~43~
( Josef )
Insomnie totale cette nuit. Tous les scénarii ont défilé dans mon esprit. Il n’est pas question que je mette à mal Ivan. Mon voyage est dans deux semaines, cela me laisse, je pense, le temps nécessaire pour me renseigner sur Piotr. Est-il celui qui apparaît dans les carnets d'Irina ? Misha acceptera -t-il de me laisser découvrir ces passages afin de pouvoir m’assurer de la bonne foi de cet homme.
— Bonjour Misha. Comment vas-tu ?
— Josef ? Vu que c’est la première fois que tu m’appelles, je ne sais pas trop si je dois m’en réjouir ou m’en inquiéter.
— J’espère t’en réjouir. Je m’en veux suffisamment concernant la fuite d'Ivan pour commettre une nouvelle erreur. J’ai discuté en tête à tête avec Joachim. Si cela peut te rassurer, il m’a lui aussi...réprimandé.
— C’est très gênant de recevoir tes excuses. Encore plus par téléphone. Ne t’est-il pas possible de passer à la maison pour en discuter ?
— C’est ce que je voulais te proposer justement. Ce soir ?
— Je serais là vers 17 heures, est-ce que cela te convient ?
— Mira et Joachim sont là, je devrais pouvoir me libérer. Si jamais je ne peux pas, je te laisserai un message sur ton portable.
( Misha )
Je ne m’attendais pas à cette réaction. Ni de la part de Josef, ni de Joachim. L’un comme l’autre avaient un attachement particulier pour Irina. La fuite d'Ivan montre à quel point celui-ci est fragile. À l’heure prévue, Josef est à la porte. Il est le seul des trois à être déjà venu chez moi.
— Entre. Veux- tu un thé ou un café ?
— Un thé m’ira très bien. Et si cela ne te pose pas de problème, sur ta petite terrasse, j’ai une fois de plus repris la cigarette.
Il reste à mes côtés pendant que je prépare le plateau et me suit sans dire un mot.
— Allez, raconte ce qui te tracasse.
— J’ai l’impression que le Piotr d’Irina et le mien sont bien la même personne. Je dois le rencontrer dans deux semaines. Pour être assuré que ce soit lui, j’aimerai, si tu es d’accord, que tu me donnes des infos sur lui.
— Honnêtement, cela ne me pose aucun problème. Mais, en toute logique, il me faudrait l’autorisation d' Ivan.
— Et tu crains que cela provoque une nouvelle fuite ?
— Je ne pense pas, non. Mais, ces écrits sont ceux de sa sœur. D’accord, son souhait était que son frère les lise.
— Mais je ne suis pas son frère, conclut-il. Je comprends ton cheminement de pensée qui est tout en ton honneur.
— Je prends le risque. Cela lui donnera peut-être envie de revenir ici…
—Est-ce mon côté romantique qui entend un peu plus qu'un simple espoir dans ta voix ?
Instinctivement, je baisse la tête. Pourquoi suis-je si lisible pour les autres ?
La main fine de Josef accroche le bout de mon menton et me redresse doucement la tête. Ses yeux étudient mon visage. Au fur et à mesure que je prends des couleurs, il sourit.
— Je suis très heureux pour toi. Pour vous. Fait son numéro.
— Je vais jouer la prudence en contactant Rolf chez qui il est.
(Rolf )
Dès mon retour du travail, je l’ai remarqué . Ivan semble moins rentré sur lui-même. Rien que sa posture actuelle le signifie. Plus de genoux serrés l’un contre l’autre, plus les mains serrées. Mon canapé est utilisé comme il se doit de l’être, en position avachie.
— Je crois que je me suis un peu trop centré sur la lecture. Cela faisait un moment que je n’avais pas lu aussi longtemps.
— Comme tu as dû le constater, tu as l’embarras du choix. Alors ne te gêne pas surtout.
— Il me manque…
— En voici, une bonne nouvelle. Au point de désirer quitter mon splendide appartement ?
— Il est très bien ton appart. Mes peurs sont toujours là mais comment le protéger à distance ? Penses-tu que Misha supportera de m’avoir en garde du corps ?
—Je crois que l’idée de t’avoir à ses côtés lui plaira. Le mode garde du corps, tout dépend ! Peux-tu te servir de moi comme cobaye, je serais plus à même de te répondre !
Son sourire me fait plaisir, il va mieux. Rejoindre Misha me semble être une très bonne idée. Le bip caractéristique d'un message reçu interrompt mes pensées.
Misha. [Comment va Ivan ?]
Je tends le bras, écran bien visible devant les yeux d’Ivan.
— Peut-être pourrais-tu lui répondre toi-même ?
— Tu crois ?
— Ne fais pas l’idiot, Ivan. Tu meurs d’envie de le rejoindre et lui a besoin de savoir comment tu te sens. Cela ne me dérange pas de servir d’intermédiaire mais à un moment cela risque de devenir gênant, tu ne penses pas ?
— Tu ne peux pas t'empêcher de blaguer, hein ?
— Nuance. Je mets toute mon énergie en place pour te convaincre.
Son hochement de tête, déterminé, me donne le signal.
[-On arrive ]
La détermination d’Ivan ne flanche pas. En quelques minutes, il a enfilé ses chaussures, revêtu son blouson. Le trajet est court. Ma moto à peine garée, il semble un peu plus hésitant. L’ouverture de la porte d'entrée nous surprend tous les deux mais le fait réagir. Quelques pas lui suffisent pour rejoindre Misha. Personnellement, je prends mon temps. Pas question de les empêcher de faire quoique ce soit.
(Ivan)
L’idée de me retrouver face à lui, me coupe les jambes. Quelle attitude dois-je prendre après ce que j’ai fait ? Ses bras qui entourent ma taille me rassurent. Aucun mot n’arrive à sortir de ma bouche, la chaleur de son corps collé au mien me convient tout à fait.
— Ne me refais plus jamais cela, chuchote-t-il près de mon oreille.
— Je ne le ferais plus. J’avais pris la décision de rentrer avant que Rolf ne me montre ton message.
— Parfait. Entrons et ne fuis pas. Josef est là. Il a pas mal de choses à te dire et je crois que tu devrais l’écouter.
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