Chapitre 11 : Les mauvaises choses ont une fin.
"Je dédie ce chapitre à @piochonspour son soutien au long de cette histoire..."
J'ai énormément de soutien de la part de Marck et Jeff. Ils vont photocopier mes cours et petit à petit, je commence à me replonger dans ce pourquoi je suis ici. La réussite de mon année.
Pour les remercier, je décide d'enfin bouger et d'aller chez le Chinois pour un diner surprise ensemble. Je mets trois heures rien que pour me préparer à partir tellement je me traîne, mais j'y arrive.
Je sors de chez moi... enfin ! Quelque pas plus loin, je vois un chien-loup aux yeux bleus assis en plein milieu du chemin, qui me regarde et gémit comme s' il était perdu.
Je m'avance près de lui, m'agenouille, le caresse et lui dis :
- Alors mon gros toutou, t'es perdu ?
Je regarde autour de son cou, il n'a pas de collier.
- Mais qu'est-ce que je vais faire de toi ?
Je me dis que si je l'emmène au poste de police, c'est la fourrière directement. Il me semble si gentil et si beau que je n'en ai pas le courage. Beaucoup de choses passent dans son regard.
Je décide de passer mon chemin et d'aller chercher le dîner de ce soir.
Je me retourne, il me suit !
Je continue mon chemin. J'avoue... J'ai encore envie qu'il soit là quand je me retournerai. Mais je fais semblant de rien, pour ne pas l'inciter. S'il poursuit.... Non, je ne peux pas me permettre de le garder dans une petite chambre d'étudiant. Pauvre chien. Oui mais bon... Est-ce mieux qu'il soit dehors sans maitre, sans soins, sans rien ?
Soit. Me voilà arrivée devant le resto. Je passe la porte. Je commande tranquillement. Je patiente un petit temps à l'intérieur. Je tente de ne pas regarder par la fenêtre. D'ailleurs, je lui tourne le dos !
Je sors. Il est toujours là ! Je détourne la tête, l'air de rien et rentre au bercail... le chien m'emboîte le pas à quelques mètres de distance. Je le vois dans les vitrines réfléchissantes.
Arrivée devant mon immeuble, je me retourne et lui dis :
- Eh bien, t'es tenace, toi ! Toi aussi, tu te sens tout seul ?
J'ai l'impression que ce chien me comprend. Peut-être ai-je besoin d'y croire.
Je ne me sens pas le courage de le laisser dehors, seul, par ce temps « anglais ». Bon... allez... Je me décide à le prendre avec moi. Il ne faut pas me pousser beaucoup.
J'ai l'impression en plus qu'il me considère comme sa nouvelle meute.
Je rentre dans la cuisine. Jeff et Marck sont étonnés de me voir !
- T'es debout ? me demande Marck
- Oui et j'apporte le diner pour vous remercier. J'ai été très mal ces derniers jours, grâce à vous j'ai pu m'en sortir.
- C'est quoi ce chien? m'interroge Jeff en regardant le chien.
- Il me suit depuis une heure. Il semble perdu. Je pense que je vais le garder cette nuit. Il fait un temps horrible dehors.
Je suis contente de passer la soirée mes deux amis. Ils m'ont vraiment manqué. Ok, je les voyais encore tous les jours ces derniers temps, mais je n'échangeais plus rien avec eux. Ils se sont bien acharnés à ce que je reprenne du poil de la bête. Je comprends mieux le sens du mot amitié.
Là, j'ai un vrai contact humain.
C'est marrant... Christie ne semble plus habiter au commun. Ça ne m'a pas inquiétée plus que ça. Je ne m'en suis presque pas aperçue. Je me dis qu'avec ce qui s'est passé au bal, soit elle n'a pas pu revenir, car on peut supposer que Carl le lui a interdit, soit elle ne voulait plus être mêlée à la personne qui était considérée comme nuisible là-bas... Soit.
En tout cas, Jeff et Marck semblent apprécier mon nouveau compagnon. Ils ont même proposé de le garder. C'était un peu mon but. J'ai besoin d'un camarade, et ce chien semble avoir besoin de moi autant que j'ai besoin de lui.
Il va dormir dans ma chambre et rien que ça... je me sens plus sécurisée.
Je l'ai appelé « Toutou » !
Le matin, maintenant, je suis motivée à me lever, je sais que je dois sortir pour Toutou. Quand je vais aux cours, c'est comme s'il me déposait devant la porte le matin et venait me rechercher le soir. Je ne savais pas qu'un chien pouvait être si fusionnel, surtout qu'il n'est pas tout jeune, et que je ne l'ai pas éduqué. C'est étonnant.
