Chapitre 5
Après plusieurs minutes de silence, j'entendis un bruit sourd au loin. J'essayais de me repérer à travers l'obscurité, mais cela m'était quasiment impossible. Je continuais cependant à marcher sans voir de direction, car ce son semblait être de plus en plus net à mesure que je m'en approchais. Peu à peu, je compris que ce n'étais pas un bruit que je percevais, mais une voix, grave et forte, qui semblait se projeter au loin.
Je m'arrêtai quelques instants pour écouter plus attentivement ce qu'elle exprimait.
C'est alors qu'une main vint se poser brusquement sur mon épaule. Un hurlement agressif sortit de ma bouche et mes genoux se mirent à trembler. Cette peur que j'avais ressentie un peu plus tôt dans la matinée, était en train de m'abimer à nouveau. Mon anxiété s'était amplifiée et s'accompagnait de battements de cœur si fort, que j'avais du mal à respirer correctement. Je ne pouvais m'enfuir nulle part, j'étais prisonnier de cette obscurité. Cette mystérieuse personne me contourna puis plongea son regard dans le mien. Son regard semblait dur, froid et exprimait une colère enfouie dans ce vieux monsieur. Puis il m'adressa la parole, tandis que tout mon corps tremblait encore :
« N'aie crainte, me dit-il. »
« Mon nom est Archimède. C'est moi qui t'ai choisi. Tu veux sûrement me poser quelques questions ? »
En effet, des questions j'en avais plus d'une dizaine. Cependant je n'osais pas. Je ne pouvais lui répondre. J'avais des choses à lui demander, bien-sûr, mais mes mots semblaient s'emmêler dans mes pensées. Je laissai un long silence nous envahir pendant plusieurs minutes, avant de lui adresser la parole :
« Vous... vous êtes la personne qui veille sur notre famille ? balbutiai-je, admiratif de la lourde tâche qu'il devait endosser.
-Oui, c'est moi, ton ancêtre. »
J'étais impressionné, mais aussi effrayé. Il y avait un nombre incalculable de questions que je voulais lui poser mais rien ne sortait. Une sensation d'impuissance s'emparait de moi, j'étais dans un état second où il fut difficile de contrôler quoi que ce soit. Je semblais être paralysé. Puis, je sentis peu à peu mon corps se détendre, et je pus enfin m'exprimer :
« J'aimerais savoir pourquoi vous m'avez choisi plutôt qu'un autre.
- Tu es une perle rare, Timothée. Si je t'ai choisi, ce n'est pas seulement pour ton caractère et tes talents. C'est vrai, tu es un garçon très intelligent, qui réfléchit beaucoup, avec de l'audace. Mais tu es aussi le dernier des Descales ! J'ai confiance, tu seras à la hauteur de notre famille. » expliqua-t-il, avec tant de fierté dans la voix.
Chacune de ses phrases me rendait un peu plus anxieux. Le fait que je sois l'unique descendant de ma famille rendait mon rôle d'autant plus difficile. Et s'il m'avait choisi par défaut ? S'il n'avait pas eu le choix ? Malgré mes craintes, mon ancêtre poursuivit :
« Je suis fier de t'accueillir dans la famille. Je suis sûr que tu apprendras très vite !
- Mais... Que dois-je faire ? Comment puis-je aider à protéger ma famille ?
- A ce propos, il y a quelque chose d'importance extrême que je dois te raconter... Cela te permettra peut-être de comprendre ton rôle. »
Celui-ci s'arrêta de parler quelques secondes, comme hésitant à dire ce qui allait suivre, puis reprit :
« Dans notre famille il y a eu une Déchirure il y a bien longtemps ; une grave dispute qui a séparé la famille en deux. Cela a engendré des conséquences dont je ne puis t'indiquer la nature... Toi seul peut essayer de comprendre ce qu'il s'est passé, et réparer tout cela. Je suis trop vieux, bien trop vieux pour tout cela, et bientôt je m'irai dans les étoiles, lorsque ma mémoire se sera dissipée
- Je ne suis pas sûr d'être capable d'une telle chose...
- Enfin, Timothée ! Bien sûr que tu l'es ! C'est bien pour cela que je t'ai choisi. Je crois en toi.
Pour l'instant, si c'est un peu trop tôt, contente-toi simplement de protéger la boussole. Ne la perds jamais... C'est très important. Elle est symbole de bonheur, mais aussi de grandes jalousies.
- Bien sûr.
- Oh, une autre chose, va trouver l'arbre généalogique aux Quatre envolées. Cela t'aidera j'en ... »
Il ne put terminer sa phrase, il avait soudainement disparu. Que voulait-il dire ? Ma voix criait des dizaines de mots dans tous les sens pour le retrouver mais il m'avait bel et bien abandonné sur ces dernières paroles... Mon cœur se mit à battre très vite, et j'étais désespéré...Pourquoi était-il parti si vite ? Pourquoi ne m'en avait-il dit si peu ? Mes yeux se réouvrirent soudainement, j'étais à nouveau dans la pièce.
Mon cœur avait repris son tempo habituel, je me sentais cependant très essoufflé, et j'entendais encore l'écho de mes cris à travers la pièce ... Il n'y avait maintenant plus qu'une chose importante à mes yeux : ces mots que ma mémoire ne cessait de remettre en boucle, les dernières paroles prononcées par cet esprit...
Je commençais alors peu à peu à percevoir les formes des meubles tandis que tout mon corps se relâchait, se détendait à chaque souffle. Puis je réalisai soudainement que j'étais assis sur les planches en bois du sol dans la même salle qu'auparavant : cette pièce intrigante et plongée dans l'obscurité.
Mon regard scruta une faille dans le mur, tandis que je remis en question ce que je venais de vivre. Tout avait semblé si réel, et pourtant ça ne l'était pas. A plusieurs reprises, mon cœur avait semblé me lâcher et j'avais eu l'étrange sensation que quelqu'un me possédait, m'envahissait comme un vent froid venant me glacer jusqu'aux os. Il n'y avait beau n'y avoir aucun danger, d'après le guide, eh bien moi, je l'avais senti présent tout près de moi, attendant le moment propice pour me dévorer tout entier.
Il me fallut une dizaine de minutes pour me lever et rejoindre Solène sur le banc. Mais lorsque je réapparus à l'accueil du musée, le banc sur lequel elle s'était installée était vide. Une terrible sensation me brisa les os ; et c'était comme celle ressentie à chaque rêve prémonitoire me prévenant que quelque chose allait se passer...
Où était-elle ? Qu'avait-il bien pu se passer ? Pourquoi était-elle partie sans m'attendre ? Je me sentais coupable de l'avoir laissée là toute seule sans savoir le temps qui s'était écoulé. Je sortis du musée désemparé et douteux, en soupirant confus. Je ne savais pas vraiment quelle était ma priorité : retrouver Solène ou bien l'arbre généalogique des quatre envolées ? Peut-être était-elle simplement partie par elle-même. Après tout, nous nous connaissions à peine, il me semblait alors logique qu'elle ne m'ait pas attendue...
J'aime beaucoup ce chapitre, car il annonce le début d'une grande aventure pour Timothée ! A bientôt pour la suite :)
Si vous voyez des fautes d'orthographes, n'hésitez pas à me le dire ; )
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro