Chapitre 10- Suite
"Encore une énigme " pensais-je.
Cette fois-ci j'étais bien déterminé à trouver la réponse. Elle se cachait tout près de nous, et je devais la trouver : il n'était pas question d'abandonner. Mais j'avais foi : je m'imaginais déjà dérouler un grand parchemin, la poitrine gonflée de fierté.
"Des arbres...et une famille...". Je marmonnais tout doucement pour ne pas interrompre le cours de mes réflexions. J'avançais lentement vers les allées d'arbres, en me laissant porter par mes idées. A chaque respiration, mon corps se détendait devenant de plus en plus léger. Mes pas me conduisaient et les yeux fermés, je me laissais aller. J'essayais d'écouter mon cœur comme me l'avait indiqué cette femme, mais cette phrase n'avait pas de sens pour moi. Je n'entendais que la pulsation régulière de mon organe.
Cependant plus les minutes passaient, plus je le sentais tout près de moi. Une sorte d'intuition.
Alors j'ouvris les yeux si sûrs de moi, en serrant très fort mes deux poings. Cependant, il y avait là devant moi un simple pommier. Je fixais le tronc en pensant d'abord que le document pouvait s'y trouver, mais il n'y avait pas de trou dans l'arbre. Je regardai ensuite rapidement aux alentours en sachant que cela ne servait à rien.
Mais avant même que je voulus partir, une voix me fit retrouver l'espoir :
" Lève les yeux, s'exclama Solène. Je crois que tu as trouvé "
En effet, les feuilles de l'arbre se réunissaient en plusieurs bouquets, formant ainsi des traits de visage. J'étais époustouflé. Je me sentis un peu bête de ne pas avoir fait tout de suite le lien entre le verger et cet « arbre » généalogique. Mais peu importe, j'étais là devant quelque chose de complètement irréaliste. Les pommes étaient toutes gravées par une date, indiquant la durée de vie de ces illustres personnages : mes ancêtres ! Tandis que de jolies couronnes de fleurs se formaient, le tronc de l'arbre semblait puiser une force inconnue dans les profondeurs de la terre.
"Parfois tu devrais simplement laisser ton cœur et ton esprit réfléchir, soupira Solène
-Peut-être, mais je ne suis pas comme ça.
-Pour une fois, tu devrais me laisser faire. "
On examinait minutieusement ce que l'on avait sous les yeux, en espérant comprendre pourquoi mon ancêtre avait tant insisté pour que je voie ceci. Peut-être n'y avait-il pas d'explication, c'était surement une prise de connaissance sur ma propre famille ; mais on ne pouvait pas en être sûr. Je regardais de bas en haut, en faisant glisser mes yeux de la gauche vers la droite, pour ne manquer aucun détail.
Sur le tronc était gravé le couple fondateur des Descales qui datait de plus de cinq siècles et avait vécu environ soixante-ans, ce qui était beaucoup pour l'époque. Ensuite toute une série de personnages étaient indiqués, jusqu'à en venir à mon père : Charles, ayant épousé Gabrielle le 16 septembre 1991. Les pommes n'indiquaient pas leur date de mort, mais seulement un grand D. On indiquait cette lettre lorsque que quelqu'un était porté disparu. Cependant on m'avait toujours dit que mes parents étaient morts, alors pourquoi cet arbre sacré démontrait l'inverse ?
Un autre détail m'intrigua : environ la moitié de la génération de mes arrière-grands-parents avait soudainement modifié le nom "Descales" pour se renommer les "Descals" sans "e". Et ce changement créait comme une sorte de séparation entre toute l'harmonie de la famille qui avait duré plus de quatre siècles. C'était peut-être ça la fameuse "Déchirure " dont mon ancêtre m'avait parlé.
Mais pourquoi était-il parti sans rien ne me dire de plus ? Et pourquoi ma lignée avait si soudainement changé de nom ? Tant de questions laissées en suspens me donnèrent l'idée que ce fut à moi d'y trouver la réponse. Moi seul pouvait véritablement comprendre le pourquoi du comment. Tous ces détails d'apparence inutile, montraient que quelque chose de grande importance s'était produit... Mais je ne pouvais savoir quoi.
La nuit tombante, nous nous étions installés chez cette gentille dame non loin du verger.
C'était une petite auberge simple, mais parfaite pour une ou deux nuits.
Ce vieux bâtiment avait une toiture en L faite de chaume qui ressemblait beaucoup à une vieille ferme. Grâce au choix des couleurs et des matériaux, j'avais tout de suite été frappé par ce style normand que je pouvais reconnaître entre mille.
Une délicieuse odeur de gâteau au citron qui embaumait l'air rendait cet endroit très chaleureux et accueillant.
Solène entra dans la maison la première et deux fillettes nous reçurent. Elles nous conduisirent à un étage où se trouvaient la plupart des chambres et s'arrêtèrent devant une pièce aux murs rouges. La cadette, un peu plus timide se cachait derrière sa jeune sœur qui lui tenait la main.
« Merci beaucoup ! s'exclama Solène »
Puis les deux enfants s'en allèrent.
« Enfin ! soupirai-je, Quelle journée épuisante ! » Je m'effondrai sur un lit si moelleux et agréable que je ne voulais plus bouger d'ici.
« Et ce n'est pas fini, l'aventure nous attend encore !
-Cependant je suis un peu perdu, je ne sais pas trop où aller, ni quoi chercher. Je vois bien qu'un secret pèse sur ma famille et que c'est à moi de le résoudre...
-On finira par le découvrir, je te le promets ! Fais-moi confiance. »
Elle me serra la main, posant son regard sur moi. Et ses yeux brillaient autant que lors de notre première rencontre. Ce regard, c'était sa signature, sa liberté, sa façon à elle de s'exprimer. Jamais je n'avais rencontré des yeux aussi expressifs que les siens. J'aimais m'enfoncer dans la couleur brune de ses pupilles et me concentrer uniquement sur cette couleur, afin de tout oublier.
« Tiiim ! s'écria-t-elle » Sa voix vint subitement me sortir de mon tourbillon de pensées.
« Tu m'écoutes ? demanda-t-elle
-Pardon, j'étais ailleurs. Que disais-tu ?
-J'ai une hypothèse. Si ton ancêtre t'a donné cette quête très jeune et qu'il te fait confiance ne penses-tu pas que cette mission a un rapport avec tes parents ? Tu es leur fils, tu es celui qui leur ressemble le plus ; alors c'est peut-être toi seul qui peut réellement les comprendre. »
J'étais époustouflé par sa supposition, c'était une hypothèse tout à fait brillante ! Je n'avais pas les mots mais simplement une bouffée d'émotions qui me rendirent tout à fait admiratif.
« Solène, tu es un génie ! C'est forcément ça, quelle autre explication pourrait-il y avoir ?
-Ne t'emballe pas trop, garde bien à l'esprit que c'est une Hypothèse »
Malgré son avertissement, je ne pouvais m'empêcher d'y croire. Je ne pus dormir de la nuit, car mon cerveau était mis en route comme un moteur qui ne cessait de réfléchir. L'excitation et l'envie d'en savoir plus me rendaient fou.
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