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53. Les premières pages du carnet

Je ne suis peut-être pas sur la bonne voie.

Avant de passer aux expériences sur l'être humain, je dois approfondir ma connaissance du code source d'Avalon. J'ai commencé par des Processus simples : des poules et des lapins que nous gardons dans le jardin, et qu'Aelys affectionne beaucoup.

Si seulement ce code n'était qu'un vieux manuscrit écrit dans la langue des Précurseurs ! Mais c'est bien pire que cela. Les Précurseurs n'ont pas engendré toute la complexité d'Avalon de leurs propres mains. Ils ont construit des machines, des « intelligences artificielles », pour diversifier la biosphère d'Avalon à partir de bases simples.

Le code des Processus MODL, les humains, souffrira des mêmes défauts : une complexité opaque, par nature inaccessible à un esprit humain, et encore moins un homme ayant pour seuls outils du papier et un crayon.

Clodomir d'Embert, Journal


Avec un mouchoir noué autour du cou pour se protéger du soleil, la première moitié du trajet ne dura que trois jours, malgré l'état déplorable des chemins qui serpentaient à travers les champs de blé – et leur fâcheuse manie à créer des détours dignes d'un voyageur de commerce. La logorrhée de Lor fit rapidement place à un mutisme gênant. Concentrés sur leurs quêtes respectives, ils ne s'adressaient la parole qu'au moment de faire une pause, ou le soir autour du feu, lorsque Maïa venait compléter leur cercle.

La traversée des terres marécageuses leur prit deux fois plus de temps. Aelys connaissait la géographie d'Avalon, mais pas au kilomètre près, et même la carte achetée en chemin se révéla vite incapable de leur donner de bonnes directions. Ils tournèrent en rond à la recherche de ponts qui avaient coulé faute d'entretien, rencontrèrent des routes toutes neuves installées par l'Empire, et plus d'une fois, se rapprochèrent dangereusement de la ligne de train, dont le talus de remblai allait d'un horizon à l'autre comme un interminable serpent.

Une fois les embourbements passés, des dunes de sable leur apparurent ; la côte du continent, à un endroit où elle était encore vierge de toute activité humaine. La Forêt Changeante se trouvait cinquante kilomètres plus loin, sous des nuages qui couvaient la presqu'île. L'Isthme de Gardorel, au Sud-Est, était la seule voie d'accès vers la ville de Kels. Dans la nuit, installés en surplomb de la plage, ils virent passer deux trains au loin, dont les lumières ressemblaient aux reflets des étoiles filantes sur l'océan.

Faire un feu aussi loin de toute activité humaine, et à vol d'oiseau du chemin de fer, c'était attirer l'attention sur eux. Aussi se contentèrent-ils d'une demi-Lune qui ne resta en place qu'une moitié de la nuit, comme si elle avait d'autres affaires pressantes, et de ces étoiles dont les traînes innombrables scintillaient telles les ors d'une cour étrangère, aux coutumes mystérieuses, en laquelle on n'est soi-même qu'un invité mal placé.

« Ils nous attendront à Kels » dit Lor.

Depuis le retour de Maïa, elle et Aelys s'entraînaient en silence ; leurs mouvements adoucis par la pénombre ressemblaient à une danse expérimentale.

« Ou même mieux, ajouta-t-il. Sur l'Isthme. Au point le plus étroit, il suffit de mettre vingt Paladins qui se tiennent la main, ou disons, dix qui ont trop mangé, et plus rien ne passe. »

Aelys rangea sa dague dans la fausse poche de son pantalon et vint s'asseoir sur le sable.

« Dix Paladins te font peur ? »

Lor accueillit cette moquerie badine avec un sourire forcé. Depuis qu'ils avaient quitté Breda, le Menteur s'assombrissait comme un philosophe pris de doutes. En grappillant quelques phrases sur le chemin, Aelys avait fini par comprendre qu'il voyait la rencontre avec Mû comme la fin de son voyage, l'accomplissement d'une mission qu'il s'était donnée depuis des années, là où ce n'était pour elle qu'une étape de son ascension.

Et ce rapprochement inexorable faisait naître chez lui une certaine appréhension.

« Si je pouvais éviter de croiser des Paladins, et a fortiori un Haut Paladin dont le souffle pestiféré me retournerait les boyaux, ce serait tant mieux.

— Nous ne croiserons pas de Paladins, intervint Maïa.

— Qu'est-ce que tu proposes ?

— Les eaux de la baie sont calmes et peu profondes. Les noctureuils ont repéré un bac abandonné à quelques kilomètres d'ici. S'il y a un peu de brouillard, nous serons pratiquement invisibles. »

Lor croisa les bras en regardant vers ce morceau d'océan plat qui les séparait de la Forêt Changeante. Ils y entreraient donc sans passer par Kels. C'était la meilleure solution. Mais l'inquiétude du Sysade ne semblait pas diminuer.

