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Le Mont des dragons

Nouvelle réalisée dans le cadre des Joutes Wattpadiennes d'Emaneth, concours "Let's play".  

Mes trois règles étaient les suivantes :

1. Les humains/animaux naissent dans des œufs que distribuent périodiquement des dragons

2. Avec le temps, humains et animaux se transforment graduellement en fantômes qui s'élèvent ensuite dans les cieux

3. Aucune mort n'est possible, si l'on excepte la règle précédente

Plus une quatrième règle bonus, rajoutée par un autre participant du concours :

4. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'un humain car les dragons n'existent plus

[13848 caractères, espaces compris]



Galactan poursuivait son ascension, mètre après mètre. L'épaisse forêt avait laissé place aux rocs gris, à ces pentes improbables et, maintenant, cette interminable falaise qu'il essayait de gravir depuis près d'une heure.

Le Mont des dragons.

L'amas rocheux s'élançait vers le ciel, visible depuis des kilomètres à la ronde. Galactan avait pu le contempler toute sa vie durant, mais ne s'y était encore jamais aventuré. Combien d'histoires avait-il entendu, à ce sujet ? Combien de fois avait-il rêvé de ces dragons ? Ces dragons majestueux, blancs et or, qui parcouraient autrefois le ciel, ces dragons de légendes qu'il n'avait jamais pu voir.

Le jour de sa naissance marquait leur dernier passage. Comme à leur habitude, ils avaient relâché une multitude d'œufs, et Galactan était né du dernier, le dernier œuf tombé du ciel. Un ovoïde doré, brillant, chargé d'espoirs et de promesses, mais qui avait marqué le déclin de ce monde.

Il était le dernier. Le dernier homme, le dernier être né sur ce monde. Les dragons n'étaient plus jamais revenus. Aucun œuf n'avait plus apporté la vie.

Il était le dernier.

Les années s'étaient écoulées. Les hommes, les animaux étaient montés au ciel, les uns après les autres. Avec le temps, les piaillements de la forêt s'étaient atténués pour ne plus laisser qu'un silence vide et pesant.

Il était le dernier.

Le dernier homme, le dernier être vivant. Ce monde était mort et vide. Le silence s'était fait assourdissant.

Ne restait plus que lui.

Il était le dernier.

Une roche se détacha, sous sa main droite. Il essaya de se rattraper à un autre appui, plus stable, mais son pied glissa, et il se sentit partir, dans le vide.

Une chute interminable, de plusieurs dizaines de mètres. Les secondes s'égrenèrent avec une lenteur infinie, comme pour lui faire ressentir toute l'acuité de cet instant fatal. Le vent sifflait à ses oreilles, sinistre.

Il ferma les yeux.

L'impact promettait d'être douloureux.

Ses bras enserrent sa bien-aimée. Elle ne l'entend plus, elle ne le voit plus. Son corps continue de s'effacer jusqu'à prendre une apparence translucide bleutée. Elle n'est plus qu'un spectre. Même le contact de sa peau, le toucher disparait. Ses bras enserrent du vide.

Un fantôme, une image, un souvenir, le souvenir de toute une vie.

Elle s'élève dans le ciel, réduite à l'état de lueur vacillante. La dernière humaine, sa compagne, sa vie... Anaïs.

La lumière s'éloigne en direction du Mont des dragons. Il ne parvient plus à la suivre des yeux. Sa vision se brouille sous les larmes. Il est désormais seul.

Galactan rouvrit des yeux embués, puis se releva. S'écraser au sol faisait aussi mal que ce qu'il avait pu imaginer, et pourtant, ses souvenirs restaient bien plus douloureux. Il fit jouer ses articulations de nouveau opérationnelles, puis son regard se porta sur sa main droite.

Sa peau avait pris une teinte légèrement transparente.

Il lui restait une journée à vivre, tout au plus. À son tour, il deviendrait un spectre ; à son tour, il mourrait enfin... peut-être pourrait-il rejoindre sa bien-aimée, du moins l'espérait-il.