L'autre jour, j'ai croisé Yann et sa meute de chiens fous. Yann a regardé Toutou fixement en continuant son chemin. Par contre, sa bande de hyènes m'a encerclée juste devant mon établissement, à la barbe de tous les étudiants, pour m'intimider. Mais entre nous... je sentais qu'ils avaient peur de moi. Certains avaient encore un œil au beurre noir que je leur avais si gentiment infligé le soir où ils avaient commencé la fameuse « chasse à l'homme ».
Ils me disaient :
- Tu n'as toujours pas compris ?
- Ha non toujours pas ! Il y avait un message particulier ? Non désolée, vraiment je ne vois pas...
L'un d'eux s'est jeté sur moi et le temps que je dise ouf, Toutou l'avait immobilisé sur le sol, en le maîtrisant à la gorge. J'ai cru qu'il allait le tuer.
Toutou l'a lâché assez rapidement et ils sont partis en me disant :
- On se retrouvera !
Bande de couards !
Ce chien est sidérant. Il m'a fait un peu peur sur le coup ! Ceci dit, je me sens rassurée avec lui et protégée. Et je ne vais pas le gronder, alors que moi... Dès que je peux leur infliger une correction, je ne me retiens pas. Je prends donc Toutou dans mes bras et lui dis :
- Merci Toutou, t'es un chouette compagnon...
Je sens la fin de l'année qui approche. Les odeurs, les arbres en fleurs, le soleil (oui oui... le soleil n'est pas en grève !).... Et surtout.... Les examens qui montrent le bout de leur nez.
C'est une période où la pression se fait ressentir. Surtout que je ne me vois absolument pas avoir une seconde session. J'ai trop envie de profiter de vacances en famille, et de quitter cet endroit définitivement.
J'ai averti mes parents que j'avais un nouveau compagnon, je le ramène avec moi.
J'ai vraiment eu un coup de foudre pour Toutou. Maintenant, c'est lui et moi.
Je le gâte, c'est vraiment MON chien !
Parfois, je le regarde dormir, il fait bouger le bout de ses pattes. J'imagine qu'il rêve. C'est marrant comme on s'est vite adoptés. Il m'a vraiment sortie de ma torpeur. Marck et Jeff seraient vexés d'entendre ça. Mais pourtant, c'est grâce à lui que je ne replonge pas. Maintenant, je refais des courses car il a besoin de se nourrir, donc, par la même occasion, forcément, je remplis le frigo pour moi aussi.
Je me confie à lui. L'histoire avec Yann, il la connaît de fond en comble, et celle de Marck aussi. Il ne m'interrompt pas, ne me juge pas... A qui puis-je parler d'autre ? Jeff ? Marck ? Sûrement pas. A un thérapeute ? Oui... Pourquoi pas. Mais très franchement, la situation me convient comme elle est. Je n'ai pas spécialement besoin de la changer.
J'ai été chez le vétérinaire, qui a fait ses papiers à mon nom pour le mettre en règle pour la Belgique. Il a été vacciné, pucé, mais pas castré. Je n'ai pas voulu. Il est propre et calme, il n'y a aucune raison de le faire.
Quand je vais mal, il se blottit contre moi, parfois je vois qu'il joue aux vases communiquants et je le laisse partir pendant une nuit galoper dans les bois et il revient après quelques heures.
C'est marrant, Jeff et Marck se sont pris d'affection pour lui aussi. Parfois l'un ou l'autre vient le chercher pour aller promener, et à d'autres moments, ils le gâtent aussi avec des os, des bonbons...
Mon chien est devenu ma principale occupation, mis à part étudier, bien sûr ! Satané cours d'annatomie qui vraiment, est indigeste. Mais c'est clairement pour ne pas penser à autre chose. Quand je pense à Yann, je me sens mal, faible... je sens que je ne suis pas prête à l'affronter. Mes sentiments n'ont pas changé d'un pouce. Avant, je ne me décourageais pas, quand ça ne se passait pas bien avec un petit ami, je savais que le plus beau était à venir. Je ne me tracassais pas. Là, je sais qu'il n'y aura pas mieux et que le meilleur est derrière moi. Des âmes sœurs, on n' en a pas dix dans une vie, mais une seule quand on a la chance de la trouver. Quand j'y pense, ça me rend triste car j'ai l'impression que je ne partagerai plus rien avec personne. Si c'est pour refaire souffrir quelqu'un comme je l'ai fait avec Marck, ça n'en vaut pas la peine. Je préfère l'abstinence.
Aujourd'hui, c'est le premier jour du blocus. J'ai décidé de faire un grand nettoyage. Car pendant ma période de catatonie, Marck et Jeff ont empilé mes cours sur mon bureau, et je n'ai toujours pas eu le courage de tout classer. Maintenant, je n'ai plus le choix.
En rangeant mes cours, je tombe sur un lettre de Christie. J'ai un vague souvenir de Jeff la posant sur le bureau le jour de mon retour de Londres. Je l'avais complétement oubliée.
