Chapitre 7
(NdA: Les paroles des chansons citées dans ce chapitre sont les propriétés de leurs artistes, Close est une traduction de la chanson de Han)
Minho ne trouva pas de moment propice pour célébrer sa pendaison de crémaillère avant plusieurs semaines, si bien que mai pointait déjà le bout de son nez lorsqu'il trouva le temps de l'organiser.
Jisung songea quelques secondes à ces derniers mois passés. Minho et lui étaient plus complices que jamais. Il avait réussit à encapsuler ses sentiments si profondément en lui qu'il arrivait à sourire à tout le monde sans que ça ne provoque de question. Certes, il continuait ses blagues de mauvais goût, qui faisait toujours autant tiquer Félix et Changbin, mais son aîné y répondait avec humour, provoquant l'exaspération chez tout le monde.
Ils avaient fait plusieurs soirées ensembles. L'anniversaire de Hyunjin, les premières cent écoutes de 3Racha sur leur plateforme de streaming, Félix élu meilleur élève de son école... Tout était prétexte à ce qu'ils se rassemblent tous les huit pour faire la fête. Même si au début, Jisung avait du mal avec Seungmin, celui ci semblait se porter de mieux en mieux avec le temps. Même si ses regards étaient encore plein d'adoration lorsqu'ils les tournaient vers Minho, le jeune homme trouvait le moyen de ne pas s'en exaspérer.
Du moins, pas trop.
Les nuits chez le danseur étaient régulières. Les rôles s'étaient cependant inversés. Désormais, c'était Jisung qui dormait sur le canapé de Minho, après les soirées entières à regarder des films horribles en dévorant les plats maisons du danseur. Ils se retrouvaient souvent pour faire des courses, parler de tout et de rien, voir même ne pas parler du tout.
Jisung se sentait bien.
Son aîné ne le poussait jamais dans une direction qu'il n'appréciait pas. Il le laissait faire à son rythme. Le compositeur parlait peu de lui, mais c'était toujours à son initiative. Le danseur était plus discret, il parlait peu de ses émotions, surtout négatives. Lorsqu'il était éteint, Jisung était toujours là pour lui remonter le moral.
La semaine précédant la pendaison de crémaillère officielle de Minho, Jisung s'était retrouvé dans le studio de l'université réservé par Chan pour une énième session d'enregistrement. Ils avaient eu un petit succès, surtout auprès des élèves du campus qui s'étaient passé le mot. Le danseur aussi en avait fait la promotion à son travail : les professeurs avaient aimé le style de quelques musiques de 3Racha pour les diffuser lors des cours et même faire des chorégraphies dessus.
« Jisung, je peux te poser une question ? »
L'interpelé leva la tête vers Changbin. Ce dernier observait son écran d'un air indécis. Jisung n'aimait pas lorsqu'il faisait cette tête : ça ne voulait dire qu'une chose. Que son aîné allait lui poser des questions indiscrète, et il détestait d'avancer l'idée de subir un interrogatoire. Hélas pour lui, Chan enleva son casque pour écouter ce que son ami avait à dire.
« Vas-y, qu'est ce qu'il y a ? »
« La chanson Close. Que tu nous as envoyé avant-hier. Tu l'as écrite pour qui ? » demanda Changbin, ignorant quel cataclysme il provoquait à la seconde même à l'intérieur de son cadet.
Cette chanson, c'était tout ce que Minho représentait pour lui. Il voulait tout transmettre dans ces paroles, coucher sur le papier ce qu'il ressentait car il en avait besoin. Ça faisait des semaines qu'il peaufinait ses paroles et l'avant veille, alors qu'il dormait une énième fois sur le canapé du danseur, il avait envoyé son texte à ses deux aînés. Il n'avait pas eu de réponse jusqu'à ce jour.
