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Chapitre 7

- Vol pour Kyoto, Alpha Foxtrot Sept Un Quatre, décollage quarante-cinq minutes, piste 04 gauche, embarquement des passagers, crachouille la radio de bord.

Mon premier réflexe est un soupir de soulagement. Pas de molosse, pas de donjon, pas de guerriers moyenâgeux aux mines patibulaires. Un autre rêve, enfin. J'avais peut-être tort de m'affoler.

Mon second réflexe est de me demander ce que je fais là, seule dans la pénombre de ce cockpit d'avion, vêtue d'une chemisette blanche sur laquelle brillent des épaulettes à trois bandes dorées.

- Bonjour, Commandant !

Une jeune femme en uniforme pénètre à son tour dans le cockpit. Elle doit avoir à peu près mon âge, une silhouette nerveuse et délurée, la peau mate, des yeux marrons clair et des cheveux en pétard teints en bleu. Elle esquisse un petit salut militaire.

- Micham. Copilote.

Elle ajoute, devant mon air interloqué.

- On ne vous a pas vu au briefing ?

- Micham...

Je fouille ma mémoire pour tenter de me rappeler où j'ai déjà entendu ce nom. Puis sa question atteint lentement mes neurones.

- Au... briefing ?

Elle s'installe confortablement sur le siège de droite et commence à actionner quelques commutateurs avec des gestes professionnels. Elle rabat le cache qui dissimule un interrupteur et met la batterie de l'avion en route. Une alarme se fait entendre et le tableau de bord s'illumine comme un arbre de Noël. Nous sommes entourés d'une forêt de boutons, de manettes, de chiffres clignotants, d'aiguilles et de cadrans, qui s'étendent de tous côtés et jusqu'au plafond.

- Vous connaissez le bébé, Commandant ?

- Heu... Quoi ?

Elle reprend patiemment.

- Déjà volé sur un Airbus 350 ?

Je la regarde abasourdie et elle se corrige aussitôt, avec un air embarrassé.

- Pardon Commandant, question bête...

Avant d'ajouter sur un ton d'évidence tranquille.

- ...sinon, vous et moi, on ne serait pas aux commandes, hein ?

Et sans prendre garde à ma mine ahurie, elle enchaine une check-list à voix haute, sur un ton monocorde et technique.

- A.P.U. enclenché.

Elle passe un petit bouton en position « Start ».

- Générateur Un et Deux, en fonctionnement.

Puis deux petits leviers voisins.

- Pompe fuel réservoir gauche : « On ».

Et deux autres, tous proches.

- Pompe fuel réservoir droit : « On ».

Et enfin :

- Pompe fuel réservoir central : « On ».

Ma copilote se tourne alors vers moi, avec un air d'attendre mes instructions.

- Allumage des moteurs ?

Non, surtout pas ! On n'allume pas les moteurs ! On n'allume rien du tout et on change tout de suite de rêve avant que ça ne dégénère !

- Deux femmes pour piloter ce gros engin ? Je me réjouis d'assister à ça ! s'amuse une voix derrière moi, reconnaissable entre mille.

Je me retourne d'un bond vers le nouveau venu qui me gratifie d'un petit clin d'œil et se présente en portant la main à la casquette, dans un salut nonchalant.

- Pilot Non Flying, Commandant. C'est un plaisir de vous retrouver.

Je vais pour répondre mais je suis devancée par ma voisine de droite.

- La ferme, Ikvar ! T'es juste jaloux parce que t'auras jamais ce genre d'engin entre les mains !

Mon Elfe préféré se tourne vers la jeune femme, avec un rictus avantageux.

- Je préfère piloter un petit Rafale maniable et nerveux qu'un jumbo-jet incapable de décoller...

Elle affiche un sourire de dédain pendant qu'elle saisit rapidement sur l'écran de route les lettres codes de l'aéroport de destination et les indications météo.

- Ha ! L'avion le plus rapide du monde : t'es à peine partie que t'es déjà arrivée... Fais-moi rêver la prochaine fois, lover boy !

Ikvar grimace et s'apprête à répliquer vertement quand j'interromps leur petit duel de métaphores.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi t'es pas dans le... dans l'autre...

- L'autre ?

J'hésite à prononcer le mot « rêve ». Comment pourrait-il comprendre ?

Micham, de son côté, continue la procédure avec la mine satisfaite de celle qui a remporté la joute verbale.

- Valve d'air : OK, chantonne-t-elle pendant qu'Ikvar la foudroie du regard.

Puis un nouveau bouton.

- Engine start : position « Ground ».

Les moteurs qui commencent à tourner mettent mes sens en alerte. Je renonce à expliquer ce qu'Ikvar fait ici pour me concentrer sur les actions de ma coéquipière.

- Kérosène...

