Back to the future. Première partie - Peter
Nous avions passé près d'une heure entière à chercher l'adresse de Théo. Nous n'avions aucun moyen de savoir s'il y était vraiment, mais puisque nous nous étions tous réveillés dans nos lits, nous avions pris une chance. C'était mieux ça que de ce jeter tête première dans le piège de Branda. Ça, c'était le deuxième plan.
Il n'y avait qu'une seule solution pour trouver son adresse ; demandé à ceux qui le connaissaient, j'ai nommé Baptiste, Sam et Mike. Mes ennemis jurés numéro deux, trois et quatre.
Entre le monde d'à côté et ces trois-là... c'était un choix difficile. Mais j'avais peur pour Théo, et Amy qui angoissait à mes côtés me fendait un peu le cœur. J'étais le seul mec restant dans la bande, je me devais d'agir comme tel !
Je savais où trainaient les voyous, j'avais mémorisé tous leurs coins préférés pour réduire mes chances de les croiser. Et comme prévu, ils étaient tous cachés dans un angle de la cour extérieure, près des gradins du terrain de soccer, regrouper comme des pingouins à se partager un joint.
— Peter, tu vas te faire défoncer... tenta Xilena.
Je haussai les épaules. Elle avait raison, et c'était mon but. Je n'en menais pas large dans mon pantalon, mais elle n'avait pas à le savoir. Je pris une grande inspiration, puis m'avançai droit vers eux, sachant le regard inquiet des filles derrière mon dos.
— Eh, les gars ! dis-je d'une voix grave et trainante. Vous possédez quelque chose que je veux.
Les trois punks se tournèrent vers moi d'un seul mouvement, étonnés. Puis ils éclatèrent d'un rire intense et plutôt intimidant. Je plissai les yeux, me donnant un look menaçant et sur de moi, mais je me sentais trembler de tout mon corps.
— Tu te prends pour un cowboy dans un western, maintenant, péteur ? fit Mike en pouffant.
— Nah, lui, c'est la boule de poussière ! lança un autre.
— J'ai besoin de savoir l'adresse de Théo ! dis-je pour changer de sujet.
— Et pourquoi on te la donnerait ? dit Baptiste d'un ton menaçant.
Il porta le joint entre ses lèvres et souffla à mon visage. Je fermai les yeux et arrêtai de respirer, attendant que le nuage nauséabond disparaisse. Enfin, je lui fis mon meilleur sourire et levai les bras de chaque côté.
— Donnez-moi l'adresse et vous pourrez vous amuser.
Les trois garçons arrêtèrent de rire, se dévisageant l'un l'autre.
— Peter, laisse tomber, on trouvera un autre moyen ! cria Xilena derrière moi.
— Ça va, Xi, je gère !
— Il est sérieux, souffla Sam.
— Je le suis.
Je levai mes bras un peu plus haut, lui faisant signe de venir. Sam n'était pas le plus fort de la bande, mais il était l'un des plus tordus. Celui qui sortait avec les pires idées. Il s'avança devant moi, ferma le poing et fit mine de me l'envoyer au visage, s'arrêtant à quelques centimètres de ma joue. Je ne bronchai pas, mes yeux toujours droits dans les siens.
— Il est sérieusement sérieux ! s'exclama-t-il en souriant.
— Depuis quand il a des couilles, celui-là ? dit Mike qui riait encore.
— Depuis qu'il a une meuf à impressionner, peut-être, dit Baptiste, son regard orienté vers Xilena et Amy. Drôle de choix, les filles. Je suis un meilleur coup, vous savez ?
— Arrête de plaisanter, m'impatientai-je. Tu as cinq minutes pour t'amuser, et promets-moi en retour de me donner l'adresse de Théo.
— Pourquoi on ferait ça ? demanda Sam en croisant les bras. Je peux déjà te tabasser quand je veux, pas la peine de se rajouter des conditions.
Je serrai les poings, commençant à perdre patience. J'avais un plan génial et ces crétins ne voulaient même pas participer. Alors que j'étais sur le point de laisser tomber et retourner vers les filles pour chercher une meilleure solution, Sam profita enfin de l'occasion et me balança une droite de toutes ses forces. Je reculai de plusieurs pas, chancelant, avant de retrouver mon équilibre et de lui lancer un regard intrigué.
— Tu vois ? Pas besoin de conditions, dit-il avec un sourire.
