Chapitre 10
"Pourquoi ? S'exclama Solène. Pourquoi se presser à partir, quand on a la vie devant nous ?
-Parce que je ne vais pas attendre dix ans avant que mon oncle m'ouvre son bureau !
-On pourrait rester encore un petit peu... Je suis attachée à cet endroit.
-Je ne t'oblige pas à m'accompagner, tu sais. Tu es libre de faire ce qu'il te plait... Je sais qu'on se retrouvera quoi qu'il arrive, expliquais-je
-Mais je n'ai pas envie de te quitter, j'aime faire les choses avec toi ! Je ne veux pas qu'on se sépare... On est une équipe, non ? s'écria-t-elle sur un ton presque colérique "
Sa réponse m'avait soudainement chamboulé, j'étais loin de penser que ça lui faisait autant de peine de me quitter. J'avais toujours eu une image d'elle comme une fille solitaire, ayant peur de s'attacher aux autres. Mais pour la première fois, quelque chose de nouveau chez elle avait surgi à la surface, une face cachée de sa personnalité. Je ne savais alors que lui répondre, c'était presque embarrassant comme situation.
" Alors viens avec moi, dis-je doucement. Un jour ou l'autre, il aurait bien fallu partir d'ici. "
Je lui tendis ma main. Elle hésita un instant, puis ; son regard s'adoucit et je sentis alors ses doigts délicats effleurer les miens.
Je fus heureux de savoir qu'elle était d'accord car malgré tout ce n'était pas juste une simple rencontre. C'était une amitié qui tenait seulement à un fil du destin. J'aimais savoir sa présence à mes côtés, j'aimais entendre son rire, j'aimais voir son petit sourire mesquin sur son visage.
On fit nos sacs le jour même et Ophélie nous indiqua le chemin pour l'arbre généalogique.
Elle nous passa également une carte mais nous savions d'avance qu'on ne l'utiliserait pas. Nos boussoles nous guidaient. Je promis à Ophélie que je reviendrais la voir et elle m'adressa un clin d'œil en retour. Je sentais bien que je décevais tout le monde en les quittant, mais il fallait que je parte à l'aventure. C'était mon destin.
La route n'était pas très longue mais en revanche les nombreuses montées que nous devions gravir la rendaient plus fatigante. On avait une vingtaine de kilomètres avant d'arriver à destination, et j'étais trop pressé d'en savoir plus. Je voulais absolument voir ma généalogie.
Vers midi, on s'arrêta pour déjeuner en face d'un lac se trouvant à l'ombre des arbres. Il était d'une jolie couleur argentée et de grands roseaux l'encerclaient... De petits oiseaux gazouillaient et leur chant se mêlait ainsi aux clapotis de l'eau. Ce paysage semblait reposer nos esprits un peu chamboulés par tous les évènements qui s'étaient produits dernièrement. Je me sentais presque porté par une vague de bonheur. L'odeur de l'herbe coupé et le ciel bleu d'été me suffisaient pour ressentir un petit pincement au cœur.
Puis j'aperçus qu'il y avait une berge en bois haute de 2 mètres sur le lac ce qui me donna une idée, brillante à mon goût.
"Ça te dirais de te baigner ? Demandais-je à Solène
-Pardon ! Répondit-elle très étonnée "
Mais je vis bien sur son visage que cette idée lui donnait très envie. Les degrés montaient aussi vite que les heures de la journée avançaient. Alors elle dénoua ses lacets et me donna sa main. Nos rires devaient probablement s'entendre à des kilomètres de là. Elle monta en première sur la berge et hésita quelques secondes :
"Tu as peur ? Demandais-je en la défiant
- Bien sûr que non ! Je ne suis pas si stupide... Mais, par contre je saute à condition que tu sois le premier à plonger. Hors de question que je me ridiculise ! S'écria-t-elle le sourire aux lèvres.
- Donne-moi ta main, on saute à deux "
Elle acquiesça et me tira par le bras. On s'approcha donc du bord et Solène se mit à compter jusqu'à trois. Mes jambes tremblotaient mais j'essayais tant bien que mal de cacher ma peur. C'était difficile de comprendre d'où venait cette émotion, et pourquoi je ne parvenais pas à la contrôler.
Puis lorsque le moment fut venu de sauter, on hurla aussi fort que l'on put avant que l'eau étouffe le son de nos cris. Ces quelques secondes me paraissaient infiniment longues, ralenties et pourtant tout s'était passé très vite. Mon corps avait plongé dans l'eau en un instant et voilà que je me retrouvais dans un univers sombre et calme. Je distinguais quelques formes dans les profondeurs du lac mais impossible pour moi de savoir ce qu'il en était. La peur de sauter s'était estompé d'un coup, et je ressentais presque de la joie d'être ici. Ces quelques secondes d'apnée sous-marine apaisaient mon esprit, je ne pouvais plus sentir autre chose que la légèreté de mon corps. Puis lorsque je compris que c'était le moment de remonter à la surface, je fis quelques brasses avant de retrouver les rayons du soleil.
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Après cette longue pose, on reprit la route pour terminer nos kilomètres restants. Le chemin jusqu'ici très large, était devenu peu à peu plus étroit et sillonné. On l'avait suivi pendant plusieurs heures avant qu'il nous conduise à une petite maison de campagne entourée de champs. Des buissons l'encerclaient, faisant office de petit muret et un portail de chêne permettait d'y pénétrer. Notre destination se trouvait là, juste devant nous, comme si elle nous attendait depuis des heures. Il n'y avait rien d'autre qui pouvait occuper nos esprits, tant le bonheur de cette maison y prenait place. Solène s'empressa de sonner la cloche accrochée au portail et une voix chantante s'écria : « Entrez ! »
Il y avait là deux ou trois adultes buvant un thé glacé au soleil, assis sur des transats. Malgré notre venue, tout le monde avait tranquillement continué sa conversation sans prêter attention aux deux étrangers que nous étions. Seule une dame se leva pour nous accueillir, le sourire aux lèvres :
" Bonjour ! S'exclama -t-elle poliment. "
Solène s'empressa tout de suite de répondre :
" Bonjour madame ! Je vous prie de nous excuser pour le dérangement, mais nous aurions besoin de votre aide.
-Bien sûr ! Que puis-je faire pour vous ?
- On nous a dit que non loin d'ici nous pourrions trouver un arbre généalogique, cela vous dit quelque chose ?
-Évidemment, évidemment ! Je vous attendais depuis des semaines, qu'est-ce qui vous a pris si longtemps ?! "
La femme nous conduisit dans un grand verger entouré d'un mur en ruine, puis avant de rejoindre ses amis, elle déclara :
" Seul votre cœur peut vous y conduire "
NDa = que va-t-il se passer ???
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