Quoi, kérosène ? Non ! Pas kérosène ! Sortez-moi de là avant qu'il ne soit trop tard ! Je regarde l'ensemble des cadrans du tableau de bord en espérant trouver quelque chose qui ressemble à un réveil.

Elle soulève une manette blanche qui passe de la position « Cutoff » à la position « Iddle ».

- Moteur Deux : « On ».

La fille aux cheveux bleus est en train de lancer les moteurs d'un avion de ligne comme si elle démarrait une Fiat Panda.

Elle répète l'opération.

- Moteur Un : « On ».

C'est au choix : soit on me réveille, soit on me laisse descendre.

Le bouton de valve d'air qui était sur la position « Ground » se remet tout seul en « Off » avec un petit claquement sec, juste sous mon nez.

- On est sur off, on est sur off ! je m'exclame en tendant le doigt vers l'interrupteur récalcitrant, tout en espérant secrètement que cela signifie que le moteur est cassé et l'avion cloué au sol pour un temps indéterminé.

Ikvar soupire derrière nous, en affichant un air blasé.

- Décidément, vous aimez faire durer les préliminaires, les filles. Va falloir penser à décoller !

Attend, il y a deux nuits, on était en plein âge de pierre et il détalait pour ne pas se faire bouffer les fesses par un chien enragé... et maintenant il prétend faire voler un avion ? Je le foudroie du regard pendant que Micham se charge de le remettre à sa place.

- Encore une remarque et on t'attache sur l'aile gauche, Ikvar ! Il nous manque un épouvantail pour empêcher les oiseaux de s'approcher trop près des réacteurs !

Il se carre confortablement sur son siège et croise les mains derrière la tête, avec l'air de celui qui compte profiter de son vol.

- Je suis bien mieux ici, à observer deux femmes compétentes...

- Paré au décollage, Commandant ? demande une voix derrière moi.

Je me retourne d'un bond vers la nouvelle venue et je reconnais Flora, vêtue d'une petite jupe marine et d'un calot joliment perché sur son chignon strict.

- Flora ? Mais qu'est-ce que...

- On est tout bon en cabine, Commandant. C'est quand vous voulez...

Je m'apprête à la prendre à témoin de la folie dans laquelle on s'embarque, mais elle m'interrompt avec un petit sourire désolé.

- J'y retourne. Hax est à deux doigts de frapper des touristes qui ne s'installent pas assez vite.

La voix du contrôleur aérien bourdonne dans nos casques et je laisse Micham assurer l'essentiel du dialogue avec la tour, sous mon regard de plus en plus fébrile.

Ma copilote actionne les générateurs des moteurs Un et Deux avant de presser un petit bouton marqué « Fasten Belts ». On entend clairement un « ding ! », qui doit se répercuter à travers toute la carlingue. Je reconnais ce tintement de carillon : dans toutes les langues du monde, ça veut dire : « Attachez vos ceintures, on va bientôt décoller ».

L'avion se met soudain à bouger de lui-même. Comment ça : à bouger de lui-même ?

Ikvar me désigne, à travers le parebrise, le camion qui nous pousse vers la piste d'envol.

- Il n'y' a pas de marche arrière sur un avion, m'explique-t-il avec un petit sourire.

En effet, trois cent cinquante passagers, ça ne laisse pas beaucoup de visibilité pour faire un créneau.

Micham coupe l'A.P.U. et vérifie une dernière fois la check-list tandis que l'Elfe se penche paresseusement par-dessus mon épaule et effectue le cross-checking à ma place.

L'appareil s'immobilise enfin en bout de piste pendant que la tour de contrôle bourdonne encore quelques instructions qui semblent indiquer que la voie est libre.

Micham actionne un bouton marqué Yaw Damper, puis différents circuits de dégivrage et de pompes hydrauliques, avant de contrôler une dernière fois les niveaux de kérosène et l'alimentation des moteurs.

Elle active alors son micro pour informer le personnel naviguant d'un ordre bref.

- Attention cabine, décollage.

Avant de se tourner vers moi.

- Et ben... y'a plus qu'à, Commandant !

Elle pointe la manette des gaz entre nous, le gros levier central qui est bien la seule chose que tout le monde peut facilement identifier dans un avion.

Normalement, dans la vraie vie, c'est là où je me lève, je dis quelque chose du genre « ça suffit les conneries », et j'ouvre la porte extérieure de l'avion pour en descendre, quitte à me ramasser dix mètres plus bas vu qu'ils ont retiré la rampe d'embarquement.

Mais pas ici. Là, je me vois distinctement attraper la manette des gaz et pousser vers le haut comme si je prétendais faire décoller cet engin satanique.

- Volets sortis à 5 : contrôlé. Train d'atterrissage : down. Aérofreins : enclenchés..., confirme Micham d'une voix pro, en me souriant patiemment.

J'attrape le manche devant moi car elle n'a manifestement pas l'intention de piloter, et aucun passager ne s'est proposé pour le faire à ma place.

