Chapitre 6 : Désorientation et nouveauté
- Si tu étais un arbre ? me demande Marck
- Un baobab, car c'est le seul arbre qui marche.
- Si tu étais un animal ?
- Une panthère noire, car elle est fière et indépendante.
- Si tu étais une fleur ?
- Le lys, symbole féminin et aussi un symbole de royauté.
- Si tu étais une maladie ?
- La syphilis. Sexe, amour et folie mentale.
Marck et moi jouons au portrait chinois sur mon lit, quand on entend une clef tourner dans la serrure de la chambre de Stepf.
On se précipite dans le couloir et découvrons une jeune fille habillée de noir, d'un style victorien, qui nous dit d'une voix douce :
- Je pense que j'habite avec vous...
- Hé bien. Ils n'ont pas perdu de temps ! dit Marck, nerveux, rentrant dans sa chambre.
Je tente d'entrer en contact.
- Excuse-le, notre camarade qui habitait là est décédée il y a très peu de temps. Nous pensions qu'ils ne reloueraient pas sa chambre tout de suite. Je m'appelle Alex. Marck est la personne que tu viens de croiser. Il est encore sous le coup de l'émotion de notre amie disparue.
- Je ne savais pas. Je me sens gênée. Je m'appelle Christie. Voulez-vous que je demande une autre chambre ?
- Il y a une longue liste d'attente, si ce n'est pas toi, ce sera une autre personne. Donc, je préfère que ce soit toi. Mais la moindre des choses était de te prévenir: Jeff qui habite aussi avec nous était le petit ami de Stepf. Donc, l'ambiance n'est pas au beau fixe.
Marck sort de sa chambre.
- Désolé, ce n'est pas à toi que j'en voulais, mais ils auraient pu être compréhensifs. Moi, c'est Marck, le petit copain d'Alex. Tu es venue ici pour étudier quoi ?
- Je suis en langues romanes. Mais je suis en 3ème, je viens d'une autre université. J'avais un peu envie de changer. Et puis bon... Ici, je peux me permettre de ne pas travailler pour financer mes études, c'est surtout ça qui a motivé mon choix.
- T'inquiète, Jeff et moi c'est la même chose. Il n'y a qu'Alex qui est assez folle pour faire le choix de venir ici.
ça me fait sourire tout de même. Pour lui, je ne suis qu'une excentrique tatouée. S'il savait...
Quelques jours passent, Jeff n'est toujours pas revenu. Nous tentons d'intégrer Christie.
Elle est sympa. Un peu marginale aussi, mais ça me plait. On a un peu sympathisé. Je n'aimerais pas être à sa place. Venir ici après ce qui s'est passé, ça ne doit pas être évident pour elle. Elle semble le prendre plutôt bien.
Je ne vais pas laisser tomber cette histoire avec Stepf. Je n'arrête pas d'y penser. Je n'ai que des questions sans réponses. Je ne sais même pas où trouver Yann. Quand je le vois, il est tellement entouré par ses chiens fous que je n'arrive pas à l'approcher. J'ai tenté la télépathie, mais il n'a pas sourcillé.
Alors qu'on est dans le commu tous les trois en train de finir notre dîner, je me lève et dis :
- Bon, les amis... Je vous laisse. Je vais à la bibliothèque potasser un peu.
- Encore ? Mais ce n'est pas vrai... Vis un peu Alex. Il fait déjà noir.
- Plus tôt je m'avance, moins je dois travailler dans l'urgence. Je déteste ça. Et puis quand veux-tu que j'y aille ? J'ai cours en journée !
J'embrasse Marck :
- A ce soir, les amis !
J'avoue que je suis assez contente de me replonger dans mes recherches sur Yann. C'est ce que je vais faire à la bibliothèque. Mais Marck ne comprendrait pas si je lui disais. Je ne vais tout de même pas lui révéler ma condition, ni prononcer le mot « Vampire ». Il va me croire tout droit sortie d'un asile. De plus, j'ai terriblement honte. Parfois j'ai l'impression de me réjouir de la mort de Stepf dans le but de revoir Yann. C'est une idée qui m'est insupportable et que je qualifierais même de psychopathe. Je déteste quand je pars en vrille comme ça. J'ai le fond de la gorge qui se noue et je me sens mal.
J'arrive enfin à la bibliothèque. J'aime bien l'ambiance. C'est calme et pourtant il y a du monde. ça étudie, ça lit... Les gens semblent paisibles, dans leur bulle. Ça m'amuse de les regarder.
