17 - Confuse
Jenny fixait sa tasse de café d'un air las. Cela faisait plusieurs jours qu'elle dormait extrêmement mal. Depuis la soirée d'Halloween, pour être exact. Oh, bien sûr, la soirée en elle-même s'était merveilleusement bien déroulée, ce n'était pas ça le problème. Le problème, ça avait été l'après-soirée. L'after. La réunion avec le grand patron. Le Grand Duc.
Il fallait produire plus, produire plus vite, vendre plus vite et toujours plus. Rattraper le désastre des deux kilos perdus, même si elle les avait récupérés entre-temps. Mais en tant que comptable, c'était plus qu'une faute grave. Si elle ne travaillait pas dans l'illégalité totale, elle se serait fait renvoyé. Comme c'était un sale boulot, elle aurait tout aussi bien pu être tuée. Mais elle s'était rattrapée in extremis en retrouvant la trace des deux kilos.
C'était du moins ce qu'elle avait pensé jusqu'à ce que son supérieur, le Grand Duc, la menace. Ses mots raisonnaient encore dans sa tête, quand il l'avait prise à part pour lui adresser deux mots. Il lui avait attrapé le bras avec une force presque surhumaine.
« Jenny, est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ?! Je pourrai te tuer pour ça ! Tu m'entends ? Te tuer ! Comment as-tu osé défier mon autorité, ma parole, la tienne ainsi que celle de tout les membres de cette organisation ?! Mais qu'est-ce qui t'es passée par la tête ?! ... Tu veux partir ? C'est ça que tu veux ? Tu veux partir ?! »
Et elle avait nié. Bien sûr qu'elle avait nié. La seule façon de quitter les Hiboux, c'était de mourir, et elle le savait pertinemment. Alors elle avait serré son supérieur dans ses bras, en lui caressant les cheveux et en lui assurant qu'elle ne quitterait les Hiboux pour rien au monde. Un vrai tissu de mensonges, et cela durait depuis plusieurs années déjà.
Un doigt tapota sur la table du café à laquelle elle était assise, la tirant de sa rêverie dans un brusque sursaut. Elle regarda son interlocuteur, ou plutôt interlocutrice en l'occurence.
« Bonjour Jenny, tu n'as pas froid en terrasse ?
— Salut Juliet. Non, je n'ai pas froid. Assit-toi, je t'en prit, ne reste pas debout !
Juliet s'exécuta et s'assit en face de Jenny.
— Je suis désolée d'avoir été aussi insistante ces derniers jours, commença Jenny, mais je te jure que si je n'avais pas une bonne raison, je n'aurai pas...
— Hé, la coupa Juliet, c'est bon, pas de soucis, vraiment.
Jenny souffla.
— Merci, vraiment...
— C'était quoi, ce dont tu voulais me parler ? Oh, j'ai les masques, aussi !
Le serveur arriva, interrompant les deux femmes. Jenny lui adressa un regard froid et hautain, ce qui pressa le serveur à repartir dans le café pour prendre les commandes. Les deux femmes le suivirent du regard, avant de se faire à nouveau face.
— C'était à propos de la soirée... Tu l'as appréciée ?
— Oui, c'était sympa.
— Les deux hommes qui étaient avec toi, tu les connais d'où ?
— Ce sont... Des amis. Enfin, le plus grand c'est mon ami et les plus petit c'est son ami à lui...
— Je croyais qu'il était son garde du corps, répondit poliment Jenny avec un sourire.
— Oui... C'est... C'était son garde du corps, mais personne n'était vraiment dupe, ils seraient mieux ensemble, pas vrai ?
Owen allait la tuer, mais bon. Jenny sembla hésiter le temps que le serveur apporte la commande de Juliet.
— Oui c'est vrai qu'il y avait une certaine tension entre eux. Enfin, ce ne sont pas nos affaires, répondit Jenny en regardant sa manucure. Un autre question, où est-ce que tu as trouvé le sac des deux kilos ?
— Ce n'est pas moi qui l'ai trouvé, c'est l'ami de mon... L'ami de mon ami. Le plus petit, dit-elle en mimant la taille de William d'un geste de la main.
— Et tu saurais où lui l'a trouvé ?
— Il nous a dit que c'était dans une ruelle, je ne me souviens plus laquelle.
Jenny sembla déçue. Juliet posa une main sur le bras de Jenny. Les deux femmes se regardèrent dans les yeux.
