21 - L'hôpital
« Mais comment est-ce que vous avez pu laisser passer ça ?! tonna Owen au pauvre interlocuteur.
Il était très tard dans la nuit, et Owen était sortit sur son balcon pour prendre l'appel sans réveiller William qui dormait dans son lit.
— Nous sommes vraiment désolé, s'excusa un officier au téléphone, mais ne vous inquiétez pas, elle est vivante. Nous vous avons contacté dès que nous l'avons pu...
— Elle était sous votre responsabilité et elle se retrouve avec une balle dans le bide ! continua-t-il à crier, comment est-ce que je suis supposé ne pas m'inquiéter ?! Vous avez commit une faute professionnelle grave ! Ne vous étonnez pas si je vous colle à la circulation pendant les dix prochaines années !
L'officier bredouilla encore quelques excuses avant de donner l'adresse de l'hôpital dans lequel était opéré Carine. Owen raccrocha avec amertume avant de prévenir Juliet, qui lui indiqua qu'elle se rendait sur place sur-le-champs.
Owen retourna dans sa chambre pour s'habiller plus convenablement. William émit un cri de protestation quand Owen passa près de lui.
— Tu vas où ? murmura-t-il, perdu dans les draps.
Owen se rapprocha de lui avant de s'agenouiller devant lui.
— William, il y a eu un énorme problème avec l'enquête et Carine est en salle d'opération. Je dois me rendre à l'appart pour faire un constat ; s'il te plaît William, reste ici et rendors-toi, dit-il au plus jeune.
— Quoi ? Mais je...
— Ne quitte pas l'appartement, d'accord ? À tout à l'heure.
Owen l'embrassa rapidement avant de quitter la pièce. William entendit la porte de l'appartement claquer et il se retrouva dans un silence pesant, enroulé dans les draps.
— Non mais t'es pas mon père, râla-t-il en sortant du lit. »
———————
Owen fit de grandes enjambées pour éviter les débris de verre un peu partout. Il soupira en apercevant la grosse tache rouge foncée par terre. Des petits panneaux jaunes numérotés étaient disposés un peu partout dans la pièce, recouvrant le moindre objet suspect ; notamment la splendide plume de chouette. Owen traversa la pièce et s'approcha de la fenêtre. Carine n'avait pas de balcon, mais la fenêtre depuis laquelle on avait tiré donnait sur l'escalier de secours.
Il regarda en face. L'appartement en vis-à-vis avait déjà été fouillé. Il était vide et inoccupé, mais des officiers avaient repéré des traces de pas dans la poussière, qu'ils s'étaient empressé de prendre en photo. Owen écrit sur son calepin qu'il allait devoir regarder des heures de vidéos surveillance pour savoir qui était entré dans le bâtiment. Il soupira en y pensant.
Owen se tourna vers les deux officiers qui avaient balisé toute la zone. Il les remercia et il partit en direction de l'hôpital. Juliet était déjà au courant, il l'avait prévenu en chemin.
Il gara sa voiture et il se rendit à l'accueil.
« Bonsoir Madame, je suis l'inspecteur Holman du NYPD et j'aimerai voir le témoin sous protection qui s'est prit une balle dans le ventre.
— Bonsoir, deuxième étage, chambre 232. L'opération est terminé et elle est en train de se réveiller ; ne la brusquez pas à son réveil. Il y a deux officiers devant la porte.
— Merci. Est-ce que l'inspecteur Evrard est là ?
— Oui, elle est là. »
Lorsque Owen arriva devant la chambre, il y trouva Juliet et les gardes. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque ses yeux se posèrent sur la tignasse brune de William. Il était en pleine discussion avec Juliet. Lorsque leurs regards se croisèrent, ils écarquillèrent tout les deux les yeux. L'un avec un air mécontent et l'autre avec un regard apeuré.
« Je croyais t'avoir dit de rester à l'appart, murmura Owen à William.
— Je sais, mais je voulais savoir si Juliet avait besoin d'aide.
Un docteur les salua avant de passer la porte sous le regard des officiers.
— Vous voulez un truc à manger ? demanda Juliet.
Les deux hommes acquiescèrent. Ils se levèrent tout les trois. À mi-chemin, William se rendit compte qu'il avait oublié son téléphone. Ils s'excusa auprès des deux autres et il se précipita dans les couloirs pour aller le récupérer. Sacrée génération, qui ne pouvait se passer de cet objet. Il ne fit pas attention où il allait une fois son précieux objet en main, car il buta sur quelqu'un. Ce quelqu'un était un docteur en blouse blanche avec un masque médical sur le bas du visage.