Sans réfléchir, il recommença l'escalade de la falaise. Une journée. Au maximum. Demain, au plus tard, tout ceci serait terminé. La bénédiction qu'il avait attendue tous ces jours durant allait enfin lui être accordée.

Le poids des années, la fatigue, la lassitude, l'accablaient autant que la solitude. Sa vie arrivait à terme, et il ne ressentait ni crainte ni appréhension, seulement une forme d'apaisement. Il aurait même pu s'asseoir dans un recoin et attendre que le temps passe, attendre cette fin qu'il désirait tant, mais puisqu'il avait fait tout ce chemin, autant continuer encore un peu. De toute façon, tout serait bientôt fini.

Peut-être était-il venu chercher des réponses à la disparition des dragons, peut-être était-il seulement venu par ennui, ou peut-être caressait-il encore un fol espoir, cet espoir inavouable de retrouver les morts ici.

Tant de légendes circulaient sur le Mont. Tant de mystères. Il n'était d'ailleurs pas le premier à essayer d'en percer les secrets. De grandes expéditions s'étaient organisées, après la disparition des dragons, dans l'espoir d'y comprendre quelque chose. Mais toutes s'étaient heurtées à la même impasse, au même mur infranchissable, le Gardien.

Un colosse de pierre, de métal et de feu, un monstre des temps anciens, aussi puissant qu'impitoyable. Nul n'avait jamais pu aller au-delà, pénétrer à l'intérieur de la montagne. Les plus téméraires, les plus fous, avaient tenté plusieurs fois de le défier, toujours avec le même résultat.

Écrasés comme des mouches sous une massue démesurée.

De quoi faire au moins aussi mal que de s'écraser du sommet de cette falaise. Seuls les plus acharnés recommençaient l'expérience, mais, après quelques nouveaux coups de massue, eux aussi finissaient par abandonner.

Galactan n'avait toujours pas la moindre idée de ce qu'il pourrait faire, une fois en face du Gardien. Essayer de parlementer ? D'autres aussi avaient essayé, sans le moindre résultat. Cette quête restait vaine, sans le moindre espoir. S'il la menait, ce n'était plus que pour vaincre l'ennui de cette solitude forcée.

Il lui fallut encore de longues minutes avant d'accéder au rebord tant attendu, le promontoire du Gardien. Son cœur s'accéléra. Face à lui, une masse écrasante de pierre et de métal barrait une entrée tout aussi monumentale. Combien d'explorateurs avaient aussi tenté de contourner, de trouver une autre issue ? Plus haut, la montagne se faisait aussi lisse que du verre. Il n'y avait pas d'autre passage.

Galactan marcha d'un pas lent et mesuré. Recevoir une massue de deux cents kilos dans la figure n'enthousiasmait personne, et lui-même n'échappait pas à la règle. Le Gardien ne broncha pas. Il semblait assoupi, éteint, même. Où était ce feu des légendes ? Où étaient ces flammes vengeresses qui couraient tout le long de son corps, ce regard magmatique qui brûlait sa tête de pierre ?

Seul restait désormais un amoncellement de roches immobile, inutile, comme vaincu par le passage du Temps. Voilà qui était inattendu, étrange, même, mais Galactan ne s'éternisa pas pour autant. Il pressa le pas, et s'approcha de la grande arche. Du coin de l'œil, il ne pouvait s'empêcher de surveiller l'épaisse masse sombre ; il se surprit même à courir.

Pas la moindre réaction ; il ne s'était pas trompé. Un pincement lui tirailla le cœur. Même si cette situation l'arrangeait, il restait une fois de plus le dernier être vivant. Ce monde restait à l'image du Gardien : figé dans l'éternité, la solitude, et le silence.

