Chapitre IX : La mort d'Alex
Je ne la sens pas cette soirée. Clémentine m'accompagne. Elle fait beaucoup d'efforts, mais les habitudes ont la vie dure. Dans son apparat de petite bourgeoise proprette, elle se tient comme la future reine d'Angleterre, capable de rivaliser avec Kate. Elle salue les gens, fait des hochements de tête dignes des soirées mondaines.
Carl a une apparence décontractée de danseur endimanché, au bras de sa potiche de compagne. Je perçois tout de même qu'il est sur ses gardes. Il est à l'affût de ce qui se passe et filtre du regard toute nouvelle entrée, déterminant le moment où son « adversaire » entrera dans la danse. Ca fait longtemps qu'une personne quelle qu'elle soit n'a plus menacé son empire de la sorte.
J'imagine déjà Alex, guidée pas ses impulsions, mélange de détermination et de maladresse. Je sais qu'elle va une fois de plus me mettre des bâtons dans les roues, se mettant elle-même en danger. Je ne sais pas à quoi m'attendre. J'appréhende l'ampleur de la catastrophe qu'elle me prépare.
Alex est entrée. Je me dirige près de Clémentine, l'oriente dans un coin pour ne pas être repéré. Je sais que c'est en vain car elle me détectera. Clémentine résiste un instant et me suit, résignée.
C'est étonnant ces deux femmes dans la même pièce.
Clémentine, la personne qui me renvoie à cette évidence : je me déteste...
Alex, avec un environnement et un univers qui sont propres à ma nature, et que je n'ai pas su dompter.
Je ne dois pas patienter beaucoup avant qu'Alex mette à exécution ce pourquoi j'étais inquiet.
C'est une tête brûlée ! Elle semble débarquer de son petit monde bien heureux et n'a aucune notion de la réalité qui l'entoure. Le sixième sens que la gente féminine revendique tant est complètement surfait.
Tout de même... A ce point ! C'est de la sottise. S'attaquer aux Vampires ! Un clan plus nombreux, plus organisé que sa petite bande de bras cassés, qui ne lui est d'aucune utilité...
Non... elle débarque s'en prendre à Carl, sans sourciller, sans réfléchir... Je me demande si réellement elle n'est pas inconsciente du danger. Ne pas être conscient de la menace quand elle est là...
Je la vois partir telle une flèche sur sa proie. Je n'entends pas bien ce qu'elle dit de là où je suis, le non-verbal me suffit. Les goules l'écartent du couple et la pousse vers la sortie.
Carl claque des doigts et rameute sa cour d'esclaves à ses pieds. Je me dirige vers lui... Il me regarde, furieux, comme si je venais de le trahir.
- Tu la maîtrises, que tu me disais.... C'est terminé, elle ne passera pas la nuit.
Carl fait mine d'appeler d'autres sous-fifres à la rescousse, dont le chef Loup-garou qui était tapi dans un coin, attendant l'ordre de Carl. Ils avaient tous deux prévu le coup.
- Ne fait pas ça ou je le cuis sur place. Je te préviens...
- Mais qu'est-ce que tu comptes faire... Tu penses vraiment être un élément important dans tout ça ; mais tu n'es rien. Depuis le temps que les Loups-garous se sont ralliés à ma cause.
- Tu me sembles mal informé. Wolfy oui, mais sa meute est fidèle au maître. Tu sais ce qui va se passer là ? Tes petites goules vont se prendre une sacrée raclée et tu viens de diviser le clan Loup-garou.
Je me retourne et me précipite vers la sortie.
Clémentine me barre la route et me dit :
- Arrête, je sais que tu vas la rejoindre. Je l'ai vue. Quand cesseras-tu de joueur avec moi. Je veux que tu restes.
- Ce n'est pas le moment...
Une impression de ne pas valoir mieux que Carl, en me comportant de la sorte. Comme si les gens étaient des jouets que je pouvais utiliser à ma guise.
Je l'écarte de ma route, et me lance à la poursuite d'Alex.
Une chasse à l'homme est lancée, sur elle. Il est malin, Carl. Il m'a habitué à ça. Je sais à quoi m'attendre. Il est fier de son intelligence et ne s'en cache pas.
Il va commencer petit, et ensuite lâcher les chiens si sa première attaque ne suffit pas. C'est aussi une manière de jouer avec sa proie.
Je me suis mis à sa recherche. Je la retrouve enfin sur une place désertique, entourée par cinq goules qui la harcèlent. Si elles arrivent à avoir le dessus sur elle, ils ne vont pas se contenter de la frapper et de la tuer. Ce sont des animaux....
Mes tatouages me brûlent. Une chose mystérieuse est en train de se produire. Mon énergie fusionne avec la colère d'Alex. J'ai une certaine emprise sur elle, mais je sens que je peux déraper à tout moment. Les sensations sont fortes. Je ne pense pas pouvoir contenir cette énergie longtemps, tellement elle m'apparaît puissante et difficilement maîtrisable.....
