Chapitre 4 : L'esprit encombré
Je me suis enfermée dans mes cours pour pouvoir penser à autre chose, ça m'a demandé des efforts surhumains, surtout avec ce cours d'anatomie que me casse vraiment les pieds !
Rien que quand je mange, revoir cette nappe...
Je n'ai même pas eu le courage de la laver. Parfois je me surprends à chercher son odeur dessus.
Ce n'est pas très respectueux pour les autres. Je l'admets. Mais j'en ai assez de composer avec le reste du monde. Je ne peux pas pour l'instant m'empêcher de toucher cette nappe. Parfois même je pleure effondrée sur la table.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que quand on souffre, on se sent vivre. Et je me sens très vivante en ce moment ! C'est dur, mais en même temps... on sent qu'on existe. C'est dommage de devoir passer par la souffrance pour le ressentir. Car quand on y réfléchit, quand tout va bien, on passe le temps tranquille, sereinement et je ne trouve pas qu'on se sente exister. On navigue sur une barque à la dérive. On flotte.
Tandis que quand on nous fait du mal, là... c'est la souffrance et on sait qu'on est bien en chair, en tripes et en os. Donc, est-ce si bien de ne jamais souffrir ?
... Il faut que j'arrête de penser comme ça... J'en viendrais presque à le remercier !
C'est un sale petit con, un point c'est tout ! J'en crève et je ne veux plus jamais le voir.
J'entends des bruits de roulettes de valise dans le couloir. Je les avais oublié. En fait je n'ai pas envie qu'ils rentrent. Je me sens déjà envahie par leur présence.
Je suis tranquille dans mon lit en train d'étudier et je sais que dans cinq secondes, Stepf va venir toquer à ma porte. 5...4...3...2...1
Toc toc .
- Ouiiii ?
Stepf entre triomphante et s'assied à côté de moi sur mon lit.
- Coucou Alex ! J'ai plein de trucs à te raconter.
Si elle savait comme je m'en fous... Et blablabla, ça va commencer... Attention, hop c'est parti....
- Devine ! .... Je sors avec Jeff.... Et je sais que Marck à un petit faible pour toi...
Mais... Mais.... J'ai envie de crier « Je m'en balance de Marck !!! Laissez-moi tranquille !!! »
Qu'on ne me parle plus de mecs... Yann, je te... Yann je te...
Mes larmes commencent à monter, je n'arrive pas à les retenir. J'explose en sanglots. Ce ne sont plus des larmes, mais des cascades de gouttes de midinette frustrée.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Je suis contente pour toi Stepf...
- Il s'est passé quoi quand on est partis ?
- Rien... et puis... Et là je... Et puis Yann... Et là j'en peux plus...
Je ne sais pas ce que j'ai, je bafouille. Je n'arrive pas à dire un sujet, un verbe et un complément qui se suivent.
- T'es sortie avec Yann ?
- Oui....
- Et ça s'est mal passé ?
- Je ne comprends même pas pourquoi je me mets dans un état pareil.... Excuse-moi Stepf, je vais me reprendre.
- Allons ma belle, on ne va plus te lâcher... On va te rebooster, il faut que tu tiennes le coup pendant la session de janvier. Tu ne vas pas perdre les pédales pour un mec quand même, pas toi !
Il y a deux minutes, je voulais la taper dehors et maintenant, je suis un peu honteuse de ce que j'ai pensé. C'est sympa de sentir le soutien d'une amie. En fait, c'est la seule amie fille que j'aie. Les autres, ce sont deux garçons, et c'est Marck et Jeff. Je sais, ça fait la fille sans amis, mais c'est un peu le cas. On se demande pourquoi ? Tout le monde voudrait être ami avec une névrosée midinette pleurnicheuse....
Je fais tout ce qu'il y a moyen de faire pour l'oublier et aller de l'avant.
