7 - Duo de choc
Owen se réveilla le dimanche matin très tôt. Il n'avait pas mit de réveil, mais son métabolisme s'était habitué à s'éveiller tôt, même sans alarme. Ne sentant plus son bras droit, il posa les yeux sur William, entièrement nu dans ses draps. Durant la nuit, ils avaient changé de position pour se mettre en cuillère, Owen faisant la grande, son bras reposant sous la tête de William.
Se doutant qu'il était tôt, il se dégagea doucement de l'étreinte du plus jeune pour sortir du lit. Il retrouva son sous-vêtement en cherchant un peu. Il essuya son torse, couvert de la semence sèche de William, datant d'hier. Il retrouva aussi son téléphone, et il fut soulagé de voir qu'il n'y avait eu aucune urgence pour lui, seulement quelques messages de Juliet et Katryn. Voyant qu'il était effectivement tôt, il renonça à réveiller William, enfila son boxer et il se contenta d'observer le plus jeune dormir, assit au coin du lit. C'était l'une des rares fois où il ne souhaitait pas aller courir de bon matin. Il avait juste envie de flâner au lit.
Une heure plus tard, alors qu'il était occupé à trouver un moyen de connaitre le lieu de réunion des Hiboux, il entendit du bruit venant du salon. Il tendit l'oreille, pour être sûr de ne pas avoir rêvé. Mais si, il entendait bel et bien des bruit de pas venant de l'autre pièce. Qui que ce soit, il n'était pas très discret, mais William semblait être encore plongé dans un profond sommeil. Owen se leva, attrapa au cas où son arme de service qu'il avait amené avec lui (il ne parvenait pas à s'en séparer), et il ouvrit silencieusement la porte de la chambre.
Il marcha à pas feutrés dans le couloir, et tendis l'oreille. Il entendait toujours quelqu'un marcher bruyamment dans la salle à manger. Owen s'avança jusqu'à la pièce principale, où il se retrouva face à une jeune femme de dos, joliment habillée. Comprenant qu'il n'y avait pas grand chose à craindre, il baissa son arme et s'apprêta à faire demi-tour quand la jeune femme se retourna, une tasse à la main, face à Owen.
Elle hurla et fit tomber sa tasse par terre avant qu'il ait pu dire la moindre parole, et elle mit la main sur son cœur. Ses cheveux étaient noirs et elle ressemblait beaucoup trop à William.
« Qui êtes-vous et qu'est-ce que vous faites ici ?!
Son regard se porta sur l'arme de service d'Owen.
— Oh bordel, c'est une vraie ?
Elle attrapa rapidement un couteau de cuisine et elle le brandit en face d'elle, pour se défendre.
— Où est William ?! hurla-t-elle, William ?! William !
— Eh, du calme, incita Owen, il est en train de...
— William ! hurla-t-elle encore plus fort.
Elle s'avança en courant vers Owen, couteau pointé sur lui. Owen se mit en posture défensive (il ne pouvait décidément pas utiliser son arme sur une civil sans être sûr de ne pas pouvoir la maitriser avec ses mains), mais il vit du coin de l'œil William, en caleçon, se précipiter sur la jeune femme, retenant la main qui tenait le couteau.
— William ! s'écria la jeune femme, tu n'as rien ?!
Elle posa le couteau pour examiner William sous tout les angles. Elle stoppa tout mouvements quand elle vit les traces de suçon qui recouvraient des parties du corps de William, certaines à des endroits plus outrageants que d'autres. Son teint rosit et elle regarda Owen.
— Euh, désolé, j'ai pas comprit tout de suite qui vous étiez...
— Je n'ai rien, c'est bon ! Et d'abord, qu'est-ce que tu fais là ? Tu étais censée rentrer ce soir au plus tôt. Il est sept heures du matin !
— Oh, t'es chié quand même ! Dit tout de suite que tu n'as pas envie de me voir, ça ira plus vite !
Owen observa William se disputer avec la jeune femme, en retrait. Ils faisaient exactement la même taille, ils avaient la même corpulence et les même traits du visage.
— Owen, je suis vraiment désolé, ma sœur ne devait pas rentrer avant ce soir, mais son train a été annulé. Elle a du prendre le précédent.
La sœur de William regarda tour à tour son frère et Owen. Un énorme sourire se dessina sur son visage.
— Eh, mais c'est pas...
