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1 - Le Pacte

Il faisait presque nuit. Le soleil saignait ses derniers rayons sur la route abandonnée, allongeant les ombres sur les pavés descellés. Cela faisait probablement des années que plus personne n'avait emprunté ce chemin – ce qui était précisément la raison pour laquelle Luc l'avait choisit.

Personne ne viendrait le déranger ici.

Il accéléra le pas en se frictionnant les bras. Il savait que le froid qu'il ressentait ne venait pas seulement de l'air printanier, mais aussi et surtout de la terreur qui le torturait depuis deux semaines. Depuis que Flavien lui avait parlé du Pacte.

Le soleil finit de disparaître derrière l'horizon, emportant avec lui ce qu'il restait de lumière. Quelques étoiles timides vacillaient ici et là, mais elles ne semblaient pas déterminées à éclairer les pauvres mortels qui se trouvaient dessous.

Il sortit son portable et activa la lampe en essayant de ne pas trébucher sur les rochers qui émergeaient du sol. Il n'était plus très loin. Google Maps lui avait donné une approximation de cinq kilomètres depuis l'endroit où il s'était garé, soit environ sept milles pas, et il en avait déjà fait six-cent quatre-vingt-deux. Quatre-vingt-trois, maintenant.

Garder le compte à l'arrière de ses pensées l'empêchait de paniquer. Tant qu'il ne cessait pas de compter, la situation ne pouvait lui échapper totalement.

Quatre-vingt-dix...

La lampe de son portable glissa sur la forme brisée d'un calvaire au bord du chemin. La mousse avait recouvert la silhouette du crucifié couronné de motifs enlacés. Il y en avait partout en Bretagne, surtout près des croisements.

Ce qui signifiait qu'il était arrivé.

Un chemin traversait le sien dans une perpendiculaire presque parfaite. Quatre-vint-onze pas. Google Maps ne s'était pas trompé de beaucoup.

Il se plaça nerveusement au milieu du carrefour. Allait-il réellement faire ça ? C'était insensé. Complètement insensé.

Il alluma l'écran de son téléphone et fit défiler quelques photos de sa galerie. Le visage de Flavien lui sourit de cette manière lumineuse qui lui plaisait tant. Ses cheveux bruns tombaient en boucle le long de son visage pâle. Ses yeux pétillaient de malice. Il était si beau.

Luc sentit son cœur se réchauffer. Il pouvait le faire. Pour Flavien. Pour eux-deux.

Il ouvrit ses messages et, profitant de deux miraculeuses barres de réseaux, envoya « J'y suis. Je vais le faire. Je t'aime ».

Puis il posa son portable au sol, la lampe toujours allumée, et plongea la main dans la poche de son manteau, dont il sortit une petite boite métallique. Il l'ouvrit et s'agenouilla par terre, les jambes légèrement flageolantes.

Flavien lui avait montré son grimoire. Il ne lui avait fallu qu'un regard pour tout mémoriser, comme d'habitude.

« Abandonnez au croisement des sentiers

Une chose vivante qui ne l'est plus,

Un trésor sans valeur de monnaie,

Du sang venu d'une peine accrue,

Et un deux Noms à lier en bas du Contrat ».

Luc ouvrit la boite et en sortit une petite souris enveloppée dans un mouchoir en tissu. Le chat de ses voisins la lui avait ramené hier, comme un trophée. Il la déposa avec déférence sur le sol de terre.

Une chose vivante qui ne l'est plus.

Ses doigts glissèrent autour de son cou et retirèrent la chaîne qu'il portait depuis sa naissance, un petit crucifix en bois léguée par la mère qu'il n'avait jamais connue. Il le déposa à côté de la souris.

Une possession sans valeur de monnaie.

Il ne restait plus qu'une fiole dans la boite. Il la souleva en tremblant légèrement et l'inspecta à la lumière de sa lampe. Le liquide rouge qui la remplissait à moitié paraissait presque noir. Il s'était méchamment coupé le bras pour l'avoir, cette « peine accrue » devrait suffire. Mais devait-il le répandre au sol ou déposer la fiole suffisait-il ?

Il détestait lorsque les instructions n'étaient pas claires. Était-ce si compliqué de décrire des actions précises ? Les vers et les rimes étaient-elles réellement nécessaires ?