« Je ne vois pas de quoi tu parles, ce ne sont que des paroles. » répondit Jisung en se penchant sur son téléphone pour se donner de la contenance. Il voulait éviter de penser à cette chanson. Il avait regretté de l'avoir envoyé à la seconde où le fichier s'était téléchargé dans leur conversation.
« Je franchirais un peu la ligne, car j'ai évité la voie sur laquelle je ne marchais pas droit. Je vais te regarder, me reposer un peu. Je sais que ça t'a énervé lors de notre première rencontre... »
Jisung voulait que Changbin arrête de lire ses paroles. Il avait l'impression d'être mis à nu.
« Je bouge trop, parce que c'est la première fois que je ressens ça. Je ne suis pas habitué, bébé, quoi que j'essaie de dire. Qu'est ce qui ne va pas chez moi ? »
Le compositeur pinça si fort ses lèvres que ça lui faisait mal.
« Mon cœur palpite, bébé, même si je fais de mon mieux pour rester calme. Ma voix tremblante et mes gestes maladroits parlent pour moi, même lorsque tu me parles. Je ne... »
« Arrête !! »
Jisung s'était levé de sa chaise. Il ne savait pas ce qu'il ressentait, ses joues étaient rouges, il avait la nausée, et ses deux amis qui l'observaient d'un air incompréhensible lui donnait la rage au ventre.
« Quand je regard dans tes yeux, je ne peux plus bouger. Toutes ces choses me sont inconnues. Même les émotions que je ressens maintenant. » finit pourtant par murmurer Changbin en soupirant à peine. « Jisung... »
« Arrête Changbin, laisse moi tranquille d'accord ? » balança t-il sans aucune douceur en refermant son téléphone pour l'enfoncer dans sa poche « Ce ne sont que des paroles à la con, je ne les aime pas et je ne vois pas pourquoi je vous les ai envoyé. »
« Jisung, baisse d'un ton tu veux. » le coupa aussitôt Chan qui le regardait de son air paternel. Le jeune homme n'avait qu'une envie, c'était de s'enfuir.
« C'est pas grave d'aimer quelqu'un. » reprit Changbin en essayant d'arrondir les angles. « C'est normal même : il faut juste que... »
« Je n'aime personne ! » continuait le cadet en baissant les yeux sur le sol. Tout ce qu'il voyait dès qu'il fermait les yeux, c'était Minho qui lui souriait et ça lui était insupportable.
Un silence inconfortable prit place dans le studio. Le jeune homme voulait s'en aller, oublier cette conversation. Il regrettait vraiment d'avoir envoyé ses paroles à ses aînés. Ils s'inquiétaient pour lui désormais, ce n'était pas ce qu'il voulait.
« Tu as le droit d'aimer Jisung. » murmura doucement Chan en s'approchant de lui précautionneusement. Il tendit la main pour la poser doucement sur son épaule et Jisung ne savait pas s'il en avait besoin ou s'il détestait ce contact. « Tu ne vas pas pouvoir fuir encore longtemps sans te faire réellement souffrir. Tu en as conscience ? »
« Laisse moi tranquille, je sais ce que je fais. »
« Je ne pense pas non. » le coupa de nouveau Changbin de sa voix forte et sans appel. « T'es pas tout seul : Minho a le droit de savoir. »
Rien qu'à la prononciation de son nom, Jisung sentit une coulée de honte l'envahir. Ses joues se rougirent aussitôt et avant même qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, Chan continua :
« On te comprend mieux que tu ne le penses. Ce n'est pas sain pour toi de nier tes sentiments à ce point, tu te fais du mal tout seul... »
« Il est hors de question que je lui dise quoi que ce soit. » lança t-il en repoussant la main de Chan sur son épaule. « ça me va si on reste comme ça. Il est heureux, je suis heureux, super tout va bien. »
« Tu ne vas pas pouvoir fuir éternellement et dormir sur son canapé comme ça. » continua Changbin, beaucoup moins doux que son aîné pour secouer Jisung. « Tu feras quoi lorsqu'il se trouvera quelqu'un ? Tu ne le supporteras pas. »
« Changbin, tu es dur avec lui. » l'interrompit Chan aussitôt. « Écoute, on est pas là pour décider à ta place mais cette situation n'est pas saine pour toi : tu es trop dans le déni Jisung. »
Le jeune homme n'avait qu'une envie, c'était s'enfuir. Et il voulait vraiment partir loin seul.. Partout mais pas ici, devant ses deux amis qui devaient le juger stupide et ridicule. C'était trop pour lui, il n'aimait pas décevoir les gens.
