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69. Florencia


Aujourd'hui, Istrecht est la ville la plus puissante du monde, la plus peuplée, la plus prospère, et sa place n'est pas discutée. Mais demain, une autre cité prendra le pas sur ce joyau ; Hermegen, peut-être, qui souffre aujourd'hui encore des conséquences de la grande explosion de l'an 530. Les princes de Hermegen sont-ils prêts à assumer ce rôle ? Être deuxième en tout est une place, somme toute, assez favorable. Mû, sur qui repose l'équilibre du monde, en sait sans doute quelque chose...

Clodomir d'Embert, Journal


L'été avait quitté la plupart du continent d'Avalon, mais il s'éternisait sur la mer de Mardékie, et dans la nuit tombée, la cité de Hermegen se rafraîchissait telle une bête de somme aux flancs fumants. Toutes les fenêtres du palais étaient ouvertes, mais de son balcon, la princesse Florencia n'avait guère vue que sur les tentures grisâtres et les échafaudages immenses des jardins suspendus. L'édifice cylindrique, d'abord érigé par les Précurseurs, était devenu le point central d'une cité florissante, où le commerce, les arts et les sciences avaient rencontré un âge d'or envié de tout le reste d'Avalon.

Jusqu'à ce que l'Empire Austral de Lennart lance une bombe contre cette montagne artificielle cerclée de sept tours, siège du palais du prince, de sa Cour et de ses courtisans.

Les banques, les savants et les artistes avaient fui Hermegen à grands cris pour se réfugier tantôt à Istrecht, au Sud du continent, tantôt à Vlaardburg, Vehjar ou d'autres villes moindres, tandis que les magistrats survivants, épaulés par le Paladinat, élisaient parmi eux une nouvelle famille princière.

Florencia ne partageait aucun lien de sang avec les princes infatués qui avaient autrefois posé leur séant au sommet de ce rocher mythique. Tout ce qu'elle avait hérité d'eux, c'était une montagne de dettes, ainsi qu'un chantier colossal qui grevait le budget de la principauté depuis presque cent ans, sans jamais donner le moindre signe d'avancement. Les échafaudages croissaient comme le lichen sur une vieille souche, mais tous les cinq ans, l'architecte en charge de la reconstruction des tours jetait l'éponge, claquait la porte avec fracas, ou venait pleurer à ses pieds en s'avouant vaincu face à l'ampleur de la tâche.

Aussi puissante fût encore la principauté, profitant des nombreux ports de sa mer intérieure, toute gorgée de richesses, qui irriguaient sa capitale tentaculaire, toute cette puissance n'arrivait pas à la cheville de celle autrefois déployée par les Précurseurs, de celle des Sysades, et de celle de Mû. La princesse Florencia en était parfaitement consciente ; elle avait un sens des réalités qui avait manqué à ses prédécesseurs.

« Ils sont arrivés, votre Altesse.

— Merci, Rafael. Tu attendras à l'extérieur. »

Rafael Toledo, commandant de la garde princière de Hermegen, fit une moue sévère qui l'avait rendu célèbre dans toute la principauté, et qui apparaissait même en arrière-plan de la photo officielle du couronnement de Florencia. À vingt-cinq ans à peine, Rafael avait déjà les pommettes grisonnantes, et il taillait sa barbe avec grand soin pour se vieillir davantage. Son uniforme bleu nuit très élégant se complétait de gants blancs et d'une casquette en feutre. À sa ceinture, dans un holster en cuir, reposait un revolver que Florencia avait fait graver à son nom dans une des toutes dernières forges de la principauté. En retour, Rafael lui avait confié un médaillon discret qui n'avait jamais quitté son cou depuis des années.

Leur amour était à la fois une bénédiction et un fléau, car en ces temps troublés, Florencia ne pouvait se permettre que les espions insistants de l'Empereur Auguste découvrent une telle faiblesse. Aussi les avait-elle lancés sur de fausses pistes, en invitant de faux amants dans ses appartements, qui changeaient tous les six mois, des acteurs grassement payés pour garder le silence. Au fil du temps, sa prétendue débauche avait même fini par effleurer les lèvres de son peuple, et devant les rumeurs, ses propres ministres lui avaient commandé de faire preuve de plus de retenue.

Florencia s'assit dans un fauteuil molletonné, cherchant la meilleure position pour montrer qu'elle ne craignait personne, et qu'elle ne s'en laisserait pas conter – pas même par un Haut Paladin expédié ici en droite ligne par Auguste, et qui se permettait d'arriver en retard à une entrevue qu'il avait lui-même exigée. Son regard parcourut les boiseries marquetées de ce petit bureau confortable, réservé à ses activités les plus secrètes – entretiens d'État, signature d'accords de commerce, et, paradoxalement, retrouvailles nocturnes avec Rafael. Une immense carte de Mardékie occupait l'espace entre les deux fenêtres, et sur le côté gauche, dans l'angle du mur, se cachait une porte dérobée.