- Palier 40% de N1, 90% de puissance, continue-t-elle, imperturbable, sans prendre garde à mes regards de plus en plus paniqués.

L'A.350 commence doucement à rouler sur la piste.

- L'avion avance, l'avion avance ! je hurle comme une possédée, en me demandant si je ne ferais pas mieux de tout lâcher avant de commettre quoi que ce soit d'irréparable.

- Ben... c'est le principe, non ? rétorque Micham en haussant les épaules.

- Accélères un peu, on a encore 9608 kilomètres à faire ! s'amuse Ikvar.

Le nez de l'appareil se dresse lentement sous l'effet de l'accélération. Je m'accroche un peu plus à mon fauteuil en regrettant que mon cauchemar n'ait pas de siège éjectable.

- On va se crasher, je murmure entre mes dents.

- Mais non, tu t'en sors très bien, me conforte l'Elfe qui est carrément posé à mes côtés, le bras négligemment enroulé autour de mon appui-tête, sa main droite effleurant mon épaule.

J'examine d'un air désespéré les cadrans qui commencent à s'affoler sous mes yeux, quand je le sens qui me relève fermement le menton.

- Concentre-toi sur la piste ! Ta copilote s'occupe de l'instrumentation.

- Je gère le monitoring, confirme Micham d'une voix calme.

Ikvar enchaine avec quelques instructions simples.

- Main plus souple sur le manche. Les pieds sur les palonniers. Tiens bien le cap !

J'ai l'impression d'avoir un joystick entre les mains.

- 80 nœuds... V1...VR... scande Micham à nos côtés.

- Rotation, suggère tranquillement Ikvar, en me faisant signe de tirer le manche vers moi.

- Attends, si je fais ça, on va...

- Décollage. Angle quinze degrés de montée, constate Micham sur un ton approbateur.

On quitte le sol. On quitte le sol. Réveillez-moi !

- Train d'atterrissage rentré... Cap : 180...

Bon Dieu ! Je suis en train d'arracher de la terre un engin de deux cents tonnes. Deux cent tonnes plus légères que l'air ? Même dans un rêve, ça me parait complètement fou.

Micham programme rapidement quelques chiffres sur les écrans.

- Vitesse : 220 nœuds...

- Tu dois confirmer, me souffle Ikvar à l'oreille.

Je jette un regard sur l'écran IAS/Mach qui affiche le chiffre 220.

- Heu... 220 nœuds affichés, j'indique d'une voix étranglée en espérant que ce soit ce qu'on attend de moi.

- Volets rentrés à Un, continue Micham sur le même ton mécanique.

Bip-bip. Bip-bip. Bip-bip. Bip-bip.

Malheureusement, ça n'est pas la sonnerie de mon réveil mais une alarme qui retentit soudain à travers le cockpit. Je manque de lâcher le manche de saisissement mais mes partenaires semblent trouver cela parfaitement normal.

- Altitude de croisière 37.000 pieds : atteinte, se contente de préciser Micham tandis que l'alarme s'arrête d'elle-même. Volets à zéro.

Elle actionne encore quelques interrupteurs et se tourne vers moi avec l'air satisfait d'une mission accomplie.

- Auto-pilot : engagé.

- Tu peux lâcher le manche, me confirme Ikvar en me massant doucement les épaules pour me décontracter.

- Très propre, bravo, confirme Micham en levant son pouce. Tu fais l'annonce ? dit-elle en me tutoyant pour la première fois.

Je la regarde, déconcertée. J'ai pris l'avion souvent mais c'est à peine si j'écoute les messages de bord. Bon sang, qu'est-ce que je dois dire ? C'est votre commandant qui vous parle : j'ai réussi à faire décoller cet avion par miracle et si j'étais vous, j'emprunterais immédiatement un autre vol et une autre compagnie... parce que nous n'arriverons jamais à destination. Heure locale.

Mes coéquipiers ricanent devant mon air tétanisé.

- Tu me laisses m'en occuper, dis ? demande l'Elfe.

Je suis totalement dépassée et je préfère m'en remettre à lui.

Il ajuste le micro sous son casque et imite la voix blasée d'un pilote qui aurait déjà fait quatre ou cinq fois le tour du globe.

- Mesdames, Messieurs, bonjour, bienvenue à bord de cet Airbus A 350 à destination de Kyoto. Hum... notre temps de vol sera aujourd'hui de 11 heures 45 minutes, sans escale... Beau temps sur le trajet avec quelques turbulences prévues en approche.

Il nous regarde avec malice avant d'ajouter :

- Air France est fière de compter dans ses rangs quelques-uns des meilleurs pilotes du monde. Malheureusement aucun d'entre eux n'est présent sur ce vol.

Je n'ai même pas l'énergie de le frapper. Heureusement, Micham s'en charge pour moi.

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