Après une visite qu'elle pouvait qualifier de désagréable atour de son « nouvel emploi », Laxus s'était laissé choir sur sa chaise qui semblait plus que confortable, les bras derrière sa nuque et les pieds sur son bureau. Un autre petit bureau semblait fraichement emménagé pour elle. « Au moins il a pensé à m'installer quelque chose » pensa-t-elle, regrettant tout de même déjà son emploi auprès de la chaleureuse équipe qu'elle avait temporairement laissée.

- J'ai mis du travail pour toi sur le bureau, dit-il simplement alors qu'il ne semblait pas le moins du monde prêt à lui-même mettre la main à la pâte.

S'approchant du bureau qui était désormais le sien, elle souleva la couverture du premier dossier de la pile. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour réaliser qu'ils ressemblaient énormément à ceux qu'elle déposait d'emblée sur le bureau de Gajeel, ce dernier émettant une sorte de grondement d'ennui dès qu'il les voyait, anticipant quelques heures de travail. Cette fois, cependant, trois ou quatre documents semblaient empilés là annonçant plus d'une journée de travail continu.

- Ce n'est pas au président de la compagnie de faire ça habituellement ? Dit-elle plus pour affirmer que c'était vrai plutôt que pour poser réellement la question.

- Et c'est pas au président de la compagnie de décider qui fait quoi ? Rétorqua-t-il, n'ayant pas le moins du monde l'intention d'effectuer le travail qui lui revenait et apparemment, vu la pile de documents, ce n'était pas la première fois qu'il procrastinait.

Prenant une grande inspiration, elle s'assit et ouvrit un document, se disant que ce serait sans doute mieux si elle avait quelque chose à faire plutôt que de l'écouter parler. Quant à lui, il ouvrit son ordinateur, portant son attention sur elle ne savait quoi. Soupirant, elle reporta son attention sur la pile de travail qui l'attendait, appuyant sa joue sur sa main gauche alors qu'elle écrivait de la droite.

Elle était sur le point le point de terminer le premier rapport lorsqu'elle le vit s'étirer longuement. Puis il abaissa une des mains qu'il avait levées pour s'étirer et se massa l'épaule qui semblait le faire souffrir. Il ne fallut pas bien longtemps avant qu'un sourire satisfait ne s'étire sur ses lèvres.

- J'y pense, j'ai une assistante maintenant pour s'occuper de mes épaules ! Pensa-t-il tout haut. Un petit massage ne serait pas de trop.

Le sang de Mira se glaça dans un mélange de colère et de répugnance. Comment cet homme pouvait-il être aussi imbu de lui-même ? Pour qui se prenait-il exactement ? Cependant, ils étaient deux pouvant jouer à énerver l'autre. Prenant une grande inspiration pour retrouver son calme, elle laissa son regarde sur sa paperasse, feignant de continuer de travailler, et lui répondit d'une voix calme.

- Ton assistante, Laxus, pas ton esclave personnelle.

Si l'on ignorait la nature des mots qu'elle venait de prononcer, on aurait pu jurer qu'elle parlait de quelque chose d'aussi banal que la météo. Laxus savait pourtant que ce n'était nul autre que de la provocation.

- Qui t'a permis d'être aussi familière avec ton patron ? Rétorqua-t-il à propos du fait qu'elle employait son prénom comme si rien n'était.

- Une marque de respect ça se mérite, Laxus, réplica-t-elle en accentuant son prénom.

- Un emploi aussi, aboya-t-il, l'arrogance de Mira lui tombant malgré lui sur les nerfs.

À ça, Mira ne répondit pas. Elle savait bien qu'elle n'avait pas le choix, qu'il venait de l'accouder au mur. Bien qu'il ne connaisse pas ses réelles intentions lors de son passage à Raven Tail, le jeune Dreyar savait très bien que si elle avait ravalé son orgueil pour postuler chez lui, c'est qu'en quelque sorte elle n'avait pas le choix. Il avait beau croire qu'elle était simplement sans moyen, dans tous les cas, elle avait les mains liées.

Soupirant, sous le regard insistant de Laxus, elle se leva de sa chaise et se plaça derrière son patron pour lui faire son foutu massage, refoulant le dégout qu'elle ressentait. Ce n'était bien sûr pas du dégout pour son corps en soi. Peu importe à quel point elle détestait cet homme, elle serait aveugle de croire qu'il n'avait pas tout pour plaire aux filles... N'avait-elle pas d'ailleurs elle-même été charmée par Laxus Dreyar de nombreuses années plus tôt ? À cette dernière pensée, Mira serra les dents. Non, le Laxus qui se trouvait aujourd'hui devant elle n'avait rien avoir avec celui qu'elle avait jadis pu considérer comme son ami. Son meilleur ami. Son confident. Son... premier coup de cœur, pensa-t-elle à regret. Le Laxus de ses souvenirs n'avait pas du tout la musculature qu'elle pouvait sentir sous ses mains alors qu'elle massait les larges épaules. Il n'était pas très fort physiquement non plus, du haut de ses douze ans, mais son sourire et sa joie de vivre avaient la possibilité d'illuminer une ville entière. Elle ne se rappelait même plus de la dernière fois où elle l'avait vu sourire. Un vrai sourire, non pas cet affreux rictus provocateur et hautin.

- J'ai du mal à croire que tu es le même gars avec qui j'ai grandi..., souffla-t-elle malgré elle, poursuivant tout haut la réflexion qu'elle avait depuis de nombreuses minutes dans sa tête.

