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CHAPITRE 7 : Les soeurs du puits de mélasse

Le prune égaie le noir, habille les plumes aux reflets ensoleillés du corbeau sur-le-qui-vive. Le prune fait se perdre de nombreux esprits dans son verger enchanté, ensorcelés par l'odeur doucereuse du suc de son fruit. Il invente à l'infini odeurs, textures, émotions, faits, rêves. Il crée des illusions, des mensonges, tisse une toile d'araignée dans laquelle il veut attirer les insectes, mais peut-être même plus que cela. Son parfum imperceptible se joue alors de nos sens ; son sucré envoûtant est omniprésent, il est notre oxygène empoisonné. Sur les écailles d'un serpent ressort le prune, reflet du venin perlant à la dent de l'animal, prêt à mordre à tout moment. Le prune apparaît quand le noir est encore trop timide pour se montrer tout à fait.

Face à ma perplexité, Manon débuta son récit :

- A son aurore, le monde, conscient de ses faiblesses choisit de cacher ses failles ; ce qu'il pensait être un de ses plus sombres secrets. Au fin fond de ses contrées, demeurait un sol lugubre : sur cette terre infertile craquelée par la sécheresse rampent d'étranges racines noires. Ce serait là-bas que ce secret serait renfermé. On raconte qu'il y a un bois hanté de visages effacés, de fantômes du passé, d'animaux assoiffés de sang. On l'appelle la Forêt des Murmures. Là-bas, des nuages de fumée violacée se glissent entre les arbres ; des exhalaisons de guimauve cramées envahissent les poumons. Mais le plus dangereux est loin de tout ce que je te décris. Les tentacules de la folie sombre, ce fléau envoûte tout être s'approchant un peu trop de la frontière, permettant d'étendre encore son territoire de quelques centimètres. En être touché, c'est devenir vide, donc autant dire, ne plus être du tout. Les derniers fidèles de Phesmus continuent de jouer avec des vies comme avec des dés. Seulement, depuis un certain temps maintenant, ils se sont lancés à la recherche de nouveaux associés, ou plutôt devrais-je dire, de nouvelles poupées à manipuler. Parmi eux, des rejetés de ce monde, isolés, nourris d'une haine farouche, à la rancune engraissée ; ils ne respirent plus que pour une chose : la vengeance. Les plus dangereuses ? On les appelle les sœurs du puits de mélasse.

Nées du premier clair de lune qui s'est levé sur le monde, ces trois soeurs ont coulé du ciel noir comme des gouttes de peinture d'une toile. Unies par un lien incompréhensible et nous semblant incassable, elles se trouvent être aussi différentes que similaires.

La benjamine, Ombrage, paraît n'avoir pas plus de dix ans, malgré ses siècles de vie. Dotée d'un visage rond enfantin, son air inoffensif est renforcé par ses jupons de crinoline, de taffetas noirs et de dentelles, sans oublier sa poupée de porcelaine toujours coincée entre ses bras. Elle est probablement la plus confuse des trois, à cause de son don divinatoire. La fillette ne parvient jamais à savoir véritablement si elle rêve ou non. Ses songes sont, en réalité, de possibles visions du futur, toujours mouvantes, qu'elle partage avec ses sœurs de sa petite voix aiguë hystérique. On raconte que ses yeux sont translucides comme des cristaux de verre et sont toujours plongés dans le vide. Derrière le long rideau de ses cheveux de jais qui tombe à ses pieds, son corps frêle apparaît fantomatique. La pâleur cadavérique de son teint, dû au puits restreignant le passage des rayons solaire, est dérangé par les constellations de tâches de rousseurs envahissant son visage et parsemant ses épaules. C'est le dernier grain apparent de folie joyeuse chez cet enfant à l'expression permanente d'un étonnement terrifiant.

La cadette, Ténèbre, possède le physique épanoui d'une jeune femme de vingt ans. Ses pommettes levées dans de rares sourires dévoilent des dents d'une blancheur éblouissante. Rien qu'un sourire suffirait pour tromper les plus naïfs, piégés, imaginant une quelconque sincérité restant dans l'âme de ces créatures. Des mèches brunes courtes encadrent sauvagement ses oreilles et son front. Son menton droit et fier rappelle une ancienne voix d'autorité, une attitude terre à terre, réaliste. Peut-être une marque de son pouvoir ? La jeune femme est omnisciente. Le présent du Pays des Merveilles n'a aucun secret pour elle ; mais sa mémoire ne peut recueillir que des fragments sur le long terme. On la dit la plus dangereuse des trois par son caractère bornée, surtout par son aura, qui d'après certaines personnes est pareille à l'éclat de celle d'Izotz à sa mort. On ne peut qu'en supposer la noirceur...

L'aînée, Noirceur, vit dans un corps à la vieillesse éternelle, d'au moins 80 ans. Dans les légendes, on la nomme la mémoire du Pays des Merveilles, elle se souvient de tous les évènements qui se sont produits dans ce monde.

Ensemble, elles forment une même entité de ténèbres propageant la folie sombre parmi les êtres, sautant sur toutes les occasions permettant de tromper les émotions... Dans chaque coeur désillusionné, elle souffle un mot, une émotion.

La vengeance.

Rejetées dans ce puits de mélasse au fin fond de la Forêt Maudite, depuis mille ans, les sorcières aux cœurs endeuillés s'étaient abandonnées à cette colère sourde dévorante, les faisant pourrir jusqu'à la moelle. Elles, femmes autrefois éplorées, avaient bâti à mains nues une forteresse de pierre, le puits. Elles avaient enfermé les bribes de l'esprit du mal même, pour l'inhaler, et être happées dans ce tourbillon attrayant du pouvoir, de la toute-puissance. Mettre tous ceux qui les avaient rabaissés plus bas que terre, les asservir, leur servir sur un plateau d'argent une haine pure controversée.