— Excusez-moi, bredouilla William.
— Pas de mal, jeune homme, répondit le médecin. »
William reprit sa route, sous le regard du médecin.
Ledit médecin qui salua poliment les deux officiers, montra son badge et il referma doucement la porte derrière lui. Sur le lit était étendue Carine, entouré de machine. Son pouls était régulier, il voyait le draps qui la recouvrait se soulever lentement, au rythme de sa respiration. Le médecin s'approcha à pas de loup.
Il tendit un de ses doigts ganté pour l'enrouler autour d'une mèche de cheveux.
« Jenny, Jenny, jolie Jenny écoute-moi. Jenny, Jenny, jolie Jenny réveille-toi, fredonna le médecin.
Il lui caressa ensuite la joue, redessina sa mâchoire avec son doigt. Il voyait les yeux de Carine remuer sous ses paupières. Son réveil était proche.
Il patienta quelques minutes encore, le temps de mettre l'oxymètre de pouls que portait Carine sur son doigt. Son pouls à lui était relativement calme. Enfin, Carine ouvrit les yeux en papillonnant, un peu perdue. Lorsque son regard tomba sur celui du médecin, ses yeux s'ouvrirent en grand et elle ouvrit la bouche pour prendre une inspiration avant que le médecin ne lui plaque violemment sa main sur la bouche.
— Bonjour Jenny, murmura le médecin, comment tu te portes ? C'est dommage que l'hibou ai raté son coup, pas vrai ?
Il entendit Carine grogner sous sa main.
— Ta mort aurait été si simple, pourtant. On va faire de toi un martyr, alors que tu aurais pu vivre.
Il arrêta de parler, et il sembla réfléchir.
— Je vais te faire un cadeau avant de te tuer. Comme ça, tu ne partiras pas sans trop de regret. »
Carine se demanda comment il faisait pour être aussi calme dans un moment pareil. Mais ses yeux grandirent lorsqu'elle vit le médecin porter une main à son masque.
Pour la première fois, le Grand Duc montra son visage à une subordonnée. Il la laissa contempler son visage quelques instants où il regarda la dans les yeux.
Puis la main du Grand Duc lui couvrit la bouche et le nez, et il appuya avec force sur son visage. Carine ne chercha même pas à se défendre. Elle se contenta de regarder son tueur dans les yeux, et elle attendit patiemment que la mort vienne à elle.
——————
« Owen ! cria William en se précipitant à la table où ils s'étaient installés, Owen !
— Ne crie pas, nous sommes dans un hôpital... soupira Owen.
— Owen, y'avait un type avec des yeux verrons... C'était un médecin donc ça ne veut rien dire, mais il avait les yeux verrons...
Owen digéra l'information en une seconde avant de se lever brusquement de la chaise sur laquelle il s'était assit, créant un raclement atroce qui lui attira la foudre des autres personnes. Mais il s'en fichait, il était déjà loin dans les couloirs.
Il monta les escaliers quatre à quatre, suivit sur les talons de Juliet et distancés de William. Owen arriva devant les deux gardes. Il les bouscula pour entrer dans la chambre, mais les yeux grands ouverts de Carine n'avait fait que renforcer sa pensée. Il empêcha William d'entrer dans la chambre, voir un cadavre lui avait amplement suffit.
— Où est le médecin ?! demanda-t-il en criant.
— Partit par là, pourquoi ? demanda un officier.
Owen ne répondit pas et il courut dans la direction indiquée.
— Owen attend ! cria William derrière lui.
Owen pila, se retourna, attrapa William pour le stopper dans sa course. Il prit son visage en coupe et pour la première fois qu'il le connaissait, Owen afficha un air inquiet.
— Non, non, non, William, s'il te plait, tu restes ici, je t'en supplie ! Ce type est dangereux ! Ne rentre pas dans la chambre de Carine, ne prévient personne, et si tu veux rentrer, tu demandes à Juliet, d'accord ? Mais surtout, ne bouge pas ! Si jamais il t'arrivait quelque chose, je... Je... »
Il le regarda dans les yeux une seconde avant de l'embrasser. Puis il reprit sa course. Il aperçu la porte de l'escalier se refermer. Il donna un coup de pied dedans et il s'engagea dans les escaliers.
« Hé ! hurla-t-il à l'homme qui descendait les escaliers.
Il l'identifia en deux secondes. Masque de chirurgien et yeux verrons. Owen le fusilla du regard tandis que le Grand Duc sembla sourire sous son masque. Il continua à descendre les escaliers, suivit de près par Owen.