Je m'empare d'un ordinateur et je commence mes recherches.
Je tape sur Firefox « Disparu de 2010-2011 Naulage »
Après plus d'une demi-heure de regroupement d'informations, je compte plus de 46 disparus en un an, sans oublier ceux qui n'ont pas été répertoriés. C'est énorme ! ça devient tellement banal ici, que je ne m'étais pas rendu compte de l'ampleur de ces disparitions.
Maintenant, je cherche à « Yann Macurtis ».
Par hasard, je tombe sur un article concernant la disparition de sa mère, retrouvée morte au pied d'une falaise ; la police concluait à un suicide... Elle aurait d'abord été mordue par un animal, et ensuite pour lui échapper, elle aurait sauté de la falaise, d'après des témoins.
Donc, Stepf ne s'était pas trompée en parlant de suicide. Je trouve quand même cette mort suspecte. Yann ne m'avait pas menti non plus, on peut vite conclure à une morsure de Vampire...
Je suis extraite de mes pensées quand j'entends un fracas :
- Mais ce n'est pas vrai !!! Tu penses encore à lui ! Je le savais... Depuis que Stepf est morte, tu es distante, tu as changé.... Je savais que je n'étais là que pour le remplacer...
Je me retourne surprise. Christie est avec Marck. Elle me regarde avec des yeux interrogateurs.
Marck prend une pile de livres près de moi et joue avec la pesanteur terrestre. Ensuite, de rage, il quitte la bibliothèque, laissant Christie sur place qui se précipite près de moi pour ramasser les livres jetés dans la foulée.
Je suis choquée. Encore ces angoisses et cette culpabilité qui me serrent le thorax.
Je fonds en larmes. Peut-être a-t-il raison. Peut-être que je ne l'ai pas oublié. Peut-être Marck était-il là comme tampon dans un moment où j'avais besoin de lui. En fait, je fais la victime... mais je sais au fond de moi qu'il a raison. Je le savais même depuis le départ.
Je me sens obligée de parler à Christie. Je me doute que dans sa tête, plein de questions doivent fuser dans tous les sens. A dire vrai, je n'aime pas avoir le rôle de la méchante nymphomane qui cocufie son petit ami à tours de bras, car en plus... je ne me sens pas en faute...et je n'ai trompé personne, hormis en pensée...
- Pardon... Je suis sûre que tu ne dois rien comprendre... Et Marck... Il ne sait rien...
Je me fige assise par terre et pleure nerveusement. J'ai de gros sanglots, qui résonnent dans toute la pièce centrale. Je vois les regards des autres étudiants et ça me gêne.
Une fois qu'on a fini de ranger les piles de livres, je me relève et les dépose sur une table.
J'attrape mes affaires, marche hâtivement vers la porte d'entrée.
Christie m'emboîte le pas.
- Mais que se passe-t-il? demande Christie. J'avoue que je suis un peu perdue....
- ... J'en ai marre d'être comme ça... je me sens si solitaire....
Je raconte n'importe quoi. C'est comme quand tu as un trop plein d'émotions, que tu pleures et que tu ne sais pas l'expliquer. Tu débites des choses qui viennent, tu ne sais pas trop pourquoi. Tu tentes de combler les attentes de l'autre, alors que toi-même tu ne comprends rien à la situation. Donc, tu débites des choses incohérentes. L'autre n'est pas dupe. Par-là tu creuses ton trou. Il ne te reste plus qu'à te jeter dedans et de t'enterrer vivante....
- Viens, on va rentrer au communautaire, il faut que tu te reposes un peu... J'ai l'impression que tu craques. Décidément, je me demande vraiment où je suis tombée avec vous, dit-elle en riant jaune.
Je pleure et ris à la fois. Car d'un côté je suis triste et d'un autre, je me dis qu'elle n'a pas tort. Elle est tombée sur une folle psychopathe, qui louche sur un monstre qui est responsable de la mort de sa copine.
Nous entrons dans la cuisine et je remarque que Jeff est de retour.
Il a dû sortir de l'hôpital quand j'étais en plein délire avec Marck et Christie.
Il est assis par terre, adossé au four, les genoux sur sa poitrine.
Marck est debout, les fesses appuyées sur le plan de travail de l'évier, les bras croisés et l'air maussade...
