I

Le rêve s'arrêta net. Je fus réveillée en sursaut par la sonnerie de mon téléphone. Encore à moitié assoupie, je le pris pour l'éteindre : 07h30. Je m'extirpai de sous la couette, me levai et commençai à m'habiller encore sonné par mon rêve.

En ouvrant les volets, j'inspectai le jardin. Les quelques fleurs qui avaient coloré la pelouse pendant l'été avaient disparus. J'inspirai profondément l'air frais matinal pour me calmer. Mais les images de mon rêve remontèrent à la surface. Je regardai mon bras. Rien. Pas de marque, aucune trace du hibou. Je fus Tout de même rassurée mais ça mettait de plus en plus ma curiosité en éveil.

Les vacances étant terminées, je me préparais pour aller au collège. J'étais en 4ème. Aujourd'hui, on commençait à 9h avec art-plastique, ma matière préférée.

Je fis la bise à mon père avant d'aller déjeuner.

Je débarrassais tranquillement quand Tia, qui s'était levée, vint me dire bonjour.

Tia était ma petite sœur, elle avait 4 ans alors que j'en avais 14.

A la maison, nous ne sommes que trois...je n'ai jamais vu ma mère. Elle est partie quand je suis née. Elle serait en Grèce pour son travail. C'est ce qu'on m'a toujours dit et mon père reste froid et très évasif à son sujet. Je n'avais que très peu d'informations sur ma mère. Aucune photo, aucune lettre, aucun souvenir...alors j'étais obligée de me contenter de ses explications. Bien sur, en grandissant je me suis posé des questions, mené des enquêtes, mais la seule personne qui pouvais m'informer était mon père. Et je savait bien que l'absence de ma mère lui faisait mal, que c'était un sujet sensible, et je me doutais bien qu'il devait y avoir un passé compliqué derrière tout ça...Tia, elle, est trop petite pour se poser des questions...mais vivre sans mère est compliquée, alors j'essaye d'être là comme j'aurais aimé que maman le fasse pour moi.

Je partais donc avec ma sœur dans la voiture de mon père. Il me tardait de retrouver Oihana et Eva, mes meilleures amies ! J'aimerai tellement leur raconter mon rêve mais décidai qu'il valait mieux ne rien dire pour l'instant...

Mon rêve... D'habitude, quand je me réveille, je me souviens souvent de mes rêves (généralement très étranges d'ailleurs), mais là ! C'était différent, il avait l'air tellement ... réel.

Et mon instinct me disait que les surprises étaient bien loin d'être terminées...

Pendant l'art-plastique, avec Oihana et Eva, on se racontait ce qu'on avait fait pendant les vacances. Oihana nous racontait avec enthousiasme sa semaine où elle était partie en colonie de vacance avec sa sœur. Elle nous détaillait  avec  presque beaucoup trop d'impatience, toutes les activités qu'elles y avaient fait. Eva, elle, avait passé la moitié des vacances dans l'eau à s'entraîner pour ses compétitions. Eva était la plus sportive des trois. Elle faisait de la natation et avait souvent des stages.

Moi, je n'avais pas grand-chose à raconter. J'étais resté chez moi et j'avais passé le plus clair de mon temps à dessiner ou à lire mes romans fantastiques. J'avais également été chez mon grand-père où j'avais fais du tir à l'arc...rien exceptionnel.

Ça faisait du bien de retrouver ses amies ! Nous étions en train de rigoler quand la sonnerie retentit. Et c'est au moment de ranger mes affaires que je le vis, lui.

Lui aussi ça faisait plaisir de le revoir. Pour tout dire, il me tardait. Il avait hanté mon esprit pendant toutes les vacances et le fait de le revoir, là, maintenant me fis l'effet d'une bombe. Je sentis une douce chaleur se propager dans ma poitrine...Je l'observais quand il posa ses beaux yeux gris orage sur moi. Je crus y voir une certaine joie pendant quelques secondes puis il détourna le regard, l'air perturbé tout à coup. Je baissai les yeux, surprise.

Nous sortions dans les couloirs pour aller au prochain cours lorsque je surpris la conversation des garçons derrière nous :

« T'as pas l'air en forme, remarqua Alex.

-T'as fais la fête juste avant la rentrée !? Plaisanta Sam.

-Mais non...je vais très bien. Protesta Mathieu.

-Allez ! Dis, qu'est ce que t'as ?

-Ben...c'est juste que j'ai fais un étrange rêve c'te nuit, mais c'est flou... »

Je stoppai net.

« Qu'est ce qui ne va pas Anna? me demanda Oihana.

-Rien, menti-je, je viens juste de me rappeler qu'il faut que je paye la cantine... » Inventai-je illico en souriant.

Oihana ne parut pas intriguée et à mon grand soulagement. Je ne savais pas encore trop quoi penser de ce que j'avais entendu... Elle n'y prêta plus attention mais il me semblait, que lui, me regardait et avait remarqué mon trouble. Promis, ce soir je remettrai tout ça au clair...

Le reste de la journée passa normalement, à part les quelques regards étranges qu'il me lançait.

En attendant le bus, avec Oihana, on parlait de ce que nous allions faire en E.P.S le lendemain. Mr Daguerre nous avait dit que nous allions commencer le cycle handball-athlétisme. Au grand bonheur des garçons, et de moi-même.

Oihana préférait l'athlétisme et moi le hand.

« On verra bien. » Dis-je pour pouvoir changer de sujet. Le bus arriva enfin et nous rentrâmes chez nous après cette 1ère journée de collège.

Arrivée chez moi, je partis dans ma chambre après avoir fais la bise à mon père et à ma sœur. Mes devoirs terminés je m'effondrais sur le lit. Une pensée me hantait depuis ce matin. Ses paroles me revenaient en tête : « C'est juste que j'ai fais un étrange rêve cette nuit, mais c'est flou... »Avait-il dit. Ce pourrait-il que ce soit lié ? Non, bien sur que non...c'était juste une coïncidence, je me faisais des idées...Mais je ne pouvais m'empêcher de penser le contraire...Je ne pus poursuivre mes réflexions car on m'appelait pour manger. Le dîner se déroula dans le silence brisé de temps à autre pas ma sœur qui chantonnait. Mon père et moi étions tous deux plongés dans nos pensées.

Au moment de me coucher, je n'avais toujours pas trouvé d'explication. Je regardais l'attrape-rêves fixé au dessus de mon lit. Je priais silencieusement Hypnose, dieu des rêves et des songes, de bien vouloir m'en apprendre d'avantage. Je me couchai et laissai mes pensées s'envoler pour au final m'endormir dans les bras de Morphée, bercée par le son infini de la pendule...