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43. Les petits arrangements

À Kitonia, à notre départ, personne ne connaissait notre destination – pas même Irina, ni moi-même. Nous ne l'avons décidée que sur le chemin. Les Sysades avec lesquels je communique ignorent mon adresse dans le Grand-Duché ; ils pensent que ma demeure se situe à Vlaardburg. Il n'y a peut-être que le cousin d'Irina qui sait où nous sommes. Mais je ne me fais pas d'illusions. Les Paladins, s'il leur en prend l'envie, pourront nous retrouver. La vie sédentaire que j'entendais mener ici pourrait ne durer que dix ans, cinq ans, une seule année. Nous faudra-t-il encore partir ? Pour aller où cette fois ? Avalon est petit, si petit depuis que les trains ont pris leur premier départ de Kitonia.

Clodomir d'Embert, Journal


« Nous partons » indiqua Maïa.

La robe de moine qu'elle avait empruntée sur le chemin glissa sur son épaule à demi matérialisée.

Le moine qui venait de prodiguer à Lor un massage tonique des clavicules, en avant-goût d'une séance de chiropractie plus dynamique, se reporta sur elle. Mais il avait suffi d'un pas pour que le vide et la forme changent de place, et ses mains se refermèrent sur du vide. Maïa abattit un coup de pied dans son entrejambe, et en entendant un râle masculin s'échapper de sa gorge, Lor ne put s'empêcher d'avoir un peu mal pour lui.

Le deuxième moine patibulaire avait dégainé une épée courte ; il s'élança pesamment, et sa lame traversa Maïa sous la poitrine, précisément à un endroit où elle n'existait pas. La Nattvas riposta d'un simple direct au menton et s'écarta sans jamais abîmer son corps d'ombre.

Van Zoest regardait la scène comme si Wotan en personne était descendu d'un cheval blanc, ivre, pour venir uriner sur son balcon. C'est en tout cas la réflexion que se fit Lor.

Maïa ramassa les clés et libéra l'assassin professionnel, qui se massa les poignets avec délectation. Du pas de la porte, elle lança au superviseur :

« Vous ne pouvez pas enchaîner Aelys. Personne ne le peut. Bientôt, elle abattra le Second Empire.

— Vous avez l'air si sûre de vous, railla van Zoest. Mais rien ne fera jamais plier Auguste. Certainement pas une ombre et une Sysade. Mû a disparu, son Pacte s'est éteint. Les Paladins ont eu raison de changer de chapelle. Même le wotanisme, qui en appelle à quelque chose de mort depuis longtemps, finira par disparaître. »

Car le superviseur était pragmatique, et il changerait d'étole comme de parti politique. Ce soir on priait Wotan, demain on se prosternerait devant Auguste ; mais quel que soit l'ordre des choses, il y garderait la même place.

« Vous ne me laissez pas le choix, déclara van Zoest d'un air navré. Sans Aelys de mon côté, je ne peux que me ranger derrière les Paladins, comme bientôt tout Avalon, qui... »

Lor le coupa en claquant la porte.

« Je suis content que tu sois venu me chercher, souffla-t-il à Maïa. Il est vrai que, sans moi, cette mission courrait à sa perte...

— Je préférerais avoir à te couper la main et la transporter dans un sac, mais le pouvoir de Sysade ne fonctionne pas ainsi. »

Ils se retrouvèrent au milieu de la salle à manger vide, où luisaient quelques bougies abandonnées. Lor inféra qu'il avait été interrogé dans le cellier – c'était la première fois qu'il en visitait un. Maïa parcourut les tables d'un regard bleu perçant, comme si elle cherchait les miettes de la veille.

Les portes d'entrée claquèrent et une compagnie de moines débarqua avec toute la hâte que permettait leurs robes trop amples. Ils avaient troqué leurs livres de prières pour des carabines en parfait état de marche ; une des nombreuses ressources dont pouvait s'enorgueillir le monastère. Wotan fermait les yeux au nom du pragmatisme.

« Tout droit » ordonna Maïa.

Lor était sur le point de leur servir un vibrant discours sur le fait que toute vie est sacrée lorsque les moines commencèrent à les canarder. Des échardes de bois et des éclats de pierre tressautèrent dans la pénombre tandis que l'assassin roulait à terre. Maïa avait choisi la position inverse ; elle s'était envolée au-dessus des tables, et bondissait de l'une à l'autre sans le moindre effort.

Son pied atterrit dans la figure d'un des tireurs, et le coup de feu dévié éborgna le Wotan d'un vitrail, qui n'avait jamais eu l'air aussi déçu et fatigué.

Lor continuait de rouler entre les tables, en évitant les chaises qui tombaient sur lui de temps à autre, frappées par les plombs qui faisaient éclater leur dossier en fleurs de paille. Car Lor était un jeune homme raisonnable, qui savait s'enfuir la queue entre les jambes lorsque sa survie l'exigeait.

Après une cinquantaine de coups de feu, l'expert en roulades releva timidement la tête. Il laissa dépasser un œil et une oreille au-dessus de la table couverte de vaisselle brisée, tel un cétacé faisant surface. Il restait un moine debout, qui reculait vers la porte d'entrée en essayant de recharger son revolver. Maïa avançait vers lui à pas félins.