— Owen, cria William en coupant sa sœur, je te présente ma sœur jumelle, Elizabeth. Elizabeth, je te présente le fameux Owen.
— Tu as déjà parlé de moi ?
— Si tu savais, rigola Elizabeth, ça fait vingt-trois ans que je vis avec mon frère, on se dit tout. »
Owen regarda William, qui baissa immédiatement les yeux par terre. Owen s'excusa auprès d'Elizabeth, attrapa William par le bras, il le traina dans sa chambre et il referma la porte.
« Vingt-trois ans ? demanda Owen en chuchotant, pour ne pas alerter Elizabeth.
William soupira et s'assit sur le matelas. Il s'ébouriffât les cheveux avant de regarder Owen. Ce dernier avait les bras croisés et il était adossé à la porte. Son regard lançait des éclairs.
— Je croyais que tu en avais vingt-cinq. Est-ce qu'il y a autre chose que je vais découvrir ? Pourquoi tu m'as menti sur ton âge ?
— Parce que... Pour pleins de raisons...
— Lesquelles ?
— J'avais vraiment peur que tu me trouves trop jeune et que tu ne veuilles rien faire avec moi. J'avais peur que tu me trouves immature. Alors j'ai essayé de me rajouter quelques années de plus, pour que tu n'aies pas peur d'une trop grande différence d'âge. Et ça a marché, et j'étais content. Je comptais te le dire, vraiment. Mais tout s'est enchainé trop vite. J'étais vraiment heureux de pouvoir travailler avec toi. J'ai adoré tout ce qu'on a fait ensemble, et encore, on n'a pas fait grand chose, mais je me suis retrouvé coincé. Et malgré tout, je me disais qu'au fond, deux ans de plus ou de moins, ça ne faisait pas beaucoup de différence. Excuse-moi de t'avoir menti. Ça ne se reproduira plus.
— Tu me caches quoi d'autre ? demanda Owen, toujours adossé à la porte.
— On est trois à vivre ici, ajouta William, il y a ma sœur et moi, et notre meilleure amie, Rose. Normalement, elles n'étaient supposées rentrer que ce soir.
— Tu es vraiment ici pour un stage en journalisme ?
— Oui.
— Vingt-trois ans, murmura Owen en se frottant le visage.
— S'il te plait, ne me sors pas que je suis trop jeune pour toi. C'est la pire chose que tu puisses me dire.
— Je rentrais au lycée quand tu entrais à la maternelle. Il y a plus d'une décennie entre nous.
William se leva brusquement du matelas et parcouru rapidement la distance qui le séparait d'Owen. Il le força à le regarder dans les yeux.
— Owen. Je ne suis plus un enfant, et ce depuis très longtemps. N'ose même pas me regarder comme si je n'étais qu'un gosse. Je n'ai pas envie que tu aies peur de moi, parce que je suis plus jeune. S'il te plait.
William le serra dans ses bras, cachant son visage sur son torse. Il restèrent comme ça plusieurs minutes qui parurent des heures à William, avant qu'Owen ne prenne enfin la parole.
— Je vais y réfléchir, d'accord ? dit-il doucement à William en se dégageant de ses bras.
William le regarda avec un air de chien battu.
— Ne fais pas cette tête-là avec moi, ça ne marche pas.
Owen commença à se rhabiller, cherchant ses affaires éparpillées un peu partout dans la pièce, sous le regard triste de William. Quand il fut prêt, William et lui se regardèrent dans les yeux sans bouger.
— S'il te plait Owen, ne m'en veut pas. J'avais peur, ok ?
Owen soupira. Il glissa une main dans les cheveux de William, qui en profita pour se coller contre son torse.
— Essaye de passer au poste dans la semaine, d'accord ? Je dois trouver le lieu du rendez-vous pour Halloween.
— Tu n'es plus fâché ? demanda William avec espoir.
— Bien sûr que si, je suis encore en colère. Mais je suis inspecteur. Je l'aurai forcément découvert tôt ou tard. Et crois-moi, mieux vaut tôt que tard.
William arrêta de serrer Owen dans ses bras et ils se mirent face-à-face.
— À bientôt, du coup ? demanda William.
— À la semaine prochaine. Arrange-toi pour passer d'accord ? Je t'appelle si j'ai des nouvelles pour le lieu de rendez-vous. Et hésite pas à faire de même, si tu penses à quelque chose.
— Je peux quand même te contacter pour autre chose ? hasarda William.