Janvier se passe, la session d'examens aussi. Je vais mieux et je me sens entourée par mes amis. Ils ne manquent pas d'imagination pour me faire oublier cet épisode.
Par exemple, il y a quelques jours, alors que Marck et moi parlions de ma situation amoureuse, il m'a dit :
- Je ne t'entends jamais dire de gros mots même quand ça te ferait du bien. Aller, Alex, on est entre nous, répète après moi FUUUUUUCCCCKKKKK !
-
Je me suis lâchée à crier des FUUUUCCKK toute la soirée, et on en a beaucoup ri. J'y ai vite pris goût.
Quelques jours après, Stepf court dans le couloir en criant :
- J'ai été chercher les résultats de tout le monde !
Chaque locataire se précipite de sa chambre dans le couloir.
Jeff embrasse Stepf, qui lui donne son papier.
- Ce n'est pas brillant, mais j'ai réussi; et toi Stepf ?
- Moi, j'ai pété des flammes, mais il y en a une autre qui nous surpasse !
J'ai un sourire à la lecture de mes points.
Marck m'arrache le papier.
- Waaaaw ! Ç' a été payant ta période d'hibernation transitoire !
J'intercepte à mon tour sa feuille de notes.
- Toi aussi ç' a été, Yann.
- Yann ? Mais ce n'est pas Yann moi, c'est Marck, me répond-t-il furieusement en reprenant son papier et en s'enfermant dans sa chambre.
Stepf me dit tout bas :
- Encore un qui ne se remet pas de ton aventure avec l'autre imbécile !
Avec un léger agacement je leur dis :
- Bon, je vais aller faire un tour pour m'aérer l'esprit, il est temps que je sorte un peu...
Je prends ma veste vite fait dans ma chambre et je pars en direction de ma fac.
Je vais aux panneaux d'affichage. Je veux connaître ses résultats.
ça me ferait bien plaisir qu'il rate et que je ne le voie plus. Utopie quand on sait qu'il possède la moitié de la ville... Soyons honnête, je ne lui veux pas du bien...
Il a raté. ça ne me fait même pas plaisir mais je me sens comme vengée. Bien fait !
- Eh oui, c'est ce qui arrive quand on a une fille en tête...
Je me retourne, même si je n'ai pas besoin de savoir qui c'est, j'ai senti sa présence. Les petits picotements dans mes paumes l'ont trahi.
- Va-t'en.
Je tente de le contourner. Je veux fuir, mais j'ai tellement envie qu'il m'en empêche. Je veux tellement comprendre ce qui se passe. Rien que de le voir, je m'enflamme déjà.
Il a des traits si parfaits, même son odeur est un parfum qui me rend complètement dingue. J'ai envie de me blottir dans ses bras... mais pas que ça. Je sais éperdument que je ne dois pas succomber et d'un autre côté je ne demande que ça...
Ce petit jeu du chaud et froid m'épuise moralement.
Il m'empêche de partir en me prenant le bras, que je lui enlève très fermement.
- Alex... Attends, ne pars pas... ALEX !!!!!
Je pense que je suis venue ici car je sentais qu'il était là. Mais zut ! Avoir un binôme ce n'est pas un don du ciel, c'est une calamité !!!
Je rentre au pas de course dans ma chambre et m'y enferme à double tour.
Soudain, j'entends derrière la porte.
- Alex, ouvre-moi !
La porte d'une des chambres s'ouvre, Stepf hurle :
- Va-t'en ! Ici, c'est privé, tu n'as rien à faire ici.
Marck se précipite hors de sa chambre :
- Dégage, tu ne penses pas que tu lui as fait assez de mal comme ça ?
- Vous êtes si insipides, inodores, incolores que je ne sais même pas ce qu'elle vous trouve, dit Yann d'un ton froid.
Là, j'ouvre ma porte, j'avoue ne pas vouloir gérer un scandale et... Je craque, je veux le voir et savoir ce qu'il me veut.
- Rentre.
Je regarde Stepf hébétée.
