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CHAPITRE 8 : Les pétales de roses

Le rose ou la rose ? La couleur ou la fleur ? Deux choses trop distinctes, mais en même temps si liées. Le rose charme, philtre d'amour, il ne semble pas se préoccuper de ses victimes. Mais que dire de la rose, si ce n'est qu'elle s'inspire de la couleur dont elle porte le nom, sans porter pour autant nécessairement la teinte ? La rose, cette fleur du Dom Juan, aux pétales de velours et aux épines venimeuses, est la fleur des jardins enchantée, qu'elle soit vêtue de rouge, de jaune, de blanc, comme de rose. Son parfum, serait-il plus dangereux que la flèche d'Eros ? Le rose de la rose, depuis ce matin où elle a éclos, enchante les yeux. Sous les rayons du soleil, la rose apparaît si innocente... Mais que dit-on déjà ? Ah, oui, méfions-nous des apparences... L'amour et la haine pourraient bien n'être séparés que d'une tige... 

L'annonce du lapin jeta un lourd silence dans la pièce. Manon devint soudainement blême et bredouillante, contant des choses sans sens. La jeune loir sembla se réveiller d'un bond, comme si un mauvais rêve l'avait tirée brusquement de son sommeil.

Quant à moi, je ne faisais rien d'autre qu'attendre que le messager nous donnât plus d'informations. Son regard gris imperturbable avait pris une teinte d'eau trouble. Je le sentais contrarié sans savoir le pourquoi du comment. De la poche de sa livrée de moins en moins soignée, glissait sa montre à gousset, son couvercle ouvert, comme un jouet inanimé. Je ne percevais plus aucun bruit en provenance du mécanisme. L'oreille blanche de mon lapin-humain tressautait au rythme que l'aurait fait le tic-tac absent. Arthur ne disait rien et ne bougeait pas d'un poil. Il se contentait tout simplement de me fixer avec son drôle d'air sur le visage. Depuis que je l'avais rencontré, il ne m'avait jamais autant inquiété. Non, pire, je ressentais de la peur. Pas de l'inquiétude. De la peur, qui me prenait par le ventre, pour finalement se loger au fond de ma gorge. D'un moment à l'autre, un flot de questions allait déborder de mes lèvres pour briser ce silence uniquement peuplé des murmures de la Chapelière, et soulager la panique sur le point de m'emporter.

Mais alors que je m'apprêtais à parler, Manon, qui s'était comme affaissée sous le poids des chuchotements, se releva, droite. Elle s'approcha doucement d'Arthur, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un souffle d'air entre eux. Plus grande que lui d'environ cinq centimètres, ses pupilles de chat durent se baisser pour croiser celles du lapin.

Elle n'est pas prête pour ça. La reine, le château. C'est de la folie, dit la jeune femme d'une voix éraillée presqu'inaudible.


L'ombre d'un sourire vola sur les lèvres du messager, sans aller jusqu'à dévoiler ses dents. Emmuré dans son silence, il ne fit rien que regarder Manon. Leurs yeux paraissaient parler pour eux, mais peu importe à quel point je m'y efforçais, je ne pouvais comprendre leur conversation muette.

Au bout d'un certain temps, Arthur prit la parole, d'un ton calme, mais dans lequel, à mon grand étonnement, semblait percé une pointe de mélancolie.

Tu sais très bien que nous n'avons pas le choix, Manon. Tu connais bien plus que moi le caractère de la reine. Tu connais son pouvoir sur nous. Nous n'avons pas le choix, répéta-t-il, comme s'il cherchait lui aussi à s'en convaincre. Elle a appris son arrivée. Elle veut la voir. L'histoire s'écrit et si rien n'est impossible, tu sais comme moi, que pour autant, tout ne nous est pas possible non plus.


Elle ne dit rien. Elle semblait terrorisée à l'idée de se rendre au palais de la Reine de Coeur. Arthur lui pressa le bras pour lui exprimer sa compassion. Il lui murmura :

Je sais que tu ne veux pas t'y rendre. Mais l'eau a coulé sous les ponts. Ils ont d'autres préoccupations que les fous... Est-ce que tu peux t'occuper de la robe de Lys s'il te plaît ? Il n'y a que tes créations qui puissent révéler la vraie nature des cœurs...