« Tu risques d'être trop malheureux si tu n'oses rien avec lui. C'est... »
« C'est pas parce que j'ai juste envie de coucher avec lui que ça fait de moi quelqu'un qui l'aime, compris ? » lança t-il en osant enfin relever les yeux. « C'est juste sexuel, ça finira par passer. »
Devant les mines désapprobatrices de ses amis, Jisung ne pouvait rien dire de plus. Il se contenta de balancer son sac à dos sur son épaule avant de quitter le studio. Il avait besoin d'être seul.
Ou avec Minho.
—
La soirée de pendaison de crémaillère battait son plein. Tout le monde avait mangé, bu plus que de raison, et se retrouvait à faire un karaoké à réveiller tout le voisinage. Les fenêtres étaient ouvertes, laissant passer un filet d'air salvateur au milieu des odeurs âpres de transpiration et d'alcool. Chan s'était encore amélioré sur ses talents de DJ, organisant une playlist que tout le monde adorait et faisait bouger dans tous les sens.
Jisung avait trop bu. Il le savait, il le sentait. Il se sentait étourdit à cause des verres de trop, la chaleur le faisait transpirer et il s'était déjà senti mieux dans sa vie. Accoudé au bar américain de la cuisine, il observait Hyunjin faire cocktail sur cocktail en riant aux blagues de Jeongin. Le compositeur essayait de boire un peu d'eau entre deux pour ne pas avoir la plus grosse gueule de bois de l'univers le lendemain matin.
Puis il le vit.
Minho passa derrière Hyunjin pour aller aussi se chercher un verre d'eau dans la cuisine. Ce soir là, il portait un pantalon de cuir indécent assorti d'une chemise orangée, dont les premiers boutons étaient déjà déboutonnés. Une large ceinture rehaussait sa taille, soulignant la courbe de ses hanches comme jamais. Jisung ne pouvait pas lutter, il se décolla du bar pour s'engouffrer à la suite de son aîné dans la cuisine et ainsi le suivre. Ils étaient à la vue de tous, mais ce n'était pas comme si le jeune homme comptait faire quoi que ce soit.
Le danseur se servit un verre d'eau à l'évier avant de se retourner pour observer son cadet. Ce dernier le savait : ses yeux étaient vitreux, il se sentait un peu barbouillé à cause de l'alcool, mais dans l'ensemble il se tenait. Un sourire aux lèvres, il s'approcha de Minho pour s'appuyer à côté de lui contre le meuble de cuisine.
« Hey. » lança t-il juste assez fort pour couvrir le son des basses pulsant dans le salon. « Tout va bien ? »
« Oui, et toi ? » répondit aussitôt l'aîné, l'air joyeux dans sa voix et ses mimiques. Sa peau était luisante de sueur dans son cou, les rougeurs ravageaient ses joues et ses oreilles. Plus Jisung le regardait, plus il avait envie de plaquer ses lèvres contre cette peau offerte. Lorsque Minho passa sa langue sur sa lèvre inférieure, le jeune homme se sentit déglutir péniblement.
« Ouais, comment ne pas aller bien quand t'es là. »
Le rire que Minho laissa échapper était adorable, signe de sa légère ivresse. Son cadet esquissa un sourire en guise de réponse. Pourtant, son sang se figea lorsqu'il vit son aîné déposer son verre d'eau à côté de lui. Il s'approcha de lui, posant une main délicatement sur son épaule. Jisung du retenir un souffle fébrile entre ses lèvres, dès que Minho s'approchait trop de lui, tout s'emballait dans sa tête et surtout dans son corps. Pourtant, il voulait se contrôler. Il avait bu, il ne voulait pas faire n'importe quoi.
