Chapitre 1
Depuis toujours, mon seul et unique désir n'a été que d'intégrer l'armée de ma Tribu. Chose à laquelle ma mère a toujours eu la même réponse :
«N'insiste pas, la réponse est non !»
Et malgré tout, j'insiste toujours.
C'est pourquoi je me dirige actuellement vers sa chambre, où elle est en train de m'attendre, après ma demande d'entretien. Mes pas résonnent dans les étroits couloirs du petit palais que j'appelle ma maison. Mon cœur s'emballe d'angoisse lorsque je pose ma main sur la poignée, sans même prendre la peine de toquer à la porte.
J'ouvre finalement la porte après un court instant d'hésitation. La reine sursaute, visiblement surprise, puis me jette un regard noir. Elle s'adoucit, tapotant de la main l'espace à côté d'elle sur son lit, m'indiquant de m'y asseoir. Je m'approche lentement et m'assieds à ses côtés. Elle me regarde, ses yeux vert pomme se plongeant dans les miens. Elle soupire, puis grimace.
-J'imagine que ta requête est la même que d'habitude ? Me demande-t-elle
-Je crois bien que oui, je lui réponds calmement
-Nyx, combien de fois t'ai-je dit non ? Ce n'est pas en me suppliant que tu me convaincras !
-J'en ai conscience... mais... c'est très important pour moi...
-Et la réponse est non ! Me coupe-t-elle. Tu dois servir ton peuple en tant que princesse, pas en tant que soldate ! Ils auront besoin d'une reine, s'il m'arrive quelque chose. Ils auront besoin de toi Nyx.
Je soupire en détournant le regard : Elle essaie de me prendre par les sentiments ! Je la sens malgré tout m'observer froidement. Elle me prend le menton et le tourne vers elle de sa douce main, et repousse une mèche de mes cheveux avant de poursuivre plus sérieusement :
-Ecoute, tu n'es plus une enfant, maintenant, il est temps que tu arrêtes de fuir tes responsabilités et que tu acceptes ton destin ! Je comprends que tu sois déçue, mais...
-Non, je m'emballe. Tu ne comprends pas ! Ce n'est pas une vie, pour moi, de me tenir droite et de porter une couronne et des talons aiguilles ! Je ne suis pas toi !
Les mots sont sortis tous seuls, presque comme une évidence, mais ma mère se lève, ouvre sa porte et me fais signe de sortir, je comprends alors que je l'ai énervée. Sa mâchoire se crispe lorsque je soutiens son regard avant de me lever et de m'en aller. Il en faut décidément peu pour l'énerver !
Quand je marche vers ma suite, mes émotions se mêlent les unes aux autres, causant un bazar dans mon esprit. Je comprends enfin, après dix-huit ans de vie, qu'il est inutile de supplier la reine lorsqu'elle a une idée en tête.
J'ouvre ma porte en réfléchissant : Je dois trouver un plan ! J'attache alors mes longs cheveux noir de jais dans un chignon, et m'assieds à mon bureau pour passer toutes mes idées à l'écrit.
Je ne sais pas exactement combien de temps j'ai passé là, assise. Peut être des heures, ou alors uniquement dix minutes. Toutes les idées possibles et inimaginables sont passées sur ce papier, de la pire à la meilleure. Je relis le papier, puis une idée attire mon attention. J'y réfléchis longuement, essayant de l'élaborer. Ça y est ! Il n'y a plus qu'à mettre mon plan à l'œuvre !
La porte de ma chambre grince quand je l'ouvre et je sors du palais en courant pour rejoindre le village. Il pleut à grosses gouttes, mais je n'ai pas le temps d'aller chercher de quoi me couvrir. Je file alors dans la forêt, tachant de boue la robe que j'ai mise pour parler à ma mère. Je ralentis, haletante, dès que j'arrive devant le portillon de bois de la petite maison de mon amie, May.
Je tambourine à la porte pressée de parler de mon plan à May. Je dois lui avoir fait peur, en toquant aussi violemment à sa porte. Cependant, elle paraît détendue quand elle apparaît dans l'encadrement de la porte. Elle grimace, puis me toise, avant de me dire :
-Dans quelle merde tu t'es encore fourrée ? Me demande-t-elle en riant
-Je ne sais pas, à ton avis ?
-Ne me dis pas que tu t'es enfin resignée à supplier ta mère ? Si c'est ça...
-Oui, je la coupe. C'est bien ça... mais pas que... j'ai besoin de toi pour...
-Pour ?
-J'ai échafaudé un plan, je lâche. Un plan pour intégrer l'armée mais j'ai besoin de toi !
Elle écarquille les yeux, presque étonnée. Elle ouvre un peu plus la porte, me faisant signe d'entrer. C'est pas trop tôt ! Je suis trempée jusqu'aux os ! Nous partons droit vers sa chambre, évitant ses parents et ses frères et sœurs. Lorsque May ouvre la porte ,la petite pièce qu'elle partage avec son frère, d'habitude baignée de lumière grâce à son immense fenêtre, est plongée dans les ténèbres. Elle allumé la faible lumière qui éclaire misérablement la pièce, avant de me faire signe de s'asseoir sur son lit à ses côtés.
-Dis-moi tout ! Annonce-t-elle pleine de curiosité.
-Alors, je commence. Je pensais me déguiser en quelqu'un d'autre ! Du genre...(J'ouvre sa petite armoire de bois et se sort une vieille chemise brune) comme ça !
-L'idée est bonne ! Mais tu devrais choisir autre chose si tu veux garder une once de dignité, fait-elle d'un sourire malicieux.