Il soupira, estima que l'entité qu'il s'apprêtait à invoquer serait bien capable de déboucher une fiole s'il elle le souhaitait et déposa son dernier élément à côté des deux premiers.

Du sans venu d'une peine accrue. Et deux Noms à lier en bas du Contrat.

Bon, eh bien, c'était maintenant ou jamais...

Son regard traina autour de lui, cherchant un quelconque réconfort dans la noirceur de la nuit. Il enregistra mécaniquement quelques éléments – huit moustiques tournoyants autour de la lumière, trois fêlures sur le pied du crucifix, dix-sept feuilles mortes éparpillées dans un rayon de deux pas... – avant de se forcer à se concentrer.

— Je... Je suis Luc Legoff, et j'invoque le démon Asmodé.

Ses mots se répercutèrent durant quelques secondes avant de se noyer dans le silence.

Une chouette hulula quelque part, trois fois.

Rien ne se passa.

Ah.

— Je suis Luc Legoff, répéta-t-il un peu plus fort, et j'invoque le démon Asmodé !

— Oh, tu me laisses deux secondes pour arriver, s'il te plait ? râla une voix dans son dos. Toujours pressés, les humains. C'est fatiguant.

Luc se retourna d'un bond.

Un homme – ou, du moins, un être ressemblant à un homme – se tenait à trois pas de lui. Son costume pourpre se détachait comme un dessin ensanglanté dans la nuit noire. Ses cheveux longs, aussi sombre que le ciel, tombaient en cascade lisses, presque liquide, sur ses épaules. Il souriait. Ses dents blanches, légèrement pointues, contrastaient de manières presque irréelles sur sa peau mate.

Luc n'aimait pas regarder les gens dans les yeux, mais ces yeux-là l'attirèrent tout de même, l'aimantant aussi surement qu'un corps lié à la gravité. Ils étaient si gris qu'ils semblaient fait d'acier, comme une lame aux reflets dangereux.

Dangereux et fascinants.

Le démon approcha. Luc retint son souffle.

Quelque chose de lourd et sulfureux se dégageait d'Asmodé, comme une liqueur assez forte pour rendre ivre d'une gorgée. La manière dont ses hanches roulaient... Dont ses lèvres pleines, entrouvertes, promettaient... Et le tissu de son col entrouvert jouant avec la peau offerte de son cou, qui...

Luc réalisa soudain que le démon était tout près et secoua la tête pour se débarrasser de ces perturbantes pensées. L'être surnaturel essayait de l'influencer.

Asmodé rit en le voyant reculer.

— Pas la peine d'avoir l'air si offensé ! C'est presque vexant. La plupart des humains ne sont pas contre un peu de... piment dans nos rencontres, tu sais.

— Je ne suis pas là pour ça, répondit nerveusement Luc.

Le démon haussa les épaules.

— Je m'en doute. Allez, crache le morceau. Je sens quelqu'un m'appeler depuis Thèbes et je dois me changer avant de répondre, je n'ai pas envie de me retrouver en costard dans une chaleur étouffante.

Luc hocha la tête en tordant ses mains l'une dans l'autre.

— Je voudrais vous vendre mon âme à la place de celle de mon petit ami.

Asmodé se figea. Son aura de séduction s'envola d'un coup, remplacée par une ombre qui ternit l'éclat de ses yeux gris.

— Vraiment ? grinça-t-il. Aurais-tu une représentation de ce « petit ami » ?

Luc tourna sur lui-même et se pencha pour ramasser son téléphone, s'aveuglant momentanément au passage. Oui, très bonne idée de se ridiculiser devant un démon. Super.

Il lui suffit de rallumer l'écran pour que le visage de Flavien y apparaisse, beau, lumineux, presque angélique.

Asmodé soupira et secoua lentement la tête, l'air découragé.

— Il a passé un pacte treize ans plus tôt, expliqua Luc d'une voix qui vacillait un peu. Pour sauver sa sœur, qui avait le cancer. Mais le contrat prend fin après-demain et... Je voudrais le sauver. Que nous puissions passer treize ans ensemble, nous marier, avoir une vie, avant que le diable... enfin, vous, m'emporte. Je... Je suis prêt à tout pour un peu de temps. Un peu... heu... d'amour. Vous comprenez ?

