Chapitre 11- suite
Je fis en sorte d'écourter la discussion, car j'étais trop curieux pour laisser filer le temps.
Au bout d'une dizaine de minute, Ophélie s'en alla prévenir toute notre famille de notre arrivée.
Solène me regarda d'un œil malicieux. Je lui chuchotai alors à l'oreille : " direction le bureau ". Elle acquiesça puis souris. On quitta la petite table du jardin sur laquelle nous nous étions installés, et on partit "déposer nos affaires".
A peine arrivés dans la cuisine de la maison, je m'empressai d'expliquer mon plan à ma coéquipière.
"Très bien, il nous faudra au moins cinq bonnes minutes pour fouiller. Ensuite on avisera.
-Tu veux vraiment le faire ! S'exclama-t-elle moqueuse
-Je ne suis pas un trouillard, et puis...j'ai mes raisons.
-Tu sais, je ne suis pas complètement stupide. J'ai bien compris pourquoi il te faut aller dans ce bureau. Bon, alors que cherche-t-on exactement ?
-Des documents. S'il voulait garder à tout prix cette pièce loin de nous, c'est que quelque chose d'important y est gardé. Mais surtout il faut qu'on soit extrêmement rapide, alors il ne faut pas trop réfléchir.
-Ça me va. Je suis prête. "
Tout était en place, il ne fallait tout simplement pas se faire prendre. Et j'avais un peu peur. Cependant, je ne pouvais l'avouer devant Solène, qui était toujours prête à tout quoi qu'il pût se passer. Parfois ce sentiment terrifiant lui prenait le dessus, comme lorsque que nous étions dans le musée des ancêtres, mais c'était très rare. Elle avait un sang-froid que je ne possédais pas.
J'avais honte de ne pas être comme tous les autres garçons. Je voulais être un rebelle, pouvant faire n'importe quoi à chaque moment sans avoir cette trouille au ventre. A l'école, j'étais toujours le petit "sérieux" de la classe, l'élève parfait que tous les professeurs admiraient. Cependant je n'étais absolument pas d'accord avec cet avis-là. Ou peut-être bien que je ne voulusse pas l'admettre...
On arriva devant la porte ultime. Solène regarda à travers la petite serrure afin de vérifier que mon oncle était absent.
"Personne" chuchota-t-elle
Elle passa ensuite sa main sur la poignée de porte pour l'ouvrir, mais celle-ci restait bloquée. Cependant, Solène resta impassible à ce détail. Elle continuait d'accomplir sereinement ce que nous avions à faire, sans se soucier du reste.
Le cabinet étant fermé à clé, il nous fallait déverrouiller la serrure à l'aide d'une épingle. Heureusement, une fois de plus mon amie avait pensé à tout. Elle s'attela tout de suite à la tâche le plus rapidement possible, tandis que je montais la garde. Agenouillée sur le parquet, les yeux aux niveaux de la poignée, Solène était rivée sur son objectif. Elle mordait légèrement sa lèvre supérieure, les yeux plissés.
Je la voyais s'harnacher contre la porte et s'échappait de temps en temps de sa bouche quelques grossièretés. Après un dernier effort, elle parvint enfin à ouvrir ce bureau.
" Tu es incroyable ! Chuchotais-je tout à fait admiratif de son talent. Maintenant dépêchons."
Cette pièce était meublée par de grandes bibliothèques remplies de dossiers et de livres. Des paquets de feuilles étaient entassés sur le secrétaire de mon oncle. C'est en voyant toute cette paperasse que je me rendis enfin compte du travail que nous avions à faire. Cela allait prendre une éternité pour trouver quelque chose, mais ce temps nous ne l'avions pas.
On commença par fouiller les tiroirs du bureau en bois vernis, mais ceux-ci ne comportaient rien que des stylos et du papier à lettre. J'essayais de réfléchir s'il était possible qu'il ait des photos ou toute trace écrite de la Déchirure.
"Attends ! Arrête-toi, me demanda Solène
-Pourquoi ? Tu sais bien qu'on ne peut pas se le permettre...
-Je le sais bien, mais écoute moi ! Est-ce bien un secrétaire ?
Elle pointait du doigt l'imposant meuble devant nos yeux.
"C'est très probable...
