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Chapitre 6

Je suis éreintée. J'ai l'impression de m'être démenée toute la nuit et ma couette emmêlée et mes oreillers à terre témoignent de mon sommeil agité.

Bon sang, ces rêves à répétition sont beaucoup trop réels pour moi.

Je me redresse péniblement, en essayant de faire abstraction de mes courbatures. J'ai dû faire un faux mouvement dans mon sommeil : j'ai le dos en miette et les bras moulus. Je me traine jusqu'à la salle de bain dans l'espoir qu'une bonne douche me remettra sur pied.

Je me laisse aller sous le jet brûlant, m'abandonnant à l'action bienfaisante de l'eau sur ma nuque et mes cervicales, en essayant de faire le tri dans mes pensées confuses. Je ne suis pas psy et je n'y connais rien en matière de subconscient, mais j'ai l'impression en ce moment de courir un marathon sur des sables mouvants.

Est-ce que c'est normal de retrouver ses rêves nuit après nuit, comme dans une série à épisode ?

Ce n'est pas comme ça que rêvent les humains ! Je sais bien que notre esprit peut se montrer très imaginatif, construisant des scenarios et des images incroyablement réalistes pour recycler les doutes et les interrogations que nous refoulons chaque jour. Mais normalement, un rêve, ça dure quelques secondes et basta ! Je n'ai jamais entendu parler de quelqu'un qui se jouerait Game of Thrones tous les soirs dans son subconscient !

Bon, le volume d'eau que je viens d'engloutir suffirait à lui seul à faire pousser une palmeraie sur la moitié du Sahara : il est temps que j'affronte la réalité. Je m'enveloppe d'une serviette éponge et je me dirige vers le lavabo. La vapeur a formé une épaisse couche de buée sur le miroir, que j'essuie d'un mouvement distrait. Et c'est là que je les vois.

Les marques.

Les bleus.

Partout sur mes bras, sur mes cuisses, dessinant jusque sur mes côtes leurs petites ombres violacées.

Elle n'y est pas allée de main morte, je pense en moi-même, maudissant Flora et ses méthodes pédagogiques implacables.

Et puis soudain je réalise, et je deviens aussi blanche que la vasque à laquelle je me raccroche pour ne pas tomber.

Que mes rêves soient étrangement réels, je peux encore l'admettre. Qu'ils se répètent chaque nuit, cela peut éventuellement s'expliquer. Mais ne sont-ils pas censés disparaitre à partir du moment où j'ai les yeux ouverts ?

Mon premier réflexe, purement instinctif, est d'observer autour de moi si il y a une caméra cachée ou si je suis le fruit d'une expérience plus ou moins tordue. Mais ce n'est qu'une façon de détourner les yeux pour les poser partout sauf sur la surface réfléchissante qui me fait face.

Je me résous à affronter à nouveau le miroir, en espérant que les marques se seront estompées, comme un rêve qui aurait mis un peu plus de temps à se dissiper.

Mais elle sont là, toutes, constellant mes bras et me rappelant comme autant de petits mémos colorés que la pratique accélérée du bâton de combat ne va pas sans quelques effets secondaires.

Bon sang. Est-ce que je me suis infligée ça en dormant ? Ou est-ce que mon subconscient peut marquer ma chair à travers mes terminaisons nerveuses ?

Je suis tout près de la panique totale. Mon regard noyé erre à travers ma salle de bain, dont les carreaux blancs me font penser étrangement à la cellule d'isolement d'un hôpital psychiatrique. J'avise une brosse à cheveux sur une étagère et j'empoigne le manche machinalement, assurant ma prise à mesure que monte ma résolution.

Je me tourne vers le miroir d'un air déterminé et farouche. Je serre les dents. Et...

- Pare !

- Pare !

- Fend !

- Fend !

Mon reflet dans la glace se prend ma brosse en plein cœur tandis que je me vois, effarée, en train de reproduire à la perfection les mouvements d'attaque et de défense que Flora m'a patiemment inculqués pendant la nuit.

Flora !

Pendant la nuit !

Un putain de personnage dans un putain de rêve !

*****

Est-ce qu'il existe un SOS Psychiatre comme il y a un SOS Médecin ? Je finis par trouver une ligne téléphonique dédiée, une sorte de numéro d'urgence pour les cas désespérés.

- Vous avez demandé un psychiatre, ne quittez pas... Vous avez demandé un psychiatre, ne quittez pas...

Je leur suggérerais bien de changer leur disque. Parce que si je n'étais pas folle en appelant, je ne suis pas loin de le devenir en l'écoutant tourner en boucle.

- Bonjour, vous n'êtes pas seule, interrompt une voix grave et chaleureuse à l'autre bout du fil.

- Pardon ? je réponds interloquée.

- Je dis : « vous n'êtes pas seule... »

- Ha.  Heu... vous non plus !

L'interlocuteur rit doucement et poursuit sur un ton calme et patient.

- Je suis là pour vous écouter. Parlez sans crainte !

- D'accord... Je dois me présenter d'abord ?

