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29. Un homme pressé


L'hiver dure. Encore un mois à tenir, peut-être deux.

Il y a eu un incendie dans un de nos entrepôts. Rufus a mené une enquête rapide, et conclu que les habitants savaient si c'était un accident ou non, mais que nous, nous ne le saurions jamais. Auguste a ordonné une réunion de crise et Eldritch a refait ses calculs. Bien que le feu ait été rapidement contenu, à moins d'un miracle, nous risquons la famine.

Nous avons envoyé de nouveaux télégrammes à Istrecht, mais le roi fait la sourde oreille. C'est aussi l'hiver, là-bas – enfin, c'est beaucoup dire.

Une nouvelle délégation d'habitants est venue voir Auguste en fin de journée. Les kitoniens disent que dans les cas de crise, lorsque la viande séchée venait à manquer, les meilleurs pisteurs sortaient de la ville pour chasser l'ours, le phoque et le caribou. Au mépris de la nuit et des Nattväsen.

Clodomir d'Embert, Journal


Sortie de l'eau, Maïa longea le mur sur des dizaines de mètres en prenant appui sur les rochers humides de ses fondations De l'autre côté de l'île s'ouvrait une crique minuscule, avec une plage de galets, sur laquelle on déchargeait les vivres et les prisonniers. La lumière de la Lune, tranchée en deux par une arête de granite, en occupait la moitié, et un garde esseulé faisait des allers-retours entre les deux espaces, une lampe-tempête à la main.

Des cris retentirent dans la tour. Elle leva la tête, juste à temps pour voir une fenêtre exploser. Un soldat catapulté décrivit un arc de cercle qui l'envoya, dix mètres plus bas, se briser tous les os sur les galets, parmi les masses d'algues et d'écume entassées par la marée.

Interloqué, le garde abandonna sa lampe et monta dans la tour en laissant la porte ouverte derrière lui.

Maïa suivit d'en bas les cris, les coups et les bris de fenêtres qui retraçaient le déroulé des combats. En haut de la tour, sur le chemin de ronde, on fit sonner une cloche ; les gardes paniqués pointèrent leurs lampes à faisceau vers la côte en essayant d'envoyer un signal. Mais les lueurs de la ville n'eurent pas le temps de répondre. En désespoir, certains montèrent jusqu'à la lampe du phare.

Après quelques instants, il y eut une détonation.

Les vitres et les lentilles de verre surchauffées éclatèrent en une gerbe d'étoiles scintillantes, tandis qu'une nappe d'huile enflammée se répandait sur tout le sommet de la tour ; elle dégoulina sur la façade et des gouttes tombèrent sur la plage en émettant de brèves fumerolles.

Le vent balaya les tourbillons de fumée et le silence retomba sur la tour ; du côté de Vehjar, on lançait déjà sans doute les premiers esquifs en direction du Donjon.

Lor passa la porte en sifflotant et sauta à pieds joints sur les galets. La petite bille de cristal dansait au-dessus de sa main comme la fée Clochette. Il avait les cheveux blonds et le sourire impeccable. En découvrant la présence de Maïa, bras croisés à l'ombre des rochers, il fronça des sourcils.

« Je suppose que c'est à toi que je dois cette escapade.

— C'est bien toi, Lor le Menteur ?

— Je t'en prie, nous sommes entre jeunes gens... enfin, je suppose. Tu peux m'appeler juste Lor. »

Il laissa flotter la bille au-dessus de sa main.

« Pourquoi as-tu tué tous ces gens, Lor le Juste ?

— Eh, je ne suis pas sûr qu'ils soient tous morts. Et de toute façon, j'avais soif, et tandis que je remontais vers les cuisines, ils se sont interposés entre moi et une excellente bouteille. »

Maïa choisit de sourire de sa réponse. Avec toutes ses années parmi les Nattväsen, elle avait eu son lot d'esprits dérangés. Elle n'espérait pas grand-chose de celui-ci, sinon de leur fournir le pouvoir de Sysade dont elles avaient besoin pour atteindre Mû. Qu'il les rejoigne volontairement ou qu'il faille le lui prendre de force – Cheshire la laissait libre de décider.

« Ce fut un plaisir, ma chère, mais vois-tu, il commence à faire un peu froid par ici, et j'ai très hâte de changer de chaussettes et d'aller prendre un bain. Donc si tu permets...

— Reste où tu es, Lor, et dis-moi... pourquoi as-tu volé le pouvoir ? Cela ne pouvait pas faire partie de ta mission.

— Je ne répondrai qu'en présence de mon avocat. »

Attentive, Maïa décrypta une partie de sa gestuelle. Il jonglait avec la bille avec une grande assurance : ce pouvoir, il le désirait depuis très longtemps. Cette grande puissance, qu'il savourait pleinement, représentait l'achèvement d'une vie de sacrifices.

