5 - Impliqué
William était resté éveillé toute la nuit. Quand il était rentré chez lui, la veille, il avait verrouillé sa porte d'entrée, ainsi que toutes les ouvertures possibles et imaginable, et même les conduits d'aération. Il avait coincé une chaise contre sa porte, et il avait attendu que le jour se lève. Il avait ensuite avalé quelque chose de consistant sans vraiment d'entrain, il s'était préparé rapidement puis il était partit, en vérifiant deux fois que sa porte était bien fermée à clé.
Il avait essayé d'appeler Owen, mais il était tombé sur sa messagerie. Il n'avait pas prit la peine de lui laisser un message et il avait marché machinalement jusqu'à la ruelle où il avait trouvé la femme éventrée. La ruelle était désormais entourée de voiture de policiers, et tout avait été balisé. Il ne fut presque pas surprit. En y repensant, il se sentait horriblement coupable de ne pas avoir appelé la police, lui aussi. Il se contenta de regarder la scène de loin, sur le trottoir d'en face.
William reconnu sans peine la carrure d'Owen, vêtu de son long manteau noir, cigarette à la bouche. Il venait de ressortir de la ruelle et il discutait avec un autre officier. Il hochait la tête, visiblement peu intéressé par ce qu'on lui disait. Son regard voyagea de gauche à droite, jusqu'à tomber dans les yeux de William. Son regard changea et il fronça ses sourcils. Il échangea quelques mots avec l'officier avant de traverser la route.
« Qu'est-ce que tu fiches ici ? demanda-t-il à William.
William désigna la ruelle d'un geste de la main.
— Tu as vu quelque chose ? Tu as vu quelque chose. Qu'est-ce que tu as vu ? lui demanda-t-il en le prenant par les épaules, je t'amène au poste, viens.
William posa une main par dessus la sienne.
— Il y a un sac rempli de sang bleu deux rues plus loin et elle m'a demandé de le cacher.
Owen écarquilla les yeux.
— Ok, je vais demander à des hommes de s'en charger. Suis-moi, je t'amène. »
Owen amena William à sa voiture. Il referma la portière, demanda à un officier d'aller vérifier la rue en question, puis il monta à son tour et ils roulèrent ensemble dans le silence.
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Il n'y avait pas grand monde dans les bureaux parce que c'était en plein dans le week-end. Seuls deux ou trois autres inspecteurs étaient occupés à faire de la paperasse, et ils remarquèrent à peine Owen faire assoir William à son bureau, avant de revenir quelques minutes plus tard avec un café à la main. Il le tendit à William, qui l'attrapa en lui offrant un petit sourire. Owen s'assit à son tour et il le regarda terminer sa boisson.
« Est-ce que ça va mieux ? Comment tu te sens ?
— Ça va mieux, merci. Je manque juste de sommeil, c'est tout.
— Tu peux me raconter ? Prend ton temps. »
William hocha la tête et lui raconta tout ce qu'il s'était passé lorsqu'ils s'étaient quittés la veille. Il se rappelait de tout et il donna le plus de détails possible à Owen, qui prenait tout en note sur son calepin. Il remarquait que ses mains tremblaient et qu'il portait les vêtements de la veille. Il avait juste rajouté une veste noire en plus.
Il termina de raconter et il regarda Owen. Ce dernier referma son calepin qu'il remit dans sa poche de manteau. Il reçu alors un appel sur son téléphone. Il se leva, caressa distraitement les cheveux de William et il s'éloigna pour répondre.
William regarda le bureau d'Owen. Il était relativement bien rangé, s'il excluait la pile de dossier à terminer. Il n'y avait aucune photo, aucune personnalisation sur ses affaires, contrairement à celui juste à côté. Il se permit de s'assoir sur sa chaise de bureau et il s'imagina à sa place, arrivant le matin. Owen était le genre de personne à être toujours à l'heure, jamais en retard. Il ouvrit un tiroir au hasard, où il trouva multitudes de lettres, qui portait plus ou moins le même message, plaidant Owen comme étant le meilleur inspecteur de la région. Sentant que c'était plutôt personnel, il referma le tiroir.
