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Chapitre 5 : Une nouvelle vie et une nouvelle plaie

Je n'ai même pas le temps de prendre place à table avec eux que mon père me lance :

- Qu'est-ce que c'est que cette tenue ?

- On a fait du shopping hier avec Cirice, j'explique, et on a acheté la même tenue.

- J'entends bien, affirme mon père. Mais qu'est-ce que tu pensais en la portant au lycée ? Qu'on allait te laisser faire sans rien dire ?

- Désolée, papa, je réplique, n'ayant pas la force de m'engager dans un argumentaire avec mon père.

- Bien. Maintenant, nous avons quelque chose d'autre à t'annoncer, déclare mon père.

- Quelque chose d'une plus grande ampleur, explique  ma mère.

À ces mots, mon père tique légèrement, chose que je ne comprends pas vraiment. Ma mère semble l'avoir remarqué car elle n'attend pas plus longtemps et déclare :

- Nous allons avoir un bébé.

La surprise me tombe dessus. Un bébé ? J'allais être grande sœur ? Puis, je réfléchis. Je fronce les sourcils, complètement perdue.

- Mais... maman, tu as le ventre plat...

- J'ai été aussi surprise que toi, me répond-elle, et ton père aussi. Tu es encore jeune, tu ne connais peut-être pas ce genre de cas : on appelle cela un déni de grossesse. C'est-à-dire que le corps fonctionne comme si je n'étais pas enceinte, en extérieur du moins. Et souvent, on l'apprend relativement tard.

Ses derniers mots prononcés, je commence à avoir peur.

- Et... où tu en es ?

- Les médecins disent que j'accoucherai dans quelques jours.

J'ouvre la bouche, choquée. Je regarde tour à tour mon père, puis ma mère.

- C'est aussi pour ça que nous aimerions que tu te tiennes à carreaux pendant cette période, commente mon père.

Je décide de l'ignorer et demande :

- C'est une fille ou un garçon ?

- Nous verrons le jour de sa naissance. Pour le moment, je dois être hospitalisée. 

- Alors c'est pour ça que vous n'étiez pas au travail ? Vous contiez me l'annoncer quand ?

Ma mère me prend le haut de la main et la serre.

- Nous voulions le faire ce soir.

- Et depuis quand vous le savez ?

Je pose beaucoup de questions mais je n'arrive pas à faire autrement. Cette annonce me secoue vraiment. Puis je me souviens :

- Le soir du restaurant... c'est pour ça que vous étiez aussi heureux.

- On ne peut rien te cacher, me dit ma mère, un grand sourire aux lèvres.

Je reste assise là, en tenue de soirée, à digérer l'information. Un bébé. J'allais avoir un frère ou une sœur. Mais en étais-je seulement heureuse ? Que ressentais-je vraiment par rapport à ça ? J'étais totalement perdue. Mais devant le bonheur apparent de ma mère, je déclare :

- Je serai une bonne grande sœur.

*

Je plie correctement la robe et la range soigneusement dans mon placard. Je pose sur le tissu rouge les collants et les créoles. J'enfile un haut blanc quelconque et mon pantalon de pyjama et vais me coucher sur mon lit. Je repense à cette histoire de bébé et je meurs d'envie de l'annoncer à Cirice. J'imagine mentalement une famille dont une mère annonce sa grossesse, le ventre légèrement gonflé, et où l'attente dépasserait les six mois. Nous, nous sommes différents. Dans une semaine seulement, les pleurs empliront déjà la maison. Je rêve de ce bébé et je me rends compte que j'ai hâte qu'il arrive. Mais, déjà, je dois absolument le faire savoir à Cirice. Je me fais violence pour retenir mes jambes qui veulent m'emmener devant chez elle. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée aujourd'hui. Quand je me rends compte de l'attitude que j'ai, l'émotion explose au creux de mon ventre. Je pense que je peux vraiment le dire, maintenant : j'ai une amie. 

C'est toute excitée que je me pointe chez elle le lendemain. Je sonne, dans une tenue convenable cette fois. Aucun bruit ne se fait entendre, seul le silence règne. Au bout d'un moment, mon amie sort, son père juste derrière, dans l'embrasure de la porte. Je fais un grand sourire.

- Salut Cirice, bonjour monsieur, je lance à l'intention des deux.

Personne ne me répond. Cirice prononce un faible "au revoir" et c'est là que j'ai remarqué que quelque chose clochait. J'ai attendu que l'on soit au bout de la rue pour lui parler.

- Cirice, tu vas bien ?

Elle ne répond pas, ne me regarde même pas. Elle se contente d'avancer en direction du lycée, comme un robot. Je décide de ne pas abandonner aussi vite.

- Tu t'es fait plus disputée que prévu ? Si c'est le cas, je suis vraiment désolée. Je ferai attention à ce que je ferai dorénavant. Je te le promets.