La jeune chapelière fit volte-face pour me détailler sous toutes les coutures, le visage illuminé. Puis brusquement, elle me tira par le bras, me ramenant brusquement contre elle. Elle prit mon poignet, m'obligeant à faire une pirouette improvisée.

Quelques instants plus tard, j'étais emportée sans ménagement dans une pièce adjacente trop sombre pour que je puisse y distinguer quoi que ce soit. Je me sentais brinquebalée de partout, ma peau se couvrant et se découvrant de tissus à une vitesse folle. Je finis par me laisser aller aux mains de Manon, comme bercée par son agitation.

La jeune chapelière me poussa hors de la pièce. Ma rétine attaquée par la lumière lancinante du lustre, je crus ne voir d'abord qu'un éclair face au miroir qu'on avait placé devant moi. Puis, peu à peu, une silhouette se dessina sur la surface de verre. Fine. Blanche. Des reflets bleus. Le haut échancré découvrait ma gorge pâle sans aller néanmoins à trop dévoiler ma poitrine. De larges manches évasées flottaient sur mes épaules, voile presque translucide qui m'était à peine sensible. Un corset, ni trop serré, ni trop lâche, permettait de souligner légèrement le trait de ma taille. Le bas de la robe s'arrêtait au haut de mes chevilles, légèrement relevé par un jupon permettant de révéler de discrètes dentelles. On m'avait chaussé d'escarpins noirs classiques, avec lesquels je n'aurais vraisemblablement pas de problème pour me déplacer. Mes courts cheveux blonds avaient été plaqués contre mon crâne, sauf une mèche, que la chapelière s'était apparemment amusée à rouler pour la coller contre ma joue. Cette silhouette, c'était moi, sans l'être réellement.

Je m'approchais doucement du miroir. Mes doigts chauds entrèrent en contact avec la surface froide, que j'aurais sentie presque glacée. Ce moi dans le reflet, je le regardais fixement. J'aurais aimé y lire quelque chose dans ses yeux. Peut-être même n'importe quelle émotion. Mais il n'y avait rien d'autre que le vide dans mes iris bleus. Un vide immense. Il m'appelait. J'étais aspirée. Le monde autour semblait s'effacer. Le monde n'était rien d'autre que ce vide, dans le regard d'une image qui était presque moi mais pas tout à fait.

Quelque chose n'allait pas. J'avais mal à la poitrine. Mais il n'y avait rien, plus de battement. Le vide pouvait-il faire mal ? L'air ne passait plus entre mes lèvres. Je les voyais bleuir dans la glace. Pourtant j'y conservais un air calme, inatteignable. Je ne pouvais penser que c'était là mon reflet.

Tout se brouillait. Le pays imaginaire s'éloignait. Je me voyais dans le trou noir du lapin. Noir comme dans un puits. Trois rires m'empêchaient l'apaisement du silence, comme son angoisse.

Lointaine, une voix murmurait mon nom. Les vents le laissaient se glisser dans mon oreille. Quelque chose de tiède, de doux m'atteint. Une peau contre la mienne. "Je ne suis pas seule", me répétais-je inlassablement.

Les rires avaient disparu. Il n'y avait plus de trou noir. Je respirais. Dans le miroir, des émotions se dessinaient sur mon visage, et je pouvais croire que c'était bien moi. Je tournai la tête. Accrochées à mon épaule, les pupilles de chat de Manon dévoilaient par éclat mon propre regard. Son murmure continuait de se répercuter dans mes oreilles. Dans tout mon corps. Le vide ne se faisait plus sentir. Je n'étais pas seule. Je m'appelais bel et bien encore Lys.

Manon me demanda si la robe me plaisait. Je suis obligée de me confronter à nouveau au verre. Je hoche la tête. Je n'avais pas les mots pour dire quoi que ce soit qui se rapproche de la réalité. J'étais moi sans être moi. Dans cette robe, je semblais faire partie de ce monde ; être à ma place, moi, solitaire depuis toujours. Je hoche la tête, encore. Tout était magique.