Elle a peur. Pas d'eux. Pourtant elle devrait. Mais d'elle-même. Cette énergie est ingérable pour elle. Elle se transforme en furie. Alex était armée d'un pieux qu'elle a lâché. J'imagine qu'elle appréhende ce qu'elle pourrait faire avec. Tuer des Humains par exemple. En fait non, je ne l'imagine pas, je le ressens. Moi au contraire, je m'ancre dans le rôle de garde-fou. Je commence à maîtriser cette puissance et à la canaliser. Alex est l'outil à déplacer. Je contrôle l'excès qu'elle ne peut pas gérer elle-même.
Même si j'ai un certain recule, j'ai peur aussi. Elle devient si bestiale et enragée.... Je suis effrayé, moi aussi. Si je relâche une seconde mon attention... Elle va faire un carnage. Elle les anéantit quasi un à un dans un violent combat qui n'a rien d'Humain, de vampirique ou de tout ce que j'ai pu voir avant. On croirait regarder une créature divine préhistorique. C'est à peine si elle ne rugit pas. Ce phénomène et sa force font un mélange impressionnant et détonnant. Elle en devient presque repoussante. Elle n'est plus Humaine. Elle arrache une oreille avec ses dents... ça gicle sur le sol. On dirait qu'elle n'a plus conscience de ses mouvements et de la notion du mal.
Après les avoir mis K.O, elle s'arrête net... elle regrette. Elle vérifie, en prenant leur pou, qu'ils n'ont pas rencontré la grande faucheuse. Elle reprend son chemin en fuyant...
Il commence à pleuvoir. La pluie m'aidera à ne plus sentir cette odeur de sang épais qui coagule. Ça a une émanation de métal que je déteste. J'en ai quasi le goût en bouche.
Une chanson de Rihanna retentit dans la rue. On se croirait dans une série américaine .... l'héroïne part en courant, suivie de son soupirant. Sauf que là Alex n'a rien d'une héroïne américaine. Elle ressemble plus à une apprentie bouchère effrayée par la lame de son couteau qui prend la fuite. Et moi, à un couard prétentieux, qui laisse une femme se battre seule...
Elle a arrêté de courir, titube un peu... part dans des sanglots bruyants, comme si on avait ouvert les vannes, juste avant que la barrage ne craque.
Elle s'adresse à moi, sans se retourner, quand j'arrive à sa hauteur :
– Ça suffit, laisse-moi maintenant. Je suis à bout, j'en peux plus de lutter contre toi.
Je glisse mes mains sur ses bras, et descends jusqu'à ses poignets. J'aimerais qu'elle se calme. Elle s'effondre.
– Arrête, me dit-elle.
Elle pense qu'il est de bon ton de me résister. Ca me vexe... Son corps n'est pas en adéquation avec ses paroles, car lui ne me combat pas.
– Tu ne le veux pas.... Et puis tu es à moi. C'est écrit comme ça...
C'est un lien qu'on ne pourra plus jamais effacer. Je la possède comme elle me possède. Ma main remonte jusqu'à son coup, j'ai envie de la dominer.
Des pas déterminés arrivent dans notre direction, mêlés à la voix de Marck. Cette sangsue ! Toujours à l'affût de l'opportunité de la séduire. Je ne l'aime pas. Il est si vide... Aucun intérêt. Quand va-t-il le comprendre ?
- Aleeeex ? Aleeeex, t'es où ???? crie-t-il.
Je glisse à l'oreille d'Alex :
– Je viens te chercher cette nuit. Rentre chez toi et prépare ton sac. Je viendrai...
Je m'éclipse dans une ruelle. Je vois Steeven, qui vient de se transformer, arriver nu devant moi.
– Je me demandais quand tu allais la quitter, c'est urgent là, Yann.
Ses autres camarades loups, qui l'accompagnent, s'avancent vers moi et s'assoient sur le sol. C'est impressionnant de voir autant de loups dans une rue de la ville.
– Justement, j'allais te chercher.
– Notre chef nous a ordonné de tuer Alex. Nous sommes contre servir une cause personnelle en tuant de gens au lieu de les protéger. Nous voulons t'aider à protéger Alex.
- Je vais partir avec Alex ce soir.
- Dépêche-toi. Il a envoyé une autre équipe de goules, qui a vu le carnage d'Alex et a rapatrié les goules K.O, et Carl est fou de rage!
- Ils ont été extrêmement vite.
- Ils avaient prévu le coup. Pourquoi crois-tu que tout le monde était là ? Mais je ne pense pas qu'ils s'attendaient à la force d'Alex... J'ai besoin de te contacter quand tu seras avec elle.
- Va dans ma voiture, elle est près de ma fac. Il y a un téléphone portable dans la boite à gants. Je le passe généralement à Carl, quand j'ai besoin de le joindre. Attends... tiens, je te donne une de mes clefs. Il y a des vêtements de rechange, et des biscuits de survie dans le coffre. Les biscuits ne sont plus de première fraîcheur, mais ça suffira en dépannage. Sinon, tu sais où est ma cabane, n'hésite pas. Merci pour votre aide....
Il se retransforme, et part avec sa meute.
Je cours à toute vitesse. Je n'ai pas l'habitude. Je ne fais pas de sport et je fume...