Le papier semble rustique et est cacheté à la bougie.
Je l'ouvre :
Chère Alex,
J'ai décidé de te dire au revoir.
Je sais que tu ne vas pas comprendre mon geste, car ce soir, je deviens un Vampire.
Je sais que ce n'est pas une réaction de personne sensée de vouloir une transformation, et mon but n'est pas l'immortalité.
Ma motivation est plus simple. Je le fais par amour.
Carl m'a séduite depuis le premier instant. Son image me hantait. J'ai pourtant cru résister. D'ailleurs, j'ai résisté à tes côtés.
Mais après mûre réflexion, pourquoi vivre sans amour alors qu'on l'a trouvé ? J'ai donc décidé une mort immortelle, de vivre mes sentiments et de les assumer.
Je te souhaite plein de réussites pour la suite.
Christie.
En fait, je ne sais même pas quoi en penser.
Moi qui viens de vivre une claque amoureuse, je comprends ses mots. D'un autre côté, un Vampire reste un Vampire. Et puis, à vrai dire, elle a fait son choix et adviendra ce qu'il adviendra. Une personne amoureuse, ce n'est pas raisonnable. Tu as beau faire ce que tu veux, elle ne t'écoutera pas. De plus... j'avoue, je n'en ai plus rien à faire. Je tente de me trouver des excuses... mais non, réellement ça me passe au-dessus de la tête. Défendre les Humains qui n'ont rien demandé comme Stepf ok, mais pas ceux qui le font consciemment. Zut ! Dieu a donné le libre arbitre, c'est pour s'en servir !
De plus, j'entre dans la dernière ligne de mon année académique, je vais arrêter avec ces pensées parasites, les malheurs des autres et leurs choix déraisonnés. Ils ont assez pourri mon année ceux-là pour qu'en plus, ils me hantent pendant ma session finale. Allez, la lettre à la poubelle ! Elle a pris sa décision, je prends la mienne !
Je passe ma session d'examens. J'ai moins de facilité qu'à Noël, le cours d'anatomie est encore en digestion, mais je maintiens le cap.
Il y a une bonne ambiance studieuse dans notre commun. A tour de rôle, on prépare à manger pour tout le monde. Le soir, on va tous se balader et prendre l'air pour se défouler. Le lendemain, soit on est en exams, soit on bloque et on remet ça.
Mais la nuit, il n'y a rien à faire... je tente de m'empêcher de penser, mais c'est plus fort que moi. Il y a des choses qui me reviennent et qui me posent question.
Par exemple, quand Yann m'a parlé de mes parents. Je dois dire que ça me taraude assez bien.
Je ne comprends pas qu'on ne m'ait pas prévenue qu'un autre de mon clan était venu ici. Ça aurait changé quoi de me le dire ? Ensuite, je n'apprécie pas le fait qu'il en sache plus que moi sur ma famille. Soit ... ça ne doit pas me dévier de mon objectif immédiat. Je pose toutes ces questions dans un petit tiroir et je m'en occupe à mon retour chez moi.
On va tous ensemble à la remise des résultats, de fac en fac. Mes deux camarades ont réussi. Marck de justesse, Jeff mieux, même si ce n'est pas non plus mirobolant.
Lorsqu'on arrive à ma fac, je m'aperçois que mes résultats ne sont guère meilleurs ! Mais au moins, je n'ai pas de seconde session.
Mes mains picotent. On se retourne tous les trois. A la vue de Yann, Jeff et Marck se rapprochent de moi. Il est apparu avec sa bande de chiens. Toutou n'était pas censé être avec moi, pourtant je le vois surgir. A-t-il senti une menace ? Il se place devant moi, les canines à l'air en grognant sur les goules.
Yann est avec une blonde décolorée qu'il tient par l'épaule.
Je le vis mal... C'était donc ça !
Il avait une autre personne dans sa vie. Il a vraiment joué avec moi. Elle exhibe à tous ceux qui veulent bien la regarder, la bague qu'il lui a offerte. Il me regarde avec un petit sourire moqueur...
Je suis enragée. J'ai mal à l'intérieur de moi. Je ne sais pas me retenir.
Je m'avance vers lui et lui dis :
- Tu as cru me mettre à les genoux, mais tu n'arriveras pas à m'abattre...
- Oui, oui ... je t'ai bien mise à genoux. En plus, je n'ai même pas dû me battre. Tu vois, ça c'est une femme, et tu ne lui arrives pas à la cheville.
- ça...Si on aime les déchets parce qu'on a peur d'être surpassé par une nana, je ne suis effectivement pas la personne dont tu as besoin, et tu as trouvé ce qu'il te faut !
