The Dark, SYML.

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Quelques minutes passèrent dans un silence crépitant, puis la jeune femme enfouit sa figure entre ses mains.

— Oh bon sang. Et moi qui continuais à lui parler comme si de rien était , comme si tout allait bien, alors que lui... alors que lui avait subi une telle chose. Oh bon sang...

— Tu ne pouvais pas le savoir. Tu n'as pas à t'en vouloir.

— J-je sais, mais une femme ! une femme lui a fait ça ! Je me sens tellement honteuse qu'une personne avec si peu de considération pour le respect et l'intégrité de l'autre, qu'une personne comme ça soit une femme, comme j'en suis une, moi aussi.

— Les hommes n'ont pas le monopole des actes inhumains, n'est-ce pas ?

La femme retira ses mains de devant son visage et le tourna vers son frère, sur la face duquel dansait un triste semblant de sourire. Sa sœur esquissa une ébauche à son tour, ses yeux scrutant ceux troublés de l'homme.

— On dirait bien, oui. Mais, je me demande, comment cela arrive un viol dans ce sens ? Est-ce que la victime...

— La victime, dans ce cas... dans ce cas peut être forcée de pénétrer ou elle-même pénétrée.

Le jeune adulte serra ses lèvres avec force, les rendant d'un blanc nacré, un blanc effarant. Il ferma ses yeux, de nouveau, mais des images lui revinrent en tête, fugaces et violentes.

— Les deux sortes peuvent arriver, par n'importe qui.

— C'est affreux.

— Je le sais.

— T'a-t-il beaucoup parlé ?

— Il m'a parlé, voilà tout.

— Sais-tu s'il a porté plainte ?

— Il ne l'a pas fait.

— Pourquoi ? C'est un crime, et la violeuse devrait payer...

— Tu penses sincèrement qu'il peut obtenir justice ? Comment crois-tu que peuvent réagir les types de la police ?

La jeune femme inspira avec un soubresaut, les mains enserrant ses genoux. Elle baissa légèrement la tête, comme si elle lui était devenue trop lourde, les mèches de ses cheveux se répandant sur ses joues humides.

— Ils ne l'écouteraient pas.

— Ou ne le prendraient pas au sérieux.

— Peut-être y a-t-il des policiers qui seraient là pour l'aider ?

— Comment savoir lesquels sont-ils ? On ne peut pas toujours laisser notre vie entre les mains du hasard.

— Connaît-il du moins son agresseuse ?

— Malheureusement, oui.

— Vraiment ? C'est une femme de son entourage qui lui a fait ça ?

— Une amie proche, je crois.

— Comment des amis peuvent se comporter ainsi ? Ça me paraît si... si improbable. Je pourrais faire confiance aveuglement aux miens alors que... que de pareilles choses peuvent arriver.

Son frère acquiesça, maussade. La réunion grimpait en lui, il était au bord du cataclysme. Sa tête était envahie d'images et de sons, de peur et de colère, ainsi que de honte et de dégoût de son propre corps.

— Je devrais peut-être aller le voir et prendre de ses nouvelles ? Je devrais lui dire que je suis là et que je ne le laisserai pas tomber. Tu penses que c'est la chose à faire ?

Sa sœur s'était déjà remise debout et avait quelques pas en avant, prise de confusion. Elle ne savait ce qu'il valait mieux pour son voisin, entre aller auprès de lui ou le laisser respirer.

— Non, attends... attends...

La jeune femme tourna sa tête vers l'homme, qui avait une main crispée sur son pull bleu marine.

— Attends, ce n'est pas... ce n'est pas lui qui a été violé... C-c'est moi...