Leur course se termina dans le parking sous-terrain, où chaque pas résonnait en un écho immense. Owen arrêta de marcher pour écouter autour de lui, puis il se décida à sortir son arme de service.
À force de tendre l'oreille, il entendait des bruits partout autour de lui. Une goutte d'eau qui tombe, une porte au loin qui claque, quelques crissements de pneus lointain.
Owen marcha entre les voitures, dans le silence le plus total. Il tendait tellement l'oreille qu'il en était venu à entendre ses propres battements de cœur, tant son rythme cardiaque était élevé. Il entendit des bruits de pas sur sa droite.
Il tourna la tête, pour voir une femme avancer vers sa voiture. Quand elle vit Owen, elle leva les mains. Owen lui signe de partir prestement d'un bref signe de tête et il continua à avancer.
C'est alors qu'il entendit des bruits de pas derrière lui. Il se retourna pour voir le faux médecin brandir un morceau de tuyau. Il l'esquiva de justesse, mais il reçu un violent coup à l'épaule, qui lui fit lâcher son arme. Elle glissa hors de sa portée.
— Alors comme ça, c'est toi qui enquête sur ma famille ? demanda l'homme au masque.
Owen recula, sans lâcher l'homme des yeux, qui se prépara à lui donner un autre coup. Il réussit à le parer et faire tomber son arme de fortune, mais cela ne sembla pas inquiéter son adversaire, bien au contraire.
— Voyons ce qu'un inspecteur vaut au corps-à-corps...
Ils prirent tout les deux place et ce fut l'homme au masque qui donna le premier coup, visant la gorge d'Owen. Il esquiva facilement, pour donner un coup de jambe afin de le faire tomber au sol. L'homme trébucha mais ne tomba pas, et il répliqua avec un violent coup sur l'épaule qu'il avait blessée avant. Owen grimaça et l'homme lui donna un autre coup beaucoup plus traitre, dans le foie. Enfin, il lui donna un coup de pied dans la hanche, et Owen se retrouva au sol.
— C'est tout ? demanda l'homme, trois coups et c'est fini ?
Owen lui attrapa la jambe et l'homme tomba au sol avec lui. Ils se ruèrent de coups, Owen essayant de lui arracher son masque et l'autre se concentrant sur les points faibles.
Ils étaient tout les deux en sang, mais l'homme au masque était d'une force impressionnante. Owen esquiva un de ses coups et réussit à le plaquer au sol, lui faisant une clé de bras. Il allait enlever son masque lorsqu'il entendit le bruit d'un fusil qu'on arme derrière sa tête.
— Ne fait pas ça, mon grand, dit une voix grave derrière lui.
Owen se releva doucement, pour faire face à un homme d'une carrure impressionnante. Il leva les mains, encore essoufflé. L'homme au masque se releva et épousseta sa blouse (qu'il avait probablement volé) et il se plaça à côté de l'autre homme.
— S'il vous plait, non... murmura une voix qu'Owen connaissait trop bien.
Il se retourna, pour voir William qui cachait le bas de son visage avec son écharpe, portant l'arme de service d'Owen dans ses mains.
L'homme au masque rigola.
— Tu es qui toi ? Tu m'as l'air beaucoup trop jeune pour être dans la police... Je paris que tu n'as jamais tenu une arme dans tes mains avant, pas vrai ?
Personne ne parla pendant quelques secondes.
— Il est temps d'y aller, murmura l'homme au masque, ne les tue pas, ça ne sera pas très drôle. Allons-y. Messieurs. »
L'homme au masque tourna les talons et sortit du parking, suivit du deuxième homme, les visant toujours avec le fusil.
Dès qu'ils furent hors de vue, Owen s'effondra au sol, et William courut vers lui.
« Je t'avais dit de rester là-bas et de ne pas me suivre, putain ! cria Owen, en colère, qu'est-ce que j'aurai fait, s'il t'avais tiré dessus ?!
William ne répondit rien et il s'assit aux côtés d'Owen, tremblant. Il avait les larmes aux yeux.
— Et qu'est-ce que moi j'aurai fait, s'il t'avait tiré dessus ? Non mais regarde-toi, tu ne tiens même pas debout !
Owen lui aurait bien répondu que c'était son métier, mais il n'en avait même plus la force.
— Où est Juliet ?
— Elle discute avec la sécurité. Je suis parti quand elle a commencé à les traiter d'incapable.
Owen acquiesça.
— Aide-moi à remonter, s'il te plait... »
William l'aida à se tenir debout, puis ils empruntèrent l'ascenseur.
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