C'était compliqué de lutter, lorsque la main de Minho longea le long de son cou, ignorant sa transpiration et ses mèches collées à sa peau, pour enfouir sa main dans la chevelure de Jisung. Ce dernier appuya le contact sans le vouloir, inclinant sa tête pour approfondir ce lien si ténu. Inconsciemment même, le compositeur glissa une de ses propres mains le long de la hanche de son aîné, enserrant entre ses doigts la ceinture qui ornait sa délicieuse taille.
« Tu es saoul. » déclara alors Minho en esquissant un énième sourire énigmatique. Mais lorsqu'il voulu s'écarter de son cadet, ce dernier raffermit sa poigne sur la hanche du danseur. Jisung enserra alors sa deuxième main dans le dos de son aîné, pour le maintenir contre lui. Ils ne s'étaient jamais prit dans leurs bras à proprement parlé. Ignorant les regards de Jeongin et de Hyunjin qui les observaient du coin de l'œil, Jisung plaqua son bassin contre celui de Minho sans cesser de lui sourire.
« Un peu, mais ça va. »
La musique battait son plein, faisant tambouriner le cœur de Jisung au même rythme dans sa poitrine. Le corps de son aîné était chaud contre le sien. Il aurait donné cher pour trouver le courage de se pencher et embrasser Minho sans se poser aucune question. Ses lèvres étaient là, à quelques centimètres des siennes. C'était si facile... Le tissu de la chemise du danseur était délicat sous ses doigts. Un frisson ravagea le dos de Jisung lorsque son aîné pencha sa tête sur le côté avec un air interrogateur.
« Qu'est ce que tu veux Sung ? » demanda t-il de sa voix suave. Jisung voulait murmurer « toi » sans préambule. Au lieu de ça, il continuait de l'observer de ses yeux vitreux et perdus.
« Tu ne m'abandonnera jamais hein ? » lui jeta t-il au visage sans y penser. « Jamais tu me laissera Minho, promet le moi ? »
Même sous l'effet de l'alcool, le jeune homme se sentait tiraillé. Ses doigts se crispèrent dans le tissu de la chemise de son aîné : il aurait aimé glisser ses mains sur la peau nue de Minho, sentir sa chaleur comme un fer chauffé à blanc pour le marquer à vie. Sans qu'il ne s'en rende compte, son souffle s'amplifia lorsqu'il détailla une goutte de sueur couler le long de la tempe du danseur. Il avait envie de le ravager.
« Tu es saoul. » répéta Minho sans cesser de sourire. « Bois un peu d'eau et ça ira mieux. »
« Je suis sérieux. J'ai besoin de toi. »
Jisung ne savait plus ce qu'il disait. L'alcool faisait pointer l'anxiété au fond de son estomac et l'empêchait d'avoir le moindre filtre pour faire attention à ce qu'il disait. L'expression de Minho était si douce que son cœur manqua un battement dans sa poitrine.
« Sung, tu as presque le double de mes clefs tellement tu passes du temps avec moi, pourquoi j'irais t'abandonner ? Tout va bien. »
Après une dernière caresse dans ses cheveux, Minho fit un léger pas sur le côté pour se dégager de sa poigne. Jisung le laissa s'en aller.
Son angoisse restait profondément ancrée dans son ventre : mais tout allait bien. Le danseur était là, proche de lui. Ce dernier but son verre d'eau avant de faire signe de le rejoindre dans le salon avec tout le monde. Reprenant pied dans la réalité, Jisung se rendit compte que tout le monde avait pu les observer dans la cuisine. Il ne rata d'ailleurs pas les regards sous entendus de Jeongin et de Hyunjin qui sirotaient leur Cuba Libre en cancanant comme des grands mères.