- C'est bon, Stepf; je m'en occupe.
Je referme ma porte et j'entends Marck crier dans le couloir :
- Mais t'es tarée, Alex ? Putain, mais elle me fait chier cette nana!!!
BLAM une porte se ferme avec rage
- Qu'est-ce que tu me veux à part mettre la pagaille dans ma vie.
- J'avais juste envie de te voir, mais je n'ai pas changé d'avis.
- Pars de chez moi alors, et ignore- moi... ça t'amuse de jouer avec moi ? C'est ça ?
- Laisse-moi t'emmener trois jours, il faut qu'on teste l'envergure de nos pouvoirs.
- Ni trois jours, ni deux secondes, va-t'en. J'en ai rien à faire ! Pour l'instant, ce que je veux, c'est terminer mon année ici et rentrer chez moi.
Je n'en pense pas un mot. Quelle hypocrite... Je sais que je vais dire oui, et je sais aussi qu'il s'en doute. Je ne le leurre même pas...
- Alex, c'est quoi trois jours dans une vie ? Je sais que tu en as envie aussi.
En tout cas, il fait l'effort de faire semblant qu'il me croit. Il aime peut-être le mélodramatique. C'est peut-être lui la midinette de nous deux en fin de compte.
- Tu es si sûr de toi... Et moi je sais que je vais devenir folle après ça.
Folle et chiante avec mes « Yann » par-ci, « Yann » par-là. Moi-même je ne me supporte plus, alors les autres...
- Je sais que tu vas venir.
Ha, pas si bête ... je l'avais dit. Je le savais. Yann, t'es une vraie midinette !
En fait, je n'ai pas envie de résister, c'est bon de succomber quelques fois. Et FUUUUUUCCKK à tout le reste !
C'est même plus que ça. Quand on sait qu'on ne doit pas faire une chose et que consciemment, on la fait tout de même. On désire la faire un point c'est tout, peu importent les conséquences...
Toujours tenter d'être parfaite, non... Pas cette fois. J'ai envie de croquer la pomme de la connaissance, même si je sais que je suis incitée à le faire par un démon !
Maman Eve, je suis comme toi !
Je prépare un sac à dos avec deux ou trois choses et je lui dis :
- On part quand ?
- Maintenant, mets tes paumes sur les miennes, c'est la première fois qu'on va faire ça, donc il va peut-être y avoir des ratés ; je l'ai lu dans un livre. On va l'expérimenter.
Je mets mes paumes sur celles de Yann
- Je te demande juste de te concentrer et de me laisser faire.
- Ok.
Je ferme les yeux et me concentre.
Et avant que je puisse dire « Ouf », je me retrouve dans un autre endroit.
- C'est fait, tu peux ouvrir les yeux.
La première chose qui me vient à l'esprit c'est « Heureusement que j'ai fermé ma porte d'entrée ».
La deuxième, je la lui pose tout haut :
- Comment tu as fait ça ?
La troisième aussi :
- On est où ?
On a atterri dans un décor boisé. Une petite maison en bois, plus grande qu'une cabane. Elle est magnifique. Des fenêtres partout, d'un bois brun foncé, vieillot mais c'est une petit maison qu'il me plairait d'habiter.
Yann me répond dans l'ordre :
- J'ai lu ça dans un de mes livres, j'ai voulu le tester. Le livre disait que c'était assez simple à utiliser. C' est possible grâce à l'élément « air ». C'est un sort de téléportation que seuls les binômes sont capables de réaliser. ça ne fonctionne que pour nous. Mais je pense que tu sais déjà le faire. Comme tu l'avais déjà constaté, notre savoir se transmet de l'un à l'autre progressivement en nous côtoyant.
On n'est qu'à dix kilomètres du campus. Cette maison était le refuge de ma mère.
Ho sa maman ! Il avait l'air d'y tenir. Il a l'air sombre quand il la nomme.
- Viens...