Galactan se retourna une dernière fois, avant de pénétrer à l'intérieur de la montagne. L'astre éclatant rencontrait la ligne d'horizon, pour repeindre tout le ciel vespéral de teintes vermeilles et chatoyantes. Un tableau porteur d'une indicible mélancolie, mais aussi d'une profonde sérénité. Par réflexe, il regarda sa main. Les couleurs s'effaçaient désormais sur tout son bras droit. À l'image de cette journée, sa vie arrivait à terme. Demain, plus personne ne serait là pour voir le soleil se lever à nouveau.

Galactan s'enfonça dans le couloir démesuré, creusé à même la roche. Tout autour, le métal s'alliait à la pierre pour former des réalisations architecturales sobres mais imposantes. Un carrelage lisse recouvrait le sol, des miroirs juxtaposés, qui lui renvoyaient son reflet à l'infini.

Au moins ne serait-il pas venu pour rien.

Il commença par trouver plusieurs salles, toutes désertées. Quelque chose, quelqu'un, avait autrefois vécu en ces lieux. Peut-être même plusieurs personnes, à en juger par l'espace disponible et même le mobilier. Un mobilier étrange, d'ailleurs, beaucoup de métal, ainsi que des machines dont le fonctionnement ou l'utilité lui échappaient. Des rouages, des engrenages se succédaient parfois, tous interrompus dans leur course.

Sa main effleura la poignée d'une porte. À en juger par la couche de poussière, plus personne n'habitait ici depuis un certain temps. Il pénétra dans la pièce avant de se figer.

Chaos.

Les murs étaient recouverts de glyphes obscurs, d'inscriptions de rage, de haine, peut-être, et le sol, par les pages d'un livre déchiré. Mais surtout, face à lui se dressait une silhouette encapuchonnée de noir, assise sur un trône austère, droite et immobile, les bras fixés sur des accoudoirs d'albâtre.

« Ex... excusez-moi, bégaya Galactan. Je ne voulais pas vous déranger. »

La silhouette ne bougea pas, n'émit pas le moindre son. Le souffle court, il s'approcha d'elle, et porta la main en direction de sa tête. Face à l'absence de réaction de son interlocuteur, il s'enhardit jusqu'à rabaisser le capuchon noir d'un mouvement brusque.

Il s'écarta d'un bond en arrière tandis que la vision lui arrachait un cri de stupeur. La tête de l'être était d'un blanc uniforme, et deux trous béants remplaçaient ses yeux. Galactan frissonna tandis que le crâne bougeait, avant de se détacher, puis de rouler au sol. Il s'arrêta face à lui, comme pour le fixer de ses orbites vides.

L'être n'était plus vivant, et pourtant, pouvait-on le considérer comme mort ? N'aurait-il pas dû se transformer en spectre ? À l'instar du Gardien, il s'était assoupi dans l'éternité, une fin silencieuse, un rêve sans réveil.

Galactan secoua la tête, avant de reporter son attention sur le livre, qu'il feuilleta.

Tous ce bruit, ces bruits, me sont devenus insupportables. Mais mes frères refusent de m'écouter...

Une autre page.

Je les ai tous enfermés, statufiés, j'ai arrêté la Machine, la Machine de la Vie. Ils ne ressortiront pas, pas tant que les rouages restent arrêtés. Jamais. Ils auraient dû m'écouter, ce bruit, ces bruits me scient le crâne. Ce Monde cacophonique, furieux, insupportable s'éteindra de lui-même, lueur après lueur. Enfin, je connaîtrai le calme, enfin, je connaîtrai le silence, je connaîtrai le repos.

Il sauta quelques passages, se rapprocha de la fin.

Ces bruits ne s'arrêteront jamais. Le souffle de ma propre respiration, les battements de mon cœur... Ils continuent de me vriller les oreilles. J'y mettrai fin, je trouverai un moyen, je trouverai ce sommeil, ce sommeil éternel. Je deviendrai l'incarnation d'une Mort éternelle, sans possibilité de renouveau.

