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Chapitre 11

Le Pavillon d'or - kinkaku-ji - s'élève sur de magnifiques jardins de pierre et d'eau, l'éclat surnaturel de ses murs dorés se reflétant dans l'étang qui l'encercle comme pour en interdire l'accès. Au sommet de ses toits-pagodes aux courbes éternelles, un phénix d'or pur semble monter la garde.

- J'imagine que c'est directement relié au donjon du village de Mère, s'interroge Micham en admirant le plus célèbre monument de Kyoto.

- Tout est dans tout jusqu'aux confins du monde, lui répond Flora en haussant les épaules. Il existe des milliers de passages entre les Jalons.

Elle s'aperçoit de ma présence derrière elles, et ajoute précipitamment.

- Mais l'avion, c'était chouette aussi ! Hax en hôtesse de l'air, ça méritait bien onze heures quarante-trois minutes de vol.

Vous voulez dire que... Oh, je comprends. C'est mon rêve, c'est moi qui suis aux commandes et tout le monde a obtempéré. Si j'avais voulu venir avec le traineau du Père Noël, on aurait attelé Rudolph. Ou mis un nez rouge à Ikvar.

Nous sommes rejoints devant l'entrée par la fameuse Keiko, dont j'ai bien compris qu'elle était notre relai ici, notre correspondante comme ils disent. La jeune femme porte un kimono beaucoup plus chatoyant que nos combinaisons noires de ninja et un maquillage traditionnel très élaboré, qui rappelle celui des geishas que nous avons croisées en chemin, devant les maisons de thé de Gion et de Kamishichiken.

Tout ce petit monde se saute au cou, mais les effusions des retrouvailles sont tempérées par l'urgence du moment et l'atmosphère vaguement menaçante de ces lieux solitaires. Keiko prend spontanément la tête de notre petite troupe et s'engage sur les marches en bois.

L'entrée principale du temple s'ouvre sur une salle immense et vide. Elle est uniformément dorée, des murs aux plafonds, et les parquets laqués, lustrés comme un miroir d'eau, renvoient cette lumière jusqu'à la rendre aveuglante. Quelques sculptures de bois ambré se détachent sur les murs, des bouddhas au sourire figé qui semblent se demander ce que nous faisons là.

- Poils et crocs... murmure Ikvar en se tournant vers Hax.

- Mmh... Écailles ou carapace, je dirais.

- Pari tenu ! intervient à son tour Micham, avant de se lancer dans un imbroglio de propositions : Godzilla ! Heu... non, samouraïs ! Non... attendez... Kaidô, Crocodile, Lucci et Doflamingo !

Elle finit par conclure, à court d'hypothèses.

- Quelque chose de très japonais en tous cas.

Hax et Ikvar se sourient d'un air finaud ; cela fait bondir Micham qui les connait bien.

- Non, j'exclue tout raid de lycéennes en uniforme, les gars.

Je m'efforce de prendre aussi un air désapprobateur, même si je conçois qu'on puisse trouver sexy cette association de chaussettes hautes sur des jupes courtes.

Keiko nous guide à travers l'enfilade de salles vides dont les parois coulissent avec grâce, comme pour nous inciter à nous enfoncer plus profondément dans l'étrange bâtiment. La dernière salle est la plus grande, avec des plafonds si hauts qu'ils semblent fuir et des laques délicates sur ses murs dorées, représentant des paysages de nature, des arbres tourmentés, des couchers de soleil qui ressemblent à des boules de feu, et tout un bestiaire chimérique.

Les lieux sont nimbés d'une atmosphère de spiritualité qui appelle au recueillement.

Mais nous n'avons pas le loisir de nous laisser aller à cette paix de l'âme car une sorte de vapeur rosée un peu inquiétante s'échappe du sol tout autour de nous, emportant sur son passage des poussières scintillantes comme autant de feux follets.

Cinq silhouettes fantomatiques se dessinent à travers la brume rose.

Nous ne sommes pas seuls.

- Armes au poing, commande Flora d'un ton calme.

Hax et Ikvar se campent chacun à mon côté, tandis que Keiko et Micham se rapprochent dos à dos. Keiko a extrait de son chignon deux épingles à cheveux ouvragées tenues par une petite chainette, qui se transforment en un redoutable nunchaku dont elle éprouve la souplesse de quelques mouvements précis.