« Le pouvoir de Sysade est une voie étroite. Elle ne peut te mener qu'à l'affrontement avec le Paladinat. C'est bien la raison pour laquelle Auguste voulait faire disparaître les Sysades. À moins... »

Lor referma son poing. Elle avait vu juste.

« Bon, tu as de très beaux yeux, mais la conversation est ennuyeuse. À la prochaine... »

La goutte de cristal, devenue une aiguille longue comme le bras, traversa la pénombre en un éclair fugace. Maïa l'évita d'un simple pas de côté. Elle avait appris, face au Bandersnatch et tous les autres monstres de la nuit, que l'important n'était pas toujours d'être rapide, mais de réagir au bon moment.

L'aiguille revint à la même vitesse ; elle pencha la tête en avant et le javelot presque invisible fusa au-dessus de son front comme la flèche de Guillaume Tell.

Le cristal regagna la main de Lor, qui se contenta de le toucher du doigt ; l'aiguille éclata en une dizaine de fragments encore plus fins. Dans une position de garde très approximative, les bras à peine écartés du corps, Maïa se rapprocha à pas lents.

La salve d'aiguilles fusa vers elle selon deux lignes croisées ; elle sauta à pieds joints, à un mètre de hauteur, se baissa vers l'avant et se réceptionna en une roulade au sol.

Ce faisant, elle atteignit le champ des rayons lunaires ; son épaule et son bras gauche s'effacèrent en un petit nuage de fumée. C'était la lumière directe qui faisait disparaître les Nattväsen. Un astronome du passé aurait pu répliquer que la Lune était une source de lumière secondaire, le reflet d'un Soleil situé de l'autre côté du monde. Ce n'était pas le cas sur Avalon, où la Lune était le vestige d'un précédent Soleil.

« Oh, impressionnant » murmura Lor en la voyant marcher ainsi à la frontière entre rêve et réalité.

Il croisa les bras avec confiance. Maïa lui sourit à pleines dents. Elle le détestait déjà. Malheureusement, le statut d'Administrateur Système ne pouvait être conféré qu'à des Processus de type MODL ou ASE, elle ne pouvait pas le lui arracher elle-même et il fallait donc le traîner jusqu'à Aelys.

« Mais je suis vraiment pressé, je pue le hareng crevé. »

Il récupéra sa pierre et l'étala en un simple bâton, qu'il plaça à l'horizontale. Le premier barreau d'une échelle invisible. Cette échelle se souleva d'un décimètre, tirant tout son corps à sa suite ; il vérifia la stabilité de l'ensemble et fit un clin d'œil en direction de Maïa.

La Nattvas se baissa pour prendre son élan, posant les mains à terre comme une sprinteuse.

Lor eut juste le temps de comprendre ce qu'elle allait faire ; un épais nuage passait devant la Lune, et il sentit la lumière froide glisser hors de son visage.

Maïa traversa l'air comme une flèche, négligeant les lois de la gravité, car son corps d'ombre ne pesait pas plus d'une dizaine de kilogrammes. Sa main droite s'agrippa au poignet de Lor, et les ongles de sa main gauche se plantèrent dans son épaule. L'instant d'après, ils tombaient tous les deux sur les galets ; Maïa se rattrapa avec une roulade, et Lor avec la grâce d'un ivrogne qui vient de se cogner à un lampadaire.

« Cent mille écailles de mes fesses ! Alors toi aussi, tu es une tueuse ? Et c'est quoi ton plan, exactement ? Pourquoi est-ce que tu m'as filé ce caillou ?

— J'ai besoin d'un Sysade. Te faire sortir d'ici était la première étape.

— Et pourquoi donc ? dit-il en cherchant les marques des griffes enfoncées dans sa coûteuse chemise de lin.

— La même chose que toi, Lor. La seule raison possible. Retrouver Mû. »

Elle tendit la main dans sa direction.

« Je peux reprendre cette écaille, la jeter dans l'océan, et te forcer à me suivre. Ou je peux te la laisser en guise de bonne volonté, et dans ce cas, tu viendras avec moi.

— Je suis trop jeune pour me faire avaler par les ombres. »

Maïa réfléchit quelques instants et parvint à une meilleure stratégie.

« Je te laisse faire ton choix. De toute façon, les Processus MODL Sysades n'échappent pas à la vigilance des Nattväsen ; je saurai toujours où tu te trouves. Si tu es intéressé pour joindre nos forces à la recherche de Mû, retrouve-moi là-bas, sur la plage. »

Elle bondit en arrière et plongea dans l'eau, sans prêter attention à ses protestations. Lui aussi avait un objectif secret, une requête à adresser au Dragon de Cristal en personne. Et c'était une quête impossible pour un homme seul, même un assassin réputé comme Lor le Menteur.


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