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Chapitre 5

-Donc on doit prendre garde, c'est ça ?
-Oui.
Gwenn me regarde désespérément et baisse la tête.
-Et puis, où est-il et comment le vaincre s'il renaît de ses cendres ? Je lance.
-Il réside dans les falaises d'Agor, je ne sais pas exactement où, mais c'est déjà quelque chose. Néanmoins, je ne sais pas trop comment on pourrait le battre... avoue-t-elle.
-Ta mère a des livres sur le phénix dans sa bibliothèque, n'est-ce pas ? Je commence.
-Non, Nyx... N'y pense même pas !

Je la regarde l'air de dire "On a pas le choix" et elle soupire, se relève et fait craquer ses doigts en s'étirant. Je me relève à mon tour, et la rattrappe en peu de temps.

-J'irai toute seule si tu ne viens pas...
-Non... si ma mère me trouve sur notre territoire, elle... me fera tuer...
-Tu te cacheras pendant que je minfiltrerai dans le château, tu me serviras juste de guide jusque là-bas. Si tu te fais prendre, je ne t'abandonnerai pas, promis !
-Okay...

Gwenn me fixe de son regard bleu glacé et attrappe un bâton au sol avant de commencer à dessiner une carte de son royaume au sol.

-La bibliothèque se trouve à Ramos, dans
une résidence secondaire de ma famille. On ne devrait pas avoir à marcher trop longtemps. Commence-t-elle. Mais si on trace notre chemin tout droit, on risque de se faire prendre par des gardes. Je pense que le mieux serait de passer par la côte, même si ça nous prendrait un peu plus de temps.
-J'ai pas tout compris, mais au moins toi oui...

Elle me regarde d'un air entendu avant de lâcher le bâton et de m'ordonner de la suivre d'un mouvement de bras. Je jette un coup d'œil vers le foyer éteint et la suit.

J'inspire un bon coup et la rattrappe, la toise du regard. Elle ne devrait pas rester en robe si elle ne veut pas attirer l'attention. Et puis, ça ne doit pas être très confortable pour faire de longs trajets.

Nous marchons pendant deux heures avant que je ne perde la notion du temps. Le soleil est haut, sans l'être vraiment. Je n'ai jamais eu l'habitude de me repérer dans le temps grâce à cet astre de lave. Dans ma Tribu, nous avons des techniques pour cela en raison de l'absence de Soleil sous les arbres.

Tout à coup, je sens Gwenn se tendre et observer avec remords l'horizon où le soleil commence à décliner. In extremis, elle se retourne vers moi et je sens qu'elle commence à regretter sa décision de m'accompagner. Je regarde de chaque côté, à gauche, l'océan, à droite, les plaines du néant et devant, le Royaume de la Lune.

Elle prend sur elle, fait un pas en avant et commence à marcher vite en me parlant de choses ridicules. Sûrement pour oublier son appréhension. Je soupire et, silencieusement, fait le vide autour de moi. J'oublie que Gwenn est là, qu'elle me raconte tout ce qu'elle a fait dans sa vie et qu'elle regrette.

Mes yeux se posent sur le littoral, à quelques dizaines de mètres de nous. Les vagues ondulent calmement et viennent raser les galets de leur écume blanche comme neige. Je n'avais jamais vu l'océan avant. Je tourne la tête et remarque que nous arrivons vers un petit bois.

Une ombre grise se dessine sur un chemin qui semble accéder à cette petite forêt. Je plisse les yeux et pile lorsque je réalise enfin.

-Gwenn ! Regarde, là-bas !

Elle suit le doigt qui désigne l'ombre et recule jusqu'à arriver à mon niveau.

-Je t'avais pourtant dit que c'était une mauvaise idée, on aurait jamais dû faire ça, on aurait jamais dû faire ça, Nyx !