L'inspecteur revint quelques minutes après, le sac rempli de sang bleu dans les main.
« Tu peux me suivre, s'il te plait ? demanda Owen à William.
Il se leva, et suivit Owen dans une salle d'interrogatoire. Owen l'invita à s'assoir sur une chaise et il s'assit en face de lui, posant le sac sur la table.
— C'est bien de ce sac dont tu parlais ?
— Oui.
— Et tu n'y a pas touché ?
— Non.
— L'équipe de démineurs l'ont vérifié, ce n'est pas une bombe. Ils l'ont ouvert juste après. Tu sais ce qu'il y avait dedans ?
— Du sang bleu, répondit William.
— Ouais. Et un mémo aussi.
— Il disait quoi ? J'ai le droit de savoir ?
— Juste une heure et une date. Tu avais besoin d'un article ? Écoute-moi bien alors. Si tu fais un article qui dépeint une organisation peu scrupuleuse qui m'aidera à avancer dans cette affaire, je te dis tout, et on travaille ensemble. Par contre, ça veut dire que tu vas devoir prendre des risques. Parce qu'un civil dans une affaire comme ça, c'est dangereux. Mais je pense que si tu fais un article crédible, ça aura des répercussions sur le Parlement. Je veux que tu prennes le temps de réfléchir à ma proposition. Ça te met en danger, et ce n'est pas quelque chose que je fais normalement. »
William se plongea dans ses pensées.
« Faire un article qui sauve mon stage et qui lance ma carrière qui n'est pas encore existante, démanteler une organisation louche, plus travailler avec lui... »
« D'accord. Ok, je veux travailler avec toi.
Owen fronça les sourcils.
— Tu es sûr d'avoir réfléchi suffisamment ? lui demanda-t-il.
— Ouais, répondit-il en lui souriant timidement, alors ce mémo ? C'est quoi l'heure ? Quelle date ?
Owen soupira.
— Halloween, vingt-deux heures.
— C'est dans une semaine et demie ! Et le lieu ?
Owen haussa les épaules. William les baissa.
— J'imagine que ça fait un début de piste, non ? dit-il à Owen, et puis, c'est pas comme si on avait un sac rempli de sang bleu.
— Il faut que j'aille à la morgue identifier la femme de ce matin, et il est hors de question que tu viennes voir ça avec moi. Je vais te raccompagner.
Le sourire de William disparut. Il hocha la tête et ils sortirent de la pièce. Owen donna le sac rempli de sang bleu aux archives et il s'assura qu'il soit bien sous scellé avant de repartir vers sa voiture. William lui donna son adresse et ils roulèrent ensemble en discutant. C'était surtout William qui parlait. Ils arrivèrent finalement devant l'immeuble de William.
« Merci de m'avoir ramené, dit-il en souriant.
— Tu n'es pas obligé de te forcer à sourire. Je sais que tu viens de vivre quelque chose de pas très joyeux. C'est pour ça que je ne veux pas collaborer avec toi si ça ne vient pas de ton plein gré.
William arrêta de sourire et il posa sa tête sur l'épaule d'Owen. Ce dernier ne releva pas et, tout en soupirant, il passa un bras autour de ses épaules.
— Tu peux revenir sur ta décision. Prends ton temps.
— D'accord, j'y réfléchirais.
Owen lui caressa les cheveux.
— Est-ce que tu... Tu voudrais qu'on se voit ce soir ? proposa William, je peux faire à manger, ou alors je peux...
Owen sourit.
— Ça marche. On pourra revenir sur ta décision comme ça.
— Merci.
— Aller, va dormir maintenant. »
William sourit avant de sortir de la voiture. Owen le regarda rentrer dans son immeuble avant de repartir pour la morgue.
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William, maître dans le domaine de prendre des décisions beaucoup trop rapidement.
♥︎
— Nano.
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