La musique était vraiment bonne ce soir, Chan s'était surpassé. Pourtant, à une heure avancée de la nuit, ils arrêtèrent les basses pour mettre en route un karaoké plus calme histoire de ne pas attirer la haine de tout le quartier à cause du bruit. Étonnamment, Seungmin avait une des plus belles voix du groupe, Jisung devait bien le reconnaître. Il chantait une chanson ancienne, parlant de renouveau et de découverte du monde, jetant quelques regards à Minho qui balançait sa tête au rythme de la mélodie. Les flammes du malaise envahirent aussitôt le ventre de Jisung, il décida alors de faire mine de se lever pour prendre un nouveau verre avant de s'asseoir à côté du danseur. Si son envie première était de littéralement s'entourer autour de son aîné pour le prendre par la taille, il resta à distance respectable de lui. Seungmin détourna le regard sans plus insister.
Chan et Changbin chantèrent un duo, puis Jeongin se lança sur une chanson à l'ancienne dont Jisung se souvenait des paroles grâce à ses grands parents. Tout le monde entonna le refrain en finissant leurs verres, avant que le tour de Jisung n'arrive.
Someone Like You, d'Adele.
Sa gorge se serra aussitôt. La sélection était automatique et le jeune homme sentit une goutte de sueur descendre le long de sa nuque. Il ne pouvait pas chanter cette chanson. Il fallait qu'il trouve quelque chose avant qu'elle ne se lance. Il sentait les regards de ses amis plantés dans son dos, tout le monde savait de quoi parlait la chanson, personne n'ignorait les implications de cette chanson. De toute façon, il n'aimait pas Minho non ? Alors pourquoi paniquer à l'idée de chanter ça à la vue de tous ? Personne n'allait remarquer quoi que ce soit.
« Je peux pas chanter ça, les notes sont trop hautes. » déclara t-il en faisant signe à Changbin, qui tenait la télécommande de la télévision, de changer de chanson.
« Mais non tu en es capable ! »
« Non, je vais pas y arriver, choisis autre chose. »
Son ton devait être assez convaincant pour que Changbin cède et tourne sur la chanson suivante : I want to break free de Queen.
L'excuse des notes trop hautes n'allait pas le sauver deux fois. Mais certaines paroles...
Jisung se résigna à s'éclaircir la gorge avant que Changbin ne lance la musique. Le compositeur sentait ses mains moites, il connaissait la chanson par cœur, il l'avait chanté des dizaines de fois lorsqu'il était adolescent. Lorsqu'il commença à entonner la chanson, il devait lutter pour ne pas se tourner et regarder Minho.
I want to break free.
Lisant les paroles sur l'écran de la télévision, il se contentait de pousser sa voix sur celle du chanteur, essayant de reprendre ses mimiques pour dévier l'attention et s'amuser de la situation plus qu'autre chose. La chanson était humoristique avant tout.
I've fallen in love for the first time
Jisung faisait de son mieux pour que sa voix ne tremble pas.
And this time I know it's for real
Continuant sans se retourner, le jeune homme se laissait entraîner par la musique. Ses amis chantaient à côté aussi, se mêlant à sa voix plus puissante que les autres pourtant.
I can't get used to linving without, living without,
Living without you by my side
C'était au-delà de ses forces. Son regard se tourna sur Minho, dont les yeux transperçaient son dos depuis le début de la chanson.
I don't want to live alone, hey
Jisung ne supporta pas ce regard longtemps. Il détourna les yeux et termina la chanson, mimant la façon dont Freddy Mercury bougeait dans le clip de la chanson avant d'être accueillit par les applaudissements de ses amis.
