
15- Un départ lumineux
Après les chants de noël fredonnés par les enfants de la ville, le grand traîneau arriva enfin, conduit par deux squelettes de rênes que mon père avait animé grâce à une pincée de poudre de vie. Tout le monde acclama le garçon aux cheveux brun qui se leva pour saluer la foule de ses gants blancs en jetant de tant à autre des regards vers la pile de cadeaux qu'il transportait.
Mon visage crispé s'attendrit en voyant ses yeux charbon me lancer un regard charmeur mais ma contemplation fut interrompue par le discours du maire.
« Je voudrais tout d'abord remercier Eden et tout le village pour l'organisation de cette merveilleuse fête ! Un grand merci ! »
Les habitants applaudirent en criant à travers le ciel nocturne qui attendait le départ du traîneau.
« Durant ton vol nous triompherons jusqu'au bout de la nuit ! Plus brillante que toutes les étoiles, quand ta silhouette assombrira l'éclat de la lune, pense à nous, toi qui est notre fierté ! »
Le directeur continuait son discours mais je n'écoutais déjà plus. Je m'étais discrètement approché de la fontaine qui marquait la grande place et y avait rapidement déversé la potion de jus de brouillard qui commençait à s'épaissir autour des jets d'eau.
« Eden, toi qui est notre gloire, toi qui as épouvanté des millions de gens au point de les faire mourir prématurément tu as si souvent ... dévasté ... les ... les corps ... et ... les ... les ... »
La ville avait été engloutie par le brouillard et le maire ne pouvait désormais plus lire le parchemin qu'il tenait entre ses mains. Je regardais la scène en plissant les yeux, un petit sourire pendu aux lèvres.
« Oh non ! On ne peut pas décoller dans ce brouillard ... les rênes voient à peine le bout de leur nez ...! » se lamenta Eden.
Je poussais un soupir de soulagement, satisfait que mon plan est marché.
« Cette fumée est aussi épaisse que ... que ... » se plaignit un habitant.
« De la gelée de cervelle ! » fit un second.
« Et voilà que s'écroule tous les espoirs ... mes ambitieux projets ! Mes rêves de gloire ..! » s'écria Eden d'une voix morose en s'étalant de tout son poids sur le sol blanc.
« Et noël alors ça avait l'air si bien ... » sanglota un petit garçon qui portait un joli bonnet rouge.
Huit arriva et se blotti contre Eden en aboyant.
« Non ... couché petit. Mais ... qu'est ce que ... mais bien sûr ! Ton collier j'avais déjà oublié ! »
J'ouvris grand les yeux pour apercevoir le collier scintillant que portait le petit chien autour du cou, prêt lui aussi pour noël.
« Il brille comme un soleil ! Tu vas pouvoir éclairer notre chemin ! »
Le village à l'instant triste et silencieux acclama de tout son cœur le cortège qui s'apprêtait à partir et Eden qui avait retrouvé le sourire.
« En route ! »
Les rênes décolèrent dans la nuit, guidées par Huit qui éclairait le traîneau assis sur le dos d'un des deux squelettes.
« Attend Eden ! Non ... » criais-je malgré les applaudissements qui couvraient ma voix.
Tout le monde se tourna vers la lune qui éclairait le ciel devant laquelle le cortège passa en direction du monde de noël qui avait besoin d'une nouvelle perle de miel pour distribuer les cadeaux. Je scrutais une dernière fois le traîneau qui disparaissait dans la nuit noire tandis qu'un frisson me parcourut, il ne me restait plus qu'à espérer ...
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