Christie s'assoit à la table et prend la parole :
- Nous étions venus te dire que Jeff était rentré. Les choses ont pris une tournure inattendue. Je suis désolée de prendre les choses en mains, mais on va devoir cohabiter jusqu'à la fin de l'année. Je pense qu'il faut mettre les choses à plat. Vous tous, vous avez un lourd passé.
Je me suis adossée au mur de l'autre côté de la pièce et j'écoute Christie. Elle a une voix si douce que ça apaise l'ambiance générale de la pièce. Mais ça ne me réconforte qu'à moitié. J'ai l'étrange sensation d'être accusée et de devoir me justifier. Je ressens une espèce d'attente générale d'explications de ma part. Je ne sais absolument pas quoi dire.
- Alex..., dit Jeff. Je retourne les choses dans tous les sens depuis la mort de Stepf. Je ne comprends toujours pas...
- Tu ne comprends pas quoi ?
- Qui voudrait mutiler Stepf en la vidant de son sang et en la laissant pour morte. ça ne tient pas debout. Tu étais la première sur les lieux. Or, il n'y a eu qu'un court moment entre notre entrée dans les chambres et le massacre de Stepf. Ne me dis pas que tu n'as rien vu ? Même pas vu une personne sortir, rien ?
- De toute façon Jeff, comment on peut la croire. Elle ment tout le temps...
Marck me regarde comme s'il se retenait de me tuer. Il a les yeux baignés de larmes.
Il est amoureux... Et se conduit comme tel. Ou plutôt comme un homme bafoué. Mais je ne me sens toujours pas fautive. Coupable si, mais je ne sais pas de quoi.
- Calmez-vous là. Vous vous rendez compte que vous tenez Alex pour responsable de la mort de Stepf ? intervient Christie.
Là, encore une fois, je bredouille une chose que je ne devrais pas et qui part comme une bombe.
- Ne t'inquiètes pas Christie. Ils ont des questions sans réponses... mais je ne me sens pas le courage de leur dire.
Mais tais-toi bon sang de bonsoir !
Jeff se met debout, furieux, et me hurle dessus :
- TU TE FOUS DE NOUS ALEX ??? IL S'AGIT DE STEPF , TA SOI-DISANT AMIE !!!! ET MADAME NE SE SENT PAS LE COURAGE DE NOUS DIRE ???? DE NOUS DIRE QUOI????
- Jeff, si je vous le dis, vous ne me croirez pas, et en plus Christie n'est pas encore des nôtres.
Plus je parle, plus j'ai l'impression de m'enfoncer. Je ne peux pas leur dire qui je suis, je vis ça comme un fardeau. Une chose à expulser, à sortir de moi, à étendre sur la table et.... FUUUCCKK !
- Ok, je vais vous laisser...
Marck d'un ton agressif mais déterminé :
- Il n'en est pas question. Christie tu te rassois, et écoutons ce que madame Alex a à nous dire...
Je déteste quand il fait sa diva, son grand blessé....
Ça me fait réagir. J'ai la sensation de jeter l'éponge.
- Ok, vous l'aurez cherché... Stepf s'est fait mordre par un Vampire. Quand je suis arrivée, il était encore sur elle. Et je l'ai tué.
- Mais t'es malade Alex, me dit Jeff en se prenant la tête entre les mains. Une vraie folle.
Tiens donc... Je ne m'attendais pas à autre chose, mais c'est fou comme quand on entend la vérité sur une chose qui nous paraît absurde le cerveau Humain bug.
- Tu nous prends pour des imbéciles ?dit Marck.
- Non, je vous ai dit que vous ne me croiriez pas...
- Ok,... dit Jeff. Donc, pourquoi ne t'a-t-il pas mordue?
- Parce que je suis une Sorcière.
- De mieux en mieux ! s'énerve Marck. Bon, moi je me casse... J'en peux plus.
Là je me mets en colère !
- Maintenant tu t'en vas alors que tu as foutu la pagaille ?
De colère, par la pensée je verrouille la porte de la cuisine et je nous enferme.
Marck tente d'ouvrir la porte, mais les loquets se referment... CLIC CLAC...
- Mais... mais....dit Marck me regardant intrigué.
Il se retourne, voit une chaise de la table se soulever d'un bon mètre et demi et tourner sur elle-même dans les airs.
- J'hallucine...dit Jeff. Comment tu fais ?
La chaise se dépose sur la table.
Le robinet s'enclenche, l'eau jaillit et se cristallise en glace aussitôt....