Pour se donner un minimum de contenance, le jeune homme prit un nouveau cocktail même s'il avait déjà bien assez mal à la tête comme ça. Il n'avait pas pu s'empêcher de regarder Minho, c'était au dessus de ses forces. Il s'en voulait beaucoup : il n'aimait pas le danseur. Il l'appréciait beaucoup certes, mais ce n'était pas de l'amour. Ça ne pouvait pas être de l'amour. Lui était un électron libre, il savait ce qu'il voulait et ce n'était pas ça. Il ne voulait pas gâcher cette amitié si précieuse à ses yeux pour juste de l'attirance sexuelle.
C'était stupide.
Les chansons s'enchaînèrent les unes après les autres. Jisung aurait aimé trouver le courage de s'asseoir ailleurs qu'à côté de Minho, mais ce dernier l'attirait comme un aimant. Il reprit donc sa place sans lui accorder de regard.
Il faisait presque déjà jour lorsque les choses se calmèrent. Les garçons partirent les uns après les autres, remerciant Minho pour la soirée. Ce dernier portait toujours sa chemise légèrement déboutonnée et il avait l'air encore groggy de l'alcool. Lorsqu'il ne resta que Félix et Changbin dans l'appartement, Jisung sentit sa gorge se serrer. Il allait devoir partir.
Lorsqu'il jeta un coup d'œil au salon, il eu tout de même un sentiment de culpabilité qui lui étreignit la gorge. Il y avait tellement de bordel que Minho allait objectivement mettre trop de temps à ranger tout seul. Félix était presque somnolant sur le canapé et ne semblait pas avoir envie de partir.
« Je vais ramener Félix chez vous. Tu n'as qu'à rester pour filer un coup de main à Minho. »
Jisung crut qu'il allait étouffer en entendant Changbin prononcer ces mots. Sans savoir s'il devait bénir ou maudire son ami, le jeune homme tenta un regard vers le principal intéressé. Minho se contenta de ne rien dire et c'était encore plus gênant.
Changbin ramassa donc Félix du canapé, l'aida à enfiler ses chaussures et disparu avec le jeune homme sans aucun préambule. Lorsque Jisung referma la porte derrière eux, il sentit tout de suite le rouge crépiter dans la base de son cou. Minho n'était pas loin de lui. Le silence retomba sur eux dès que le bruit des pas de leurs amis se firent plus calmes dans la cage d'escalier. C'était soudain et pesant. Jisung sentait déjà l'air devenir plus lourd de seconde en seconde.
« Pourquoi... Pourquoi tu penses que je vais t'abandonner ? »
La voix de Minho était plutôt fluette mais le jeune homme l'avait très bien entendu. Il rassembla son courage pour se tourner vers son aîné, qui se tenait à quelques mètres de lui à peine. Le compositeur humidifia ses lèvres, cherchant ses mots quelques secondes, avant d'essayer de trouver les bons. Mais rien ne sortait. Minho semblait très bien se souvenir de leur échange dans la cuisine.
« Sung, bien entendu je t'abandonnerais jamais. » continua alors l'aîné des deux, en faisant un pas vers Jisung qui se retenait de dire quoi que ce soit. « Pourquoi... »
Mais il n'eut pas l'occasion de finir sa phrase.
C'était naturel pour le cadet. Jisung franchit la limite : en quelques enjambées, il fut à côté de Minho. Ses mains trouvèrent le chemin de ses hanches, son cœur battait un rythme furieux dans sa poitrine. Il n'arrivait plus à réfléchir, tout tournoyait dans sa tête à tel point qu'il en perdait pied. Dès que son aîné fut plaqué contre lui, il le poussa contre le mur de l'entrée aussi doucement qu'il en était capable pour se coller contre son corps brûlant. Par automatisme, les bras de Minho se nouèrent autour de son cou.
« H-hey, qu'est ce que... » la voix du danseur mourut dans sa gorge à la seconde même où Jisung déposa ses lèvres dans son cou. Le jeune homme se lécha les lèvres : la peau de Minho était salée et douce. Il picora un nouveau baiser sur la gorge de son aîné qui réfréna un soupir.