Sur le chemin, je vois furtivement des Loups-garous en planque. Ils m'ont suivi.
J'arrive devant la porte d'Alex. Elle est absente.
Après quelques secondes, je l'entends arriver. Qu'est-ce qui a pu la retenir ? Marck a dû vouloir l'embrasser, la prendre dans ses bras, lui dire qu'il l'aimait... Je n'arrive pas à me retirer ces images de la tête. Espèce de bestiole visqueuse !
Je lui dis, pour garder une contenance, à défaut d'une cigarette :
- Dépêche-toi, on n'a pas de temps à perdre.
- Mais qu'est-ce qu'il y a ?
On dirait une gamine de 15 ans, se rebellant devant l'autorité.
- Tu penses que c'est anodin de se faire poursuivre pas des goules ? Elles voulaient te tuer !
Elle ouvre enfin la porte. Je la presse un peu. Elle ne semble pas prendre conscience de l'urgence. Qu'est-ce qu'elle peut lambiner. J'ouvre ses tiroirs, et fait son sac, sinon on en a encore pour une éternité ! Elle y ajoute son nounours... Elle pense aller en vacances ? J'ai l'impression d'être son baby-sitter.
Je lui prends les mains et exécute une téléportation devant un petit hôtel miteux de Londres, où j'ai l'habitude de venir quand j'ai besoin de m'échapper un peu de Nauladge.
- Bienvenu à Londres, lui dis-je.
Je sais que les goules et Carl ne le connaissent pas, et je m'y sens en sécurité.
Je la prends par la main et entre dans l'hôtel. Je demande une chambre pour nous deux.
Le gérant me connaît. Il sait que j'ai besoin de tranquillité. Nous n'y serons pas dérangés.
Elle tarde. Je tente de lui faire accélérer le pas.
- Tu me fais mal à tirer sur mon bras comme ça !
De nouveau, j'ai une petite fille en face de moi. Elle peut être si forte, et en même temps avoir des comportements d'enfant. Je la pousse à l'intérieur de la chambre et nous enferme.
Je suis soulagé d'être enfin arrivé ici, au calme et en sûreté.
Je tente un électrochoc :
- Tu t'es mise dans de beaux draps. Ils sont tous à ta recherche. Qu'avais-tu besoin de continuer ton enquête ?
- Comment le sais-tu ?... Mais que je suis idiote. Christie...
Christie ? Mais... se rend-elle compte qu'elle n'est pas discrète !
- Et ce soir, tu as voulu t'en prendre à Carl. Il est déjà au courant pour les goules.
- Arrête Yann, c'est toi qui lui as dit ? Je t'ai senti. Je sais que j'ai eu une décharge d'adrénaline à un moment lors de la bagarre et qu'elle ne peut venir que de toi.
- Non.
- Si, et tu sais très bien que c'est pour ça que ces froussardes ont détalé.
- Non... en fait une autre équipe de goules venait les aider, mais quand elles les ont vues par terre, ils ont prévenu Carl et les ont rapatriés.
Ils te considèrent maintenant comme ingérable et menaçante.
Ils veulent ta peau !
Elle ne veut plus écouter. Bébé en a marre ! Elle arbore une petite moue, et un air fatigué. Elle se déshabille, va dans la salle de bain. J'entends qu'elle fait couler l'eau.
C'est la technique de l'autruche. Ca la dépasse, du coup... Elle n'écoute plus et va prendre un petit bain.
Je suis conscient, que je suis dur avec elle. Elle vient de subir les assauts des goules, et elle a dû fuir.
J'envoie un message sur le téléphone de Carl, donné à Steeven : « Elle est sous contrôle ».
J'ai faim. Un bon McDo lui ferait autant de bien qu'à moi, à sa sortie de cette petite baignade.
Je vais donc nous chercher à manger.
Arrivé là-bas, je me rends compte que je ne connais pas ses goûts. Je ne sais pas quoi lui prendre. L'hôtesse me regarde, impatiente...Ca mange quoi une fille ? Du poulet ? Un applepie ?
Je vais faire dans la facilité. Cheeseburger. Ca plaît à tout le monde... Quoique.... Je parie qu'elle aime le poulet. Non, je vais prendre des cheese....
Je me dirige vers l'hôtel... En entrant dans la chambre, je vois qu'elle a fini de se rafraîchir. Elle est sur le lit, lisant les messages de mon portable.
- Sous contrôle de quoi ? Sous ton contrôle à toi ? Tu m'as menti !, me dit-elle.
- Ok.
Là, j'abandonne... En plus, elle lit mes messages... Après tout ce que j'ai fait pour elle. Là, je sature.
J'ouvre la porte, à demi en colère, et lui dit :
- Si tu crois que je t'ai menti, sors !
- Yann... Je suis fatiguée... J'en peux plus. Je ne comprends pas ce qui se passe. Avec toutes ces disparitions ? Je ne comprends même pas que pendant toutes ces années, rien ne soit apparu au grand jour. Personne ne se pose de questions ?
- Mais qu'est-ce que tu crois, Alex. Ils sont au courant.
