~37~
(Ivan )
Après ma conversation avec Rolf, toute envie de dormir avait disparu. Celle de boire germait plutôt puissamment mais je n’avais rien pour l'assécher. Aller dans la cuisine pouvait être risqué mais c’est pourtant l’option que j’avais suivie.
Le frigidaire contenait suffisamment de choix pour m'éviter d’aller fouiner dans la cave à vin. Le verre offert par Misha, tout droit sorti de la cave parentale était largement au-dessus de ce que j’engloutissais habituellement pour me déchirer quand le besoin devenait puissant. Rien de ce que je souhaitais pour l'instant.
Mon esprit était focalisé sur un sujet et cela n’augurait rien de très bon pour la prochaine nuit. Chez moi, j’aurais opté pour une promenade nocturne. Ici, aucun repère, aucun moyen de gérer un quelconque souci dû à un mauvais choix. Mettre à mal Misha ou sa famille était hors de question. Mon esprit avait bien proposé une option mais je l’avais immédiatement rejetée. Bien entendu, Sam aurait réussi, comme à chaque fois, à faire redescendre mon angoisse. Mais je ne pense pas que j'aurais été en capacité de lui exprimer ce qui me troublait.
Son odeur vient percuter mes sens. Comment en suis-je arrivé là ? Pas un bruit, ou plutôt si, le son à peine perceptible de sa respiration. Et cette sensation, incroyablement sexy, que son regard détaille chaque muscle de mon dos et plus encore. Avons-nous eu tout faux, Rolf et moi, dans nos déductions ? Aucune importance, à l’instant, mon seul souhait est de découvrir ses expressions faciales.
Ma question a pour but de le faire réagir mais rien ne se produit. Mon corps se met en mouvement sans que j’ai l’impression d'y être pour quelque chose. Face à moi, il est là comme tétanisé, ses yeux fermés. Impossible de réfréner l’envie de le toucher. Mes doigts glissent sur ses joues à peine ombrées. Il ne s’oppose à aucun de mes mouvements. Ses lèvres délicatement ourlées m’attirent, elles aussi.
— Il est encore temps de me stopper, chuchoté-je.
Ses paupières se soulèvent. Aucun recul pour se détacher de moi, bien au contraire. Il ne me quitte pas du regard, et son sourire me donne l’accord que j’espérais.
Mes lèvres goûtent tout doucement les siennes. Je savoure l’instant, rien ne presse. Sa main vient se poser sur ma nuque, et ses doigts jouent avec mes cheveux. Sa langue vient titiller la mienne et je lui réponds d'un grognement en renforçant ma prise sur ses hanches. Je le laisse mener la danse, son rythme lent mais gourmand me convient. Le peu de relations que j’ai eu étaient plus souvent axées sur le sexe rapide que sur des bisous. Pourtant, le découvrir ainsi dans cette forme de tendresse me convient parfaitement. Sa main quitte mes cheveux et, aidée par l’autre, s’attaque aux boutons de ma chemise. Empressé d’arriver à ses fins, il grogne.
— Ne les arrache pas, je n’ai que celle-ci, dis-je en continuant le travail à sa place.
Je ne le quitte pas des yeux, curieux de découvrir sa réaction. Sa bouche ouverte de surprise , il tend un doigt et s’arrête…
— Je peux, chuchote-t-il ?
Je redoutais un rejet de sa part. Le peu que j’ai aperçu de sa peau est tout autant vierge de tatouages que de cicatrices. Les yeux noirs d'Irina traversent ma poitrine. Elle est le seul souvenir que je veux conserver de mon pays. Sa main attrape mon poignet et il me tire derrière lui sans un mot. Ce choix me convient tout à fait, j'aime les initiatives que se permet ce Misha.
En effet, sa chambre est très grande, mais le propriétaire ne semble pas d’humeur à me la faire visiter. Immobile face à moi, Misha ne regarde plus que ses pieds. Mes doigts lui soulèvent le menton et mon autre main le rapproche de moi.
— Ne fais pas marche- arrière.
—Je ne voulais pas…
— Me déshabiller dans la salle ? proposé-je afin de provoquer un sourire. Cette pièce me convient tout autant.
Malgré le peu de distance entre lui et mon torse nu, il reste silencieux. Ai-je été trop entreprenant ? Au point de lui faire peur ? À chacune de ses respirations, un souffle atteint ma poitrine m'offrant une sensation divine. Aucune réaction à ma remarque qui se voulait drôle. Au risque de me faire jeter, je reprends les commandes. Un regard autour de moi m’offre une possibilité pour éviter qu'il se bloque. Je l’entraîne vers le canapé sans aucune réticence de sa part.
— Il n’y a aucune obligation à continuer quoi que ce soit. Nous pouvons même retourner dans la salle. Sentir que tu me matais a provoqué cette réaction. Cela aurait été le cas pour n’importe qui…
Sa moue me fait sourire. Je ne suis pas très doué avec les mots.
— Je ne fais pas cela tous les jours non plus. C’est même la première fois. Tes mots, ta façon de me provoquer, cela a déclenché...tout cela.
— Ne va surtout pas le regretter. Nous pouvons en parler, oublier ou … continuer.
— Je ne suis pas certain de savoir quoi faire…
— Je crois que ton instinct va te souffler les gestes. Je n’ai pas non plus beaucoup d’expériences à mon actif mais nous nous sommes pas trop mal débrouillés, non. Tes doigts sur ma nuque, ton empressement à ôter ma chemise, cela m’a plu. Si les yeux d’Irina te perturbent, je peux remettre ma chemise.
—J’ai été plus surpris que choqué. Avoue que ce n’est pas banal de faire tatouer le regard de sa sœur sur sa poitrine.
— Mon ami, Aslan, disait que l'on aurait pu passer pour des faux jumeaux.
— As-tu essayé de le contacter ?
— Aslan ? Non. Imagine que recevoir des informations sur moi entraîne des représailles.
— Et si c’était l’inverse ? Que savoir ce que vous êtes devenus soit important pour lui ?
— Pourquoi dis- tu cela ?
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