Tout allait trop vite.
Ses lèvres remontèrent le long du cou de Minho, dévorant sa chair d'embrassades furieuses. Lorsqu'il redessina la courbe de sa mâchoire de baisers, Jisung sentait son cœur battre furieusement contre ses côtes. Son aîné ne le repoussait pas.
Arrivé face à face, ils plongèrent leurs regards l'un dans l'autre. Le jeune homme avait cette voix au fond de sa tête qui lui hurlait d'arrêter avant que tout soit trop tard. Il devait se décoller de son aîné, Minho ne voulait pas probablement ça.
Son esprit court-circuita à la seconde où le danseur vint l'embrasser.
Alors, il n'y avait plus rien dans la tête de Jisung.
Ce dernier appuya plus fermement ses lèvres contre celles de Minho. Il laissa sa langue les caresser d'instinct, enfouissant au passage ses mains dans le dos de son aîné plus fermement. Il avait trop chaud, c'était presque délirant pour lui. Lorsque le danseur entrouvrit les lèvres, une décharge d'adrénaline coula le long de sa colonne vertébrale. Il embrassait Minho. Il l'embrassait langue contre langue, écrasant presque son nez sur la joue de son aîné pour se presser contre lui.
A bout de souffle, Minho finit par se décoller de lui. Il eut à peine le temps de murmurer son prénom que Jisung revint à la charge. Aucune pensée n'arrivait à percer dans son esprit : il n'y avait que Minho, Minho, Minho. Le jeune homme sentit les mains de son aîné plonger dans ses cheveux, les agripper et les maintenir pour lui faire pencher davantage la tête pour approfondir encore le baiser. Lorsque le danseur laissa échapper un soupir à travers ses propres lèvres, Jisung y entendit la naissance d'un gémissement.
Le silence était assourdissant autour d'eux. Le jeune homme n'entendait que les échos de leurs baisers dans l'appartement vide. A tâtons, il donna un léger coup de rein contre les hanches de Minho. Ce dernier étrangla un nouveau gémissement entre les lèvres de Jisung. La chaleur envahissait la moindre parcelle de son corps, de son ventre à ses joues, de ses mains à sa tête. Nerveusement, il se débattit avec la ceinture de son aîné pour essayer d'enlever la chemise du pantalon et enfin accéder à ses hanches. Il voulait les caresser, les empoigner, les marquer. Il voulait apposer sur lui toute la passion que son corps réclamait depuis si longtemps qu'il en avait profondément mal.
La main de Minho qui tenait sa nuque l'empêchait de reculer. Ses doigts étaient brûlant contre sa peau. N'y tenant plus, Jisung tira fermement sur la ceinture de son aîné, lui arrachant une plainte de surprise. Sans aucune douceur, il tira assez sur la chemise pour enfin la libérer du pantalon de cuir et enfin ses paumes contre les hanches de Minho. Celui ci se tordit à peine à la sensation, écartant même imperceptiblement les jambes. Jisung ne perdit pas une seule seconde, plaçant sa propre jambe entre pour se tenir toujours plus proche de son aîné.
Jamais Jisung n'avait embrassé qui que ce soit avec autant de passion.
« A-attends Sung... »
La voix tremblante de Minho fit frémir son cadet. Ce dernier se redressa à peine, léchant une dernière fois les lèvres du danseur avant de reculer de quelques millimètres. Les joues de son aîné étaient ravagées d'un écarlate magnifique, ses lèvres luisaient de salive, ses yeux brillaient si fort que Jisung sentit presque ses genoux céder à cette vision. C'était un démon, un péché personnifié, et il voulait s'y jeter à corps perdu.
« C'est pas une bonne idée » chuchota Minho, brisant en quelques mots la bulle incandescente dans laquelle ils étaient plongés tous les deux depuis de longues minutes « Je n'aurais pas dû... »
« J'en ai envie... » le coupa immédiatement Jisung en venant déposer ses lèvres au coin de celles de son aîné. Il ne voulait pas. C'était impossible.