Galactan jeta un dernier regard sur le crâne, puis reposa le livre. La fin devenait de moins en moins cohérente, jusqu'aux dernières pages, gribouillages haineux, désespérés, éparpillées tout autour de lui.

« La Machine de Vie ? »

Il fit demi-tour pour revenir sur ses pas, vers la grande salle principale. Des engrenages, courroies poulies, et pistons de toutes sortes recouvraient les murs jusqu'au plafond. Il examina chaque recoin avant de trouver un levier redressé en position haute. Il voulut l'attraper avec sa main droite, mais le traversa, et recommença avec la gauche. Il disparaissait, il devenait à son tour un spectre. Ce ne serait bientôt plus qu'une question de minutes.

« Qu'ai-je à y perdre, maintenant, de toute façon ? »

Réunissant toutes ses forces, il s'arcbouta sur le mécanisme avant de réussir à le rabaisser. Le sol se mit à gronder. Galactan trouva d'autres leviers, les abaissa à leur tour. De nouveaux engrenages s'ébranlèrent, des mécanismes figés depuis des années reprirent leur route.

Son corps était presque entièrement translucide. Pourtant, il restait encore tant de salles, tant d'embranchements qu'il n'avait pu explorer. Son dévolu se jeta finalement vers un escalier montant qu'il gravit avec l'énergie du désespoir.

Une salle gigantesque, un dôme de cristal, au sommet de la montagne. Des entonnoirs démesurés accueillaient une multitude de billes lumineuses. Elles atterrissaient désormais sur des tapis roulants, pour disparaître à travers les entrailles fumantes de machines de métal, puis des œufs ressortaient, sur d'autres tapis roulants.

Galactan tourna la tête. Les dragons étaient là, gigantesques créatures de métal, d'or et d'argent, qui s'éveillaient peu à peu. En chacun d'entre eux se rallumait une lueur, une lueur de vie et d'espoir, qui prenait peu à peu consistance. Ils redressaient leurs têtes, étendaient leurs ailes blanches et or, faisaient quelques pas.

Il lui avait fallu toute une vie, mais il les voyait enfin, il pouvait les admirer, dans toute leur beauté, dans toute leur majesté. Un rêve qu'il n'espérait plus réaliser un jour. Les dragons s'étaient assoupis le jour de sa naissance, mais ils se réveillaient à l'instant de sa mort.

Galactan claudiqua jusqu'à un entonnoir, puis posa sa main sur la paroi transparente. Les billes de lumière attendaient leur tour depuis des années, attendaient que la Machine reprît un jour sa course. Les âmes des défunts...

« Anaïs... » murmura-t-il.

Elle était là, il le savait, il sentait sa présence. Une présence noyée parmi tant d'autres. Ses proches, sa famille, des inconnus, l'Humanité. Il n'était pas seul, sa mort ne serait pas une fin ; il allait la rejoindre, il allait tous les rejoindre.

Ses jambes se dérobèrent, incapables de le porter. Son corps l'abandonnait, il se dissipait à son tour tel un souvenir éthéré. Plus que quelques secondes.

Des dragons attrapèrent les œufs qui emplissaient la pièce. Ils se remettaient au travail, un travail qui n'aurait jamais dû s'interrompre. Le cycle de la Vie reprenait, régulier, rassurant, intense.

Il allait mourir, il allait renaître.

Sa vue se brouilla. Il crut voir une dernière silhouette sombre s'approcher de lui, floue, indistincte, le visage masqué derrière un capuchon.

« Qui êtes-vous ? »

Les derniers mots que Galactan eut la force de prononcer. Il n'était plus qu'une idée, un dernier souffle balayé par le vent. Les sentiments de l'inconnu résonnaient à travers son esprit. La reconnaissance, une âme immortelle, un gardien de la Vie, qu'il avait libéré de son sommeil.

Il n'était pas seul. Il allait mourir. Il allait vivre.

Son âme s'envola pour rejoindre ses consœurs dans l'entonnoir démesuré.

Vivre...

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