Après que Manon et Lumna se soient toutes deux apprêtées, on me poussa dans une calèche dont pas une seule des roues en bois n'étaient de la même taille. Celle-ci tirée par des sortes d'éléphants roses miniatures au front tatoué d'un cœur rouge, avait inscrit sur sa carrosserie une phrase, à la singularité qui ne m'étonnait plus : faire tomber des têtes pour laisser battre les cœurs. Les lettres dorées sur le bois rouge scintillaient tant qu'on aurait pu croire qu'elles se moquaient de mon effroi. Assez peu rassurée, je me ratatine assez rapidement sur la banquette au velours rouge abîmée par ses nombreux passagers. J'essaie de ne pas penser au miroir. Ni à la Reine de Coeur ou à la jouxte entre le lapin et la chapelière. Je ne veux pas me faire happer par le vide, alors je m'accroche à de petits détails : le bracelet en argent de la chapelière et les rubans à carreaux ornant les cheveux de Lumna. Je me changeais les idées en dévisageant d'ailleurs cette dernière dont les paupières lourdes de sommeil ne cessaient de papillonner. J'avais envie de rire, mais aucun son ne sortait. Et peut-être aucun, sûrement, ne devait-il sortir à ce moment-là.

Par la fenêtre de la calèche, bercée par son roulis irrégulier, dû probablement à la structure de l'engin comme à la qualité de la route, un paysage étranger et familier défilait devant mes yeux. Des arbres jusqu'aux clairières, les couleurs arc-en-ciel voulaient me brûler la rétine. Il n'en fallait pas plus pour me séduire. Dans cette aventure, j'avais choisi depuis bien trop longtemps de jouer avec le feu. Cela n'était une décision ni raisonnable, ni rationnelle. Mais elle m'appartenait. Le danger me séduisait. Dans mon esprit, il ne faisait qu'un avec la liberté. Trop longtemps on m'avait enfermé, et je m'étais moi-même emprisonnée. Je ne voulais plus. Quitte à me faire arracher le cœur. La main posée à plat sur le vide de ma poitrine, je me dédiais plus sérieusement à l'étude du panorama. Certaines fleurs semblaient sur le point d'éclore, là où des feuilles pouvaient tout aussi bien joncher le sol. Des animaux et des humains mettaient mains et pattes à la tâche, travaillant en symbiose dans les potagers qui bordaient la route. Dans ceux-ci, on voyait des légumes et des fruits similaires aux nôtres, comme des citrouilles, des framboises, mais aussi des espèces et des genres indescriptibles, comme une sorte de banane bleue sortant de terre. Sur le visage de ces travailleurs, au pays de la folie, rayonnait une paix intérieure comme on en trouvait rarement dans notre monde. Pour eux, leurs âmes, leurs vies étaient en ordre. Ils ne ressentaient aucune peur, ni angoisse, contrairement à moi.

Peu à peu, on s'éloigna des potagers et des vergers, et des rosiers se mirent à remplacer les arbres et les arbustes le long du chemin. Je me contorsionnai pour apercevoir le château et ses hautes tours en briques rouges enserrées par de vivaces plants de lierre. La vie et les couleurs caractéristiques du Pays des Merveilles semblaient disparaître pour laisser place à un rouge et un blanc omniprésent dans le paysage. En passant devant ces roses rouges, j'avais l'impression de voir perler du sang, autant des pétales que des piquants. La terre, auparavant recouverte d'herbe folle, avait pris cette même teinte incarnate. On aurait cru que le sable était imprégné de sang.

Après des minutes qui me parurent durer une éternité, on passa un portail blanc gigantesque. Du haut de ses gonds, deux visages nous regardaient de haut. Cela aurait pu être des visages d'ange. Mais le vide de leurs yeux les rendait aussi terrifiants que des gargouilles. Mes doigts, tendus par l'angoisse, lâchaient des étincelles bleues. Ma magie ne m'avait pas oublié, semblait-il. Pourtant, son effusion n'avait pas la consistance qu'elle possédait dans mon souvenir. Les éclairs bouillonnaient sans moi. Comme si je n'étais qu'un réceptacle sans rien à l'intérieur.

Pour ne plus y penser, je jetai un regard dehors à nouveau. Je crus y voir une rose se noircir. Mais on était déjà devant les marches du palais avant que je ne puisse réaliser quoi que ce soit. Un cocher royal au ventre rondouillard s'empressa de venir nous aider à descendre de la calèche.

A quelques mètres de moi, se tenaient des soldats vêtus de cartes de cœur occupés à peinturlurer des roses en rouge. A leurs côtés, une jeune femme aux cheveux auburn les observait, l'air sévère. Ai-je besoin de préciser qu'elle portait sur le haut de sa tête une couronne ?

La Reine de Coeur prenait bien garde à ses roses... 

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