Yann reste figé. Muet. Ebahi. Je pense que ce que je lui ai dit l'a un peu perturbé. En tout cas, je me plais à le penser.
- Tiens, tu ne dis plus rien ? Alors tu n'as pas envie de me remettre à genoux sans te battre ? Et puis ferme la bouche, tu vas avaler les mouches.
Et, en me retournant, énervée, sur les goules :
- Alors... Vous venez prendre votre dérouillée? Ou vous avez peur ?...
Toutou a les babines relevées et grogne toujours. Jeff et Marck sont un peu déstabilisés par ce qui se passe.
- Alex... S'il te plait..., me dit Marck inquièt.
Je vois qu'il a peur que la situation nous échappe. Il est anxieux pour rien. Je suis en état d'alerte. Si l'un d'entre eux tente quoi que ce soit, je suis prête à bondir.
- Ils ne tiennent pas trois rounds contre moi, ils n'en sont pas à leur première raclée !
Le groupe de perturbateurs décide enfin de partir. Dommage, je n'aurais pas dit non à un peu d'action ! J'étais même assez demandeuse... De plus, avec les 30% de bonus du sang de Yann, j'avoue que j'aurais bien jubilé de leur flanquer la raclée du siècle, grâce à lui !
Nous retournons sans un mot à notre domicile.
Sur le chemin, je ne cesse de cogiter. Je pense qu'il faut que je parte d'ici. Cette île commence à me donner la nausée et me sortir par tous les pores de la peau.
J'ai des envies de massacres, d'éviscérer Yann, de faire une œuvre d'art en balançant ses tripes sur une toile blanche, de le mordre, de lui arracher ses cheveux de paille.... Je le déteste, je ne veux plus le ressentir dans mes épaules. Rhaaaa !
Il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amour.
Et je me rends bien compte que si je le hais, c'est qu'il compte encore pour moi. Sinon je serais indifférente. Comment puis-je encore me soucier d'une personne qui m'a fait autant de mal sciemment ?
C'est à n'y rien comprendre. Je me dis que c'est Humain. Donc, l'Humain est maso !
Arrivée au commun, je fais part à Marck et à Jeff du fait que je ne suis pas certaine de revenir.
Après tout, on a de très bonnes unif en Belgique où il fait bon vivre. Sur ce point, Yann n'avait pas tort. Si mes parents ou mon clan ne comprennent pas, eh bien ce n'est pas mon problème ! Je suis assez grande pour faire mes choix.
Je pense que je ne vais pas pouvoir supporter une année de plus comme celle-ci !
Une amie qui se fait tuer, une autre qui devient un Vampire par choix, la découverte d'une âme sœur qui est le pire des monstres et essaye sans cesse de me détruire, me rendre compte que l'humanité dans laquelle je croyais n'existe pas.... Ce sera quoi si je reviens ?
Les derniers jours se passent dans la hâte de revoir les miens et d'enfin pouvoir souffler.
Cette fois, on a engagé une dame d'entretien pour faire les communautaires, car ça nous rappelait trop l'épisode de la disparition de Stepf.
Après avoir fait les derniers préparatifs et rendu les clefs de ma chambre, je vais dire au revoir à mes amis :
- Je viens vous dire au revoir.
Marck en me prenant dans ses bras :
- Ça a été dur pour nous tous, cette année, et je ne t'en veux plus...
- Je sais. Vous m'avez beaucoup aidée, je ne l'oublierai pas. Vous serez toujours dans mon cœur. On dit toujours qu'on va se revoir, mais je sais que c'est peu probable. Mais si vous passez par la Belgique, n'hésitez pas!
Jeff en me prenant dans ses bras à son tour :
- Compte sur moi, ma petite Alex. Je sais aussi que tu as fait ce que tu pouvais pour Stepf...
TuuuTuuuu
- J'entends mon taxi. Je vous laisse, les amis, prenez soin de vous. Je vous aime.
C'est dur les adieux, ça devient toujours mélodramatique. Mais c'est quand même une porte de mon histoire qui se ferme.
Avant de partir, j'ai envoyé Toutou dire au revoir aux forêts qu'il aimait tant, et nous voilà tous les deux partis pour la Belgique.
Je ressens ce départ comme un adieu et un soulagement.
Comme quoi, rencontrer son âme sœur n'est pas aussi fantastique que j'aurais pu le présager. Quand on imagine « l'âme sœur », on pense toujours à une entente quasi parfaite.
Mais pas dans ce cas-ci ! Je l'ai vécu comme une sorte de maladie. Il y a une période d'incubation, et quand la maladie se déclare, il n'y a pas d'antibiotique.
Dieu, si tu m'entends... pense à virer le petit angelot joufflu tireur de flèche. Il fait mal son boulot et a un sens de l'humour que je n'apprécie guère.
Fin.
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