IX

Anna... Anna...

Cette voix...elle était si lointaine et paraissait pourtant si proche...Inconnue mais familière... Elle résonnait dans le noir. Elle résonnait dans ma tête et je sus d'où me venait cette impression de "proche": elle était en moi. C'était une vois de femme. Et cette femme était dans ma tête.

Anna...ouvre les yeux...

A qui appartenait-elle? Je ne savais pas...je ne l'avais jamais entendu...Elle me paraissait pourtant si familière... et me mit tout de suite en confiance. C'était une vois à la fois très douce mais imposante.

Anna, réveille-toi...

Me réveiller? J'étais donc en train de dormir? De rêver? Ce qui était sur, c'était qu'il fallait que j'ouvre les yeux. Je n'allais pas rester là indéfiniment? Il fallait que je me réveille. C'était important je le sentais, et le ton de la voix me le confirmait.

Anna...

***

J'ouvris les yeux avec peine. Je me redressai et regardai autour de moi, méfiante. J'étais assise sur un lit dans une sorte de dortoir. Certains lits étaient occupés et à coté d'eux se trouvaient des tables contenant des verres et quelques ustensiles de médecine.

Ce devait être une infirmerie.

Comment étais-je arrivée là ?

Soudain, les derniers événements m'apparurent comme un verre d'eau glacée en pleine figure.

Quel lien y avait-il entre la forêt et l'infirmerie?

Je me levai de mon lit, un peu trop vite. Ma tête se mit à tourner et tout, autour de moi devint flou...Je me stabilisai et me rasseyais sur le lit pour ne pas tomber.

Quelque chose me manquait...mais je ne sus dire quoi.

J'aperçus alors sur la petite table à ma droite un verre contenant un liquide couleur miel et à coté, mon bracelet dur lequel reposait ma pierre.

Je me précipitai dessus. Dès l'instant où je le mis à mon poignet, il se mit à briller légèrement et à pétiller. Une vague de chaleur et de bien-être partit de mon avant bras et se répandit dans tout mon corps. Décidemment, cette pierre ne cessait pas de m'étonner. Je me sentis tout de suite apaisée même si ma tête tournait encore un peu.

Soudain, la double porte qui se trouvait au fond de la pièce s'ouvrit pour laisser apparaitre une jeune fille blonde d'à peu près mon âge suivie du centaure...je me frottai les yeux. Je ne rêvais pas pourtant! C'était bien le même homme que dans mes souvenirs. Mis à part le fait que son corps de cheval était remplacé par un fauteuil roulant.

"Ah! Anna, ravi de te voir en forme! Et je te présente Emma, c'est elle qui s'est occupé de toi ...

-Enchanté Anna! Me dit-elle dans un sourire.

-Eu...salut..., je me tournai vers Chiron, mais...vous...vous êtes en...

-Fauteuil? Me coupa-t-il en souriant, c'était pour ne pas te choquer une deuxième fois, me dit-il avec un clin d'œil.

-Oui il valait mieux éviter, dit Emma en rigolant, je pense qu'une seule bosse suffit! D'ailleurs, tu devrais remettre de le crème dit-elle en me tendant un petit tube.

Je le lui rendis. Je ne la connaissais pas et je ne savais même pas où je me trouvais...

-Merci beaucoup mais je vais bien, dis-je en me levant."

Seulement, mon corps n'était pas de cet avis et ma tête me le fit comprendre.Une douleur vive monta jusqu'à mes tempes. Emma m'aida à m'asseoir. 

"-Tiens, bois ça, dit-elle en me tendant le verre au liquide doré."

J'hésitai. Après tout je ne connaissais pas ces gens. Peut-être m'avaient-ils quidnappé et emmené loin de chez mon grand père. Peut-être qu'ils n'étaient pas si gentils qu'ils en avaient l'air.

Sur mon poignet, ma pierre se mit à chauffer légèrement comme pour me mettre en confiance. Elle avait raison, il y avait urgence.

Je pris le verre et le vidai d'une traite.

Ca avait un gout...indescriptible mais délicieux! Mon mal de crâne disparut aussitôt et j'en us stupéfaite.

"Merci...c'est très efficace...qu'est ce que c'est?

-Ca s'appelle du nectar. Tu penses pouvoir te lever?

-eu...oui je pense"

Je me mis debout, Emma me soutenait.

Mon mal de tête était parti comme il était arrivé et je me sentais beaucoup mieux.

"Je pense que ça devrait aller, merci Emma...

-Bon maintenant suis-moi, me fit Chiron en m'entrainant hors de l'infirmerie, j'ai à te parler.

Ma pierre se mit à pétiller et battait comme un cœur. Elle était impatiente. Et c'est à ce moment là que je sus, que plus rien n'allait être comme avant.