Chapitre 17
Remontons le temps
Yohan serra son ours en peluche coucher dans son lit. De sa chambre, il entendait très bien ses parents se disputer.
Encore.
Sa mère, c'était toujours sa mère, qui commençait à crier après son père. Ce dernier finissait par hausser le ton que deux minutes plus tard après le début de l'engueulade. La raison de leur dispute était toujours la même. Papa n'était pas assez souvent à la maison. Lorsque la dispute fut arrêtée, il ne trouva malgré tout pas le sommeil. Il avait pleuré tout le long de la dispute, car il n'aimait pas entendre ses parents crier et malgré que ses yeux chauffaient, il n'était pas fatigué.
Au contraire, du haut de ses 5 ans, il était inquiet pour son père. Il quitta donc le lit et avança sur la pointe des pieds vers sa porte de chambre. Serrant son ours en peluche, il ouvrit doucement apeuré. Si sa mère le voyait debout, elle lui crierait de retourner ce coucher. Il observa en dehors de sa chambre, mais il faisait noir. La seule lumière provenait du salon. Il s'y dirigea doucement et sourit lorsqu'il reconnut son père devant la télévision. Il s'approcha pour voir les oreillers et la couverture sur le divan.
''Tu ne va pas dormir dans ta chambre?'' Demanda Yohan.
Son père tourna son regard vers son gars.
''Non. Je n'ai plus le droit.'' Dit-il visiblement mécontent.
''Tu peux dormir dans la mienne.'' Proposa Yohan.
''Pour que ta mère pique une autre crise? Non, merci. Et puis tu as un petit lit.''
Yohan grimpa sur le divan à ses côtés.
''Alors je vais dormir avec toi, ici.''
''Yohan, ti-coeur, le divan est encore plus petit que ton lit.'' Fit remarquer le père avec un sourire.
''Je ne veux pas que tu sois seul, papa.''
Charles l'observa et sourit avant de tendre le bras pour l'agripper et le faire s'asseoir sur ses genoux.
''Je ne suis pas seul, Yohan, mais tu devrais te coucher.''
''Je veux dormir avec toi.''
''Ok. Mais tu dois dormir pour vrai, car je vais me faire dire que je te garde réveillé sinon.'' Marmonna Charles.
Il éteignit la télévision et vient glisser sous la couverture. Yohan vient se coller à lui sous les couvertures.
''Bonne nuit Yohan.''
''Bonne nuit mon papa. Est-ce que demain vous pourrez ne pas vous disputer, maman et toi?''
''Écoute, si ta mère ne change pas d'idée, je crois que demain tu vas aller avec maman chez ta tante.''
''Et toi?''
''Moi, je vais rester ici et on verra après, quand ta mère aura pris sa décision.''
''Ok. Bonne nuit.''
''C'est ça. Bonne nuit.''
***
''PAPA!'' Cria Yohan en courant vers la voiture de son père, son sac à dos dans les mains.
Il ouvrit la portière de la voiture et entra le sourire aux lèvres.
''PAPA!''
''Salut, mon gars. Tu as toutes tes choses?''
''Oui!''
''Tu as dit bye à ta mère?''
''Oui.''
''Parfait.'' Dis l'homme en démarrant sa voiture.
Il jeta un coup d'oeil à son ex-femme qui l'observait la haine au visage dans le cadre de porte et roula des yeux avant de ramener son garçon chez lui.
''Tu veux de la pizza pour souper?'' Demanda-t-il voulant faire plaisir à son garçon.
''Maman dit que je n'ai plus le droit.'' Répondit l'enfant triste.
''Quoi? Pourquoi?''
''Car maman dit que je dois manger de la salade.'' Marmonna l'enfant déçu.
Charles serra son volant.
''Rien à foutre de ce que ta mère te dit. Tu manges ce que tu veux quand tu veux. Tu veux de la pizza ou une salade?''
''De la pizza.''
''Alors tu mangeras de la pizza! Tu ne suivras pas un régime chez moi certain.''