Le démon se pinça l'arrête du nez.

— Je ne suis clairement pas payé assez pour ces conneries, grommela-t-il. Bon, je suppose que tu connais les règles ? Un souhait, treize ans de vie. Deux souhaits, sept ans. Trois souhaits, trois ans. Combien de souhaits veux-tu ?

— Un seul.

Asmodé ouvrit la main, paume vers le ciel. Une ombre s'y dessina, de plus en plus dense, jusqu'à ce qu'un livre relié de cuir rouge y apparaisse. Le démon tourna quelques pages et retira le stylo à bille glissé dans la rainure.

— Un vœu, marmonna-t-il en écrivant « 1 » dans un espace entre deux mots. Très bien. Formule-le-moi de la manière la plus précise possible.

— Je souhaite que mon petit ami, Flavien Defaust, né le douze mai 1990 à l'hôpital de Quimper, soit libéré du contrat qu'il a passé treize ans moins deux jours plus tôt avec le démon Asmodé ici présent sans en subir aucune conséquences.

La créature démoniaque se contenta de noter ce qu'il disait en hochant distraitement la tête, l'esprit visiblement ailleurs.

Luc commençait à se sentir mal à l'aise – enfin, encore plus qu'avant.

— Que va-t-il m'arriver dans treize ans ? demanda-t-il doucement.

Asmodé lui adressa un regard fugitif. Luc crut y lire quelque chose d'étrange, s'approchant étrangement de la pitié ou la compassion, mais il était parti si vite qu'il aurait tout aussi bien pu l'avoir rêvé.

— Rien d'aussi terrible que ce que les vitraux et les fanatiques ont pu te faire imaginer, lâcha-t-il en soupirant. Je ne peux t'en dire plus, Lucifer n'aime pas les bavards. Bien, il ne manque plus que ta signature. En signant, tu t'engages à approuver nos termes et conditions, qui nous déresponsabilisent notamment de toute brûlure ou malaise induit par la présence d'un lieu sacré ou d'un symbole de foi. Je précise aussi que malgré ce que Goethe a tenté de vous faire croire, aucune prière ne pourra nous empêcher de récolter ton âme l'heure venue. Toute mort arrivée avant le terme du contrat sera traitée comme un manquement de la part de l'humain et permettra au démon – c'est-à-dire moi – de réclamer ma part du marché. Des questions ?

Luc secoua la tête en signe de dénégation. Il avait machinalement compté les lignes du contrat – trente-deux – et fixait avec frayeur la partie blanche se trouvant sous la mention « lu et approuvé ».

Asmodé lui tendit son stylo.

Luc songea à tout ce qu'il aurait pu faire avec ce simple stylo, toutes les opérations qu'il aurait pu enchainer sur ses carnets à chiffres – il passait des après-midi à en découvrir de nouvelles – tous les portraits qu'il aurait pu crayonner, toutes les lettres qu'il aurait pu esquisser... Fallait-il vraiment qu'il l'utilise pour ça ? Un contrat qui le dépossèderait de son âme ?

Puis il songea à Flavien, à la douceur de son sourire, la tendresse de ses gestes, la façon dont il le regardait et tous les mots qu'il lui avait dit, à lui qui n'avait jamais eu personne dans sa vie.

Asmodé retourna le livre pour le lui présenter.

Luc signa. Un simple « L » qui ressemblait au signe « plus » entrecoupé d'un « G » timide, comme une parenthèse.

Il ne ressentit aucun changement en lui, sinon un immense soulagement. Il l'avait fait. Pour la première fois de son existence, il s'était montré courageux. Il avait sauvé Flavien. À présent, il pourrait aller le retrouver, l'embrasser, l'enlacer, et passer les treize prochaines années de sa vie dans un bonheur qu'il n'avait jamais cru trouver.

Asmodé referma le livre d'un coup sec et soupira.

— Honnêtement, je suis plutôt désolé. Un de ces jours, je coincerai ce petit crétin et lui ferait bouffer mon livre. Enfin, non, mon secrétaire est déjà une catastrophe, il n'a probablement fait aucune copie. Mais je suis certains que mes collègues auront des tas d'idées pour s'occuper de lui...