La brume rose commence à se dissiper et nous distinguons plus clairement à présent nos visiteurs : cinq jolis garçons, la vingtaine un peu mûre, habillés comme des ados stylés et outrageusement maquillés.

- J-pop, prévient notre guide d'un air bizarrement réjouie.

En 1600 ? Déjà ?

- Putain, Keiko tu fais chier... grogne Ikvar dès que s'élèvent les premiers accords de musique.

- Accrochez-vous, ça va secouer, avertit Flora en affirmant sa prise sur son épée.

Au moment où elle prononce ces mots, une mélopée guillerette se fait entendre et l'un des membres du groupe, repoussant une mèche vaporeuse, plaque un sourire étincelant sur son visage en plastique et annonce d'une voix enjouée.

- Arashi desu !

Il est plutôt kawai dans son genre et les premières notes assez entraînantes me pousseraient à me relâcher, mais Hax me prévient de ne pas m'y laisser prendre : la j-pop est une des menaces les plus redoutables de ce pays.

- J'espère qu'ils vont pas chanter en anglais, soupire Ikvar dans mon dos.

Un rythme sourd prend le relais de la mélodie et, dans l'étrange atmosphère qui nous entoure, on dirait autant les basses d'une soirée électro que des tambours guerriers.

Les cinq membres du groupe chorégraphient quelques pas dans un ensemble parfait, qu'ils terminent tout sourire en formant un cœur avec les mains. Tellement cute. Mais soudain, le leader pousse un cri suraigu, dont les échos glaçants se répercutent sur les plafonds de la grande salle.

Nous reculons tous d'un pas et je rentre instinctivement la tête dans les épaules.

- Ils vont attaquer, confirme Keiko sans se départir de sa douce sérénité et avec ce qui me semble être un peu de regret dans la voix.

Les cinq playboys se déforment alors sous nos yeux, leurs corps se distordent et se couvrent d'une carapace brunâtre, leurs bras et leurs jambes s'allongent de griffes et de serres, tandis que leurs sourires figés se transforment en gueules carnassières sous leurs regards révulsés. Les jolis garçons ont laissé la place à des créatures assez répugnantes, croisement d'alien et de mante religieuse, aux flancs cartilagineux protégé d'écailles et aux membres démesurément étirés. On reconnait juste les traits de leurs visages, bizarrement plaqués sur ces corps difformes.

Les monstres se précipitent, non pas directement sur nous mais contre les murs de la salle, grimpant le long des parois à pic en poussant des petits cris suraigus qui nous percent les tympans. J'ai l'impression qu'ils se démultiplient car ils sont bientôt dix, puis quinze puis vingt grouillant comme des cafards. Ils sont en train de nous encercler et leur sifflement énervé fait à nos oreilles une musique particulièrement stressante.

- Ils se reproduisent, constate Flora. Exterminez-en autant que vous le pouvez et visez les matrices en priorité !

- Je me demande si c'est biodégradable, s'interroge Ikvar sans quitter des yeux la ronde folle, et je ne sais pas comment ce genre d'idée lui vient en un pareil moment.

- Moins de quatre pattes poubelle verte, plus de six poubelle jaune, je réponds machinalement et, malgré la tension du moment, tout le monde rit.

En tous cas, je ne sais pas qui a gagné le pari car la chose qui glapit sous nos yeux ne me parait appartenir à aucune catégorie identifiable : une carapace c'est visible, des crocs c'est indéniable, et une silhouette toute droit sortie d'un Miyazaki sous acide. Je dirais qu'il y a ex-æquo.

La carrousel infernal s'accentue, ponctuée par des glapissements de coyotes et le bruit frénétique des griffes qui dérapent et se rattrapent contre la laque des cloisons.

Nous formons un cercle resserré, tous les six dos à dos, nos regards attentifs à suivre le moindre de leurs mouvements. L'une de ces bestioles s'enhardit, une autre teste notre défense, une troisième finit par se jeter sur notre petit groupe. Et c'est le signal de la curée.

Si j'ai jamais pensé que les rêves étaient plus  attrayants que la réalité, je le regrette à présent. Car rien ne m'a préparé au chaos que nous devons affronter.