- Ils sont au courant ? Qui est au courant ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Mais toi, tu les connais, tu es avec les Vampires ? Tu dis que c'est ton monde. Tu autorises qu'on tue des gens... Je ne comprends pas !
J'ai l'impression qu'elle abdique et baisse les armes.
- Tu autorises aussi qu'on tue les animaux ! C'est la chaîne alimentaire ça, Alex.
- Mais tu t'entends ? Tu compares l'Humain à des animaux ?
Elle m'embrouille....
- Mais c'est-ce qu'on est, Alex, évolués certes, mais des animaux quand même.
- Ton discours m'écœure.
- D'où je viens, on ne peut plus s'autoriser à penser autrement.
- Mais ces gens ont une famille, ils comptent pour quelqu'un.
- Imaginons que tu aies une famille avec des enfants et qu'on soit dans un moment de crise aiguë. Tu n'arrives plus à les nourrir. Tu vois que le voisin a un chien bien gras. Ce n'est pas pensable maintenant, mais en temps de crise ?
- Mais stop YANN ! Tu es dans un pur délire, là ? C'est la crise chez les Vampires, peut-être ? Tu tentes de justifier l'injustifiable en racontant n'importe quoi !
Je continue sur ma lancée... autant aller jusqu'au bout des choses.
- Ici, la plupart des jeunes sont sans attache. Donc, ils ne manquent à personne et personne ne les recherche. Tu penses que cette île a été colonisée pour quoi ?
- Comment ça ?
- Pendant le 19ème siècle, sous Victoria, beaucoup de disparitions ont eu lieu en Angleterre. Mon arrière-arrière-grand-père fut chargé de fonder cette université pour débarrasser l'Angleterre de ses Vampires. D'où les bourses d'études pour appâter l'étudiant. Et l'étudiant s'en accommode, car c'est la seule unif qu'il peut s'offrir. Alors tes remords sur la chaîne alimentaire, Alex... Tout est parti d'une idée Humaine.
- La reine Victoria ?
- Non, son ministre de la Sécurité intérieure. Victoria était trop « Humaine » pour penser à ça. Et lui, il a pensé à la sécurité de son pays. Mets-toi à sa place ! C'est tout à fait légitime. Le bon vieil instinct de survie qui nous caractérise tous, Humains, Animaux, Vampires...
- Arrête, je ne sais plus où j'en suis.
- Ton petit monde s'écroule, Alex ?
- Je suis en colère, et tu continues à être cynique ? ça t'amuse... sadique !
- Toute ma famille, Alex, a été condamnée à vivre cet enfer, alors je pense que tu peux pardonner mon cynisme peut-être... C'est clair que quand on vit dans ta petite campagne...
- Plus je t'écoute, plus je perds pieds. Dans ma campagne, au moins, on est civilisé.
- Repose-toi pour cette nuit. Ici, on est en sécurité. Ils ne viendront pas te chercher à Londres. Ils ne savent pas qu'on peut se téléporter. Tiens... mange !
Je prends un hamburger et lui tends. Je ne sais pas si c'est pour la faire manger ou pour calmer la situation en la faisant taire un peu.
Après le repas, on se met au lit pour passer la nuit.
Je la prends dans mes bras. Je sens son odeur sur ses cheveux. Je prends conscience que je tiens à elle, plus que je voulais bien l'admettre. Je ne sais pas si je dois regretter ma vie d'avant ou pas. Je n'étais pas armé pour bouleverser le fonctionnement de l'île et le système mis en place. Elle m'oblige au changement. Je pense que ce changement, je n'étais pas prêt à le vivre.
Je la sens s'endormir. Je n'ose pas fermer l'œil. Je sais que c'est un moment auquel je repenserai quand elle ne sera plus là. Je n'ai pas envie qu'il se termine.
Ma petit guerrière espiègle... Elle a une rage pour la justice. Je peste contre son ignorance, son côté petite fille, en fait c'est cette facette qui me touche le plus, qui m'oblige à être encore plus attentif, et qui justifie ma place auprès d'elle.
Je remarque pendant les cours instants que je passe avec elle que l'aspect « âme sœur » ne se limite pas qu'à une attirance physique ou magique. On a des traits de caractère identiques. Par exemple, le matin nous ne nous parlons absolument pas. Nous nous levons tranquillement dans le silence.
Nous avons les même manies. Elle est droitière pour écrire, mais gauchère pour manger, tout comme moi. Pour notre petit dèj, nous prenons d'abord un jus d'orange, attendons quelques minutes après l'avoir ingéré et seulement ensuite, nous mangeons quelque chose de léger, sinon nous avons un coup de fatigue.
Nous sommes plus attentifs au petit personnel qu'au gérant. Elle a toujours un petit mot sympathique pour la femme de chambre, et moi je tente de ne pas trop déranger la chambre pour ne pas la surcharger. J'ai l'impression que nous avons le même savoir-vivre, les mêmes petites choses qui nous tiennent à cœur. Cette haine exacerbée de l'injustice en revanche nous sépare, car elle ne repose pas sur les mêmes expériences. Ca nous fait tout de même un trait de personnalité commun.