Je fixe le groupe de garde vêtus de gris qui se rapprochent de plus en plus et serre le poignet de Gwenn au creux de ma main avant de l'entraîner vers le petit bois. Je la pousse derrière un buisson où je me cache également et nous attendons que les gardes passent.

Je retiens ma respiration quand ils passent devant nous, aux aguets. Gwenn, qui est littéralement en train de s'étrangler, est prise d'une quinte de toux, alertant les gardes qui nous trouvent sans aucun problème.

Gwenn et moi nous retrouvons face à face avec un homme grand aux airs de leader. Il nous observe longuement, une mèche blonde tombant sur ses yeux gris avant de déclarer :

-Gwenn, la reine n'a-t-elle pas été pourtant claire avec vous ? Nous sommes en droit de vous tuer, ou non... à moi d'en décider.
Les autres rient bêtement. Il reprend en approchant son visage de celui de Gwenn, qui soutient son regard.
-Je choisis la première option.

L'un d'eux se jette aussitôt sur moi comme un chat de gouttière sur un bol d'eau. Il agrippe mes épaules et j'essaie de le dégager en me secouant dans tous les sens, en vain. Moi qui pensait qu'ils avaient décidé de m'épargner ! Je me laisse tomber en arrière le garde avec moi, me retourne et lui envoie un gros coup de tête dans les tempes. Il gémit, sonné et je lui donne un coup bien placé avant de partir aider Gwenn. Elle est en train de s'occuper de celui qui nous a interpellé, les deux autres au sol près d'elle. Elle n'a pas l'air d'avoir besoin d'aide, au contraire, elle lui chuchote des mots dans l'oreille avant de lui envoyer un coup de poing au visage.

Elle me rejoint, satisfaite et me lance un regard euphorique, auquel je répond par un mouvement de recul.

-Y a-t-il une raison à ta joie soudaine ? Je lui demande.
-Nyx, je ne vais pas tout t'expliquer, mais je ne viens pas seulement de sauver ma peau, mais aussi de me venger, explique-t-elle en souriant jusqu'aux oreilles.

Elle se retourne et commence à marcher, beaucoup moins anxieuse que tout à l'heure. Je la suis et nous commençons à apercevoir la ville de Ramos au loin. Le soleil décline, lentement. Nous n'arriveront pas en ville avant la nuit. Là-bas, nous devrons nous cacher pour ne pas qu'on voie Gwenn.

Nous arrivons quelques dizaines de minutes plus tard aux abords de la ville. D'ici, nous sommes assez proche de la vaste résidence secondaire des Harris. Gwenn me prend la main et m'entraîne vers la grande maison en passant par des recoins inconnus de la population.

Gwenn et moi nous retrouvons finalement vers un grand portail doré que la lumière de la lune levante fait scintiller. Elle m'aide à l'escalader. Une fois en haut, je saute et atteris comme une crêpe sur l'herbe grasse et verte. Je me relève et regarde Gwenn.

-Sois prudente, ma mère n'aime pas les inconnus... lance-t-elle
-Pourquoi n'est-elle pas à Valya ? C'est la capitale, n'est-ce pas ?
-Elle aime bien venir ici, je mettrai ma main à couper qu'elle y est ! Conclut-elle

Je me retourne avec un signe de main et m'élance dans le chemin de pierre qui mène à une gigantesque porte d'entrée. Je l'ouvre et me retrouve dans un couloir sombre, je dois maintenant trouver la bibliothèque de la reine. À ma droite se trouve une porte, que j'ouvre.

C'est alors que je me retrouve, les yeux écarquillés, devant une femme mesurant une tête de plus que moi, visiblement fortunée me couvrant d'un regard à la fois surpris et en colère. Ses boucles blondes similaires à celles de Gwenn tombent sur ses épaules et une mèche cache ses yeux noisette. La reine.

Je tente de refermer la porte et de m'enfuir, mais elle ne m'en laisse pas la possibilité, elle me prend le bras avec force et me traîne dans les corridors, m'emmenant visiblement quelque part

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