Nos armes croisent des griffes frénétiques qui cherchent à déchirer, des mâchoires puissantes qui éprouvent notre résistance pour mieux nous arracher la tête. Je ne m'attendais pas à un tel déchainement de violence. Les entrainements du matin me paraissent dérisoire tandis que je lutte à présent pour ma survie, en me demandant comment quelques secondes à peine ont suffit à nous plonger dans une telle apocalypse.

Bien-sûr, je les sens autour de moi, Hax et Ikvar qui m'entourent avec autorité et interceptent régulièrement un coup qui m'était destiné. Mais c'est ma peau que je joue, et tout en tapant comme une sourde sur tout ce qui passe à ma portée, je commence à comprendre que ce sera un miracle si j'en réchappe.

Je pare d'un geste réflexe une griffe qui approche trop près de ma jugulaire et je fends à travers un corps bestial qui hurle à la mort. Mais je m'écroule à terre quand une autre de ces créatures maléfiques agrippe ma jambe à revers et me traine sur plusieurs mètres avant que Flora ne puisse l'arrêter.

Je me bats dans un état second. Ou plutôt je me débats. Épuisée par la vigilance que leurs attaques fulgurantes requiert a chaque instant : à droite ! à gauche ! en haut ! en bas ! Éreintée par les coups que mon bras assène sans répit, sans que leur nombre ne semble diminuer.

Ce cauchemar est trop réel pour ne pas être vrai. Je vais mourir dans mon sommeil.

Notre groupe soudé commence à se défaire. Les corps de ces cafards hurlants, que nous abattons sans relâche et qui se reproduisent aussi vite, s'empilent autour de nous et finissent pas nous séparer. Malgré leur promesse de veiller sur moi, Hax et Ikvar ont du mal à se maintenir à ma hauteur. Dans le feu de l'action, il arrive un moment où les assaillants nous éloignent et je me retrouve isolée contre une paroi, à bout de souffle. J'aperçois Ikvar à quelques mètres de là, qui ferraille désespérément pour me rejoindre, tandis qu'un peu plus loin Hax me jette des regards inquiets, aux prises avec cinq assaillants qui se ruent sur lui dans un élan coordonné.

Je sens bien que je les gêne, là, au plus fort du combat. Mes attaques moins précises, mon souffle court, ma difficulté à protéger mes arrières me mettent en danger et les oblige eux-même à prendre des risques pour me venir en aide.

J'ai toujours su prendre soin de moi dans la vraie vie et je ne vais pas me transformer en princesse éplorée sous le prétexte d'un mauvais rêve. Mon dos à tâtons rencontre l'aspérité d'une poignée dissimulée dans le riche décor de laque, et il ne me faut que quelques secondes pour évaluer la situation. En restant au cœur de la bataille, j'oblige mes coéquipiers à voler à ma rescousse. Si je parviens à m'extraire du chaos, ils pourront se recentrer sur le combat. Ce n'est pas très glorieux, j'en conviens, mais il faut que je sorte de l'équation.

Ma main saisi la poignée et une porte dérobée s'entrouvre dans mon dos dans un claquement sec. Advienne que pourra !

Je referme vivement le battant au nez d'une de ces choses hurlantes qui espérait me harponner. J'espère que mes coéquipiers ne vont pas prendre mon repli stratégique pour une désertion. Il faut que je reprenne mon souffle et mes esprits avant de replonger dans la mêlée, je suis certaine qu'ils comprendront.

J'examine un instant les lieux. Autant la salle que je viens de fuir était immense et fastueusement décorée, autant celle-ci est sombre et basse. On dirait un cachot, sous la forme d'un très long couloir. J'avance de quelques pas à tâtons, pour voir si je n'y trouverais pas une arme ou de quoi faire diversion, clignant des yeux pour m'accoutumer à l'obscurité. Mes pas produisent un grincement étrange qui imite à s'y méprendre le chant d'un oiseau. Chaque enjambée s'accompagne d'un nouveau pépiement qui résonne de manière inquiétante dans le silence de l'alcôve.

Je réalise soudain sur quoi je marche : uguisubari ! Un parquet rossignol ! Des planches rigoureusement ajustées dont les clous frottent contre des pinces, produisant ce gazouillis caractéristique qui assure que personne ne puisse se glisser là sans être détecté. J'admire l'ingéniosité du dispositif, tout en me demandant pourquoi il a a été placé là et qui il peut bien alerter.