Yann me prend par la main et m'emmène dans sa demeure.
Il est énervant, il passe du chaud au froid en permanence. Là, il fait l'amoureux et dans deux secondes, il est capable de me donner une gifle.
J'ai l'impression qu'on est un couple là tout de suite. En tout cas, il se comporte comme tel. Et demain ce sera Mr Hyde.
A l'intérieur, c'est Sorcier ! C'est un vieux plancher en bois avec un tapis glissé sous un vieux canapé rustique vert. Le vert est la couleur qui domine ; un lit aux draps chiffonnés trône dans un coin ; l'espace est illuminé par de grandes fenêtres. C'est en désordre. Un endroit assez masculin. Il y a de vieux livres disposés sur le tapis sur et en dessous d'une table basse en vieux chêne.
Je m'y sens vraiment comme chez moi. Il s'en dégage une bonne énergie. Il fait chaud, un petit poêle à bois diffuse sa chaleur et en plus ça sent hyper bon.
Je lui dis :
- Waw, c'est merveilleux. »
Et je continue de manière complétement désinvolte sans trop m'en rendre compte :
- Comment veux-tu que je ne sois plus amoureuse de toi après ça ?
- T'es amoureuse ?
Mais parfois je me sens d'une bêtise...Ces mots n'ont pas été pensés à l'avance, ils sont partis avec un tel naturel qu'ils m'ont trahie. Je me mordille les lèvres et regarde en l'air pour ne pas répondre. En tournant la tête, mes yeux se posent sur une grande étagère remplie de livres anciens. C'est très nettement des livres de Sorciers. J'en ai suffisamment vu dans ma vie pour les reconnaître. A croire qu'il y a une norme chez nous aussi !
- Je vois que tu regardes les bouquins, dit-il. Pour répondre à la question que tu te poses sûrement... Oui, quelques-uns parlent du " mythe de l'âme sœur".
J'ai fait des recherches, c'est tout ce que j'ai trouvé dans l'île. Certains ouvrages sont très anciens.
- Je peux ?
- On est là pour ça.
Je prends un livre et m'assois par terre, il vient me rejoindre avec un plaid vert et il nous recouvre tous les deux. C'est marrant, il m'inclut dans ses habitudes. Un peu comme si je rentrais peu à peu dans son univers. Mais je sais que ça ne durera pas. On potasse tous les deux les livres concernant l'âme sœur.
Je ne m'attendais pas à cette puissance. C'est beaucoup plus que je ne l'imaginais. A deux, on peut vraiment faire mal. On va tester cela demain pendant la journée.
Ma nuit avec lui reste aussi passionnée qu'avant, et étonnamment plus « humaine », mais toujours aussi intense. Il ne me dit rien qui puisse me faire transparaître qu'il est attaché à moi, mais je le sens tout de même. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je crois que j'arrive à toucher son âme. On écoute le CD « The Dandy Warhols come down » en boucle le reste de la nuit, étendus sur le lit, regardant le plafond : lui, une cigarette à la main, moi, la tête posée sur son autre bras. J'avoue que je ne sais plus si c'est de la magie ou de l'amour.
Au début, je sais que c'était magique. Ici, le côté Humain a pris le dessus. Je me sens beaucoup plus maître de mes émotions. Je sais que je l'aime. Je profite pleinement du moment présent.
Le lendemain, je me réveille dans ses bras, dans la position de deux petites cuillères emboîtées l'une dans l'autre. Le soleil vient me brûler les yeux en transperçant les fenêtres, mais ne change rien à ma bonne humeur, alors que d'habitude le matin.... je suis à éviter à tout prix.
Au programme, tester la mesure et l'ampleur de notre don commun.
Pour tester ces pouvoirs, Yann m'emmène hors de la cabane, près de la mer.