Elle ne dit toujours rien, ce qui m'agace un peu. Arrivées devant la grille du lycée, elle s'arrête et se tourne vers moi, me regardant à peine.

- Tu peux me laisser seule aujourd'hui ? 

Sa voix est étrange. Mais, en y prêtant bien attention, je peux sentir de la douleur dans ses paroles. Seulement, le choc de sa phrase est violent. Je balbutie quelques mots maladroits, qu'elle prend certainement ça comme mon accord, puisqu'elle rentre sans moi. À la perspective de devoir affronter seule une journée de cours, mon cœur s'emballe à cause de la peur. Toute ma vie, je n'ai été réduite qu'à ça, être seule, en permanence. Aujourd'hui, alors que Cirice me laisse tomber, j'ai l'impression de revenir dans un passé lointain, dans une autre vie. C'est noyée dans la masse de plusieurs étudiants que je rentre dans le lycée.

En classe, je cherche une place vide des yeux, mais il n'y en a pas, excepté à côté de Cirice. En m'avançant vers elle, je prie pour qu'elle ne me fasse pas une scène. Heureusement pour moi, elle a l'air de comprendre qu'elle n'a pas le choix. Je prends place contre le mur, sors mon cahier de géographie et essaye au mieux de me concentrer sur les départements français.

Pendant toute l'heure, je n'ai fait qu'observer Cirice, le plus discrètement que je le pouvais. Il me semble que plusieurs fois, elle l'a remarquée, mais n'a jamais rien souligné. Trois quart d'heure après que le cours ait commencé, elle fait tomber son stylo à sa gauche. Elle se penche pour le ramasser,  et je constate avec horreur un bleu énorme sur son épaule. Il est rouge et jaune, et le tissu de son haut cache le reste de la marque. Le crayon en main, elle grimace de douleur. Elle voit que je le scrute, comprend ce que j'ai vu, et me lance un regard noir. Je prend une profonde inspiration, me replonge le plus possible dans le cours, sans jamais oublier l'image de sa peau meurtrie.

Quand la journée se termine, j'ai récité plusieurs fois ce que je compte dire à Cirice. Bien évidemment, elle s'en va sans moi. Je la suis discrètement et, quand on se trouve assez éloignées du lycée, des élèves et de la foule, je lui prends les deux poignets et l'oblige à se tenir face à moi. Un court instant, je pense au fait que ce n'est pas la première fois que l'on se comporte comme ça, toutes les deux. Je ne réfléchis pas plus et me lance :

- Cirice, tu dois absolument me dire ce qu'il s'est passé.

Elle tourne la tête de façon à me faire comprendre qu'elle ne me dira rien. Sauf que je ne compte pas abandonner.

- Je comprends que tu veuilles garder ça pour toi. Peut-être que tu en as honte, mais tu sais que tu ne dois pas ? Tu n'as rien à te reprocher. Contrairement à ton père...

Mes paroles la font réagir. Elle parle vite et avec colère.

- Tu penses savoir mais tu ne sais rien, Haatlae ! Mais si tu veux tant comprendre, alors je vais te le dire : oui, mon père m'a battue. Et à cause de toi. Tu m'as embarquée là-dedans, toi seule. Et pourtant, tu n'as pas payé comme moi j'ai payé. Alors ne fais pas semblant d'être triste pour moi.

J'avale difficilement ma salive. Je commence à sentir la mauvaise tournure dont prennent les choses.

- Je ne fais pas semblant d'être triste pour toi, je le suis. Mais tu es injuste, Cirice : oui, j'ai fait une erreur, et je ne suis pas tout à fait innocente. Mais c'est toi qui as voulu acheter les robes, encore plus les porter au lycée. Ce serait plutôt à moi de me plaindre que tu m'aies embarquée là-dedans, ce que je ne vais pas faire puisque ce n'est pas ce que je pense.

Elle ouvre la bouche, prête à répliquer, mais je ne la laisse pas faire, augmentant le ton pour qu'elle se taise.

- Mais tu dois comprendre que ce qu'il t'a fait, c'est grave. Très grave. Tu devrais en parler à quelqu'un.

- Arrête d'essayer de me conseiller alors que tu ne sais rien.

Elle essaye vivement de se dégager et je lâche prise.

- Je ne veux plus que tu m'approches, compris ? me balance-t-elle, et ses mots sont aussi tranchants que des lames. Tu ne m'apportes que des malheurs depuis que je te connais.

Elle commence à s'éloigner. Je sers les poings, et hurle le plus fort possible :

- Je me fiche que tu t'en ailles ! Je vais être sœur, je n'ai pas besoin de toi !

Je reste sur place, essoufflée. Cirice, elle, s'est arrêtée. Elle reste immobile puis tourne légèrement la tête vers moi :

- Tu vas être sœur ? 

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