— Je sais pertinemment que tu ne me dis pas tout, murmura Juliet, mais tu sais pertinemment que je te ne te dis pas tout non plus. Pas vrai ?
Jenny baissa les yeux avant d'hocher la tête. Ça avait le mérite d'être clair.
— Je ne sais pas non plus quels genre de problèmes tu as, mais je sais que je peux t'aider, continua Juliet en murmurant.
— Il n'y a rien que tu puisses faire, répondit Jenny sur le même ton, crois-moi, à chaque fois que quelqu'un m'a proposé son aide, ça s'est soldé par un échec. Une fois je suis moi-même allée trop loin quand j'ai apprit mon dernier échec pour sortir de cet enfer.
— Alors pourquoi tu as été si insistante pour qu'on se revoit ? demanda Juliet en souriant.
Ce fut l'une des rare fois de sa vie où Jenny resta sans réponse.
— Jenny, écoute, je peux t'aider. Vraiment. Fait-moi confiance. J'en ai les moyens.
Elle fronça les sourcils avant de regarder Juliet de travers.
— Mais tu es qui au juste ? Une sorte de millionaire qui ne se trimballe pas sans quatre gardes armés et six snipers au cas où ?
Juliet sourit à cette pensée.
— Pire, répondit-elle.
Jenny blêmit. Elle semblait avoir comprit et fit « non » de la tête.
— Il est hors de question que je prenne un risque aussi grand.
— Du coup, on doit juste attendre de retrouver ton cadavre en décomposition derrière une poubelle ? Jenny, je suis sûre que tu es plus intelligente que ça.
Jenny ne répondit rien. Elle se contenta de lier ses doigts à ceux de Juliet et de jouer avec quelques minutes. Elle se laissa faire, regardant le visage de Jenny qui était orné de cernes. Elle avait l'air inquiète et soucieuse. Sa main arrêta brusquement de bouger puis elle regarda Juliet dans les yeux.
— Si jamais je suis d'accord, qu'est-ce que j'y gagne ?
— Je ne peux pas tout le dire parce que ça va se décider en cours de route, mais normalement, si tu acceptes, tu deviendras témoin sous protection, alors tu auras droit à une nouvelle identité, un nouvel endroit où vivre et tu n'entendras plus jamais parler de nous ou des Hiboux.
— Loin ?
— Très loin, après l'éventuel procès.
Jenny laissa échapper un petit soupir qui ressemblait à un sanglot.
— Jenny, tout va bien ?
Elle ne répondit rien, et quand elle releva sa tête vers Juliet, ses yeux étaient embués de larmes.
— Mais enfin Juliet, même si j'acceptais, j'ai fait des choses tellement regrettable !
— De ton plein gré ?
— Non... Toujours sous les ordres de mon boss.
— On peut t'aider Jenny. On est là pour ça, littéralement.
— Juliet, je... Je te mettrai en danger. Vraiment. À une échelle que tu ne pourrais même pas imaginer.
— Jenny, dans mon métier, je suis toujours en danger. Crois-moi, ce n'est pas cette affaire qui va changer quelque chose. Et encore, ce n'est même pas mon affaire.
— Quoi ? demanda Jenny, inquiète.
— Euh... Tu te souviens du... Du « garde du corps » ?
Jenny resta silencieuse quelques secondes. Puis elle sembla comprendre et ses yeux s'écarquillèrent.
— Oh mon dieu.
Sa main trembla dans celle de Juliet et cette dernière resserra son emprise.
— Je te jure que tout va bien se passer, Jenny. Fait-moi confiance, s'il te plait.
— Tu vas rire, mais il m'est arrivé de faire taire des policiers avec de l'argent.
Juliet fit la grimace.
— Je ne suis pas ce genre de flics.
— Je m'en serai doutée...
Juliet se leva, laissa de l'argent sur la table et elle regarda Jenny.
— Tu viens avec moi ? On fera tout pour te protéger. Tu es un témoin, maintenant. »
Jenny baissa les yeux, elle se recoiffa machinalement. Elle finit par se lever, attrapa la main tendue par Juliet et elles marchèrent ensemble jusqu'à la voiture de Juliet.
———————
Chapitre légèrement plus court consacré surtout à Jenny et Juliet ! 😊
J'en profite pour vous dire que c'est bientôt ma rentrée scolaire... Suivant mon rythme de travail, les updates se feront un peu plus espacées, je m'excuse d'avance ! 😭
À très bientôt !
♥︎
— Nano.
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