Il me prend la main et nous nous concentrons sur les vagues pour jouer avec leur hauteur et leur puissance. Nous sommes arrivés à faire une vague de trois mètres de haut et à la bloquer ensuite par un mur puissant d'air en mouvement. Nous avons mis le feu à une partie de la forêt, ensuite nous l'avons éteinte et avons recréé de la verdure. Nous avons aussi un peu volé. Ce n'est pas très puissant, mais la sensation par contre est impressionnante. Même si ce n'est qu'à quelques centimètres du sol.
Ça nous a vraiment pompé une énergie folle ces expériences. On est rentrés assez tard de notre épuisante journée. On n'avait rien mangé. Alors, on est allés chercher une pizza à emporter. Je n'avais pas envie de m'afficher en public. Devoir m'expliquer, ou même simplement qu'on ait un avis sur nous m'insupporte. Non. C'est ma bulle. Mon jardin intérieur. Je n'ai pas envie qu'on le sache. Les blablas raisonnent déjà dans ma tête, qui étalent cette relation au grand jour, puis spéculent sur l'éventualité d'une rupture et je me sens encore plus seule et bafouée... Pas question !
Le jour suivant, il est moins sympa. On sait que ce sera le dernier. Les habitudes à deux se prennent assez vite. Il est plus froid. Nous continuons notre apprentissage, mais il est plus cérébral. On tente la télépathie. Nous ne sommes pas au point, mais ça fonctionne.
On a tenté aussi de ressentir ce que l'autre ressentait, le chaud, le froid, certaines émotions. Ça demande de l'entraînement. Et c'est fatigant. ça ne coule pas du tout de source comme je pouvais le croire. Par exemple, quand il tente de me dire une chose, je pense que c'est moi qui me le dis. Car c'est la même petite voix dans ma tête. Alors je m'autocritique et je fais des débats dans mon esprit au lieu d'être ouverte à ce qu'il me dit.
Je me demande pourquoi on a testé nos pouvoirs, vu que je sais que nous n'allons plus nous voir. Il m'agace !
Je passe la dernière nuit dans ses bras, je tente d'en profiter, mais... C'est comme si j'étais déjà revenue dans ma chambre. Ce qui était prévu d'ailleurs... Mais il m'a proposé de passer la nuit.
Je sens que je mets de la distance. Et ce CD qui n'arrête pas de tourner en boucle, je ne pourrai plus jamais l'écouter.
Quand j'ouvre les yeux, je vois qu'il est déjà réveillé, je le sens surtout. On ne fume pas en dormant. Ma tête est posée sur son bras.
- Bonjour, dit-il de la voix rauque du matin.
- Bonjour. A quoi penses-tu ?
- Tu le sais bien.
- Dis-le moi.
- A ton retour.
J'ai envie de me disputer avec lui...je ne sais pas comment m'y prendre...
Je décide de monter d'un cran.
- Je ne comprends toujours pas pourquoi on ne peut plus se voir.
- Tu le sauras bien assez tôt et tu me détesteras pour ça.
Mhouwahaha.... Il fait sa diva là ou je rêve ?
Je me redresse sur mes deux bras :
- Je veux que tu m'expliques! »
- Disons que je suis victime des erreurs de mes aînées, et que ce n'est pas possible d'en sortir. Ma mère en a payé le prix fort en voulant sortir de là. Le résultat, c'est qu'elle en est morte. C'est pour cela que je ne peux pas te voir. J'ai déjà pris un risque en t'emmenant ici. Je ne veux pas t'aimer, car si tu m'aimes... tu mettras les pieds là où tu ne peux pas. « Nous ne venons pas du même monde ». ; Tu te souviens de ma phrase ?
- Oui...
- Et notre histoire n'a pas beaucoup de poids là d'où je viens. Il en va de ta vie et de la mienne.
Yann se lève, regarde vers la fenêtre et me tourne le dos.
Silence.
- J'ai cru comprendre que Marck ton coloc' t'aimait... Fais tes armes avec lui.
- Tu me pousses dans les bras d'un autre, là ????
Yann se tait...