L'idée que le Haut Paladin allait tantôt s'asseoir sur le fauteuil opposé, sur lequel elle était presque certaine d'avoir badiné avec Rafael la semaine passée, lui arracha un sourire – mais son masque princier se remit aussitôt en place, car son dévoué commandant frappait à la porte pour annoncer l'âme damnée d'Auguste. La princesse Florencia se leva pour accueillir son hôte ; elle pensa à quelques mondanités d'usage, mais le Haut Paladin entra aussitôt comme un coup de vent soufflant la flamme d'une bougie, et plongea la pièce dans un épais silence.

Il n'était pas attendu qu'ils se serrent la main ; Florencia, comme tout son appareil d'État, connaissait la symbiose unissant les servants d'Auguste et la Peste Noire. Et c'est presque tout ce qu'elle voyait derrière ce masque aux yeux de verre et au bec de corbeau : la Peste ayant pris corps.

Ce corps, c'était celui du Haut Paladin Ilyas, le Loyal, un jeune homme sur lequel les espions de Florencia ne savaient rien, sinon qu'il était né à Vehjar, et que rien dans sa carrière de Paladin ne le prédestinait à une fonction aussi élevée.

« Il se fait tard, messire, et on m'a dit que Hermegen n'était qu'un arrêt sur votre route : vous souhaitez sans doute que votre train reparte le plus vite possible. Aussi, venons-en au fait.

— Certainement. Je vous apporte un message d'Auguste. »

Il demeura debout, comme s'il savait pour le fauteuil ; mais la princesse ne se laissa pas intimider. Elle avait perdu un œil dans sa jeunesse lors d'une chute de cheval, remplacé par un bandeau brodé qu'elle portait fièrement, là où ses conseillers auraient préféré une prothèse de verre discrète. Et bien qu'elle ne vît plus qu'en deux dimensions, la princesse était dotée d'un regard perçant dont les Paladins masqués seraient à jamais privés.

« Auguste ? répliqua-t-elle. Soyons honnêtes, messire Ilyas. C'est peut-être Auguste qui inspire le Second Empire, mais c'est Eldritch qui le dirige. Que veut-il ? »

Le Haut Paladin croisa les bras avec flegme, montrant qu'il faisait peu de cas de cette tentative de la princesse de paraître maligne, et de se hisser au niveau des complots et des manigances dont les Paladins avaient infecté tout le continent.

« En premier lieu, il vous envoie ses félicitations. »

La princesse se figea. Cela ne faisait que trois mois ; les robes amples taillées par les couturiers de la principauté suffisaient à camoufler sa grossesse.

« Il espère que, d'ici la naissance, vous aurez réussi à déterminer qui est le père. »

Elle lui concocta un regard furieux, bien que cette réplique mesquine lui eût offert son seul soulagement de la soirée : ils ignoraient pour Rafael. Le Haut Paladin, ayant établi sa supériorité en se permettant de l'insulter, poursuivit son monologue.

« Après la disparition du Haut Paladin Rufus, nous avons pensé que l'Empire faisait l'objet d'un complot de grande ampleur visant à le déstabiliser. Nous avons redoublé de vigilance, notamment auprès de Hermegen. Mais trois mois se sont écoulés depuis, et nous avons pu conclure qu'il s'agissait d'un incident isolé. Rassurez-vous donc : vous êtes innocente. »

Ce n'était absolument pas rassurant.

« Dans une semaine, le dernier rail de la voie traversant Istrecht sera posé, et la gare de Vehjar sera complétée : le train joindra l'extrême Sud et l'extrême Nord d'Avalon. À cette occasion, le Haut Paladin Eldritch voyagera de Kitonia jusqu'à Vehjar. Sur son chemin, il est attendu que les dirigeants prêtent serment d'allégeance au Second Empire. Les détails vous seront communiqués en temps voulu. »

Les mains de Florencia se crispèrent sur le dossier de son fauteuil.

« Ne soyez pas surprise, dit Ilyas. Vous saviez que ce jour arriverait. Vous devriez plutôt vous réjouir. À la disparition de Rufus, votre ville était très proche de connaître un sort semblable à Istrecht. C'est mon vote qui vous a sauvé. Si je n'avais pas été Haut Paladin, votre enfant ne serait jamais né prince de Hermegen. Non, contrairement à Istrecht, votre famille restera en place ; nous ne demandons de vous que d'accepter le Second Empire comme votre grand frère ; cela ne fait qu'officialiser un état de fait.

— Je vais y réfléchir, dit précipitamment Florencia.

— Certainement, dit Ilyas en détournant la tête. Comme vous l'avez dit, je suis pressé de repartir. Que disent les wotanistes, déjà ? Ou du moins ceux qu'il reste... paix et prospérité, c'est cela. Toutes deux garanties par l'Empire. Entraînez-vous à sourire, princesse, en prévision de cette cérémonie ; on pourrait croire que vous ne vous réjouissez pas. »

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