Il n'aurait pas dû faire ça.
Minho soupira à peine avant de reposer ses mains sagement sur les épaules de son cadet. Son regard était fiévreux.
« Non Sung, c'est faux. » répondit il en esquissant à peine un sourire. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi. »
Perdu, Jisung ne relâchait pas les hanches de son aîné pour autant. L'air lui manqua d'un coup dans les poumons : une vague nausée le prit dans la gorge. Il ne voulait pas le laisser partir. C'était maintenant ou jamais. C'était une erreur peut être.
« Minho, je suis sérieux. S'il te plaît, je veux juste... »
« Je ne ferais rien avec toi Jisung ! Surtout pour un pari stupide!! » s'exclama Minho en empoignant le col de sa propre chemise pour la refermer, la honte semblait crépiter le long de son visage. Immédiatement, le cadet le relâcha.
Le pari.
« De... de quoi ? » murmura alors Jisung, sentant la honte monter dans son ventre.
« Je le sais depuis le premier jour. » répondit Minho sans oser relever les yeux vers lui. Si d'ordinaire son visage était si doux et ouvert, il était complètement obtus. S'il mourait de chaud, désormais le compositeur sentait un frisson glacé parcourir son dos.
« A-attends Minho, s'il te plaît je... »
« C'est pour ça que je ne voulais pas. Pour toi ce n'est qu'un jeu, un pari à la con, tu n'es attaché à rien ni à personne. Je ne serais pas un nom de plus à ta liste. » cracha presque le danseur en se détournant encore plus de son cadet, comme pour se protéger de lui.
Jisung se décolla de lui doucement. Il était tétanisé par la peur, il craignait plus que tout de perdre Minho. Les mots lui manquaient, l'air restait coincé dans sa gorge. Il devait s'expliquer, il le savait. Cette idée de pari était stupide. Depuis le début. Même lorsqu'il l'avait proposé à Félix il avait trouvé que ce n'était pas une bonne idée. Maintenant il regrettait plus que tout.
« Minho, laisse moi juste deux minutes... » commença t-il d'une voix si faible qu'il se trouvait pathétique.
« Va t'en. S'il te plaît Jisung. J'ai besoin d'air. »
Et le froid l'envahissait de la tête aux pieds. Le jeune homme jeta un coup d'œil à l'entrée où se trouvaient ses chaussures. Il savait que s'il partait, c'était fini. Pour lui. Pour tout.
Pour Minho.
« Je veux juste... »
« Casse toi ! Je ne veux pas être ton jouet !! ça compte pour moi tout ça Jisung ! Va t'en !! »
Minho avait les larmes aux yeux, sa voix tremblait et il était prostré sur place. Le jeune homme ne pouvait pas le laisser dans cet état. Mais c'était au dessus de ses forces de trouver les mots. L'alcool brouillait ses sens plus que de raison.
Alors, il enfila ses chaussures sans se retourner.
Ce ne fut qu'une fois dans la rue, la porte de l'immeuble claquée derrière lui, que Jisung sentit l'air frais faire descendre toute la pression qui avait grimpé dans son ventre. Dans sa poitrine, son cœur se fragmentait en mille morceaux.
Minho l'avait repoussé.
Minho l'avait repoussé parce que c'était le dernier des cons.
Minho était quelqu'un de délicat, qui aimait sincèrement les gens autour de lui. Il était mature, réfléchi et ne jouait pas avec les sentiments des autres.
Tout le contraire de Jisung.
Ce dernier ne su pas comment il rejoignit son appartement. La porte de la chambre de Félix était grande ouverte, et il ne fut pas étonné de le voir allongé seul dans son lit. Lui, s'écroula dans le canapé du salon. Même si l'odeur de Minho avait disparu depuis longtemps des coussins, il y enfonça sa tête avant de fondre en larmes.
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