Chris entra dans la mairie. Il se présenta à l'accueil :

-Bonjour, je suis Chris Newt, j'ai rendez-vous avec le maire, pour une interview.

-Attendez deux petites secondes s'il vous plait.

La femme face à Chris prit le téléphone :

-Monsieur le maire, votre rendez-vous de 13 heure 15 est arrivé.

-Très bien, faites-le monter.

-Oui monsieur.

Elle raccrocha.

-Vous prenez l'escalier, vous allez au premier, c'est la première porte à droite.

-Merci.

Chris s'avança vers l'escalier et enchaina les marches. Enfin arrivé devant le bureau, il frappa.

-Entrez !

Chris ouvrit la porte et vit un grand bureau couvert de papiers, derrière se trouvait le maire qui le regardait attentivement.

-Installez-vous, je vous en prie.

Chris s'assied en face du maire.

-J'espère que vous n'êtes pas trop déçu de votre séjour dans notre petit village ?

-Je vous avouerais que je ne m'attendais pas à tous ses événements.

-Qui peut prédire de telles horreurs ?

-Je croyais qu'il n'y avait plus de journal à Bannis-sur-Deûle ?

-Non, il n'y en a plus. Mais je sais qu'en votre fonction de journaliste, vous réussirez à rassurer le village suite à notre interview.

-Justement, j'ai eu l'occasion de parler avec quelques personnes au village, et beaucoup s'étonnent de ne pas vous voir réagir plus face aux événements.

Le maire se leva et fit quelques pas dans son bureau, longeant le meuble, remplis de classeurs.

-Vous savez, je n'ai pas été très présent auprès du village ses derniers jours, mais ces événements m'ont beaucoup marqué. Je tenais à vous montrer les quelques plans que j'ai mis au point pour les patrouilles.

Le maire revint vers son bureau et sortit quelques papiers d'un tiroir. Chris les prit. Il y avait des plans du village, certaines rues étaient entourées, des trajets tracés d'un trait. Les dessins étaient différents sur chaque dessin.

-Chaque nuit, le trajet que les patrouilles suivent sont différents. Tout est parfaitement calculé, donnez-moi n'importe quel point de la ville, je saurais à quelle heure précisément la patrouille y passera.

Chris chercha la feuille qui correspondait à la nuit dernière. Lorsqu'il la trouva enfin, il regarda l'heure à laquelle la patrouille passait devant le gîte. 22 heure. L'incendie a commencé à 21 heure 30.

-Votre organisation demande encore du travail.

-Oui, il n'est pas encore infaillible. Mais la patrouille peut arriver rapidement sur les lieux d'un accident et ainsi limiter les victimes et les catastrophes.

Chris prit quelques notes sur son carnet.

-Et vous allez prendre d'autres mesures pour nous protéger du Paranorme ?

-La police est en pleine enquête, vous serez informé dès que des indices seront trouvés.

-Cela fait déjà plusieurs jours que l'enquête piétine, vous n'avez pas d'autres idées pour savoir qui est le Paranorme ?

-Je met toute ma confiance entre leurs mains. Je sais qu'ils ne me décevront pas. Et puis, que voulez-vous que je fasse de plus pour rassurer le village ?

Chris ne sut quoi répondre. Après un long moment, le maire reprit la parole :

-Je peut vous poser une question ?

-Bien sûr !

-Que faisiez-vous la nuit dernière ? On m'a rapporté que vous n'étiez pas dans le gîte lorsque l'explosion a eu lieu.

-Je suis allé voir le vieux musée de cire de mon grand-père.

Le maire ne répondit pas. Il se leva et se posta devant la fenêtre qui donnait sur la place, observant les dessins de craie.

-J'ignorais que ce vieux fou était votre grand-père. Vous savez que c'est dangereux de se promener seul dans la ville la nuit, par les temps qui courent ?

-Je le sais mais...

-Je vous demanderais de laisser la police faire son travail et de ne pas trop vous mêler à cette affaire. Il aurait suffi que la patrouille vous remarque pour qu'on vous prenne pour ce fantôme.

-Vous avez autre chose à dire au village ?

