VIII-Les colonnes
VIII
Oui, j'étais perdue ...et aussi étrange que cela puisse paraitre, je ne m'en souciais pas plus que ça. Je me sentais bien dans cette forêt si mystérieuse et pourtant si familière. Je me contre fichait de savoir quelle heure il était, de savoir que mon grand-père était peu être réveillé, de savoir qu'il avait peut-être remarqué mon absence...J'étais ici, loin de tout et j'étais bien.
Je fermai les yeux. Le vent sifflait fort dans mes oreilles, mes cheveux virevoltaient dans l'air, les hautes herbes me chatouillaient les jambes, les feuilles des branches es plus basses s'envolaient en me caressant le visage, le clapotis de l'eau me berçait... J'inspirai profondément, ivre de cette sensation de calme et de bien-être, ivre de toute cette nature à l'état brut qui m'avait toujours été caché pour je ne sais quelle raison. Je pouvais entendre les battements de ma pierre à présent. Elle aussi aimait cette forêt, j'en étais persuadée...
Je rouvris les yeux et me rendis compte que je n'étais plus tout à fait dans la clairière. J'avais fait quelques pas inconsciemment. Le vent était tellement fort, qu'emportée par son élan, j'avais été entrainée en avant.
Un mouvement attira alors mon attention. Sur l'arbre à ma droite, une plume aux couleurs sombres était coincée dans l'écorce. Je l'en décrochai et l'observai attentivement. La plume, n'était pas totalement noire, elle avait de fines rayures rouge-orangées telles des flammes...Je la trouvais magnifique...Elle avait l'air, spécial... j'allai la ranger dans ma poche quand un coup de vent violent me l'ôta des mains.
La plume, emportée par le vent, virevolta un instant avant de se poser par terre à quelques mètres de moi. Je m'approchais pour aller la récupérer quand je me rendis compte que le vent avait disparut. Enfin non...pas totalement car toutes les feuilles des arbres s'agitaient. Mais je voulais dire qu'il n'était plus derrière ou devant moi car je ne ressentais rien et la plume en face de moi restait immobile. Pourtant, tout autour de moi étaient en mouvement. Je restais très étonnée par ce phénomène inhabituel. La plume n'était plus qu'à quelques pas de moi. Je me baissai pour la ramasser quand quelque chose passa au ras de ma tête en volant, faisant vibrer l'air autour de moi. La plume s'envola à nouveau m'échappant une seconde fois.
Je levai les yeux et c'est alors que je le vis.
Je restais pétrifiée, muette, la respiration courte... J'avais l'impression qu'on m'avait frappé en plein ventre...Devant moi, à plus d'un mètre du sol, se tenait un jeune homme brun, souriant. Enfin...pas "homme" à proprement parler. Il était humain de la tête à la taille, à partir de là, son corps devenait aérien, brumeux, sans consistance... tel un fantôme....Je levai le regard, toujours incapable de bouger. Une immense paire d'ailes noires aux reflets orangés se déployaient dans son dos. Elles étaient sublimes, époustouflantes. Ses plumes reflétaient les rares rayons du soleil.
Il m'observait la tête penchée sur le coté, souriant toujours. Il ne disait rien, comme pour me laisser m'habituer...Et je compris que c'était lui ...le vent...et qu'il m'avait guidé jusqu'ici volontairement.
Il me fit signe de le suivre, reprit sa forme de courant d'air et disparut parmi les arbres. Je m'élançai à sa poursuite, guidée par le mouvement des feuilles. Je courais à perdre haleine, ignorant la fatigue, ignorant les branches qui m'écorchaient le visage, ignorant le froid qui s'engouffrait dans mes vêtements. Il fallait que je le suive.
Ne pas le perdre de vue.
Ne pas s'arrêter.
Continuer de courir.
Il fallait que je sache où il m'emmenait. C'était important, je le savais. Ma pierre s'était remise à pétiller sur mon poignet, elle aussi le savait.
Après une course qui me parut interminable, il reprit sa forme "humaine" et m'arrêta d'un geste. J'attendis un instant...Il me fit signe d'avancer et j'obtempérai.
Je m'arrêtai net, en voyant devant moi, en plein cœur de la forêt, deux immenses colonnes de marbre formant une porte tout aussi majestueuse qu'imposante. Mais ce n'était pas le plus troublant. Dans l'encadrement de cette porte, non loin de moi, un homme au torse humain et au corps de cheval m'observait, un sourire sur le visage. Un centaure, pensai-je sans trop y croire. Je sentis une goutte de sueur de ma nuque couler le long de mon dos. J'avais mal à la tête,les jambes en coton, mon cœur battait la chamade et je commençais à avoir les mains moites. Je regardais les deux êtres présents avec moi, mon regard interrogateur passant de l'un l'autre quand le centaure prit la parole:
"Bonjour Anna, je m'appelle Chiron et je te présente Zéphyr...-Le garçon aux ailes me sourit- Bienvenue chez toi."
Je restais un moment, muette, immobile,ne sachant quoi faire, puis tout devint noir.
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