Un sujet qui nous sépare complètement, c'est la réalité des choses. J'ai l'impression qu'elle s'en fout éperdument, ne voit que sa réalité à elle, en pensant que c'est la bonne. Elle évite le sujet de Nauledge. Il faudra pourtant qu'on en parle.
D'un autre côté, j'ai envie de prolonger également ce moment avec elle, ne penser à rien d'autre, un moment de répit.
Je l'ai emmenée visiter différents endroits de la ville. Tant qu'on bouge, on est introuvables.
En rentrant, je décide de crever l'abcès :
- Que comptes-tu faire, maintenant ?
- Je dois terminer mon année.
- Donc, retourner là-bas ?
- Oui. Je suis sous contrôle, non ?
- Alex... Tu joues avec le feu.
- Oui, papa...
- Tu ne me rassures pas là.
- Tu veux un chocolat ?
- Tu n'es pas raisonnable...Qu'est-ce que tu peux être agaçante quand tu t'y mets ! Si tu y retournes, fais-moi plaisir, tiens-toi à carreau !
- Je n'ai pas envie de te faire plaisir. Des gens se font tuer, on est dans une grande boucherie géante où on peut choisir son morceau de choix, qui restera en vie et qui ne le restera pas... et ça ne semble choquer personne !
- Tu veux te battre contre le système britannique entier ?
- Je ne sais pas. Mais d'où je viens...
- Parlons-en d'où tu viens... Tu viens d'où ? Sais-tu au moins à quelle famille de Sorciers tu appartiens ?
- Pourquoi cette question ?
- Car, ma chère Alex, tu n'es sûrement pas au courant du pourquoi de ta venue ici. Ce n'est pas par hasard.
- C'est-à-dire ?
- Ça te dit quelque chose les « Fédérateurs »? T'ont-ils parlé de ça ?
- Vaguement. Je me souviens qu'avant de partir pour Nauladge, j'ai surpris une violente dispute entre ma maman et mon oncle. Elle lui disait que j'étais trop jeune pour faire partie des Fédérateurs.
- Un fédérateur est déjà venu sur Nauladge un peu avant que je naisse. C'est devenu un sujet tabou chez nous. Je ne sais que très peu de choses, mais je sais que vous êtes responsables de la mort de ma mère et de mon père en tant qu'Humain. Vous êtes un clan de Sorciers implanté partout dans le monde. Vous venez dans un endroit et vous fédérez tout ce qui touche au surnaturel, par n'importe quel moyen. On ne t'autorisera pas le moindre faux pas. Pourquoi crois-tu qu'ils sont à tes trousses ? Tu cherches, tu fouines, tu interviens dans les soirées, tu mets K.O. une bande de goules à toi toute seule. Tu es plus puissante que la précédente. Tu dois retourner d'où tu viens, Alex, si tu veux la vie sauve. Tu es considérée comme nuisible pour le clan Vampire. Il faut que tu partes !
Mais elle ne comprend rien !!!! J'ai envie... de la battre... j'en ai les mains qui tremblent...
- Tu veux savoir comment vous fonctionnez ? Les jeunes à former sont jetés en pâture dans des endroits-clefs. Ils ne savent pas où ils mettent les pieds. Ils sont lâchés dans des repaires tels que celui-ci. Et s'ils savent fédérer l'endroit, alors ils peuvent prétendre à monter en grade. Tu es de la chair à canon pour eux. Vous venez tout naïfs en ne sachant pas à quoi vous attendre. Une forme de sélection naturelle. Et tu viens me faire la morale sur nous ? Moi, Alex... Les Vampires que tu détestes tant... Ils m'ont élevé. Je t'accorde qu'il y a mieux, mais c'est ma famille quand même. De plus, ils ne se cachent pas de leurs intentions et sont honnêtes entre eux. Pour ta famille, tu n'es qu'un pion parmi d'autres.
Je fais une pause. Elle vient de se prendre un gifle avec mes révélations. D'un autre côté, je reste persuadé qu' elle doit savoir pourquoi elle se bat et contre qui.
J'ai autant peur pour elle dans sa propre famille, qui semble lui cacher pas mal de choses, que dans l'île. Je pense néanmoins qu'elle sera plus en sécurité là-bas. De plus, d'après ce qu'elle dit, sa mère veille au bien-être de sa fille, et s'oppose au principe du « marche ou crève », entretenu par son clan.
- Ecoute, lui dis-je, j'ai lu dans un livre sur l'âme sœur, que deux médaillons tatoués pouvaient, en mélangeant les encres et le sang du partenaire, aider à donner un peu de sa puissance à l'autre (a changé, voir Alex). J'avais dans l'idée qu'on le fasse l'un et l'autre. Je serais un peu avec toi et vice versa. Tu seras plus forte et je serai rassuré. Mais arrête de vouloir fouiner à gauche et à droite.
Et soit dit en passant, je n'apprécie pas les agissements de ton clan et je te demande d'arrêter.
Je veux te protéger des tiens et des miens, j'aimerais qu'on fasse ce tatouage.
Tu as compris le principe ?
- Je pense... Donc, on mélange le noir et le sépia avec un peu de mon sang pour toi et un peu du tien pour moi ?
- Oui.
