Elle se plaça devant moi et me fixa quelques secondes ; ce qui me parut une éternité.  Puis, cette demoiselle prit place à mes côtés. Elle n'avait encore rien dire, mais son regard souriant avait parlé pour elle. Celle-ci mit rapidement un terme au silence qui nous envahissait en entamant la discussion :

« Bonjour Timothée, s'exclama-t-elle.  Je m'appelle Solène, expliqua-t-elle en me tendant la main.

- On se... se connaît ? demandais-je intimidé. »

Elle ne me répondit pas. Cette mystérieuse fille aux cheveux d'or me regardait les yeux pétillants.

« Que fais-tu ici ? Tu cherches quelque chose ? demandais-je.

- Pas vraiment... Je viens faire connaissance ! Je suis l'Elu des Luce. 

-Ah d'accord, je comprends mieux... Tu t'es laissé avoir par ce vieux dingue ; c'est ça ! Tu ne penses quand même pas que... »

Elle ne me laissa pas finir.

« Tu as tort de penser que cet « autre monde » n'existe pas ! Regarde autour de toi, ce décor en est la preuve même.

- T'en sais plus que moi ? Cela m'étonnerait...

- Détrompe-toi. Ma grand-mère était Elu. Elle m'a appris tout ce que je devais savoir, et je t'assure qu'elle n'était pas folle. Je suis fière d'y croire ; je sais que ce destin m'appartient !

- Peut-être bien... »

Un malaise s'installa entre nous deux. Bien que rêveur, je ne savais que croire. Toute cette histoire me semblait impossible 

« Depuis combien de temps vis-tu ici ?

-Un peu plus d'un an. Depuis que... ma grand-mère est décédée, je la remplace. »

Bien que je fisse mine de ne pas croire à tout cela, j'étais apaisé de savoir que je n'étais pas le seul à partager cette aventure absurde. 

Ses petits yeux bruns semblaient sourire. Ils pétillaient de bonheur et je voyais en elle   quelque chose de vraiment apaisant, mais je ne pouvais dire quoi. A travers son regard, j'avais l'impression de déchiffrer toute sa personnalité. J'avais le sentiment qu'un simple regard suffisait pour savoir ce qu'elle ressentait.

« Bon, alors, tu me suis ? demanda-t-elle d'un regard insistant.

- Où vas-tu ?

- Viens, je vais te faire découvrir la ville ! Ce qui nous arrive est tellement incroyable ! La vie est courte Timothée ! cria-t-elle en courant sur le quai. »

« Attends-moi ! » m'exclamai-je, essoufflé.

Je la rejoignis à bout de bras. Elle m'avait conduit à l'extérieur de la station de train. En montant les dernières marches de l'escalier, je vis à l'horizon une magnifique place entourée d'une dizaine de lampadaires dorés. La nuit commençait à tomber et les étoiles brillaient peu à peu dans le ciel. Il y avait une légère brume dans l'air, créant un effet de fumée. On entendait plus que le bruit des feuilles glisser sur les pavés de la place.

On apercevait en arrière-plan un très vieux bâtiment, dominé par une horloge dorée. Ce que je voyais était magnifique et plus rien ne pouvait me déconcentrer. Je m'arrêtai brusquement pour contempler plus distinctement ce paysage lorsqu'une brise fine vint refroidir l'atmosphère. Rien ne pouvait qualifier ce que je ressentais de si grand à ce moment.

Au loin, l'horloge dorée cachée dans la brume semblait être figée dans le temps. Le brouillard empêchait de voir les aiguilles bouger, ce qui me perturba plusieurs minutes. Je compris alors que ce que je croyais apercevoir n'était pas une horloge, mais en réalité une grande boussole.

Quelques souvenirs me revinrent également en mémoire : M. Carwich m'en avait offert une en or lors de mon arrivée, très semblable à celle que je distinguais au loin.

Je la sortis donc de ma poche pour la contempler un instant. Elle était magnifique. La lumière intense de la lune se reflétait comme un miroir sur celle-ci. En l'observant de plus près, je remarquai quelque chose gravé sur l'or : c'était mon nom de famille, celui reçu à ma naissance. Je compris mieux pourquoi cet objet si précieux m'avait été adressé, malgré le fait que je n'allais probablement pas m'en servir. Je lui accordai un dernier regard avant de la ranger délicatement dans une mes poches. Solène s'approcha silencieusement de moi pour manifester sa présence et me sourit admirativement :

« Qu'avais-tu dans les mains ? demanda-t-elle très curieuse.

-Une boussole que l'on m'a donné à mon arrivée ici. C'est un objet très précieux, je ne préfère pas qu'on y touche.

-Ça alors ! s'écria-t-elle. J'en ai également reçu une.

-Sérieusement ?

-Oui, je t'assure ! Tiens regarde ! »

Elle ouvrit sa sacoche en cuir et en sortit une boussole presque similaire à la mienne. Des anges y étaient incrustés et il y avait des lauriers symbolisant la gloire. J'étais presque jaloux que ma boussole n'était pas aussi jolie que la sienne.

« Penses-tu qu'elles ont une utilité ? demandai-je, très curieux.

-A vrai dire je n'en sais rien, je n'ai encore jamais eu l'occasion de l'utiliser, mais je pense que ça n'est pas un hasard qu'elles se retrouvent entre nos mains.

-Peut-être... »

- Bon, Il est temps que j'y aille. Mes parents m'attendent, dis-je, embarrassé.

- Tu t'en vas déjà ?

-J'aimerais vraiment rester, mais il est tard...

-Je comprends... dit-elle calmement. "

Solène semblait déçue de me voir partir autant que je l'étais. J'avais passé un moment incroyable et ce que j'avais vu m'avait convaincu qu'une part de magie flottait dans l'air. Tout me semblait possible à présent. Pour la première fois de ma vie, je me sentais enfin à ma place.

« Si tu souhaites, je serai là vendredi prochain. Viens ou non, je t'attendrai ici lorsque le soleil aura dépassé le feuillage des arbres, m'indiqua Solène.

- Je ne viendrai probablement plus ici malheureusement. Je suis sûre qu'on se reverra un jour, m'exclamai-je, pour la réconforter. Et merci pour la visite, tu as été une bonne guide » dis-je, en riant.

Elle me sourit gentiment en guise de réponse et je la laissais à présent seule sur la place.

J'espère que mon histoire vous plait !! N'hésitez pas à me donner des conseils : )

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A bientôt : )