Elle ne comprit qu'elle avait dit cela tout haut qu'en sentant les épaules de Laxus se raidir.

- Ce gars n'existe plus, laissa-t-il tomber, de la rancœur dans la voix.

- C'est ce qui m'attriste le plus, appuya la jeune femme.

Cette fois, Laxus se tourna vers elle, ses yeux jadis plein de joie et de gentillesse maintenant emplis de colère.

- Parce que tu préférais ce petit mioche faiblard ? S'emporta-t-il.

- Tu parles de celui qui était prêt à tout pour protéger son amie ? Celui qui était toujours là pour me consoler quand ça n'allait pas ? Celui qui s'est interposé entre ceux qui me voulait du mal et moi ?

- Celui qui s'est fait ridiculiser sans le moindre effort de ses ennemis tu veux dire ? Aboya Laxus.

Mirajane avala sa salive, n'ayant pas le courage de continuer cette conversation qui était déjà perdue d'avance, la tristesse l'envahissant d'un coup alors qu'elle se rappela à quel point son ami d'enfance n'existait plus.

L'image d'un jeune adolescent ensanglanté s'immisça dans son esprit, son bras plié dans un angle impossible due à la fracture, son œil droit presque perdu alors qu'une plaie en forme d'éclair zigzaguait sur sa paupière. Cet image, c'était celle du jour où tout avait changé. C'était le dernier souvenir qu'elle avait du jeune Laxus qu'elle ne reverrait que plusieurs années plus tard, complètement changé. À cette pensée, Mira fut presque assaillie de nouveau par le désespoir qu'elle avait ressentie lorsque monsieur Makarov lui avait annoncée, la mort dans l'âme, que Laxus était parti vivre chez son père. Elle n'avait jamais su pourquoi il était parti de chez son grand-père, celui qui l'avait élevé jusqu'à ce jour fatidique. Elle n'avait jamais eu non plus un semblant d'au revoir, sa disparition laissant chez elle un vide qu'elle n'avait pu combler qu'avec son équipe de Phantom qui était pratiquement sa famille. Son envie de découvrir ce que Raven Tail complotait n'en était que décuplée.

Serrant un peu plus fort que nécessaire, elle reprit le massage de Laxus. Elle fut toutefois bientôt interrompue par la porte du bureau qui s'ouvrit avec conviction. Un homme aux cheveux noirs, de la début cinquantaine, se tenait devant eux. Une grimace de dégout apparut instantanément sur les lèvres de l'homme dès que ses yeux se posèrent sur Laxus et elle.

- T'as pas honte de jouer avec elle comme ça ? Aboya celui qui était sans aucun doute Ivan Dreyar, le père de Laxus.

La jeune femme dut réprimer un sourire, imaginant l'agacement de Laxus. Au moins son père, lui, semblait avoir du respect pour les gens... Puis sa réflexion tomba aussi vite qu'elle apparut lorsqu'il ajouta :

- À ton âge, tu devrais penser à te trouver un parti respectable, quelqu'un qui pourrait t'aider à perpétuer l'image de la compagnie. Au lieu de ça, tu ne trouves rien de mieux à faire que de t'amuser et de perdre ton temps avec une vulgaire bonniche !

Puis il lança un document sur le bureau de Laxus et sorti de la pièce en claquant la porte. Frappant contre son bureau de son poing, Laxus agita la souris de son ordinateur, chassant l'écran de veille qui s'était installée durant son massage, révélant une série de fichiers liés à la compagnie avant de poursuivre ce qu'il faisait plus tôt.

« Alors il faisait quelque chose d'utile après tout » constata Mira avant de retourner à son bureau, nul mot n'étant nécessaire pour comprendre que sa présence n'était plus requise près du jeune homme. De tout façon, elle avait en elle une telle colère qu'elle n'était pas certaine qu'elle parviendrait à soulager son dos plutôt qu'à le blesser, appuyant beaucoup trop fort.

Jamais elle n'avait autant été regardé avec mépris, jamais elle n'avait autant été humiliée et jamais elle n'aurait cru que quelqu'un lui inspirerait encore plus de haine que l'homme qu'était devenu Laxus. Et pourtant c'était le cas. Ivan venait de prendre la tête au palmarès des pires hommes de la Terre et était parvenue à lui faire ressentir ce qu'elle-même ne s'en croyait plus capable : de la tristesse pour Laxus. Personne ne méritait un père pareil, même pas lui.

Lorsque seize heures arrivèrent enfin, elle ramassa ses choses et sortit sans un mot, jetant un coup d'œil découragé à l'immeuble avant de partir. Tant d'émotions négatives étaient déjà attachées à ce lieu et ce n'était que sa première journée.

Enfin un chapitre après près de deux semaines :O !!! Malgré la quantité ÉNORME de copies d'examens et de travaux à finir de corriger avant la fin de l'étape scolaire, je n'ai pas pu m'empêcher de prendre quelques heures pour enfin écrire. Vivement vendredi où j'aurai remis toutes mes notes pour le bulletin ! Bref, j'espère que ma fatigue ne se fait pas trop sentir à travers mon chapitre et que vous avez apprécié la première journée de Mira travaillant pour Laxus ;)

Et bon succès à tous ceux qui ont encore des évaluations à faire :) (J'ignore si les étapes (ou semestres) terminent au même moment ailleurs dans le monde !

Bonne semaine !

Lily xxx