- Connais-tu un tatoueur qui voudra bien faire un mélange comme celui-ci ?
- Oui, si on y met le prix.
- Alors, on le fait ? Il sert à remplacer l'autre, en somme ?
- Non, pas à 100%. Mais seulement à plus ou moins 30 % quand on n'est pas à proximité. Par exemple, tu ne pourras te téléporter sans moi. Et pour ce qui concerne la télépathie, non seulement ça fonctionne déjà mal quand tout va bien, mais à grande distance, ça ne fonctionnera pas du tout. Mais pour ce qui est du combat, c'est très efficace et, plus l'autre est proche, plus ton pourcentage de réussite augmente. Il ajoute même à la puissance de tes actions si les deux sont réunis.
Je serais plus confiant si on avait ces médaillons. C'est un atout, peu importe l'avenir.
- Mis à part ça, demande Alex, tu as encore des choses à m'apprendre ? Car d'habitude... tu ne me parles quasi jamais, et là tu me parles de ma propre famille, de la tienne... En plus je sens que tu nous détestes.
Elle voit que je suis ailleurs. Mais je ne veux pas lui parler des Loups-garous, sinon... elle va encore creuser des trous partout....
- Oui, je ne porte pas ton clan dans mon cœur, mais toi... Tu ne représentes pas ton clan à mes yeux, mais mon âme sœur.
Nous exécutons le plan. Nous trouvons un tatoueur compréhensif face à un prix suffisant. Je les ai fait aux avant-bras, tandis qu'Alex les a placés sur ses épaules, côté face.
De retour à l'hôtel, je m'endors comme une masse après la nuit blanche précédente, je ne tiens plus. Mais en me réveillant... alors que je l'ai encore dans mes bras, je m'interroge sur la façon dont je peux la convaincre de retourner en Belgique.
Dés qu'elle se réveille, je tente d'aborder le sujet.
- Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?
- Je ne peux pas ne pas revenir. Il faut que je termine mes études.
- Mais tu as des universités en Belgique !
- Oui, mais en Belgique, il n'y a pas toi. Je ne vais pas te laisser ici. Je reste persuadée que ce n'est pas un endroit pour toi.
- Ok. Que proposes-tu ?
- Quels sont les moyens dont nous disposons ?
- Pas grand-chose, je le crains. Hormis....
Je n'ai plus d'autre choix que de lui parler des Loups-garous. C'est notre seule chance de pouvoir maîtriser les Vampires.
- Hormis ? me demande-t-elle.
- Il y a aussi des Loups-garous sur l'île. Ils ont un clan, mais il est en train de se dissoudre. Je sais qu'une partie est avec moi.
- Des Loups-garous ? Mais... Je n'en ai jamais vus !
- Ils sont assez discrets. Tu ne les as pas vus, mais ils sont là. Ils te protègent depuis le début... Enfin, pas tous. Juste une partie.
- Pourquoi ?
- Car ils respectent ma position de maître. Je ne suis pas le maître des loups-garous, ni des vampire, mais la stabilité d'une entente entre les loups-garous, les vampires et l'Angleterre.
- L'Angleterre ? Les loups-garous ? Mais... tu es derrière tout ça depuis le début ?
- Non Alex. Je ne suis qu'un point de colle, mais je ne maîtrise rien. Arrête de me prêter des intentions que je n'ai pas. Ca devient irritant à la longue !
C'est énervant, sont petit air de Miss redresseuse de torts. Mais quand va-t-elle me faire confiance à la fin ?
- Les Loups-garous, que sont-ils prêts à faire ?, m'interroge-t-elle.
- Si notre but est de respecter la vie, qu'elle soit humaine, garou ou vampirique, ils nous suivront . Nous devons arriver au respect des clans. Peu importe le chef. Mais là, les Vampires ne sont pas dans cette optique.
- Et si on tue Carl ?
- Alex, tu parles de mon père.
- Comment le soumettre alors, Yann ?
- Je ne sais pas, Alex. Mais... Je m'attends au pire, mais par pitié.... ne m'oblige pas à prendre une position autre que la tienne.
- On va rentrer sur l'île. Tu vas me conduire à leur repaire. Il faut qu'on y aille. Je ne sais pas comment entamer les négociations autrement.
- Je pense que tu vas d'office y être emmenée par leurs soins, dés que tu poseras le pied sur l'île. Maintenant, ils veulent ta mort. Mais je te protégerai. Je dois encore avoir un minimum d'influence là-bas... Enfin, je l'espère.
Je m'avance un peu... mais, en tout cas, je le souhaite.
Nous nous préparons mentalement à revenir sur l'île. J'appréhende. Elle aussi. Nous restons encore quelques nuits. J'ai prévenu Steeven par téléphone. Il m'a dit que les choses semblaient s'apaiser. Je me dis que plus je la garde au loin, plus je peux convaincre Carl de mon emprise sur elle. Ils se doutent qu'on va revenir. Ça me semble tout de même anormalement calme. Mais je pense pouvoir dominer la situation. Nous tentons de nous reposer. Je sais que ce n'est pas fini... ça ne fait que commencer.
Après quelques jours, nous faisons nos valises et entamons le retour par téléportation.