Bonne question.

La réponse ne se fait pas attendre. Deux yeux rouges s'animent au loin, dans le fond de la cellule, et me fixent avec une attention inquiétante tandis qu'une feulement sourd se fait entendre. J'essaye de distinguer à travers la pénombre à quelle espèce appartiennent le corps lourd et massif qui se déploie à l'infini sans me quitter du regard, et le grondement irrité qui l'accompagne.

Bon sang, la bête doit faire deux fois ma taille en hauteur et trois ou quatre fois en largeur. Ses yeux sont rouges incandescents et ses écailles semblent...

Jaunes ?

Pikachu ! Je viens de réveiller Pikachu. Et il n'est pas content.

Je commence à soupçonner que nous ne sommes peut-être pas plongés dans mon rêve, mais dans celui de notre honorable correspondante. Et je ne peux m'empêcher de reprendre à mon compte le juron d'Ikvar, tout à l'heure : « Putain, tu fais chier Keiko ! »

Mais il n'est pas temps de réfléchir à cette hypothèse car le gentil Pikachu commence à s'avancer dans ma direction en grognant, et ses yeux hagards, ses crocs luisants de bave, les bras griffus qu'il agite de façon menaçante, ne cachent rien de ses intentions. Je recule de quelques pas avant de me retrouver à nouveau dos à la cloison. Je pensais qu'il se dandinerait maladroitement, comme un dinosaure sur deux pattes, mais il est plus véloce que dans les animés et il se met soudain à galoper, parcourant en un éclair la distance qui nous sépare, avant de bondir sur moi dans un miaulement rageur.

J'ai alors un réflexe de survie : je me jette au sol à ses pieds, roulant boulant entre ses pattes et le culbutant comme une énorme quille dans un bowling psychédélique. Strike ! L'animal fantastique ne peut freiner son élan et traverse la paroi derrière moi, atterrissant dans la grande salle en emportant avec lui tout un pan du mur précieusement décoré. Je ne peux m'empêcher de grimacer devant l'atteinte à l'intégrité artistique du célèbre monument, mais bon, on est en 1600 : ils ont le temps de réparer.

L'irruption du Pikachu sème la panique dans la bataille et permet aux nôtres de se regrouper. La bestiole ne fait pas de détail et, manifestement, les cafards hurleurs la mettent en rage au poing qu'elle s'attaque à eux en priorité, les dézinguant un à un de ses griffes puissantes. Nous l'assistons de notre mieux en achevant les survivants ou en dégageant ceux qui tentent de la prendre à revers ou de se jeter sur son dos. A nous sept, nous faisons place nette en un temps record, parvenant enfin à réexpédier ces créatures dans l'enfer dont elles n'auraient jamais du sortir. Une dernière estocade vengeresse a raison de leur chef tandis que le Pikachu lui arrache la tête d'un coup de patte avant de la mâchouiller posément, faisant craquer os, tendons et un reste de mèche peroxydée sous ses crocs sanguinolents.

Le monstre jaune se retourne alors vers nous, avec un sifflement menaçant.

- Ne bougez pas, commande Keiko d'une voix haletante.

La bête semble hésiter un court instant. Nos silhouettes immobiles ne représentent pas une menace et elle semble avoir perçu instinctivement que nous l'avions épaulée pendant l'assaut. A moins qu'elle n'ait tout simplement plus faim.

Le Pikachu se redresse alors de toute sa hauteur, silhouette majestueuse qui emplit la salle de sa présence dorée, et lance un hurlement vengeur qui semble se répercuter à travers le palais vide. Puis il s'ébroue tranquillement et quitte les lieux en défonçant un des murs extérieurs du bâtiment dans lequel il laisse un impact où on discerne bien sa forme massive et la double flèche de ses longues oreilles.

Nous regardons la créature s'éloigner à pas pesants, plonger dans le lac en silence, puis disparaitre dans la nuit.

A ce moment seulement, nous reprenons notre souffle. Je vois Flora qui nous recompte du regard et s'assure que nous sommes entiers, tandis qu'Ikvar interpelle Keiko sur un ton à la fois rieur, énervé, soulagé et admiratif.

- Tu parles d'un rêve à la con !


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