-Oui, enfin, j'ai pris un vêtement au hasard !
Elle se lève et approche de l'armoire, elle fourre les mains dedans et sors une seconde plus tard une veste de cuir gris sombre et un pantalon en jean noir délavé. Elle me tends ses trouvailles et sors de la chambre.
Je comprends alors qu'elle me demande d'essayer, j'enfile sans difficultés les habits, qui doivent sûrement être à son frère étant donné que May mesure dix bons centimètres de plus que moi.
Je lui ouvre la porte, et elle me toise, je fouille son regard sans y trouver aucun jugement, ni l'éclat fourbe qui y brille habituellement. Juste de la concentration.
-Magnifique, Nyx ! Lance-t-elle. Mais tu devrais changer de coupe, tout le monde te reconnaitra, avec tes cheveux ! Je peux te prêter des bottines, si tu veux.
-Okay, je lui lance !
Je passai le reste de la journée chez elle, à essayer des vêtements, des coiffures et autres accessoires. Le soir, je rentrai au palais avec un sac rempli de vêtements. Ma chambre n'avait pas changé d'organisation, personne n'y était passé. Plutôt une bonne chose, étant donné que ma feuille était toujours posée sur le bureau.
Après une longue nuit de sommeil, je me lève en trombe, pressée de me présenter devant le chef des guerriers. Je me remémore tout ce que nous avions prévu avec May. Je suis désormais Anthon Lars, jeune homme de dix-huit ans muet -pour ne pas qu'on reconnaisse ma voix- qui souhaite faire partie de l'armée depuis que j'ai fini l'école -qui se termine à 16 ans dans notre peuple-.
Je me prépare normalement, avec une robe bleu ciel qui m'arrive aux genoux et des ballerines blanches. Quelle horreur ! Je sors vite, signalant à un domestique de ma mère de lui dire que je suis partie me promener et je me dirige vers le bâtiment de l'armée, cet endroit où j'ai toujours rêvé d'aller. Je vais me cacher dans un Discret coin entre un buisson et le bâtiment pour enfiler la veste en cuir, le pantalon et les bottines. Presque euphorique -chose plutôt rare chez moi-, je trottine vers les escaliers qui permettent d'accéder à l'imposant édifice et je les grimpé deux à deux.
Après de longues minutes à me perdre dans le labyrinthe qu'est ce lieu, je trouve enfin le bureau du chef. Avant de toquer, je vérifie que mes cheveux ne se détachent pas, puis je tape trois coups à la porte, qui s'ouvre aussitôt.
-Anthon Lars, prononce le secrétaire
-C'est bien moi, je signe pour ne pas qu'on reconnaisse ma voix.
Il me fait signe d'avancer, ce à quoi j'obéis puis je m'assieds sur le siège recouvert de velours qu'il m'indique avant de sortir de la pièce par une porte de l'autre côté.
Je remarque alors l'homme qui se tient devant moi et me toise durement du regard. Je déglutis, nerveuse.
-Enchanté, je me présente, Lois Eaton, chef de la troupe guerrière du Royaume de l'Ombre. Ne te présente pas, tu es Anthon Lars, dix-huit ans, et tu souhaites faire partie de l'armée. Commence-t-il.
-C'est ça, je signe
-Très bien, pourquoi voulez-vous devenir guerrier, Anthon ?
J'écarquille les yeux, ahurie. Je ne m'étais pas préparée à ce qu'on me pose cette question. J'essaie alors d'improviser.
-Je... j'aimerais devenir guerrier pour honorer la mémoire de ceux que je connais et qui sont partis.
-Un grand coeur, je vois, fait-il. As-tu un peu d'éxperience en combat ?
-Oui, je mens
-Bien, suis-moi, je vais te faire passer une sorte de test, si tu réussis, je te vois demain, si tu échoues... on se dit au revoir...
Je le suis. Pas de pression, surtout, hein ! Il m'emmène dans ce que le Royaume du Soleil appellerait un gymnase. Des dizaines de guerriers s'y entrainent ardemment.
-Jonas, approche, clamme-t-il
-Oui, monsieur, répond un homme maigrelet qui a tout au plus uen trentaine d'années.
-Bats-toi avec lui, fait monsieur Eaton en me désignant.
-À vos ordres, dit Jonas.
Jonas s'approche d'un carré de tapis libre, et me fais signe d'approcher. Il me regarde un instant, m'observe sous toutes les coutures tandis que monsieur Eaton me jette un regard critique.
Jonas fonce sur moi, tête la première. Je l'esquive d'un saut sur le côté, et essaie de le déséquilibrer en le poussant. Trop tard, il est déjà sur moi, tentant de me plaquer au sol. Je résiste de tout mon possible, lui labourant les cuisses de coups de poings. Il parvient malgré tout à me plaquer au sol, maintenant ma tête et ma hanche au sol, m'empêchant de bouger. Je tente de me débattre, magitant dans tous les sens. Mais il est trop fort, en dépit de son apparence fragile. Monsieur Eaton frappe la fin du combat et je comprends que j'ai perdu.
Je m'avance vers le chef, honteuse.
-J'ai raté votre test, pas vrai ? Je signe
-Oui, en temps normal. C'était très incompétent, mais... tu m'as l'air rapide et plutôt avide d'apprendre, donc... je te propose une phase de test pour commencer.
-Merci beaucoup, je fais calmement même si je suis brûlante de joie.
Je rentre au palais une fois changée, pétillante de bonheur et je cours vers ma suite. Je n'ai pas faim, j'ai juste envie de dormir après cette épuisante matinée. Je n'y crois toujours pas : Je suis officiellement une guerrière !
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