A peine arrivés dans sa « cellule », nous entendons des bruits d'allées et venues dans le couloir. Des pleurs et des hurlements de Marck nous précipitent hors de la chambre.
Nous découvrons une civière avec un drap blanc tacheté de rouge. Marck poursuit des ambulanciers, affolé.
Alex tachant d'élucider le mystère court derrière Marck :
- Que se passe-t-il ?
Marck se retourne et la gifle, lui fendillant la lèvre inférieure. De colère, il la secoue par les épaules et lui dit :
- Tout ça, c'est de ta faute ! Quand vas-tu sortir de nos vie à tous ? Tu es une calamité ! Jeff est mort... c'est toi, encore toi, toujours toi !
Marck s'en va vers les ambulanciers.
Alex reste figée un instant et s'en va dans sa chambre.
Steeven doit être dans les environs, je pars à sa recherche. A l'entrée de l'immeuble, je le vois rôder, l'air inquiet. Je lui fais signe de me suivre et nous descendons dans les caves du bâtiment pour qu'il puisse se transformer.
- Explique-moi ?
- Nous sommes tombés dans un traquenard. Ils s'en ont pris à Marck. Au début, c'était juste des Vampires qui le suivaient d'un peu trop près. Nous nous sommes manifestés pour protéger Marck sans qu'il s'en rende compte. Mais assez pour que ce soit répété à Carl. Je te laisse imaginer la suite.
- Oui, il vous a provoqué en étant de plus en plus derrière Marck pour vous faire croire à la possibilité que ce serait sa prochaine cible, et en a profité pour faire liquider Jeff.
- Oui... Nous n'avons plus pensé à lui. Il nous semblait évident que Marck était la cible immédiate.
Il s'arrête de parler un instant et reprend :
- Ils veulent Alex, Yann. Ils ne vont pas s'arrêter là. On l'a mise à mort. Je suis désolé, Yann... je ... Je...
- Ca aurait pu être encore pire, Steeven. Ils auraient pu les tuer tous les deux ou tuer Jeff et enlever Marck pour appâter Alex. Je sais de quoi ils sont capables. Ils ont agi de la sorte car ils savaient que vous étiez là. Pourquoi tu ne m'as pas appelé ? Tu devais garder le téléphone sur toi.
- Je l'ai fait. J'avais pris mes dispositions au cas où on aurait dû se contacter. Le téléphone est dans un buisson juste à l'entrée de l'immeuble. Je n'étais pas très loin, et j'aurais pu me cacher pour te téléphoner. Mais cela vient de se passer. La police et les ambulances sont arrivées rapidement sur les lieux. J'allais te contacter quand je t'ai vu revenir avec Alex.
- Écoute... je sais que je ne pourrai plus contenir Alex. Là, elle va y aller. Je ne sais pas du tout ce que Carl a prévu. Rameute tout le monde que tu trouveras et qui est en faveur notre cause. Il prépare quelque chose. Il veut attirer Alex au repaire.
- Attends, Yann. Il y a eu du changement depuis votre départ. Je ne te l'ai pas dit, car nous ne l'avons su qu'aujourd'hui. Christie a été transformée... C'est la Vampire de trop... celle qu'on redoutait.
- Tu veux dire qu'elle a le don de Charisme ?
- Oui... Elle a pris le pouvoir pendant ton absence. C'est toujours Carl le chef, mais c'est elle qui dirige tout, en sous-main. Ca a été immédiat. Lors de sa transformation, j'ai entendu dire que toutes les femmes se sont agenouillées, lui prêtant allégeance... Tu vois bien, c'est trop précis, trop perfide pour que ce soit Carl. C'est directement une attaque au point sensible d'Alex et ce sont des raisonnements vicieux. Elle est en place. Et tu sais bien... ça ne fait que commencer. La menace n'est plus Carl, mais Christie. Ils sont trop nombreux maintenant que le clan des femmes est réveillé. Avec elle comme cheffe... On va y passer.
- En si peu de temps ?
- T'es parti cinq jours, je te signale. Tu penses quoi, toi ? Que ce pouvoir vient après cinq ans ? Il vient directement ! Après ses deux jours de transformation, les choses ont été assez vite. Alors que Carl cherchait des solutions, elle l'a manipulé. Qui de mieux que Christie peut connaître les points faibles d'Alex? Elle savait que vous alliez revenir. On dirait qu'elle a choisi le bon moment.
- J'ai confiance en Alex et en nos pouvoirs.
- Pas moi, Yann ! Je sais qu'on va y rester. Ca ne me fait pas peur de me battre pour une cause, mais j'espère que tu es conscient de ce qui va se passer.
- Oui, on va y arriver. Je te dis... J'ai confiance. Alex est forte...
- Tu ne peux pas miser tout sur une personne.
- A-t-on vraiment le choix ? Je t'interdis de douter. Ne partons pas perdants.
Steeven semble dépité, mais résolu. Il m'étreint et me dit :
- Ravi d'avoir partagé tous ces moments avec toi.
- Ce sont des adieux ?
Steven reste muet. Il reprend sa forme animale.