Il leva à nouveau le poing et je n'eus le temps que de fermer les yeux. La douleur explosa à ma mâchoire, puis dans mon ventre. Je tombai au sol et, comme j'en avais pris une habitude, me roulai en boule et attendis que ça s'arrête. Cette fois, j'ai vraiment été stupide.
Un nouveau coup jaillit en bruit, mais pas en impact. Je l'avais clairement entendu, ce pan et l'exclamation de souffrance... mais ça ne venait pas de moi. J'ouvris un œil et fus surpris de voir que c'était Xilena qui était sortie de l'ombre. Elle balança son pied dans l'entrejambe, le caïd couina comme une souris et s'effondra sur moi, sous le regard incrédule de Baptiste et Mike, Amy et moi-même. Je le repoussai avec dégout et me levai, l'observant avec amusement. J'envoyai à mon tour un coup de pied dans son ventre, mais il ne sembla pas le remarquer, la douleur de ses noisettes éclipsant tout le reste.
— Donnez-nous son adresse ou je vous réserve le même sort ! fit Xilena d'un air étrangement menaçant.
— Ouah, souffla Baptiste. Alors c'est la fille qui porte les couilles, dans le couple. Intéressant.
— Mais pourquoi vous tenez tant à l'avoir, l'adresse de Théo ? demanda Mike.
— Ça vous regarde pas, intervint Amy.
— Je crois que si, justement, ça nous regarde ! dit Baptiste.
Ce fut au tour d'Amy de perdre patience. Elle fonça sur Baptiste, qui ne put qu'écarquiller les yeux devant la petite blonde qui s'élançait sur lui. Elle imita les mêmes gestes que Xilena, coup de poing et coup de pied. Baptiste aurait pu facilement éviter l'assaut, ou Mike aurait pu l'aider, mais aucun n'avait le cran de se défendre contre des filles.
Il n'en restait un seul debout, qui observait ses amis sans trop savoir quoi faire.
— Maintenant, tu vas nous dire où il habite, dit Amy avec un regard menaçant, digne de Théo lui-même.
— C'est au 45, dit Mike à regret. Dans la deuxième rue.
— Merci !
Et par simple envie, et envoya son genou dans ses parties. Mike s'effondra près de ses amis qui tentaient encore de respirer. Les filles se retournèrent vers moi d'un seul mouvement, un grand sourire aux visages.
— Et dire que c'était moi qui devais faire le courageux, dis-je en boudant faussement.
— Parfois, être courageux, ce n'est pas suffisant, dit Xilena. Il faut savoir se salir les mains, aussi.
— Quelle sagesse ! s'exclama Amy en levant la tête vers le ciel d'un air théâtral. Et maintenant, on va chez Théo.
— Vous allez le regretter ! lança l'un des garçons derrière nous. Théo va tous vous défoncer !
Personne ne se donna la peine de lui répondre ; nous étions déjà partis en courant. La deuxième rue, ce n'était pas bien loin, et avec un peu de volonté, on pourra surement y arriver au bout de cinq minutes. Amy, en revanche, semblait viser les deux minutes. Pour quelqu'un ayant une maladie des jambes, elle fonçait comme si elle avait le feu au cul. En peu de temps, nous étions sortis de la cour de l'école et nous étions déjà sur les trottoirs de la ville. Les rares passants nous observaient d'un drôle d'œil, et j'eus l'étrange impression que les habitants du monde d'à côté étaient beaucoup plus tolérants que ceux d'ici.
— Tu trouves pas qu'Amy s'en fait beaucoup pour Théo ? demanda Xilena en se penchant un peu à mon oreille.
— Ouais, comme nous.
— Non, je veux dire... vraiment beaucoup.
J'échangeai un regard intrigué avec Xilena, avant de reporter mon attention à Amy, à plusieurs mètres devant nous. Du peu que j'arrivai à voir, sa peau était rouge sous l'effort. Elle n'avait pas l'habitude de courir ; marcher la faisait déjà souffrir. Il fallait vraiment qu'elle soit inquiète pour s'infliger ça.
Xilena se pencha un peu plus et mit sa main devant sa bouche.
— On parie qu'elle est amoureuse ?
— Non, dis-je en pouffant. Pas besoin de parier.
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Vraiment désolé, j'avais prévu au départ de mettre le chapitre de Théo avant celui-ci... mais bon, ça fait plus de suspense 😅
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