XII-Moi? Une guerrière?
XII
Quand je sortis de mes pensées pour revenir à la surface, nous étions arrivés à l'arène d'entrainement.
"-C'est ici que tous les pensionnaires s'entraînent.
J'observai les lieux. L'arène était immense. A ma gauche, se trouvaient des sortes de gradins destinés à d'éventuels spectateurs. Le sol était recouvert d'une fine couche de sable et des mannequins de bois étaient disposés un peu partout. Des adolescents en armure donnaient des coups d'épée aux pauvres mannequins ou s'affrontaient entre eux comme de vrais guerriers.
Sur mon poignet, ma pierre se mit à pétiller.
A mon grand étonnement, beaucoup de filles plus ou moins de mon âge étaient également présentes. Mon regard se porta sur l'une d'entre elles, un poignard à la main, affrontant un garçon musclé assez intimidant. Elle m'épatait.
Elle parait les coups avec une facilité déconcertante. Ses gestes étaient fluides et elle paraissait se mouvoir dans une danse mortelle. J'étais à la fois stupéfaite et envoutée par sa vitesse et sa précision. Le garçon brandit son épée. Elle évita le coup de justesse en roulant sur le coté et l'épée se planta dans le sol. Profitant de l'infime seconde qui s'offrait à elle, elle le désarma d'un mouvement de bras puis leva son poignard au niveau de sa gorge, le regard planté dans celui de son adversaire. Ils restèrent ainsi un instant, tous deux essoufflés.
Elle rangea son arme, il récupéra la sienne et ils se saluèrent.
J'étais toujours abasourdie quand la fille en question se dirigea vers nous en saluant Zéphyr. Elle enleva son casque, libérant ainsi ses longs cheveux roux.
"Anna, je te présente Manon, fille d'Ares, qui a le même âge que toi crut-il bon d'ajouter dans un sourire.
Je levai sur elle un regard plein d'admiration.
-Bonjour Anna! En tant que fille d'Ares, c'est moi qui te ferais découvrir le combat pour que tu puisses t'entrainer seule plus tard.
-Vous voulez dire que je me battrai... comme ça !?
-Ca, ça dépendra de toi! Mais tu auras tes techniques bien sur! Dit Manon en riant.
Je souris malgré moi. Le fait de devoir me battre pour sauver ma peau me paraissait encore très lointain...
- Bon Anna je vais te laisser avec Manon pour le reste de l'après-midi pour que tu t'entraîne un peu...
Puis, devant mon visage légèrement ennuyé et gêné, il ajouta avec un clin d'œil:
Mais je reviens te chercher tout à l'heure!" Et il prit son envol et disparut dans l'air.
Manon se tourna vers moi;
- Dis-moi, qu'est ce que tu pratiques comme sport?
-Je fais juste du tir à l'arc chez mon grand père...répondis-je soudain consciente de mon manque de sportivité.
-Le tir à l'arc...Ce n'est pas ma spécialité mais on va voir comment tu te débrouilles. Suis-moi, on va te trouver un arc.
Je la suivis jusqu'à un petit bâtiment que je supposai être l'armurerie. Quand elle ouvrit la porte, je restai muette devant cette immense collection de couteaux, d'épées, de poignards... Toutes ces armes étaient artisanales, et étaient aussi belles les unes que les autres.
-C'est vous qui les avaient faites?
-Oui, ce sont ceux du bungalow 9, les enfants d'Héphaïstos qui les ont forgés.
Elle se dirigea vers un mur dans le fond de la salle, où étaient exposés une dizaine d'arc de taille et de forme différente.
-Tu es droitière?
-Oui.
Elle se pencha vers un arc de couleur sombre mais je m'empressai d'ajouter:
-Mais mon œil directeur est le gauche!
-Ah ! Ca change tout! Dit-elle en souriant.
Elle décrocha un arc en bois simple et me le tendit. Je le pris et le regardai de plus près. Je passai mes doigts sur les gravures du bois joliment travaillé pendant que ma pierre chauffait doucement. C'était un chef d'œuvre.
-Il est magnifique.
-Ravie qu'il te plaise. Comme tu n'es pas débutante, je t'ai pris un arc un peu plus adapté. Si tu t'en sors bien, il sera à toi.
Je fixai l'arc, émerveillée. Il serait à moi...