Mais... Haaaa... C'est quoi cette mentalité débile ?
Et le « Tu ne fais pas partie de mon monde... ». Il se veut romanesque ? Je ne le crois pas du tout... Il veut faire son mystérieux pour faire craquer les pauvres demoiselles en manque d'affection. Et moi je tombe en plein dedans !
- Il fait partie de ton monde, lui!
- Tu me marginalises toi aussi. Je ne suis pas à ma place avec un Sorcier, je ne suis pas à ma place chez les « normaux », mais je suis bien où ? Tu rigoles ? Mais c'est toi qui fais partie de mon monde. On voit ce que ça a donné le monde des Humains à la découverte de la sorcellerie ! Aurais-tu oublié ces magnifiques feux de joie au milieu de la place du marché faisant rôtir nos semblables ?
- C'est ton sang qui fait que tu vas être convoitée ici, et le même qui t'a sauvé la vie et qui te la sauvera encore.
Je suis énervée, refais mon sac et lui dis :
- Oui, ce sang qui m'a sauvé la vie... C'était des Vampires qui en voulaient à mon sang que j'ai eus sur le dos... Tu me prends pour une andouille.
Bon, je suis prête... Je veux en finir... je veux rentrer chez moi. Tes façons d'être pile et face en même temps, j'en peux plus ! A chaque fois, tu me brises en deux. Mais cette fois je ne te laisserai pas faire. Tu veux que je sorte avec Marck. Ok. Fallait encore bien que je tombe sur un fou, un pervers!....
Yann met sa veste en cuir et me tend ses paumes ; je les lui saisis.
Retour dans ma petite chambre minuscule.
Yann me vole un baiser, ouvre le loquet de la porte et s'en va...
Je reste figée...
Stepf sort de sa chambre en habit décontracté en mangeant une pomme et se précipite vers moi.
Oh non... Ça commence déjà... je n'ai pas envie, je n'ai pas envie, je n'ai pas envie....
Stepf énervée me crie dessus :
- Mais t'es folle ???? T'étais passée où ?
Au bruit des hurlements de Stepf, les deux autres la rejoignent.... Evidemment.
- Mais ça va pas ? dit Marck. On a alerté la police pour toi ! Tu ne peux pas décrocher ton portable ?
- Je ne l'avais pas pris sur moi.
- Tu te fous de nous, Alex, là ?reprend Stepf de plus belle. Quatre JOURS !!!!! Merde ALEX !
FUUUUUUCCKK !!!! J'ai envie de les envoyer paître dans un champ avec les vaches... Mais je me radoucis...
Jeff dégaine son téléphone portable et appelle la police pour arrêter les recherches.
- Je veux rester seule avec Marck.
Les trois compères se regardent surpris, Jeff et Stepf se prennent par la main et quittent la pièce, en fermant la porte derrière eux.
- Marck excuse-moi... je sais que je t'ai fait souffrir.
- ça se voit tant que ça ?
Je retire mon sac et le pose par terre.
- Je... J'ai envie....
Je n'arrive pas à lui dire. J'ai envie, de rage, de réaliser les délires de Yann. D'une part, pour me venger, mais aussi parce que je sais que Marck m'apaisera, que j'aurai ainsi une vie normale, plus de marginalisation... Normale, stable et calme. Mais au fond de moi...
- Bon... J'aimerais... Euh...Je...
Marck ne tient plus, je pense qu'il a compris mon embarras. Il s'avance et m'embrasse.
Je ne suis pas bien en fait. Je sais que je ne l'aime pas, mais... C'est ce qu'il y a de mieux pour moi, pour pouvoir passer à autre chose. Je vais enfin m'intégrer dans la vie dite « normale ». En plus Marck est le plus chouette homme que je puisse espérer dans mon entourage immédiat... Bon, je suis consciente qu'il n'y a que lui... J'espère juste que je ne suis en train de commettre un acte trop désespéré.
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