— Non, répondit fermement Owen.
William soupira et ils sortirent de la chambre. Owen salua la sœur de William avant que ce dernier ne le raccompagne jusqu'à la porte.
— Je peux au moins avoir un baiser ? quémanda William.
Owen soupira. Il pencha son visage vers celui de William et déposa ses lèvres sur les siennes. Ils fermèrent leurs yeux quelques secondes avant de rompre le baiser. Owen sortit ensuite de l'appartement. William soupira et il se tourna vers sa sœur.
— Tu pouvais vraiment pas la fermer ?
— Oh ça va, désolé ! »
———————
Le milieu de la semaine arriva rapidement. Les jolies traces de suçons n'avaient malheureusement pas échappé aux regards aguerri de Juliet et Katryn. Elles avaient passé deux jours entiers à gentiment se moquer de lui, espérant savoir qui était la personne.
En attendant, ils avaient réussi à identifier la dealeuse éventrée. Elle ne vivait pas dans le pays, et contacter le peu de famille qu'il lui restait s'était avéré plutôt dur. C'était sa nièce qui avait du venir identifier sa tante. Les mêmes questions avaient suivi l'interrogatoire ; quand est-ce qu'elle avait vu sa tante pour la dernière fois ? Savait-elle quelque chose à propos du Parlement ? À propos du sang bleu ? La nièce ne savait rien. Ni sur le Parlement, ni sur le sang bleu, ni sur Halloween. Owen remercia la nièce avant de retourner à son bureau.
Une masse de cheveux noirs ébouriffés l'attendait patiemment, regardant son fil d'actualité. Owen soupira avant de revenir à son bureau, et il posa doucement sa main sur l'épaule de William.
« Qu'est-ce que tu fiches ici ? demanda Owen.
— Bonjour Monsieur Holman, répondit-il poliment.
— Suis-moi.
Ils marchèrent jusqu'à une salle d'interrogatoire vide, et Owen referma la porte derrière eux.
— Désolé, mais la secrétaire n'a pas arrêté de me poser des questions.
Owen leva les yeux au ciel. Du Katryn tout craché.
— Qu'est-ce que tu voulais ? demanda Owen à William.
— C'était à propos du lieu de rendez-vous, je crois que j'ai trouvé quelque chose...
Owen s'assit en face de lui.
— Je suis allé voir un dealer, lundi soir, et je lui ai demandé s'il savait quelque chose à propos d'Halloween. Il m'a vendu du sang bleu, et en échange d'un peu d'argent de poche...
— Tu as acheté du sang bleu ?!
— Eh, calme-toi, je l'ai acheté, pas consommé ! Enfin bref. Il savait quelque chose, et il m'a dit d'aller du côté de l'amandier... Mais je ne sais pas ce que ça veut dire.
Owen fouilla dans sa mémoire. Puis cela lui sauta comme une évidence.
— C'est un bateau ! Ça fait des années qu'il est au port, et certaines personnes l'utilisent comme lieu d'évènements !
— Mais c'est trop simple alors ! Y'a juste à trouver le propriétaire du bateau et c'est plié, l'affaire est réglée !
— Le bateau appartient à la ville. C'est trop vaste, comme piste. Tout le monde l'utilise. C'est comme un hôtel, tout le monde peut rentrer.
William baissa les épaules.
— Eh, fait pas cette tête-là, c'est une grosse piste ! Tu croyais quoi ? Que ça allait se faire en deux jours ?
— Il faut qu'on aille sur ce bateau, non ? demanda William, ça serait top pour mon article, ajouta-t-il avec un petit sourire.
Owen resta silencieux quelques secondes.
— Hors de question que je laisse un civil aller tout seul dans un nid de dealer.
William sourit de façon angélique.
— Je savais que tu allais accepter ! dit-il à Owen.
Il leva la main.
— Tope là ! dit-il avec entrain.
Owen arqua un sourcil avant de poser sa main sur celle que William lui tendait.
— Super ! Tu vas voir, ça va être fun Halloween cette année !
— Ouais, super ! répondit-il avec ironie, donne-moi le sang bleu qu'on t'a vendu d'abord. Et non, je ne vais pas te rembourser. »
William lui fit une moue adorable avant de tendre le sang bleu à Owen. Il lui caressa les cheveux avant qu'ils ne sortent de la pièce.
———————
William, petit cachotier...
♥︎
— Nano.
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