— De qui ? balbutia Luc, perdu.

Asmodé lui tapota l'épaule. Maintenant que le contrat était passé, il ne dégageait plus la même aura de fascination. Il était toujours beau – à se damner –, mais il avait l'air presque... normal.

— Tu le découvriras bien assez tôt. Allez, je file, le sorcier égyptien qui m'appelle depuis tout à l'heure commence à perdre patience. Salut !

— Heu... Salut ? répondit Luc d'un ton hésitant.

Ses paroles tombèrent dans le vide.

Il était seul au milieu du croisement.

Ses jambes cessèrent soudain de le supporter et il tomba à genoux, la main sur la bouche.

Il l'avait fait. Il l'avait fait !

Ses doigts tremblant déverrouillèrent l'écran de son portable. Quelqu'un essayait de l'appeler. Flavien !

Son sourire réapparut. Le cœur battant, il décrocha.

Luc ! s'exclama une voix tendrement familière. Je viens d voir ton message ! Tu l'as fait ?!

— Oui ! répondit le jeune homme avec une immense fierté. Oui, je viens de le faire ! Oh, Flav', j'ai eu si peur ! Il y avait ce démon, et...

Putain, j'arrive pas à y croire... Eh, Laurel, devine qui a craqué le premier ?

Luc battit des paupières, complètement confus. Avec qui était Flavien ?

Qui ? demanda une voix inconnue. Yassim ? J'ai gagné mon pari ?

Non, Luc !

La deuxième personne lâcha un long sifflement.

Ben ça, s'esclaffa-t-elle, c'est une surprise ! Comme quoi, faut pas les juger sur leur apparence, hein ? J'étais persuadé que Yassim aurait plus de couilles.

Luc se sentait mal. Ce dialogue ne faisait aucun sens.

— Flavien, supplia-t-il presque, que se passe-t-il ? Où es-tu ? Je viens te rejoindre...

Pas la peine, darling, répondit son amant, tu ne me seras plus d'aucune utilité. Écoute, tu n'en sors pas totalement perdant, tu as pu passer du bon temps avec moi, ce qui n'est pas donné à tout le monde. C'était mieux que rester tout seul avec ta calculatrice, non ? Et puis qu'est-ce que tu aurais fait de ta vie, de toute façon ? Réfléchis un peu, toi qui aimes tellement compter. Une bête de foire vaut moins qu'un prodige !

Luc n'arrivait pas à penser. Il avait l'impression de tomber, une chute immense, effrénée, dans un trou sans fond. Son esprit était si blanc que la seule phrase qui franchit ses lèvres fut :

— Je n'utilise jamais de calculatrice.

À l'autre bout du téléphone, Flavien explosa de rire. Un rire énorme, cruel, dont les éclats acérés se plantèrent directement dans le cœur du jeune homme. Son portable lui échappa et s'écrasa par terre, l'écran vers lui. Il pouvait voir la photo de Flavien lui sourire et ce rire, ce rire...

Il se boucha les oreilles en se recroquevillant sur lui-même pour ne plus l'entendre, ce rire, ce rire...

Et il resta ainsi longtemps, bien longtemps après que Flavien eut raccroché, les genoux lui rentrant dans la poitrine, les mains crispées dans les cheveux, et ses pensées déchirées tourbillonnant entre ses fragments de cœur brisés. Les larmes lui brûlaient les joues. Respirer était de plus en plus dur, de plus en plus chaotique, comme si quelqu'un l'égorgeait à chaque hoquet. Il avait à la fois l'impression de tomber et de heurter le sol, encore, encore, encore...

La batterie de son portable lâcha, le renvoyant brusquement à l'obscurité.

Au milieu de ce croisement, au milieu de nulle part, il gémit si fort qu'il en cria presque, toujours plus recroquevillé sur lui-même, comme s'il pouvait, par quelque miracle, se faire disparaître, avalé par la nuit.

Il avait cru que Flavien l'aimait.

Mais quelle stupide, stupide, stupide idée. Il était débile. Abruti. Il n'était pas courageux, comme il l'avait cru durant quelques minutes, il était complètement con. Bien sûr que Flavien ne l'aimait pas, bien sûr qu'il le manipulait pour obtenir quelque chose.