- C'est toi qui provoque ça ? demande Christie.
- Vous me croyez maintenant ?
Tout le monde me regarde, ébahi. Plus aucun son ne sort de leur bouche. On entend les tic-tacs de l'horloge murale. Ça semble long et pesant, ce silence. J'ai même l'étrange impression qu'ils ont peur de moi.
- Ce que tu nous dis est donc vrai? dit Marck.
- Oui, ce que je dis est vrai.
- Mais les Vampires? dit Jeff. Comment tu les connais ?
- A Noël quand vous êtes partis au monastère, je suis restée ici. Pendant une promenade, deux d'entre eux m'ont attaquée.
C'est là que j'ai parlé pour la première fois à Yann, même si chacun savait déjà qui était l'autre...
- Comment savais-tu qui il était ?demande jalousement Marck. C'est qui ?
- C'est un Sorcier lui aussi. Et c'est ce qu'on appelle en sorcellerie, mon « Ame sœur ». Ça n'arrive quasi jamais de se rencontrer, mais nous deux si. Je pensais que c'était une légende. Mais il est bien mon âme sœur. C'est pour ça qu'il a les mêmes tatouages que moi sur les paumes, si tu regardes. Mes tatouages sont tous reliés aux pouvoirs que j'ai.
Il y a quelques semaines, pendant les fameux quatre jours d'absence, je suis partie avec lui expérimenter nos pouvoirs communs, qui sont inimaginables.
Mais je suis tombée amoureuse de lui....
- Nous y voilà...
- Oui mais... Il m'a dit qu'on n'était pas du même monde et qu'on ne pouvait pas s'aimer. Et quand j'ai vu le Vampire chez Stepf, avant de le tuer, il m'a dit que son maître était Yann... D'où mes recherches sur lui à la bibliothèque.
Je continue mon enquête sur la mort de Stepf et sur les disparitions....
Jeff se lève, vient près de moi et me prend dans ses bras.
- Désolé, Alex d'avoir douté de toi... Je t'aiderai pour ton enquête, tu as mon soutien.
- ça veut dire aussi que Yann et toi, vous êtes attirés l'un par l'autre et que rien ne pourra changer ça? embraie Marck.
- Oui, c'est vrai que Yann exerce une certaine attraction sur moi. Je la ressens quand il est à quelques mètres de moi, les tatouages de mes paumes chauffent et picotent.
- Va falloir que tu me laisses du temps, Alex. on en reparlera tous les deux, mais là... C'est trop pour moi. Je sais que tu es avec moi physiquement, mais que tout le reste te rattache à lui. Et ce n'est pas de ce soir que je le sais.
Sur ces paroles, Marck s'en va.
Je me lève aussi, un peu secouée par cette soirée, je regarde Christie et Jeff avec un petit sourire forcé en guise de « bonne nuit » et me dirige vers ma chambre. Ma porte est grande ouverte. Marck est dedans. Il fait un petit paquet avec ses affaires.
Il me voit, il prend tout dans ses bras et va dans sa chambre.
En passant devant moi, il me dit :
- Viens!
Je le suis sagement en ne disant pas un mot. Je ne suis pas fière en cet instant. J'ai comme la sensation de me retrouver derrière ma maman quand j'étais petite, persuadée de me faire gronder au terme de cette petite marche. Savoir pertinemment que tu suis de ton propre chef, alors que tu sais qu'il va se passer. Une chose peu réjouissante. Je n'aime pas cette attitude résignée, mais... Je me sens obligée de le faire, même si je connais les conséquences. Je suis à la fois triste et libre. Et donc... Libre de faire ce que je ressens.
Arrivée à sa chambre, il lance ses affaires sur son lit. Il s'active dans sa pièce pour reprendre tous les objets qui m'appartiennent et me les tend.
- N'est-ce pas ce que tu voulais... ?
Ouiiiiiiiiiii, c'est ce que je veux ; tu m'agaces avec ton amour mielleux qui dégouline de partout. Ta manière de me regarder comme si j'étais un gros gâteau au chocolat. Tes mots d'amour qui ne résonnent pas du tout en moi. Ta manière d'être tendre qui me fait oublier que t'es un homme. Oui j'ai envie de me sentir libre, vivante, ce que je ne suis pas du tout avec toi.
Mais je ne suis pas assez cruelle pour te dire tout ça et surtout... assez de vérités pour ce soir !
Je lui réponds :
- Si tu le dis.
