XIV-interminable attente
XIV
Le lendemain au collège, Eva et Oihana me demandèrent ce qu'il s'était passé la veille en cours de math. J'hésitai un instant avant de leur avouer:
"Je ne me sentais pas très bien et... j'ai eu des visions étranges...
-Tu avais fait des recherches? Me demanda alors Eva.
-Oui. J'ai une piste et d'ici ce week-end, j'aurais surement plus d'informations... Pour l'instant, je préfère ne rien vous dire au cas où, mais promis je vous tiendrai au courant.
Elles essayèrent de sourire mais je voyais bien dans leurs yeux qu'elles étaient déçues. J'essayai alors de faire dévier la conversation:
-Et de votre coté, vous avez rien vu par hasard?
Oihana me regarda avec intensité, parut hésiter puis se lança.
-A la maison, j'ai remarqué que mon père avait un comportement étrange ces derniers temps, il a l'air un peu dans la lune. Quand il me regarde, je n'ai pas l'impression qu'il me voit...Je ne sais pas trop comment expliquer... son regard s'attarde sur mes yeux, pendant un long moment mais je n'ai pas l'impression qu'il ressent ma présence... Aussi, la dernière fois, quand je suis rentrée, je l'ai surpris en train de regarder des photos sorties d'un placard qui reste fermé à clé d'habitude. Il a même tout rangé précipitamment en croyant que c'était ma belle-mère qui rentrait. Je... Je crois qu'il pense à ma mère...
Je ressentis alors de la peine pour elle. La mère d'Oihana avait trompé son père quand elle était bébé. Mais d'après ce qu'elle nous avait dit, son père avait réussit à tourner la page et à refaire sa vie. Elle avait déjà eut trois belles-mères.
Il y eut un silence puis Eva contourna le sujet.
-Moi je t'avoue qu'en ce moment, j'ai du mal à dormir. Je me réveille en pleine nuit, en sueur en me souvenant vaguement d'avoir rêvé... J'en ai parlé à mon oncle mais il n'a rien trouvé d'autre que la pleine lune d'hier comme explication...
- Surtout, si tu te souviens d'un de tes rêves, n'hésite pas à nous en parler.
- Oui, ça peut toujours nous donner des indices... "enchaîna Oihana.
Si elles savaient...Mais c'était tout ce que je pouvais leur dire pour le moment, et je le savais. J'attendrai l'accord de Chiron...
***
Avant de manger Mathieu vint me voir.
"Alors, des nouvelles?
Je plongeai mon regard dans le sien. S'il savait...
-On aura bientôt des réponses.
-C'est-à-dire?
-Je ne sais pas encore...Je ne peux pas te dire...
-Je vois... dit-il visiblement déçu.
Je dus me faire violence pour ne pas tout lui avouer.
Il était sur le point de partir mais se ravisa.
-Est-ce que je peux faire quoi que ce soit?
Je voyais bien dans son regard qu'il voulait se rendre utile. J'hésitai.
-Si tu y arrive, tu pourrais peut-être poser des questions à ta mère...au sujet de ton père...
Son sourire s'effaça et je regrettai immédiatement ma demande.
-Elle ne voudra pas me répondre, me dit-il assez sèchement. Et puis en quoi ça nous avance?
-J'ai eu une discussion avec mon père hier...
Il ne put cacher son étonnement
-A propos de...?
-Oui. C'est pour ça, fais moi confiance, ça peut nous aider.
-...Si je lui dis que ton père t'a parlé...peut-être... Mais je ne suis pas sur de vouloir connaitre les réponses à mes questions...
-Je comprends. Ne t'inquiète pas pour ça. C'est pas grave...
-Non Non si ça peut t'aider...Je vais essayer... Mais je ne te promets rien.
-Merci... mais surtout ne te sens pas obligé.
Il haussa les épaules puis soupira, le regard dans le vide.
-Il faudra bien que j'affronte la vérité tôt ou tard...Le moment est peut-être arrivé...
Il me regarda, un sourire légèrement forcé sur le visage.
Je posai sur lui un regard plein de compassion.
J'avais toujours cherché des réponses sur mon passé, voulu connaître la femme qui avait fait sourire mon père un jour, celle dont il était tombé amoureux, celle qui nous avait donné la vie.
Mais contrairement moi, Mathieu lui, s'était contenté des commentaires venants de sa famille et il avait grandi en nourrissant de la haine envers l'inconnu qui l'avait abandonné lui et sa mère. Il s'était forgé une carapace pour vivre sans lui et protéger sa mère.
Malheureusement, je savais qu'il devenait fragile quand il s'agissait de la vérité sur son passé. Sa mère n'avait jamais voulu aborder le sujet et ce n'était pas lui qui allait faire le 1er pas.
"Le moment est peut-être venu..."
J'avais le pressentiment qu'il était comme moi. Je voulais qu'il soit comme moi.
Je voulais avoir au moins une personne qui comprenne ce que je traverse pour ne pas avoir à affronter seule la réalité.
Durant l'après-midi, j'arrivais à me concentrer tant bien que mal ... J'essayais d'oublier le temps d'une heure, toute la journée d'hier et ce qui m'attendait ce soir pour écouter le cours. J'y réussi pendant pratiquement toute l'heure de français, enfin...assez pour avoir globalement compris la leçon...
Comme il était 15h, je prenais un bus différent de celui d'Oihana et je devais remonter la rue du collège pour le prendre.
J'étais si impatiente de rentrer chez moi que sans m'en rendre compte, je me mis à courir. Je courais comme une folle sur le trottoir, les gens que je croisais me dévisageaient.
Mais je les ignorais, et je continuais de courir, toujours plus vite.
Dans le bus, je ne tenais pas en place. J'attendais impatiemment mon arrêt, les doigts tapotant en rythme sur mes genoux. Je ne cessais de jeter des coups d'œil distraits à ma montre.
Quand enfin la vois calme et monotone d'une dame prononça mon arrêt et que les portes s'ouvrirent, je me ruai hors de bus, saluant précipitamment le chauffeur au passage.
**
Je refermai le porte d'entrée et posai, avec manque de délicatesse, mon sac par terre.
En entrant dans le salon, je fus surprise de voir que mon père n'y était pas.
"Je suis rentrée!
Seul le silence me répondit.
-Papa!?" tentai-je une seconde fois.
Rien.
Je me rendis alors compte que le salon était traversé par un courant d'air puis je vis que la baie vitrée donnant sur l'arrière jardin était ouverte.
Mon père m'attendait dans le jardin, torse nu, ailes déployée.
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