Après avoir prit un carquois et un autre arc pour elle, Manon m'emmena au stand de tir. Nous n'étions pas seules et d'autres adolescents tiraient sur les cibles plus ou moins éloignées.
Elle se mit en face de la deuxième cible la plus proche et tira une flèche qui atterrit non loin du centre. Puis elle se tourna vers moi et d'un regard, m'invita à en faire autant. Je me plaçai et encochai ma flèche sous l'œil observateur de la fille d'Ares. Ma flèche atterrit à mi-chemin entre la sienne et le centre. Elle me lança un regard admiratif et m'entraîna à la cible suivante. Nous continuâmes ainsi pendant un certain moment.
Manon qui avait admis que je me débrouillais mieux qu'elle ne tirait plus de flèche et se contentait de me féliciter.
Estimant enfin que le test du tir à l'arc était réussi, elle me mit un casque et une lourde épée entre les mains, puis sans un mot comme sur un ton de défi, elle se mit en garde en face de moi.
La couleur de ma pierre s'intensifia et elle se mit à battre comme un cœur. Je sentis une énergie nouvelle se propager dans mon corps et malgré l'épée trop lourde pour moi et ma maladresse, j'acceptai le duel.
Je me débattais du mieux que je pouvais mais elle me battait avec une facilité qui me rendait folle. Nous enchaînâmes ainsi combats sur combats et au fur et à mesure qu'elle me conseillait, que les coups se succédaient, j'obtins une certaine aisance à manier l'épée, sentant de moins en moins son poids.
Alors qu'elle me désarmait une fois de plus après un échange particulièrement long, je sentis un courant d'air soulever mes cheveux. Nous nous arrêtâmes, essoufflées et je vis Zéphyr se matérialiser devant moi. Je regardai autour de moi, le ciel se faisait sombre, je n'avais pas vu le temps passer!
" Il est temps que je te ramène chez toi.
-Chez moi? Et grand père ? Et ma sœur? Demandai-je soudain prise de panique.
-Ne t'inquiète pas, me dit-il en posant sa main sur mon épaule, ce qui me fit frissonner. Ils sont les deux au courant. Chiron a prévenu ton père que tu rentrerais tard.
-Comment...
-Ne poses pas de question et donne moi la main. Dit-il d'une voix douce.
Je m'exécutai, légèrement gênée. Je fis un signe à Manon avant d'être emportée en l'air. Je poussai un petit cri de surprise avant de retenir mon souffle.
J'écarquillai alors les yeux en découvrant en moi... une sensation très particulière...
Je ne flottai pas dans l'air, j'étais devenue l'air... Je ne sentais plus mon ni corps ni mon poids... Mes membres perdaient toute consistance et devenaient aériens...je sentais simplement de la chaleur au niveau de ma main. Etait-ce ma pierre? Ou le contact entre ma main et celle de Zéphyr ?
J'observais, sans crainte, la forêt qui s'éloignait à une vitesse surprenante. J'admirais le paysage qui défilait devant mes yeux émerveillés. Je sentais le vent en moi. Je fermai les yeux, ivre de cette sensation de vitesse et de légèreté. J'étais bien.
Je les rouvris seulement quand je sentis mes pieds toucher le sol. Mon corps me parut soudain peser des tonnes et j'avais du mal à tenir en équilibre. Zéphyr me regarda, amusé.
Nous étions chez moi, sur ma terrasse, devant ma porte. Je me tournai vers Zéphyr;
"- C'était...magique! Je...eu...Merci...
-Zef, pour vous servir! Me dit-il en faisant une révérence sans me quitter des yeux.
Je ris.
Puis il se redressa, sans cesser de sourire, me fit un signe et s'envola avant de s'évaporer dans les ombres du soir. Je scrutai le ciel sombre en essayant de le distinguer, quand je vis quelque chose virevolter dans ma direction. Je l'attrapai au vol.
C'était une plume noire orangée, de Zéphyr...C'était La plume de Zéphyr, celle qui m'avait guidé à travers la forêt...Je restai un moment à l'admirer, seule, dehors dans le froid du soir.
Je me décidai enfin à la ranger dans ma poche. Je mis la main sur la poignée de la porte d'entrée, prête à avoir une discussion avec mon père. Peut-être même la plus importante de ma vie.
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