Une phrase qui ne veut rien dire et en même temps qui est assez remplie de sens pour te culpabiliser un max car ce soir, tu m'as laissé tomber face aux autres et je n'ai plus confiance en toi. Voilà tout ce que j'ai envie de te dire Marck mais que je ne le ferai pas, car là... Je préfère jouer la carte de l'hypocrisie et avoir la paix.
Je reprends mes affaires et rejoins ma chambre.
Je réinstalle mes objets chez moi. Au bout de quelques minutes, j'entends frapper à ma porte.
Je suppose que c'est Marck qui regrette, j'hésite à ouvrir... je ne vais pas pouvoir me retenir une fois de plus. Il m'a déçue. D'un autre côté, je sais que je ne suis pas une oie blanche. J'ai fait énormément d'efforts pour rentrer dans la norme et être acceptée ; lui m'a pris pour une dingue au moment où j'avais besoin de soutien. Ils m'énervent tous avec leurs œillères. Leur petite vie, leur petit nombril....
Je me dirige vers la porte et l'ouvre d'un coup sec, la rage dans ma gorge est prête à exploser.
Je suis troublée : c'est Christie. Je ne m'y attendais pas du tout.
Je bredouille :
- Christie ? Je... Que... entre, je t'en prie.
Elle a l'air grave, comme d'habitude, mais semble sereine. Elle s'assied calmement sur mon lit. On dirait un petit chaperon noir. Son style est vraiment particulier. Mais j'apprécie d'autant plus. Elle est à l'opposé de moi. Elle vient de la norme et se marginalise. Alors que moi je suis hors norme et tente de me fondre dans la masse. On se ressemble beaucoup de ce côté-là.
Elle prend la parole calmement et me dit :
- J'ai aussi une petite révélation à te faire. Personnellement, je crois aux Vampires. J'en ai approché un. Il m'a fascinée. C'était au mois de septembre.
Elle ne me regarde pas. Son regard est fixé sur ses mains jointes qui font mutuellement grincer les gants qu'elles portent.
Elle reprend :
- Je l'ai croisé dans un parc. Il m'a suivie sans que je m'en rende compte. Alors que je rentrais dans mon petit studio, au moment de fermer la porte, il a réapparu. Il avait un regard pénétrant et un côté animal qui m'a fait frémir. J'en ai retenu ma respiration. Il est entré chez moi, laissant la porte ouverte. J'étais figée, collée au mur de l'entrée. Avec le revers de la main, délicatement, il a caressé ma joue. A son contact, j'ai directement compris à quelle espèce il appartenait. De ses lèvres, il a frôlé les miennes. Ensuite il m'a susurré à l'oreille « Naulage-Island» et s'en est allé....
- C'est pour ça que tu es ici ? Car tu as un genre de rendez-vous avec lui, si je te suis bien ?
- J'ai été...bouleversée. J'ai remis tout en cause. D'où on venait ? Qui il était ? Pourquoi ne m'avait-il pas mordue ? Bizarrement, je n'avais pas eu peur. J'avais même eu envie qu'il me morde pour être juste un instant en communion avec lui. J'avais éprouvé comme une étrange envie qu'il me possède, de lui appartenir. J'étais comme envoûtée. Je me questionne toujours. Je n'ai jamais pu en parler. C'est vite fait de te prendre pour une folle quand tu racontes ce genre de choses. Tu as dû t'en apercevoir. Donc, j'ai entamé des recherches et je suis venue ici. J'ai décidé de faire un mémoire sur le sujet pour justifier mes accès aux bibliothèques et emprunter des livres rares.
- Tu as fait des recherches déjà ?
- Oui, par-ci par-là. J'ai quelques éléments, mais rien de bien sérieux. Peut-être en sais-tu plus que moi ?
- Je sais qu'ils existent, je sais les tuer. Mais comment ils vivent, aucune idée.
On peut faire des recherches ensemble, si cela te dit ?
- Je venais ici pour te le proposer.
- On se rejoint demain devant ma fac à 17h, c'est faisable pour toi ?
- Oui, j'y serai.
- Mais c'est quoi ton objectif ?
Christie se tait. Elle se lève et se dirige vers la porte.
- Je vais me coucher, si je veux être en forme demain...
- Bonne nuit, Christie.
Elle est particulière quand même. Cette dernière question restée sans réponse... Je ne comprends pas. Comme si je l'avais blessée ou qu'elle avait quelque chose à cacher.
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