Qu'y aurait-il à aimer chez moi ?

Il avait tout fichu en l'air, toute sa vie – et il s'en foutait. Il était désespérément seul, trahis, rejeté comme un déchet en bord de route.

Flavien s'était servi de lui.

Il n'avait plus personne à aimer.

~

Lorsqu'il rouvrit les yeux, l'aube venait de se lever. Une aube sale, grise, chargée de nuages lourds.

Il était frigorifié, couvert d'une faible pellicule de rosée et courbaturé de partout.

Sa peine s'était changé en désespoir, et son désespoir... en rien.

Un vide absurde.

Un gouffre dans sa poitrine, comme un trou noir où tout s'abîmait lentement.

Ce qui l'attendait, il l'avait déjà vécu. La déchirure du rejet. L'impossibilité de se regarder dans la glace. La solitude immense, écrasante. La sensation de devoir se battre, chaque jour, contre un monde qui ne voulait pas de lui.

Avoir cru trouver l'amour, enfin, et se rendre compte qu'il était tombé dans un piège était...

C'était trop. Trop pour un seul homme, trop pour n'importe qui, cette impression d'immense gâchis.

Il avait vraiment, désespérément envie que ça s'arrête.

Oh oui, tout devait s'arrêter, par pitié. Il ne pouvait vraiment, vraiment plus continuer.

Il s'assit et vida frénétiquement ses poches. Ses doigts tremblaient comme des feuilles mortes.

Il sortit trois cigarettes moyennes, qu'il aligna méthodiquement sur la terre glacée. Un briquet à moitié plein. Un bout de papier soigneusement plié sur laquelle il avait marqué une équation qu'il s'était promis de résoudre plus tard. Deux carrés de sucre. Un canif.

Il se saisit du couteau et le déplia. La lumière caressa amoureusement la lame. Il le connaissait bien, ce petit canif. Il l'entretenait soigneusement depuis qu'il l'avait trouvé sous son lit, dans sa première famille d'accueil, vingt ans plus tôt.

Il retira sa veste, ignorant le froid. Il ne portait qu'un tee-shirt à manches courtes en dessus. De vilaines cicatrices apparurent à l'intérieur de ses bras, comme des bêtes tapies dans sa peau, des serpents en train de le dévorer. Des démons profondément ancrés.

Elles étaient vieilles. Cela faisait plusieurs années qu'il avait arrêté. Mais le chant ne s'était jamais éteint, et le besoin de douleur, de repos, n'avait jamais été aussi fort que maintenant, comme un cri qui lui vrillait le cœur, l'âme et les tympans.

Dix-huit cicatrices à gauche, seize à droite. Qu'avait dit Flavien en les voyant la première fois, déjà ? Ah oui, « cache-moi ça ».

Il aurait dû savoir qu'on n'aimait pas quelqu'un qui a tant de cicatrices. Il aurait dû savoir...

Il aurait dû...

Il posa la pointe du canif à l'intérieur de son poignet droit. Il pouvait le faire. Il y avait déjà réfléchit plusieurs fois au cours de sa vie. D'abord la douleur, puis le froid, puis l'engourdissement, puis...

Asmodé ferait probablement une drôle de tête en le voyant revenir si vite. Il pouffa et, bizarrement, cette simple pensée suffit presque à dévier son geste.

Presque.

Il appuya. La peau se fendit.

Des larmes rouges roulèrent sur son poignet. Il les regarda tracer des sillons hypnotiques jusqu'aux sol, comme une petite pluie de vie.

Il remonta. Couper le long de la veine...

La douleur était familière. Il l'accueillit comme une amie. Une amie lourde, imposante, qui vous étreint et, avant qu'on ait pu comprendre quoi que ce soit, commence à vous étouffer.

Mais tout partait avec la douleur, c'était l'essentiel. Toute sa détresse, toutes ces pensées qui lui rongeaient le cœur.

Quand il eut finit, il s'allongea simplement sur le dos, laissa la terre s'abreuver de son sang, et compta machinalement les oiseaux qui passaient au-dessus de ses yeux.

Un...

Deux...

Trois...

Qu...

...

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