Leur but ? Imposer une souffrance sans équivoque dans le Pays des Merveilles, une désunion, une méfiance ultime envers l'autre. Faire pleurer des larmes de sang et s'écrouler les souvenirs des temps joyeux, pour qu'il ne reste plus que guerres et démences. Que jamais ne revienne l'ère tranquille, apaisée, où un équilibre sans failles régnait...

Au même moment, dans le puits de mélasse...

- Mes sœurs, mes sœurs, pinaillait une voix de petite fille dans un bruissement de tissus, c'est bon, cela est arrivé !

Ces mots prononcés provoquèrent instantanément un grand fracas dans la petite pièce sombre. Une des trois femmes présentes, se leva de tout son corps longiligne dans une ondulation silencieuse, imposant immédiatement un calme froid à ses compagnes. Ténèbres, de sa grâce terrifiante, se tenait là, observant à tour de rôle ses paires, les sourcils froncés qui n'annonçaient rien de bon quant à son humeur. Elle demanda platement sans qu'aucune émotion ne vienne bousculer son ton, les yeux dans le vide :

- Je l'ai vue aussi... Alice a retrouvé le chemin de sa maison n'est-ce pas ? Bien... Très bien. Tout va être bien plus intéressant pour nous ici. Il faut que nous évincions Alice et tout ce pays. La blondinette dans nos rangs signifiera la fin de tout pour eux, et un nouveau commencement pour nous...

La plus jeune, Ombrage, attendit patiemment d'être certaine que son aînée ait terminé de penser tout haut, pour déclarer, extatique et malicieuse :

- Ce n'est pas tout, vous croyez bien tout de même, que je n'aurais pu me contenter de seulement voir l'Élue ! Je me suis permise de dérober ceci à l'aide de mon merveilleux Charlie, dit-elle en caressant la boule mollassonne noirâtre se prélassant sur ses genoux.

L'enfant ôta de la poche de son tablier blanc, une fleur de lys bleue, dont les pétales étaient constellés de points noirs. Voyant son entourage dénué de réaction, la voleuse osa s'expliquer, entraînée dans un enthousiasme qu'elle ne prenait pas la peine de dissimuler :

- C'est le cœur d'Alice. Je l'ai transformé sous la forme d'un lys bleu, car en plus d'être discret, c'est cette plante que tenait entre ses doigts la Folle aux chapeaux. Je n'aurais jamais cru que ce loir paresseux nous servirait réellement un jour ! Vous vous rappelez comme on s'était moquée de cette vision la première fois que cela m'est venu à l'esprit, s'esclaffa-t-elle, avant d'être brusquement tue.

Ténèbre l'empoigna sans vergogne par le cou et la plaqua dans un même souffle contre le mur. Elle siffla mécontente :

- Ce n'était pas prévu ainsi, et tu ne nous as jamais fait part de cette idée. Te rends-tu compte à quel point cela bouscule nos plans ? Que vas-tu faire avec ce cœur, hein ? Elle est fragilisée maintenant et peut-être de trop pour recevoir pleinement l'esprit de Phesmus !

La petite, balbutiante devant l'accès de rage de sa sœur, se décomposait, malheureuse de n'avoir su répondre aux attentes de son aîné. La vieille femme complétant le trio, se leva, ses os craquants dans un affreux cérémonial, et posa sa main squelettique sur l'épaule de la cadette.

- Elle croyait bien faire et tu le sais parfaitement, lança sa voix monocorde. Nous pouvons toujours changer nos projets. Tu sais comme moi que les cœurs renferment les secrets les plus pénibles et les plus utiles. Cela pourrait jouer en notre faveur, ne penses-tu donc pas ?

Ténèbres grogna et desserra son emprise sur Ombrage.

- Très bien, grommela-t-elle, tu as raison. Puisque c'est ainsi, nous jouerons d'abord seulement aux troubles-fêtes avant de réussir à mener à bien cette mission, finit-elle une lueur mauvaise scintillant dans son regard, rendant plus lugubre encore ses yeux noirs.

Sur les lèvres prunes de chaque femme, se peignait le sourire du diable.

De retour dans la maisonnette de la Chapelière...

- Mais personne ne peut les en empêcher, interrogeais-je, sonnée par le sombre tableau décrit par mon hôte.

Manon soupir et jeta une tasse de thé derrière son épaule comme elle l'aurait fait d'une pincée de sel pour conjurer un mauvais sort.

- Tu imagines bien que si on avait su comment ce débarrasser de ce fléau, on l'aurait fait depuis longtemps ! Pour ne plus jamais subir des folies comme celle à laquelle j'ai pu faire face, dit-elle en montrant son œil noir. Ou comme ce qui a possédé Lumna, notre petite loir, tout à l'heure.

Intriguée, j'étais prête à laisser s'échapper un flot de questions, accompagné de son lot de tourments, mais... Derrière le fracas de la porcelaine brisée apparut un lapin blanc essoufflé, dont le poil poussiéreux confirmait l'éreintement de longues foulées ininterrompues réalisées pour livrer messages et colis. La gravité de son arrivée dans la pièce à moitié détruite fit tomber un silence déroutant qu'il décida finalement de rompre.

- Sa majesté, la reine de Cœur, Gwendoline Heart, vous convie à sa fête, la fête des roses, déclarant Al-je veux dire, Lys comme invité spéciale, m'annonça Arthur en reprenant sa forme semi-humaine, sans me quitter des yeux.

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