Ils furent réveillés dès l'aube ; la marée était basse, et la plage s'était doublée d'une grande étendue de vase et de rochers sur lesquels des bastions d'huîtres sauvages étaient assaillis par des nuées de mouettes voraces. Elles tourbillonnèrent une bonne partie de la matinée avec une assiduité de rapaces ; excédé par leurs cris incessants, Lor se mit à leur jeter des cailloux. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit et s'était replongé dans son mutisme des derniers jours.

Le bac et sa rame étaient échoués sur le sable, tels les vestiges d'un naufrage ; ils étaient imprégnés d'une odeur d'algue, un mélange de sel et d'iode. Lor y ramassa une bouteille à moitié vide d'une mixture viticole qui avait tourné au vinaigre ; il la jeta à la mer en espérant que personne ne la retrouverait jamais.

Comme ils attendaient la marée haute, l'assassin fit une courte sieste. Il sauta bientôt sur ses pieds tel un insomniaque et se mit à faire les cents pas sur la plage en ramassant des coquillages, qu'il laissait tomber aussitôt. Au passage, il insultait les mouettes avec l'élégance d'un ivrogne, qui s'envolaient à son approche en le moquant.

Aelys en profita pour ouvrir son carnet de notes.

Elle dessina la ligne de train, les arbres lointains chargés de leur promesse, le bac traîné sur la plage au milieu des touffes d'algues pourrissantes.

Maïa s'assit à côté d'elle et regarda par-dessus son épaule avec intérêt ; alors Aelys feuilleta les pages à l'envers, remontant toute l'histoire de ses observations. Elle eut un pincement au cœur en reconnaissant les cerfs qu'elle avait dessinés le jour de la mort de Clodomir. Maïa observa sans mot dire, jusqu'au moment où apparurent quelques glyphes de l'alphabet des Précurseurs. La Nattvas les reconnut comme tels, même si elle ne savait pas lire, et elle en fut très impressionnée.

« Nous avions beaucoup de livres sur le langage des Précurseurs, expliqua Aelys, et mon père m'a donné quelques cours. Ce sont quelques phrases qu'il me faisait recopier. »

Un savoir familial qu'il lui avait transmis, au contraire du pouvoir de Sysade.

On croyait toujours reconnaître, dans ces cercles, ces ellipsoïdes et ces bâtons, des petits personnages à qui il arrivait toutes sortes d'aventures. Aelys tourna les pages pour montrer à Maïa des phrases de plus en plus complexes, où les symboles s'assemblaient sans ordre apparent, faisant naître parfois des figures géométriques d'une étonnante régularité, et d'autres fois, un simple embrouillaminis de traits où l'on reconnaissait la main sans assurance d'une Aelys marchant sur les pas de ses ancêtres.

« Comment se prononcent ces mots ? demanda la Nattvas.

— Ils ne se prononcent pas. Les Précurseurs ont utilisé cette langue pour écrire Avalon, mais ce n'est pas celle qu'ils employaient tous les jours – ce pourquoi l'usage s'est pratiquement perdu. »

Maïa s'allongea sur le sable, sa tête transparente appuyée sur ses mains.

« Est-ce que, par hasard, certaines de ces phrases ne commençaient pas par « Entrée » ?

— Je n'en sais rien. Il faudrait que je regarde. Je sais que ça ressemblait beaucoup à un dialogue de plusieurs personnages.

— Est-ce qu'un de ces personnages se nommait « Console » ?

— Tu sais quoi ? Je vais te laisser découvrir par toi-même. Que dirais-tu d'apprendre la grammaire des Précurseurs ? On peut commencer cette nuit.

— Cette nuit, nous serons sur la baie » rétorqua doucement Maïa.

Lor se rapprocha d'elles, l'air bougon.

« La nuit prochaine, alors, corrigea Aelys, tout en devinant que cette promesse serait difficile à tenir.

— À qui parles-tu ? Qu'est-ce que c'est que ça ? »

L'assassin désœuvré traversa la silhouette transparente de Maïa, qui le contempla avec l'expression d'un chat dérangé en pleine sieste, et se pencha sur les pages ouvertes. Aelys crut qu'il lancerait une boutade quelconque, moquerait les dessins dignes des griffonnages sur les pupitres d'une école élémentaire. Au lieu de cela, Lor fronça des sourcils et détourna le regard, comme si ce qu'il venait de voir avait particulièrement heurté ses convictions politiques. Mains dans les poches, il entama une nouvelle révolution autour du bac échoué.

« Qu'est-ce qu'il a ? souffla Aelys.

— Lor est un personnage. Un acteur. Le citadin en chemise qui dîne dans un grand restaurant, le voyageur dans la banquette du train, le charmeur offrant des fleurs à sa nouvelle conquête, ce sont des masques. Si tu retires tous ces masques, il en reste un seul... le tueur. Quelqu'un que tu n'as pas envie de connaître. »


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