''YEAH! Et on va faire quoi cette fin de semaine? Est-ce qu'on va pouvoir aller au parc? Je veux jouer dans le dôme à l'envers.''
''Ce n’est pas un dôme à l'envers. C'est un skate park. S'il n'y a personne en skate ou roller, oui tu pourras y aller, sinon c'est dangereux que quelqu'un te fonce dedans.''
''Tu m'as dit qu'on irait voir le nouveau Spider-Man! On va voir le nouveau Spider-Man?''
''Oui. Oui. On fera tout ça.'' Lui répondit Charles en lui envoyant un nouveau sourire.
''Cool!'' Dis Yohan content.
Le nouveau copain de sa mère lui avait proposé d'aller le voir avec lui, mais il avait tenu à son point. Il n'était pas son papa et son papa lui avait promis d'aller le voir avec lui. Il n'aimait pas le nouveau copain de sa maman. Il essayait trop d'être son papa, mais il en avait déjà un, alors il n'en voulait pas un autre.
''Je t'aime papa.'' Dit-il en balançant ses pieds dans le vide.
''Je t'aime aussi, mon gars.''
''Je peux vivre avec toi?''
''Euh... on en a déjà parlé. Ta mère ne veut pas.''
''Je préfère être avec toi, moi.''
''Tu préfères ça, car quand on se voit, on fait plein d'activité, mais rappelle-toi quand je vivais avec vous, Yohan. On n'en faisait pas tant que ça des activités. Je travaillais souvent le soir et de nuit, aussi.''
Yohan baissa la tête déçue.
''Oui, mais je préfère quand même être avec toi.''
***
Yohan observait la photo de profil de Baptiste. Il était tellement beau et gentil. Il avait dû halluciner la veille, lorsqu'ils s'étaient embrassés. Il n'avait jamais vraiment cru avoir ses chances. Il avait des notes passables, se faisait écoeurer sur son poids et traînais à un endroit que Baptiste méprisait. Et pourtant, c'était Bast qui avait approché son visage pour l'embrasser. Son coeur palpitait d'excitation.
''Tu es déjà revenu de l'école?''
Il ferma son téléphone en vitesse avant de se tourner vers son père qui venait de se réveiller. Il n'avait pas vu la photo sur son écran, non?
''Bon matin... euh... après-midi?''
Son père se gratta la tête avant de se diriger vers la cafetière.
''Je travaille encore cette nuit.'' Avertis son père en démarrant la machine.
''Pas de trouble.'' Dis l'adolescent en observant son père. ''Je peux te poser une question?''
''Si tôt?'' Demanda le père presque désespéré.
''Il est 16h15...''
''Pas pour moi.'' Marmonna son père. ''Vas-y.''
''Tu étais populaire à mon âge? Avec... les filles?''
''Oui.'' Répondit Charles sans hésiter. ''J'ai eu plusieurs copines avant ta mère. Puis, maintenant, je n’ai plus personne...'' Réalisa Charles se rendant compte que sa dernière conquête, qui avait duré 2 mois, remontait à l'année dernière.
Il observa son fils et lui lança un sourire encourageant.
''Ça va venir toi aussi. Tu as mon charme, n'en doutes pas. C'est moins évident, car tu vas à une école privée pour garçon, mais il doit y avoir des filles qui traînent au Skate park. Sinon la soeur d'un ami. Et puis rien ne presse. Quand tu arriveras au cégep, tu te feras une petite-amie en un rien de temps.'' Dis son père en souriant pour le rassurer.
Yohan lui fit dos en s'asseyant. Tout comme sa mère, son beau-père et ses amis, son père ne voyait de l'intérêt que dans ceux de l'autre sexe. Il ne savait pas avec qui il pouvait partager sa joie du baiser d'hier. Pas son beau-père, pour sûr. Il l'avait cerné depuis longtemps et ne faisait que l'endurer. Pas sa mère, car elle le dirait à son copain. Ses amis, il ne savait pas. Parfois, il se disait que oui, parfois il se disait que non.