-Parfait alors aide moi à le bouger s'il te plait. "
Je n'osai pas demander une nouvelle fois ce qu'elle avait dans la tête, car je préférais la voir agir. Une fois que nous l'avions dégagé d'environ 30cm du mur, elle se faufila entre les deux et s'agenouilla de sorte que je ne la voyais plus. J'entendais le grincement d'une porte, ainsi qu'un cliquetis comme si Solène essayait d'ouvrir quelque chose.
"Que fais-tu demandais-je ?
-Ma grand-mère avait un secrétaire... Et à ton avis pourquoi cela porte ce nom ?
-A vrai dire, je n'en sais rien...
-A l'époque, on y cachait toute sorte chose, tel que des secrets. C'est un meuble qui a sa spécificité, qui est unique en son genre...Ah voilà !
-Tu as trouvé quelque chose ? Demandai-je très excité
-Oui, et c'est exactement ce qu'il nous faut ! S'exclama-t-elle radieuse. Maintenant sortons d'ici ! Je te montrerais plus tard ce que j'ai trouvé "
On ne s'attarda pas à remettre le bureau en place ainsi que la chaise afin de ne laisser aucune trace de notre venue. Puis alors que nous nous apprêtions à sortir, Solène s'arrêta net. Elle ne bougeait plus d'un trait, et laissait le silence nous envahir. La tête collée contre la porte, elle semblait écouter quelque chose. Pourtant moi, je n'entendais rien. Celle-ci plaça son doigt sur ma bouche, me faisant signe de me taire. Je ne savais pas vraiment ce qui se passait, mais je compris vite que quelque chose d'anormal était en train de se produire. Au bout de quelques secondes j'entendis enfin des pas, lents, qui allaient et venaient vers nous. On était pris au piège.
Je n'eus pas besoin de dire un mot, car nos gestes parlaient d'eux-mêmes. Je la tirai alors lentement vers moi, lui indiquant un endroit où se cacher. Elle se glissa dans un placard assez large pour nous deux, mais celui-ci nous plongea dans le noir.
Quelques minutes après, quelqu'un entra dans le bureau. J'avais une atroce envie d'ouvrir le placard, et d'observer la scène, mais je ne pouvais pas le faire.
Il était difficile de respirer dans ce placard et cela me rappela la traversée des égouts. Mon cœur battait vite, et j'avais peur. J'essayai de me plonger dans mes souvenirs afin d'oublier là où j'étais ; mais l'angoisse que je ressentais me faisait revenir sans cesse à la réalité.
Puis après une dizaine de minutes, cet inconnu se mit à parler. Je savais qu'il était seul dans la pièce, donc celui-ci devait être au téléphone.
Dès qu'elle prononça les premiers mots, je reconnu tout de suite sa voix qui dévoila son identité. Évidemment c'était Ophélie.
Les deux personnes se mirent à parler de diverses choses, qui n'étaient pas très intéressantes. Ils se racontaient entre-autre leurs vies, et parlaient de la pluie et du beau temps.
Tandis que le temps filait toujours... Je commençai à croire que cette discussion n'en finira jamais.
Puis lorsque Ophélie commença à parler de moi, ce coup de téléphone prit une tournure très intéressante :
"A ce propos, le nouvel Élu est arrivé, s'exclama-t-il
-Tu es inquiet ?
-Eh bien...je sens que Archimède lui a demandé d'enquêter. Et je ne veux pas que cela recommence... Cela a causé bien trop de problèmes dans notre famille la dernière fois.
-Que vas-tu faire ? Tu sais bien qu'un jour ou l'autre quelqu'un découvrira tout...S'exclama l'interlocuteur
-Pour l'instant, rien. Et puis c'est un gentil garçon mais il est trop jeune pour comprendre... A mon avis, Archimède en a assez de nos chamailleries, et je pense qu'il veut que cela s'arrête
-Peut-être..."
Je n'en croyais pas mes oreilles. Nous étions sur le point de découvrir la véritable histoire, le secret de ma famille, la Déchirure ! Et je trépignais déjà d'impatience d'en savoir plus...
Bien évidemment je n'avais pas tout compris, mais cette discussion nous avait apporté beaucoup. J'étais finalement content de m'être glissé dans ce placard, et cette petite aventure en avait vraiment valu la peine
J'ai pleins d'idées pour la suite, et j'espère vraiment que l'histoire vous plait !!!!
(^.^)
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