
— On est d'accord que tu n'as pas l'intention de faire ça ?
— Bien sûr que non ! Je l'aime... Mais le mariage...
— C'est le mariage qui te fait peur ?
— Je crois bien...
— Bah... Ça sera pareil qu'avant, sauf que tu auras un nom de famille en plus avec.
Alexandre rigola silencieusement.
— Non, on a décidé que ça serait Oscar qui prendrait mon nom de famille. Il est en train de chercher un lieu pour la cérémonie, et il m'a demandé de trouver des tuxedos, mais il n'y en a pas dans le Casino.
— Il y en a certainement dans le supermarché où j'étais allée il y a quelques mois.
— Tu veux m'accompagner ? proposa-t-il.
Fleur haussa les épaules.
— Ouais, pourquoi pas ? On y va en voiture ou à pied ?
— En voiture, avec nos armes. Tant qu'on ne sait pas le nombre d'irradiés restant, il est inutile de prendre des risques.
— Tu as déjà l'air plus motivé.
— J'aime Oscar, et il m'aime. Pour l'instant, je me dis que c'est suffisant. »
Fleur lui sourit avant de se lever et d'attraper son manteau. Alexandre le suivit, attrapa son perfecto et ils se rendirent tous les deux au garage. Le roux lui laissa choisir la voiture, et elle finit par ouvrir la portière d'un 4x4 où l'on avait greffé des pieux sur les jantes, la porte du coffre et le capot. La voiture était couverte de poussière.
Alexandre s'installa au volant et démarra la voiture tandis que Fleur ouvrait la porte du garage. Gazelle arriva peu de temps après, certainement alertée par le bruit du moteur.
« Vous allez où ? demanda-t-elle.
Elle était en piteux état. De grands cernes étaient logés sous ses yeux, ses traits étaient tirés et elle avait maigrit.
— Shopping, répondit Fleur en montant dans la voiture.
Gazelle hocha lentement la tête.
— Tu fais attention à elle ? murmura-t-elle à Alexandre.
— Bien sûr.
— Soyez prudents sur la route. »
Alexandre acquiesça et ils quittèrent tous les deux le Casino.
———————
Alexandre et Fleur marchaient tranquillement dans le supermarché abandonné, enjambant les étagères renversées et les restes d'articles périmés ou détruits. Ils avaient tous les deux leurs armes fétiches à la main ; la carabine pour Alexandre et la matraque électrique pour Fleur. Ils n'avaient croisé aucun irradié sur le chemin, rendant le trajet étrangement calme. En temps normal, il n'y avait pas un trajet où ils n'avaient pas renversé au moins un irradié sur le chemin.
« Vous avez une date ? demanda Fleur.
— Non.
— Et pour les invités ?
— On a terminé notre liste, et Oscar cherche un endroit assez grand pour que tout le monde y loge.
— Donc pas dans la Capitale ?
Alexandre rigola.
— Surtout pas dans la Capitale !
— Ça sera un mariage illégal du coup ?
— Probablement... Mais Oscar y tient vraiment. Et moi aussi...
— Mais du coup, qui va vous marier ?
— Je sais pas, répondit-il en haussant les épaules.
— Et vos témoins ?!
— Oscar a choisit Gazelle, mais il ne lui a pas encore dit, et moi... Je ne sais pas. J'y réfléchirai.
— C'est lequel de vous deux qui va marcher jusqu'à l'autel ? Normalement, c'est la femme, mais là...
— On n'a pas encore choisit...
— Et pour les costumes ? Vous allez faire dans le classique, un blanc et un noir ? Ou vous voulez changer les couleurs ? Le rouge bordeaux, ça te va pas mal !
— Euh... Ça dépendra de ce qu'on va trouver. Oscar m'a dit de préférence un noir pour lui. Et moi... Je ne sais pas trop.
— Je t'aiderai à choisir ! s'exclama-t-elle.
— Merci, Fleur.
Ils arpentèrent encore la galerie marchande jusqu'à trouver une boutique dont les grilles en fer étaient défoncées à coups de hache. Les vitrines en verre étaient brisées, et du verre craqua sous leurs pieds lorsqu'ils entrèrent dans le magasin. La luminosité était inexistante, mais heureusement, le toit qui s'était effondré apportait un peu de lumière.
— On a tiré le gros lot ! dit Fleur en entrant dans le magasin.
— Attend, y'a l'histoire des tailles aussi...
Ils entrèrent dans le magasin, mais ils constatèrent que tous les vêtements étaient ou en lambeaux, ou recouverts de moisissure, ou dépareillés. Ils soufflèrent tous les deux devant ce désastre avant qu'Alexandre ne prenne l'initiative de se diriger vers les cabines d'essayage.
— Eh, vient voir par là ! dit-il à Fleur.
La jeune fille se rapprocha. Dans la dernière cabine se trouvait un cadavre en décomposition ainsi qu'une pile de carton. Ils poussèrent le cadavre sur le côté - son bras se sépara de son corps dans un craquement sinistre -, et ils se sourirent avant de transporter les cartons vers la lumière.
Certains d'entre eux n'étaient pas encore ouvert, et Alexandre sourit avant de sortir son poignard et d'ouvrir le premier carton.
Ils poussèrent tous les deux un cri de joie en voyant les vêtements en bon état.
— Tu vois Fleur, le monde d'avant l'Apocalypse avait énormément de défauts, raconta Alexandre, notamment la surconsommation de plastique, et la pollution.
Il sortit un vêtement du carton. Ce dernier était sous plastique.
— Mais ça, tu vois Fleur, c'est une débilité intelligente. Chaque vêtement qui arrive en magasin est sous plastique, avec du papier protecteur et des petits sachets de silicone. Le plastique protège le vêtement, et le silicone le conserve.
— Mais ça a du tellement polluer.
— Et comment ! Mais regarde, dit-il en attrapant des poches en plastique, on a des vêtements propres pour mon mariage.
Fleur en attrapa un et commença à ouvrir le plastique.
— Non, ne l'ouvre pas ! On va essayer de faire un sorte qu'il reste intact, d'accord ?
— Ça marche, ça marche...
Ils fouillèrent dans les cartons pour trouver deux tuxedos à la bonne taille. Alexandre poussa un soupir de soulagement lorsqu'il tomba sur un tuxedo noir à la taille d'Oscar.
— J'ai l'impression que ça sera du blanc pour toi... dit Fleur en lui tendant des sachets en plastique.
— Oh, super...
— Mais la chemise est noire, si ça peut compenser.
— Parfait ! Celle d'Oscar sera blanche.
— Y'a des nœuds papillon dans un pas trop mauvais état sur ce portant.
— Super ! Prend-en deux, s'il te plait.
— Et pour les chaussures ?
— Cherche dans les cartons qu'on n'a pas encore ouverts.
— Je peux me prendre une robe aussi ?
— Tout ce que tu veux !
Fleur sourit avant d'attaquer les cartons qui étaient encore fermés.
— Si tu ne trouves pas ton bonheur ici, on ira faire d'autres boutiques, lui assura Alexandre.
Ils se sourirent avant de reprendre leurs recherches.
Au bout de quelques heures, ils ressortirent de la galerie marchande les mains pleines de poches en plastique contenant les vêtements pour le mariage.
— Merci de m'avoir accompagné, Fleur.
— Oh pas de soucis !
Ils marchèrent un peu en silence, regagnant la voiture.
— Dit, Alexandre...
— Oui ?
— Est-ce que tu as fait tout ça pour me changer les idées ?
— En partie, oui.
Fleur lui sourit.
— Merci.
Alexandre l'aida à déposer ce qu'ils venaient de prendre et ils montèrent dans le véhicule.
— Au fait... commença Fleur en soupirant.
— Tu sais que tu peux tout le dire ? Je comprendrai quoi qu'il se passe.
Fleur sembla oser le pour et le contre avant de recommencer à parler.
— Tu sais, depuis qu'on se connait... J'ai toujours été chanceuse, non ? Enfin, je me suis retrouvée dans beaucoup de situations critiques, et je m'en suis toujours sortie.
— Oui, et ?
— Y'a le type avec les longs cheveux qui m'a dit que c'était un don.
— D'être chanceuse ? Carrément, dans ce monde.
— Non, ce n'est pas ça, mais... On a passé genre, une bonne heure à essayer plein de jeux de hasard avec lui et son époux, et j'ai toujours réussi à gagner. Il m'a dit qu'il fallait plus que du hasard. Normalement, c'est le genre de chose qui s'équilibre naturellement, mais pas dans mon cas. Il m'a dit que si un type avec neuf balles dans un pistolet tirait sur dix personnes au hasard, je serai la seule qui s'en sortirait.
Alexandre fronça les sourcils.
— Ce n'est... Définitivement pas le genre de chose à dire à une jeune fille, mais bon... C'était peut-être un illuminé, tu sais ? Ils ont passé des années sous l'eau.
— Il avait des branchies. Je les ai vu, et je les ai touchées. Et il m'a dit que c'était certainement pour ça que j'avais autant de chance a Casino.
Le roux sembla réfléchir.
— On y réfléchira sur le chemin, d'accord ? Attache ta ceinture. »
———————
Bonjour/Bonsoir !
Je suis : de retour, en pleine forme et avec des chapitres !
Je vous souhaite une bonne lecture !
Je ne vous cache pas qu'on arrive à la fin de ce livre non plus...
♥︎
— Nano.
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