-Vous pouvez ajouter que le village n'a pas à s'inquiéter, que malgré les apparences je travaille activement pour améliorer la sécurité des citoyens de Bannis-sur-Deûle.

Chris termina d'écrire les paroles du maire.

-Merci de m'avoir accueilli pour cette interview.

-Mais c'est tout naturel voyons, lorsque nous traversons une période comme celle-ci, il est important de savoir rassurer ses concitoyens.

Chris sortit de la mairie pour rejoindre la bibliothèque.

Après avoir fait un compte-rendu complet de l'interview avec le maire, Mathieu prit la parole.

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

-Je vais allez faire mon compte-rendu au bar, à partir de là, les nouvelles feront rapidement le tour du village.

***

-C'est bien joli de faire une patrouille, mais ça ne nous nous protège pas vraiment du Paranorme ! Se plaignit Maurice.

-Ouais, mais c'est un début, surenchérit Patrick. Au moins, y a des efforts qui sont fait.

Aujourd'hui, le bar était calme. Maurice nettoyait tranquillement des verres, pendant que Patrick, Louis, Robert et Benoit profitent du silence. Louis comme à son habitude, semblait être perdu dans ses pensées.

-Vous pensez qu'il se passera quoi cette nuit ?

-Je n'en sait rien du tout.

Louis finit son verre rapidement.

-Les gars, faut que je m'en aille.

-Déjà ?

-Ouais, devinez chez qui vient diner le maire ce soir !

-Cool ! Comment ça se fait ?

-L'autre jour, j'étais en train de coller des affiches pour sa campagne. Le maire est venu me voir, il voulait qu'on parle de quelque chose d'important, qu'il avait besoin de moi pour une affaire importante. Du coup je lui ai dit de passer à la maison pour qu'on en discute au calme.

***

L'après-midi passa tranquillement. Tout le monde était inquiet en voyant le soleil descendre.

Chris n'avait pas quitté le bar. Il voulait rester pour aider Maurice et Marine au bar, pour les remercier de l'accueillir. Il s'était plaint face au maire que la police n'avançait pas sur l'enquête, mais de son coté, il n'y avait rien de spécial non plus, mise à part l'enveloppe de Bernard.

Le soir arriva. Le bar était vide. Chris, Maurice et Marine profitaient à leur tour de ce calme. Chris prit la parole :

-Vous connaissez bien Louis ?

-Il vient régulièrement au bar avec ses vieux potes, pourquoi ?

-Je ne sais pas, à chaque fois que je le vois, on dirait qu'il a la tête ailleurs, l'autre jour, j'avais même l'impression qu'il parlait tout seul.

-Disons que Louis... A quelques problèmes de santé. Il est persuadé qu'un certain Marcus est sans arrêt en train de lui parler.

-Marcus ?

-Marcus était son ami d'enfance. Un jour, alors qu'ils devaient avoir... peut-être 10 ans, ils étaient partis joués dans une vieille mine abandonnée. En se promenant dans un tunnel, il y a eu un effondrement...

-Seul Louis est ressortit vivant de ce tunnel... La mort de son ami l'a profondément touché et traumatisé.

Chris ne voulut pas répondre. Il sortit du bar un instant. Il leva les yeux au ciel, observant les milliers d'étoiles qui se présentaient à lui. Tout était calme. Il repensa à Louis, à son histoire. Soudain, il entendit des gémissements. Il tourna son regard, un homme apparut, criant de douleurs, boitant, il se tenait le ventre. Chris courut vers lui.

-Monsieur !

Chris le prit par le bras et le traina vers le bar. L'homme saignait. Le journaliste l'allongea au bar. Alors que Marine courut, affolé, Maurice appela les secours.

-Qui vous a fait ça ? Demanda Chris.

-Je l'ai vu !

-Qui ça ?

Marine revint et commença à panser la plaie.

-J'ai entendu du bruit au vieux musée, alors je suis allé voir... Et c'est là que je l'ai vue ! Il m'a attaqué avec un couteau.

-Qui avez-vous vu ?

-Je crois bien que la légende dit vrai ! Y a un fantôme au village ! J'ai vu le Paranorme !