Il retourna son regard vers son père qui dégustait son café heureux dans la cuisine. Peut-être son père. Il avait toujours été le plus calme et posé de ses parents. Il ne criait jamais et restait neutre dans la plupart des conflits. Surtout ceux qu'il avait eus avec sa mère. Quoiqu'il traitait souvent sa mère de folle, depuis leur séparation. Le traiterait-il de quelque chose de mauvais dans son dos s'il savait qu'il avait embrassé un garçon la veille? Ferait-il comme si tout allait bien et dés qu'il serait chez sa mère, il dirait à ses amis: Mon fils est une tapette?
''Ça va mon gars?''
''Hein?'' Dis Yohan en tournant son regard vers son père qui s'était approché avec sa tasse.
''Tu t'inquiètes de ne pas pogner avec les filles? Je te le dis, moi. Ne stresse pas avec ça. Tu es dans une école de gars, c'est normal que tu n'est pas embrassé de fille jusqu'à maintenant. Je ne voulais pas t'envoyer là, mais mon opinion ne compte pas avec ta mère. Au public, avec ta carrure, on aurait pu te confondre avec un footballeur. Plein de filles auraient voulu sortir avec toi.''
Yohan hocha doucement la tête et observa son père retourner vers la cuisine. Il aurait tellement voulu lui dire qu'il n'en avait rien à faire des filles, mais il n'en avait pas la force. Pour l'infime possibilité que son père le jette à la porte, il ne voulait pas prendre le risque.
***
Yohan ignorait s'il devait se sentir rassurer ou inquiet. Clairement, son père avait compris qu'il voyait un garçon en cachette. La réalité que son père le savait le rendait malade à n'en plus finir. Non, seulement il les avait surpris, mais en plus, il semblait distant et mal à l'aise à chaque communication ensemble. D'un autre côté, il ne lui avait poser aucune question, n'y mit à la porte. Preuve, donc qu'il n'allait pas le renier pour être gay? Il devrait lui dire? Mettre les cartes sur table, au moins pour confirmer le malaise et avec espoir que le malaise disparaisse pour toujours? Mais si son père était simplement dans le déni et ce mets à lui crier après?
Non, son père ne criait jamais. Presque jamais. Il fallait vraiment le pousser à bout pour qu'il crie. Mais il n'avait pas besoin de lui crier dessus pour le détester. Allait-il avertir sa mère qui avertirait son beau-père? Il n'aurait plus aucun endroit qu'il pourrait appeler chez lui. Non, il dramatisait. Son père lui avait lui-même offert une heure de préavis avant son retour. Il avait proposé de lui acheter des condoms. Il savait et ne l'empêchait de rien.
Il aurait dû lui dire avant de retourner chez sa mère. Au moins pour s'assurer qu'il ne dise rien à cette dernière. Lundi prochain. Lundi prochain, il allait tout régler. Il dirait la vérité à son père et de toute façon, il avait besoin d'aide pour aider Bast et son problème de chien de garde. Son père allait pouvoir les conseiller. Il regarda son téléphone inquiet. Son père avait essayé de l'appeler pendant qu'il était au téléphone avec Baptiste. Devrait-il le rappeler ou attendre qu'il le fasse? De quoi voulait-il parler? S'il ne le rappelait pas, allait-il appeler sa mère?
Il n'était pas prêt là. Pas après les révélations de Bast qu'il ne pourrait plus voir à cause d'un chien de garde le suivant dans l'ombre. Il avait été si heureux dimanche soir. Goûter le corps entier de son copain avait été parfait et là, le lendemain soir, son monde entier s'effondrait. Son copain était en pleure et il ne savait comment le rassurer. Son père savait, mais au lieu de se parler, les deux vivaient dans le malaise. Il était chez sa mère, il ne pourrait donc pas inviter son petit-ami en douce comme lorsqu'il était chez son père et que ce dernier travaillait, mais même chez son père, il n'aurait pu à cause de ce foutu chien de garde que le père de Bast avait engagé.
Il gémit de désespoir.
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