La voilà, l'invitation qu'Alex attendait...
Je retourne auprès d'elle.
Elle s'est changée. Habillée d'un pantalon près du corps et d'un pull à col roulé. Elle enfile sa veste en cuir mauve et met ses bottines à boucles argentées. Elle vide son sac à dos sur le sol, et le prend sous le bras.
Je sens le combat qui se prépare. Je ne sais pas très bien où je me situe. D'un côté, j'ai envie que les choses s'arrêtent et se stabilisent, d'un autre côté, ce sera au prix de la perte d'une des personnes importantes pour moi. Alex ou Carl. Je le sais. Mais mon choix est arrêté. L'affection ne rentre pas en ligne de compte. J'ai une fonction, et je choisis donc, dans les sens de mes responsabilités. En tant que maître, je suivrai Alex.
Sur le bureau, une lettre, manifestement ouverte, de Christie. Je lis brièvement. Elle lui annonce sa transformation. Ca ne fait, je pense, qu'ajouter une raison de plus à la motivation d'Alex d'en finir une fois pour toutes.
Alex sort de sa chambre et se dirige vers le commu. Je la suis.
Elle ne retient plus sa magie. Elle ouvre les portes d'un coup de vent, jette les chaises contre les murs. Elle attire les débris en forme de pieux dans sa main, m'en donne deux et range le reste dans son sac.
Elle passe devant moi, sans un mot, descend les escaliers, et sort de la bâtisse. Nous nous dirigeons vers les bois. Je ressens l'adrénaline s'infiltrer dans tout mon corps.
Les loups sont aux aguets. Un hurlement de ralliement traverse le silence. En me retournant, je les aperçois, sortant de leur cachette, nous suivant.
Alex, en cheffe de meute, continue sa route d'un pas déterminé. Elle ose la télépathie :
- C'est un piège, je le sais...
- Oui, je pense aussi.
- Tu ne sais pas te battre... tu resteras en arrière et me donneras ton énergie.
Après quelques minutes de marche, qui m'ont semblé très courtes, nous entrons dans le territoire Vampire. Alex, à peine a-t-elle foulé le début de la cours du repaire, qu'elle fait exploser les vitres et plonge le bâtiment dans un violent incendie. Une pluie fine se déverse. Nous entendons des cris de Vampires emprisonnés par les flammes. Certains se précipitent hors de l'immeuble. Étrangement, pas de comité d'accueil. Nous nous retournons, ils sont là... nous empêchant de faire marche arrière. Les hommes sont en première ligne. Les femmes, accompagnées de Christie, forment un arc de cercle délimitant le terrain de jeu. La terre fait vite place à la boue. C'est une bénédiction de pouvoir manipuler les éléments... J'ai voulu privilégier un terrain moins propice aux attaques, mais plus opportun aux loups, qui ont l'habitude de la nature. Autant favoriser notre équipe. Certains loups se sont transformés en hommes poilus, ou encore en bêtes, d'autres sont restés en chiens.
Alex me regarde avant d'engager la mêlée. Les deux clans s'affrontent dans un gigantesque pugilat. Je me mets dans une transe énergétique, donnant ma puissance à mon âme sœur. Nous savons que l'adversaire est puissant, difficile à abattre, car imbibé de mon sang.
Le spectacle est féroce. Malgré ma transe, je vis la situation à travers les yeux d'Alex. J'entends des glapissements de loups, et le bruit des coups sur les corps, fracassant les os. Je vois des Vampires exploser en cendres, des loups inertes, étendus sur le sol...
Alex mène la danse. Elle est difficilement contrôlable. Repoussante de haine, son visage est défiguré par la rage. Elle saute sur les Vampires, leur arrachant la tête. Les loups sont d'une férocité meurtrière...
Tout à coup, Carl apparaît devant moi. Je reste imperturbable. Je ne peux pas arrêter ma concentration. Il le sait. Il est armé d'un sabre. Il arbore un léger sourire. Je sens que c'est la fin. Je ne lâcherai pas Alex, jusqu'à mon dernier souffle.
- Fils..., me dit-il, je ne voulais pas en arriver là... Mais ça va être toi ou moi.
Carl prend de l'élan pour me charger... quand, surpris, il regarde sa poitrine transpercée par un pieux planté par l'arrière. Il me regarde une dernière fois et s'éparpille en fumée de cendres. J'entends les hurlements de Christie. Je m'arrête net. Alex reprend ses esprits et me regarde. Terrifiée. Quand tout à coup, son flan se met à saigner : un coup de stylet donné en traître par Christie !
La nouvelle reine des Vampires reprend le combat. Je regarde mon flan, je suis touché. L'effet miroir, je l'avais oublié...
Nous tombons à genoux l'un en face de l'autre. Alex s'écroule en me prenant la main. Elle se meurt, s'effondrant à ma droit, en me disant :
- Ne laisse pas faire ça...
Un cri sort de mes poumons :
- Nooooooooon......
Au contact de sa main, alors que j'ai l'impression qu'elle a rendu son dernier souffle et que le mien arrive à son tour, nos tatouages s'illuminent comme si du métal en fusion pénétrait leurs sillons.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro