Chapitre 5 : Nouveau... départ
A présent, je suis rentrée dans une période d'apaisement.
Je ne sais pas si cela me convient. Cette marginalisation m'agace. Mais... en fin de compte, quand elle n'est plus là, je ne me sens plus moi.
Je me perçois banale. Faire les mêmes choses chaque jour : aller au cours, étudier, sortir de temps en temps, faire des repas en « couple », sortir avec un autre « couple »,.... c'est d'un ennui mortel...
Je m'amuse, c'est évident, mais ce n'est tellement pas moi. Me fondre dans une sociabilité accrue. Je me mélange aux autres, je fais des activités d'étudiante. C'est vrai que ça m'ouvre d'autres horizons, mais encore faut-il que ce soient les miens. Le seul truc qui fait vraiment partie de moi c'est le Kung-fu et les méditations.
Marck est adorable. Je suis bien avec lui.
Il est sincère, tendre. On rit beaucoup. Vivre avec lui est d'une platitude reposante. J'en oublie peu à peu Yann qui occupait toutes mes pensées.
Marck est une personne optimiste, il est très beau, généreux, stable et équilibré.
J'entame une nouvelle vie avec lui. Moins stressante, moins « prise de tête », mais plus futile aussi.
Les disparitions continuent à se multiplier dans la ville. Je ne m'en soucie même plus. On devient blasé à force. C'est vrai, on ne prend même plus la peine de regarder ne serait-ce que les photos des disparus.
Je ne pense plus du tout à Yann. Enfin... je mens. J'y pense, mais c'est assez rare et moins intense. Et je fais bien ! Car à chaque fois, je doute quand des portes de ma mémoire s'ouvrent à nouveau et que je tombe nez à nez avec son image. Mais... ce n'est pas évident quand on est dans la même fac. Je le vois passer assez fréquemment. Parfois il joue la carte de l'ignorance, parfois il me jette un regard insistant que je ressens comme une possession, du genre « Toi, tu es à moi.... ». Mais il est toujours entouré de ses hyènes qui ricanent pour un rien. Elles sont pathétiques. Ça ne ressemble à rien de parader autour d'une personne comme des mouches vertes. Qu'est-ce que cela leur apporte ? Ils sont tous habillés quasiment à l'identique : pantalon en jeans noir, t-shirt blanc et veste en cuir noir. Je les surnomme le gang des hyènes imbéciles. Je préfère me fondre dans la masse, même si je ressemble à un hamster dans une boule en plexi, que de ressembler à ça. Et puis, je suis irritée quand je les vois.... ils me regardent tous. J'ai l'impression qu'ils savent que je suis la midinette que s'est « faite » le maitre-chien. Je me sens aussi un peu humiliée. Je sais que je prends tout cela trop à cœur. Je suis orgueilleuse. Je n'aime pas montrer mes faiblesses. Et cette année, je n'ai vécu que ça.
Stepf me dit que c'est normal. Mais cette fille, elle me sidère. Elle est parfaite. Toujours partante, toujours de bonne humeur, rien ne l'abat. Je suis assez admirative et jalouse à la fois.
Alors que Marck et moi rejoignons Stepf et Jeff dans le commu, Stepf nous dit :
- J'ai une super idée: et si on faisait un grand nettoyage de printemps, histoire de continuer l'année en beauté ?
Waaaaw, géniale, l'idée, du nettoyage ! Il y a quand même autre chose qui me motive dans la vie que de ressembler à Cendrillon, même pour une après-midi. En plus mes mains vont puer l'eau de Javel....
Elle veut juste de l'aide, car elle a décidé qu'il devait faire propre... Voilà ce qu'il y a !
- Tu as l'air tellement contente de le faire, que je te laisse ma part, OK ?
- Hahaha...
Bon, quand Stepf décide d'un truc, tout le monde s'exécute. C'est une tête de mule et un tel monstre de ténacité qu'on est obligé d'abdiquer pour avoir la paix.
Donc, tout le monde s'active. Marck et moi avons nettoyé la cuisine et le couloir. Stepf et Jeff le coin détente et les sanitaires.
Pour l'instant, nous en sommes à nos chambres. On a tous nos portes ouvertes pour écouter la musique de Marck, fonctionnant comme un dopant pour nous encourager.
Stepf n'avait pas tort tout de même... Faire table rase et nettoyer nos petits nids pour continuer l'année dans le propre était une bonne idée. Mais là, il est temps que ça se termine, car la nuit est tombée et j'ai ma dose pour aujourd'hui.
Je suis dans mes pensées quand tout à coup, j'entends dans la chambre de Stepf, située à côté de la mienne, un son de verre cassé, des gémissements et un bruit sourd.
Je me précipite chez Stepf. La fenêtre est cassée. Stepf est allongée sur le sol inerte avec un Vampire terminant sa pitance...
Je fonce sur l'individu et le plaque au mur.
Je suis entrée dans une rage folle, que je ne maîtrise plus. Un peu comme une colère qui me rend incontrôlable.
Mon cerveau ne suit plus, mais par contre mon corps se déchaine. Mes yeux sont noir charbon, mes veines ressortent, prêtes à exploser. Mes mains partent sur le Vampire en une série de coups de poing sur lesquels je n'ai pas de prise.
J'attrape le Vampire par la nuque et crie :
- Qui es-tu ?
- hahaha !.. C'est donc toi dont le maître parle. La nouvelle sorcière de la ville qui a les mêmes pouvoirs que lui....
Je sursaute ! Je reprends mes esprits et le lâche. Il se tient le cou et me regarde, assis sur le sol, d'un air narquois.
- Yann... C'est lui le maitre ? Tu le connais ?
- Eh oui, ma belle, tous les Vampires de la ville connaissent Yann...
Dans un élan de colère, je fracasse la chaise en bois de Stepf sur le mur pour en recueillir le pied et en faire un pieu. Il tente de s'échapper, mais je ferme la porte de la chambre de Stepf par la force de l'esprit et lui transperce le cœur. Il explose en cendres... C'est vraiment une sensation écœurante. En plus dans une pièce fermée... Je me retrouve enveloppée d'une odeur de cadavre...
Je me précipite sur Stepf, sens son pouls.... Elle est morte. Je prends sa tête et lui casse les cervicales d'un coup sec pour empêcher la transformation. Une espèce de relent de connaissance vampirique transmise au contact de Yann sans doute.
C'est ensuite, qu'agenouillée sur le sol je hurle :
- A L'AIDEEEEEEEEEEE !!!!
Jeff et Marck sortent en courant de leur chambre, terrifiés pas mon cri. La musique allait tellement fort qu'ils n'avaient rien entendu.
Jeff se précipite sur Stepf en criant :
- Stepf... Réveille-toi !!! Stepf !!!
Il éclate en sanglots. Je le vois complétement effondré et perdu.
Marck, qui tente de garder son calme, téléphone à la police et les alerte.
Je vais près de Jeff, le remets debout et lui dis :
- Viens, il faut qu'on sorte de la pièce, sinon on va saccager les indices et la police ne saura pas faire son travail.
J'avoue, j'ai été passionnée par les livres policiers à une époque. Mais il fallait bien que je trouve quelque chose à lui dire pour qu'il ne reste pas dans la chambre. Je ne suis pas convaincue que rester à côté du cadavre de sa copine soit une bonne chose. Ensuite, je ne sais pas si le vampire était seul ou pas.
Quelques minutes plus tard, alors que je suis à côté de Jeff, assise sur son lit, j'entends les policiers débarquer. Marck les accueille et s'occupe de leur montrer la chambre de Stepf.
Nous sommes tous les trois interrogés sur les événements. Une équipe médicale a pris Jeff en charge. Il est dans un état catatonique. Il ne bouge plus.
La police s'est occupée d'annoncer la nouvelle aux parents de Stepf. J'avoue que je n'aurais pas pu. Nous avons par la suite été recontactés par la maman pour les aider à évacuer les affaires de Stepf. Le Service logement veut récupérer la chambre pour la remettre en location. C'est rapide, mais il y a une telle pénurie de logements... On dirait que l'appât du gain a remplacé la compassion.
Ça nous a secoués de rencontrer les parents de Stepf dans ces circonstances. Enfin... Quand je dis "nous", c'est Marck et moi. Jeff est toujours suivi à l'hôpital. Ils sont passés le voir d'ailleurs. J'ai trouvé la famille de Stepf étonnante. Même après la catastrophe qu'ils ont vécue, ils trouvent encore le courage d'aller voir Jeff.
Le corps a été rapatrié dans la ville originaire de Stepf. Nous n'avons pas eu l'occasion d'aller à son enterrement. C'est dur, car pour moi, c'est la première phase du deuil. Pouvoir avoir le déclic de la disparition et surtout dire au revoir. Je me sens.... Je ne sais pas le décrire. J'ai l'impression que ma gorge est crispée, comme si je ne savais plus rien dire, c'est une sensation qui me fait mal. Et en même temps, on dirait qu'on pousse sur ma cage thoracique. Je me sens terriblement coupable. J'ai même des difficultés à rester avec ses parents. Je n'arrive pas à les regarder dans les yeux. Ils doivent sentir qu'il y a un malaise. Mais qu'est-ce que je dois leur dire.... Je n'en sais rien. Consoler une personne qui vient de perdre un enfant... ce n'est pas dans la nature des choses. Je trouve que les réconforter, c'est un peu pour ne plus s'infliger ce spectacle. Ce n'est pas de la compassion, c'est juste égoïste.
Les dernières paroles du Vampire concernaient Yann. Je me sens responsable. Je me demande si ce n'était pas moi qui étais visée.
Et si Stepf étais morte à cause de moi. « Oui, je sais qui tu es ... »... Ces paroles tournent en boucle dans ma tête. Yann serait-il le chef des vampires ? Ceci expliquerait pas mal de choses.
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