Chapitre 3
Lorsqu'il apparut de nouveau dans cette pièce blanche, David essuya de suite la larme qui avait coulé tout le long de sa joue.
L'angelot l'attendait patiemment, en train de vérifier quelque chose – ou de jouer – sur son ordinateur. David avança jusqu'au bureau et s'assit sur la même chaise que la dernière fois. En voyant que Rémi ne l'avait toujours pas remarqué, il simula une toux. L'ange se retourna et sourit à l'invité. Il s'excusa de ne pas l'avoir vu.
— Comment ça s'est passé ? Quelle question ! Tu ne serais pas là si ça avait été bien. Mauvaise mine dis-donc... Bon, passons aux choses sérieuses et parlons du changement.
— Que se passe-t-il si je me suicide pendant une CHANCE ?
— Tes tickets disparaîtront et tu seras redirigé vers un autre ange passeur. Pourquoi ?
— Juste pour savoir.
— Bon, tu as sûrement dû t'apercevoir que tu étais comme « obligé » de faire ce que tu avais déjà fait – tout en sachant pertinemment ce qui allait se passer. Exact ?
— Oui.
— Et bien pour le deuxième et troisième ticket, c'est tout simple : tu pourras maintenant faire ce qui te chante. Et si ça ne te plaît pas, tu déchires le papier.
— Si j'étais resté plus longtemps, genre plusieurs jours, j'aurais pu changer certaines choses ?
Rémi acquiesça de la tête tout en remettant ses lunettes droites – depuis quand en avait-il, d'ailleurs ? Il s'accouda sur son bureau et but une gorgée de thé. Ce fut presque une déception de ne pas le voir fumer la pipe.
— C'est une très bonne question, et je vais te répondre de la façon la plus simple qui soit. Oui, tu aurais pu changer certaines choses, les actions libres ne sont impossibles que le premier jour de la première CHANCE. Je te remercie de l'avoir posée.
— Mais c'est avec plaisir.
David se décontracta un peu plus. Ce Rémi était décidément très sympa. Il lui demanda d'ailleurs s'il pouvait lui aussi avoir une boisson ; dès qu'il eut posée la question, un bon café corsé apparut sur le bureau, juste en face du jeune homme.
— Continuons... Veux-tu tenter les deux autres CHANCES ?
— On peut dire non ?
— Bien sûr ! La première est obligatoire mais s'il n'y a vraiment aucun regret, aucune envie de changer la moindre chose, le client peut décliner l'offre et aller directement au Paradis.
— Tout le monde va au Paradis ?
— Évidemment... c'est juste que certains sont un peu « maso » et font des trucs pas très joyeux dans leur cabines.
— Cabines ?
Rémi soupira. Ce client était bien plus curieux que les précédents ! Il posa ses lunettes sur le bureau, croisa ses mains et essaya de parler le plus simplement possible.
— En entrant au Paradis, on vous donne deux clefs, dont une pour votre cabine, ou votre appartement si vous préférez. Vous choisissez la taille de celui-ci et ce que vous voulez y mettre dedans.
— Et l'autre clef ?
— Elle mène à la piscine. Seul Lucifer et ses amis ne peuvent pas y aller. Ils peuvent aller où il veulent, sauf à la piscine... Et Dieu leur a aussi enlevé l'autorisation d'attaquer autrui : dès qu'ils le tentent, ils sont immobilisés. C'est très marrant à voir, d'ailleurs !
— Je n'en doute pas.
L'angelot toussa nerveusement dans sa main : il s'était quelque peu égaré dans ses explications.
— Montrez-moi vos CHANCES, je dois vérifier si elles sont en bon état. Certains arrivent à les déchirer dans leur poche et remontent, alors qu'ils ne le désiraient pas. Le pire, c'est quand un ticket est à moitié cassé : la personne est dans un entre deux, ce qui est très dérangeant. Pour lui et pour nous.
David laissait Rémi parler tout seul. Lui, il buvait son café et réfléchissait à ce qu'il allait faire pendant sa deuxième CHANCE. Le regard insistant de l'ange le fit s'extirper de ses pensées.
— Des petits biscuits, non ? proposa l'employé du paradis.
— Je veux bien.
— C'était ironique... Bref, maintenant que j'ai – de nouveau – votre attention, il faut que je vous mette en garde. Il se peut que des éléments qui vous ont poussé au suicide se reproduisent... Vous pouvez changer des choses mais n'avez pas le pouvoir de tout contrôler ! Par exemple... (L'angelot lut sur son ordinateur un des malheurs qui étaient arrivés à son client) votre ami ne reviendra pas à la vie. Tenez, reprenez-vos billets.
— J'ai une question.
— Posez-la.
— Je peux mettre mes tickets dans ce pantalon mais... si je me change, ils iront, par magie dans l'autre pantalon ?
— Encore une très bonne question par laquelle je vais te répondre, encore une fois, oui. Les CHANCES sont « magiques » pour que le client les ait toujours sur lui. Et ne me demandez pas comment ça se passe quand l'intéressé est en maillot de bain !
Ils rirent quelques secondes avant de revenir sérieux, quasiment en même temps. Posant son gobelet de café – qui avait été délicieux – vide sur le bureau, David déclara avec le sourire :
— Je suis prêt pour cette deuxième CHANCE.
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