Ses doigts glissèrent et plusieurs balles tombèrent à terre. Lor eut un sourire. Lui non plus n'appréciait guère les armes à feu, bien qu'elles eussent facilité bon nombre de ses missions. Il suffisait de boire un bon thé noir, de s'installer sur le toit d'une maison abandonnée, derrière l'arête, dans l'ombre du soleil de dix heures, de pointer une carabine sur la tête du bourgmestre – attention, pas n'importe quelle carabine, un modèle rare et hors de prix que les Paladins gardaient pour eux, mais dont quelques exemplaires avaient circulé hors de Kitonia.

Le dernier moine laissa tomber son revolver et bomba le torse avec défiance. Comme ses collègues, il s'attendait à écoper d'un coup et pied stratégiquement placé, et serrait les dents en se promettant que sa foi en Wotan était plus grande que la douleur.

Maïa passa à côté de lui en souriant face à ses épaules tremblantes. Amusé par cette ultime humiliation, Lor suivit en tirant la langue.

L'ombre se dirigea ensuite vers la Première Loge d'un pas altier, comme une princesse en visite. Après leur petite séance de tir, des bougies s'allumaient à toutes les fenêtres du monastère ; les nonnes sortaient dans les jardins, se passant des messages contradictoires, tandis que les visiteurs les plus réveillés s'enfuyaient à toutes jambes en chemise de nuit.

Nombre de chambres étaient déjà ouvertes lorsque Maïa mit le pied dans la Loge, mais leurs occupantes avaient déjà couru à l'entrée réclamer un remboursement.

Il ne restait que Fiona, campée devant la porte d'Aelys. Les lèvres pincées, la mâchoire serrée, le visage blême, la borgne semblait en plein examen de conscience. Elle avait à la main une lampe sans flamme, un globe de verre au bout d'une chaîne de métal, qui irradiait une lumière azurée.

« Navrée d'avoir troublé votre sommeil » murmura Maïa.

La nonne leva sa lampe à cristal et la balança telle un encensoir ; les rayons surnaturels effacèrent la surface de Maïa comme une vague remodelant le sable.

« N'allez pas plus loin » ordonna-t-elle.

Lor aurait pu lui demander si c'était bien elle qui l'avait vendu au superviseur, mais au fond, la réponse ne l'intéressait pas. C'était de bonne guerre ; il ne fallait faire confiance à personne. Au lieu de cela, il éructa :

« Et toi, tu t'es vraiment convertie au wotanisme ? »

Fiona le considéra d'un air absolument atterré.

« Je suis ici pour échapper aux corbeaux. C'est le seul moyen que j'ai trouvé ; on en trouve désormais dans toutes les villes. Qu'est-ce que tu crois, Lor ? Je ne suis pas la seule. Nous sommes des dizaines dans le même cas. Repoussés dans le dernier carré où les corbeaux ne mettent pas leur nez... jusqu'à maintenant ! »

Elle agita sa lampe à cristal à bout de bras pour maintenir Maïa à distance.

« Dès l'instant où tu as posé le pied dans ce monastère, je savais que j'étais foutue. Mais ce n'est pas toi le problème, pour une fois. C'est elle. La fille que tu as ramenée. La dernière Sysade. »

Lor haussa les épaules.

« Sysade ou pas, le superviseur aurait fini par tremper avec les Paladins.

— Il n'y a que deux camps, murmura Maïa.

— Deux camps ? Où vois-tu deux camps ? Je n'en vois qu'un seul, et il veut ma tête. »

Tout cela était joliment dit, mais les moines surarmés allaient surgir d'une minute à l'autre avec leurs sermons à six coups, aussi Lor arracha-t-il l'écaille de Mû de son écrin. Le globe de verre se fendit de toute sa hauteur et la graine de cristal de la taille d'une phalange rejoignit la main du jeune homme.

Fiona recula, confuse.

« Tu... tu...

— Ma pauvre. Je ne sais même pas pourquoi tu as si peur des Paladins. Pourquoi n'as-tu pas un peu plus peur de moi ? J'ai beau porter une chemise et aucun masque à bec, je suis beaucoup plus dangereux. »

Lor déplia le cristal en une fine lame, qu'il logea dans son cœur. Il accompagna son dernier instant d'un sourire, tandis qu'elle le contemplait d'un air atterré. Quoi qu'il advienne, les Hauts Paladins apprendraient qu'Aelys était en vie. Pour sa sécurité, il tenait beaucoup à ce qu'ils croient qu'elle était la Sysade, ce pourquoi il avait laissé van Zoest respirer.

« Tu n'étais pas obligé de la tuer » dit Maïa.

Elle avait une expression de dégoût, comme si elle le découvrait pour la première fois. Malgré toutes ses manières de reine de la nuit, malgré son tableau de chasse de monstres, elle était vraiment au même degré d'innocence enfantine qu'Aelys.

« J'ai l'impression que tu n'as pas très bien compris en quoi consiste le métier d'assassin. J'ai déjà tué des gens bien plus innocents que Fiona. J'aurais même tué Aelys si c'était ma mission.

— Tu es vraiment ignoble.

— Et toi tu m'aurais arraché la main pour prendre mon pouvoir. Comme quoi, il n'y a pas de morale, on fait tous nos petits arrangements. »


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