- Non, non. C'est une simple conversation entre amis. Je suis là pour vous donner un conseil si je peux, ou vous orienter vers quelqu'un de compétent si besoin...

- Vers l'asile le plus proche ?

Mon correspondant laisse entendre un autre rire discret.

- Je suis certain qu'on n'en est pas encore là.

Un silence, que ni lui ni moi ne voulons rompre. Puis il se décide.

- Qu'est-ce qui vous amène, mmh ?

Je me lance.

- Est-ce que vous avez des patients qui font des rêves... heu... récurrents.

- Tout le monde fait des rêves récurrents.

- Non, non ! Je veux dire : un peu comme une série télé.

- Une... série télé ?

- Oui, comme si vous regardiez Game of Thrones. Mais un épisode différent à chaque nuit.

Un court silence pendant qu'il semble peser le poids de mes paroles.

- Je vois... Qu'est-ce qui vous attire dans Game of Thrones ?

- Non, c'est juste un exemple. Ça marche aussi bien avec Friends ou Sex in the City.

- Sex... in the City, dit-il en appuyant bien chaque mot.

On part sur une fausse piste, là. Je tente de reprendre le fil de notre échange.

- Ce que je veux dire, c'est un rêve qui se poursuivrait de soir en soir.

- Oh, je vois. Un peu comme une aventure !

- Exactement !

Je ne peux empêcher ma voix de trembler d'excitation.

- Est-ce que ça arrive à d'autres que moi ? Vos autres patients ?

Il ne daigne pas me répondre, et enchaine sur un ton neutre.

- Et... c'est un rêve... agréable ?

- Quoi ? Heu. Non ! Oui ! Mais c'est pas ça le problème.

Il me reprend, de son intonation douce mais ferme.

- Tss... Laissez-moi juger de ce qui est le problème.

- Ce que je vous explique, c'est que je retrouve les personnages de mon rêve toutes les nuits... à peu près là où je les ai laissés la nuit précédente.

- Qu'est-ce qui vous rend si certaine de ça ?

- Comment ? Que voulez-vous dire ?

Il m'explique lentement et je comprends à son intonation qu'il ne m'a pas prise au sérieux.

- Le cerveau humain est une chose complexe. Vous avez peut-être rêvé en une seule fois... et vous vous êtes auto-persuadée que cela s'articulait sur plusieurs nuits.

- Non, non : je m'en souviens chaque matin !

- Mmh... Avec précision ? Vous notez les choses ?

- Oui ! Heu... non. Des choses, oui.

Je perçois son doute et j'essaie désespérément de lui apporter une preuve de ma bonne foi.

- Par exemple, il y a deux jours, j'ai inventé une pub durant mon sommeil. Pour mon travail ! Ça prouve bien que ce n'était pas le rêve d'une seule nuit !

Il laisse passer un petit silence.

- Je vois... Votre travail vous stresse ?

- Oui, mais ça n'a rien à voir avec le boulot ! C'est pas ça l'important.

Il m'interrompt un peu plus sèchement.

- Tss... Laissez-moi juger de ce qui est important...

Je finis par raccrocher, excédée, au bout de vingt minutes d'un entretien qui a tourné en rond. Le prétendu spécialiste a essayé d'appliquer à mon trauma des schémas connus, comme si il fallait absolument me rentrer dans une case. C'est le stress. C'est le boulot. C'est ma mère. Tout y est passé, même ma vie amoureuse. Tout sauf la possibilité que je retrouve effectivement chaque nuit une bande de joyeux drilles qui m'escortent dans un univers où il n'y a probablement pas de psy, parce qu'on les aura tous donnés à manger à des monstres écumant et affamés.

Je sors à pas furieux de la petite salle de réunion où je m'étais isolée. A quoi bon parler à un spécialiste qui ne vous écoute pas ? Autant confier mes problèmes au premier venu ou... à mon partenaire qui décline la campagne « L'œuf ou la poule » en bannières web, avec l'air du mec qui s'ennuie à mourir.

Tiens ? Fred. Le solide et pragmatique Fred que rien ne peut émouvoir. Et pourquoi pas ?

Je me plante devant son ordinateur pour l'obliger à lever les yeux de l'écran.

- Fred ?

- Emily ?

Il retire son casque qui laisse entendre le plein volume d'un rap déchainé. Je ne sais pas comment il peut travailler avec ce tintamarre dans les oreilles.

- Ça t'arrive de faire des rêves récurrents, Fred ?

Il me regarde, étonné, en arquant un sourcil interrogateur. Mais alors que je m'attends à ce qu'il hausse les épaules d'un air détaché, il me répond sur un ton sérieux qui ne lui est pas habituel et qui m'alerte aussitôt.

- Très souvent.

- Ah bon ? Je réponds toute excitée. Tous les soirs ?

- Non... Mais régulièrement.

Il s'empourpre légèrement et regarde nerveusement autour de lui.

- Elle s'appelle toujours Natacha. Et elle rigole quand elle voit mon sexe.

Non Fred, pas ce genre de rêve récurrent !

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